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Depuis que Joseph Kessel a visité la Syrie, au début des années 1920, les choses ont bien changé dans ce pays du Moyen Orient grâce aux "efforts" combinés des al-Assad père et fils avec le génial maître du Kremlin. En effet, le régime Baas et surtout la guerre civile depuis 10 ans, avec l'appui de Poutine au président Bashar al-Assad, ont résulte dans un exode inimaginable de la population syrienne. En chiffres cela donne 6,6 millions de Syriens en fuite, soit 60% de la population totale et 1 Syrien sur 4 réfugiés dans le monde actuel.
À ce triste bilan il convient d'ajouter 117.388 morts civils Syriens dont 22.000 enfants d'après les données de l'OSDH - Observatoire Syrien des Droits de l'Homme - du 14 mars 2021.

Présenter le prolifique auteur qu'a été Joseph Kessel (1898-1979) sur un site de lectrices et lecteurs avisés ne manquerait pas de ridicule. Je crois que je peux me contenter d'évoquer quelques best-sellers signés par lui, tels "L'Armée des ombres", "Les amants du Tage" , " le lion", "Les cavaliers", "La rage au ventre", etc.

Le grand Kessel met tout au début de son ouvrage un avertissement étrange : "Il ne faudrait jamais entreprendre de raconter un voyage : on est d'avance vaincu." Il explique que dans un tel récit il manque inévitablement le mouvement, le bruit, la vue, la découverte... Et il se pose la question que faire alors ? À laquelle il répond lui-même par la belle boutade : "Si l'on aime, il faut parler de l'objet de son amour."

Un bel exemple de l'esprit particulier de l'écrivain, puisque dans les quelque 79 pages qui suivent cette mise en garde, il parle avec amour de sa passion des voyages et ici en l'occurrence de cette Syrie à l'histoire très ancienne et fascinante.
Et l'auteur fait cela en 10 brefs chapitres et une annexe relative au mandat français sur cette partie du globe.

Juste pour vous offrir un petit aperçu, je me réfère au chapitre 9 intitulé "Le capitaine tabou".
L'histoire en fait du général de brigade Philibert Collet, né près d'Oran en Algérie en 1896 et mort à l'âge de 48 ans, en 1945 à Toulouse.
Joseph Kessel rappelle la conversation qu'il a eu sur ce personnage avec des officiers tcherkesses qui mettaient tous en exergue, de façon d'ailleurs fort exaltée, son immense courage et qui étaient offusqués qu'on lui refusait la rosette de la Légion d'honneur.
Ce sera finalement fait par le général De Gaulle à Alger, en janvier 1944.

