Avec les alcooliques anonymes

Mi-essai, mi-reportage, Avec les alcooliques anonymes est exactement ce que son titre sous-entend: la visite par Kessel d'une multitude de groupe des Alcooliques Anonymes aux USA, dans le but de comprendre cette association. C'est assez difficile de lui donner une note: le sujet est passionnant et l'humanité qu'il rencontre au fur et à mesure de ses visites réchauffe le coeur dans cette volonté d'entraide mais ce texte souffre quand même de deux points qui m'empêche de lui donner plus de quatre étoiles. D'abord, il est assez répétitif: l'auteur rencontre un nouveau membre, s'étonne de voir là cette personne vigoureuse/épatante/pleine aux as/qualificatif mélioratif de votre choix, puis l'autre lui raconte l'histoire de sa déchéance et on recommence. J'exagère peut-être un peu, mais plusieurs chapitres suivent quand même exactement ce modèle.
Et puis surtout, surtout, je suis totalement contre l'une des idées expliquées dans ce bouquin sur les origines de l'alcoolisme: certaines personnes génétiquement prédisposées et d'autres pouvant picoler autant que faire se peut et ne jamais être en réel danger? Franchement, c'est inciter à la consommation les personnes n'ayant pas encore de soucis. Et je trouve que le sujet des personnes ayant une consommation importante, suffisamment pour être dommageable pour leur santé, mais encore en deçà de la perte totale de contrôle comme elle est décrite aussi, est aussi une problématique importante, ici passée sous silence.

Cependant, je dois dire que les multiples témoignages d'alcooliques se venant en aide les uns les autres, se sauvant eux même de leurs démons en aidant d'autres personnes, la grande bonté témoignée ici, tout cela en fait une lecture que je recommande et un livre intéressant, qu'on s'intéresse ou pas aux problèmes des addictions.

Récit documentaire

Joseph Kessel est un reporter et un romancier que j'ai connu grâce à son roman “Les Mains du miracle”. Ici on a plutôt droit au récit de sa recherche aux États-Unis sur le mouvement des Alcooliques Anonymes sur lequel il écrira un article dans France-Soir en 1960. On dit d'ailleurs, que l'article inspirera la création du mouvement dans l'hexagone.

Livre sur l'étonnante l'histoire du mouvement: l'origine de sa création (1934 Ohio), les instigateurs (Bill W., et le Dr Bob S.), la façon dont il est devenu le plus grand groupe sans but lucratif où tous, quelque soit la race, le sexe, la classe sociale, sont acceptés. Évidemment les noms de famille sont anonymes mais on a droit à des récits de vie exceptionnels.

J'ignorais complètement que Joseph Kessel était à l'origine de l'implantation des alcooliques anonymes en France au début des années 60. Il va mener l'enquête aux États Unis où est né ce mouvement si original. Cela se lit comme un roman. Kessel va rencontrer des fondateurs des A.A., il va assister à des réunions, interroger des alcooliques sevrés ou en cours de sevrage et comprendre peu à peu ce qui caractérise cette extraordinaire expérience. Cela m'a rappelé d'autres expériences comme le mouvement des GEM (groupes d'entraide mutuelle) pour les malades psychiques, ainsi qu'une lecture d'un ouvrage de Charles Rojman dont j'ai oublié le titre et qui aborde le concept du guérisseur blessé : comment je me soigne en prenant soin d'un autre mais aussi comment ma parole de malade, (car l'alcoolisme est bien une maladie) aura plus d'effet auprès d'un autre alcoolique que celle d'un professionnel du soin. C'est un livre qui ouvre l'esprit sur ce fléau et son emprise sur le psychisme, on y aborde également les ravages de l'alcoolisme pour les proches.

J'ai visé ce livre parce que j'apprécie Joseph Kessel comme romancier et journaliste et surtout parce que, pendant plusieurs années, j'ai été cette personne que définissent les alcooliques anonymes pour qui la boisson était un problème.

Il s'agit ici d'un recueil d'articles parus dans France Soir à la manière de "Nuits de Montmartre" et composant une enquête sur le développement aux Etats-Unis de l'association des Alcooliques Anonymes. le journaliste y interviewe le fondateur, les membres qui animent les réunions et soutiennent ceux qui sombrent ou rechutent, les participants qui relatent tous leur expérience souvent tragique.

On n'évoque pas ici la biture bravache de Bukowski mais solitaire et glauque qui peut amener au pire. Où l'alcool est un poison et l'alcoolisme une maladie qui mine toutes les classes sociales et que combat sans relâche un réseau d'écoute et d'entraide, humain, discret mais efficace.

Réalisé dans les années 1960 quand les AA commençaient tout juste à installer leurs groupes de parole en France, ce reportage est toujours autant d'actualité, le chemin de l'alcoolique restant semblable malgré les décennies. Que l'on soit riche ou pauvre, homme ou femme, jeune ou vieux, la déchéance dans laquelle l'alcool nous plonge est la même car elle ne fait pas de différence et accueille tout le monde à bras ouverts. Malgré tout, je mettrais quand même un bémol vis à vis de Kessel qui m'a parfois choqué par ses jugements hâtifs et parfois dédaigneux à l'égard des alcooliques.

Un récit qui nous laisse à vif, meurtri par les témoignages sans faux semblants récoltés par Kessel.

Ce livre est très intéressant. Et c'est un psychologue qui travaille dans une unité psychiatrique dévolue à l'alcool et aux dépendances qui le dit. Il décrit dans un style simple et direct ce que sont les A.A. et en quoi ils aident. Il démystifie un peu les côtés souvent décriés et bornés autour des aspects religieux et spirituels... Il replace l'important.
Quoi de plus puissant qu'un message délivré par un "comme nous", quoi de plus puissant que des propos et qu'un parcours de vie d'un alcoolique pour "convaincre" un autre alcoolique de s'en sortir.
L'alcoolisme est à considérer comme une maladie. Une maladie ça se comprend, ça nécessite qu'on la connaisse, qu'on s'informe pour mieux y faire face. Tant qu'on s'illusionne, on tombe et on retombera sans cesse, jusqu'à ne plus pouvoir être.
Je crois ceci dit et fort malheureusement que l'expérience actuelle que constitue les A.A. est fort éloignée des valeurs de base et du concept initial. Chaque groupe est différent certes, mais certains n'oublient-ils pas l'essentiel et l'essence-même de cette belle idée humaine ?

Ce livre est à lire pour tous ceux qui se sentent concernés ! (Tout le monde devrait se sentir peu ou prou concernés.)

Dans ce document, nous avons affaire au Joseph Kessel journaliste, qui va à la rencontre des alcooliques à travers l'association des Alcooliques Anonymes. Son but ? comprendre comment on en arrive à une telle autodestruction ? Comment on peut s'en sortir en participant aux AA ?

Il s'agit de ma première incursion dans l'oeuvre de Joseph Kessel, ce n'est pas le récit le plus connu, ce n'est pas non plus le plus représentatif de l'auteur mais en tout cas ça à le mérite d'être intéressant, instructif et très bien écrit.

Lorsque Kessel s'intéresse aux Alcooliques Anonymes, l'association est encore assez récente et peu connue, nous sommes à la fin des années 50 et l'excès d'alcool n'est pas considéré comme un problème et surtout en France, le pays du vin... Joseph Kessel va donc partir là où tout à commencer, aux Etats Uni, pour mieux comprendre ce problème et également le fonctionnement de cette association qui semble faire des miracles.
A travers des discussions et des témoignages, on découvre différent parcours, des riches, des pauvres, des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes, tout le monde peut être touché par l'alcoolisme, il n'est pas question d'âge, de sexe, de milieu social. Kessel le démontre très bien dans ce document.

Ce qui est vraiment intéressant dans Avec les alcooliques anonymes, c'est justement découvrir le fonctionnement, l'origine et la doctrine de cette association que maintenant tout le monde connait. Il y a certains propos qui ont vieillies, notamment sur l'aspect scientifique, médical de l'alcoolisme et parfois le côté très, trop, bienveillant des membres des AA m'a fait penser aux sectes qui endoctrinent mielleusement les membres. Mais apparemment ça fonctionne et c'est tant mieux !

Maintenant j'ai hâte de découvrir la plume de Kessel dans une de ses oeuvres fictionnelles.

Fasciné par ce qu'il y a d'extrême dans le coeur humain et aimanté par les êtres brisés, Kessel se penche ici sur un fléau mondial et toujours d'actualité: l'alcoolisme. Il remonte le fil des Alcooliques Anonymes pour connaître la genèse d'un des plus pertinents mouvements d'assistance, sis maintenant sur tous les continents. Sous forme de témoignages, ce récit journalistique rappelle les histoires de ceux et celles qui ont connu la geôle de la gnôle aux États-Unis. Traversant les plus tristes recoins, perdant emploi et honneur tout en assurant leur «bibine» de la plus dégradante façon, ces loques liquéfiées ont su (non sans rechute) se relever grâce à l'entraide d'un pair qui ne juge pas. Après quelques delirium tremens, on sort de cette enquête plus empathique, ragaillardi par ces nombreuses victoires contre la bouteille, avec cet espoir sans cesse renouvelé de vaincre enfin nos vices.

Je rejoins exactement une des critiques d'un autre lecteur. Ayant découvert Kessel que récemment, et après le magistral Les Cavaliers et l'épique Mermoz, je voulais continuer de découvrir cet auteur, compteur au talent inné pour restituer des réalités différentes à travers la planète et des récits humains sans commune mesure. Ce récit journalistique au sein des alcooliques anonymes est intéressant. J'imagine qu'à l'époque ce récit était d'autant plus novateur, mais en 2017 on peut toujours apprécier le travail remarquable d'A.A. On apprécie également au fil des pages certains récits d'alcooliques (beaucoup de récits montrent une descente aux enfers de personnes qui à l'origine étaient dans une très bonne situation professionnelle et/ou personnelle). L'alcoolisme aux USA semble encore plus tragique (plus solitaire, dans un but unique de s'autodétruire) que dans nos pays d'Europe de l'Ouest (plus festif bien que tout aussi nocif parfois). J'ai par contre trouvé l'ouvrage très répétitif (des témoignages similaires se suivent sans grande analyse-Kessel aurait peut etre pu pousser un peu l'analyse sur l'anomie aux USA qui pousse autant d'individus au malheur en bouteille). On suit facilement 30 mini-récits de descentes aux enfers avec à chaque fois la meme remarque: "cela m'étonne que quelqu'un d'aussi bien puisse finir en épave comme cela, etc etc". Franchement la moitié du récit aurait été suffisant. Pas mal donc, sans plus.