Je peux recommander ce recueil de souvenirs de Joseph Kessel aux amateurs de dépaysement et à toutes celles et ceux qui apprécient le style joliment à part de l'auteur.
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Un tout petit ouvrage qui m'a permis de découvrir à la fois la Syrie et Joseph Kessel.
Ce récit de voyage est découpé en plusieurs chapitres très courts, ce qui facilite la lecture. L'écriture journalistique de l'auteur n'a pas pris une ride et permet de mieux comprendre toutes les soupes médiatico-journalistiques mal digérées du 20h.
Joseph Kessel fait état à la fois de l'aspect envoûtant et fascinant de la Syrie de par son histoire et ses habitants aux coutumes si éloignées des nôtres. Mais il ajoute aussi des "commentaires" sur la situation politique du pays : la Syrie comme carrefour où se côtoient tout un tas d'individus très différents tant sur un plan culturel que linguistique ou religieux. Et le protectorat français n'a pas arrangé cet équilibre ultra précaire.
Bien sûr tout n'est pas la faute de la France , mais la France a bien une part de responsabilité - comme les Etats-Unis en Afghanistan - dans la mesure où elle a voulu calqué "son" modèle chez "les autres" sans se soucier des habitudes et modes de fonctionnement de ce pays.
Un livre qui reste d'actualité (bien qu'écrit en 1926!) et permet de réfléchir avec des éléments cohérents sur ce pays.
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L'OBJET : Achevé d'imprimer le 30 novembre 1927 pour les éditions KRA sur les presses de R. & P. Deslis à Tours. Prix : 7fr.50. Je pense, en voyant que ces textes sont écrits entre avril et novembre 1926, et qu'on en est à la 8ème édition en novembre de l'année suivante que cette période était l'âge d'or du Livre. Les mots avaient alors plus de poids, plus de sens et n'avaient pas encore été massivement pollués par le cinéma et la télévision.
Le SUJET : Une dizaine de textes courts, sous forme de témoignages d'un voyage que fit Kessel dans ces années de protectorat français. Bien sûr si on compare avec l'actualité, on retrouve tous les ingrédients qui font la guerre d'aujourd'hui : les minorités (Druses, Kurdes ...), des cultures tribales, les luttes d'influences des grandes puissances ... Si on y ajoute maintenant la barbarie islamiste ; la poudrière explose. Kessel d'une écriture que l'on peut, sans ironie, qualifier d'académique, nous montre donc un pays multiculturel mais « complexe et révolté par nature ». Il fait aussi quelques portraits d'héroïques soldats français qui, aujourd'hui, passerait pour du patriotisme malvenu, mais à l'époque ... C'est seulement à la fin du livre que Kessel politise son propos par ces mots : « Il faut bien se rendre compte d'une chose, c'est que, quelque solution que l'on adopte, elle ne vaudra rien si elle n'est pas mise en oeuvre par les deux seuls leviers qui jouent en Orient : la fermeté et la courtoisie. Par fermeté il faut entendre la force et l'argent ; par la courtoisie, le respect des traditions, des coutumes et une justice sommaire mais droite. » A l'aune de l'actualité, je vous laisse juge de la pertinence de ces mots. Allez salut.
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Recueil d'articles datant de 1926 et ayant pour cadre la Syrie, déjà en guerre. Et surtout la Syrie sous mandat français depuis 1920, à la suite du démantèlement de l'empire ottoman à la fin de la Première Guerre Mondiale.
Et donc, comment ça se passe ? Ben mal. Parce que la France s'installe comme une puissance coloniale, crée des divisions là où il n'y en avait pas, joue les communautés religieuses les unes contre les autres. Bref, on crée le bordel là où il n'y en avait pas.
Et ce d'autant que les gouverneurs qui se sont succédés n'ont que rarement fait l'effort, semble t-il, d'essayer de comprendre comment fonctionne ce pays, ne parlaient pas toujours l'arabe et surtout ne sont pas restés longtemps.
Kessel rappelle ce contexte politique, mais rapidement. Lui, ce qu'il met en avant, ce sont les hommes de troupe, ceux qui font la guerre. Militaire lui-même, il a plus d'affection pour eux que pour les diplomates. Il nous fait visiter et rencontrer les Syriens par le biais des conquêtes et des troupes locales qu'il a pu rencontrer.
J'avoue que même si je me suis dit que la Syrie n'avait pas eu un 20è ni un début de 21è siècle facile, le côté politique et le contexte m'a manqué dans ce recueil. Je comprends le choix de Kessel de montrer plus les hommes qui se battent, mais seuls 2 des articles (et encore : n'était pas dans le recueil d'origine et c'est celui que j'ai trouvé le plus intéressant) m'ont vraiment permis de comprendre pourquoi ces hommes se battent (enfin plus ou moins).
On croise aussi beaucoup de noms de villes qui sont à nouveau aujourd'hui victimes (et leurs habitants avec) de la folie des dominants.
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Principalement connu pour son ouvrage le Lion, Joseph Kessel, français d'origine russe et de confession juive, était aussi bien pilote d'avion que journaliste et écrivain. Des déplacements professionnels qu'il effectue à travers le monde, il rapporte des écrits à la frontière entre récit de voyage et roman. En Syrie est un très bel exemple de ce style inimitable.
Lien : http://www.livre-mois.fr/liv..
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Que savons-nous de la Syrie ? L'actualité brulante du moment nous évoque en pays en guerre mais quoi d'autres ? Joseph Kessel, âgé de 28 ans signe son premier reportage sur ce pays en 1926. Folio, nous propose de nous plonger dans l'Histoire à travers le regard d'un écrivain de génie.

La Syrie a été très longtemps sous mandat français. L'armée se bat mais les raisons de ce combat ne sont pas toujours très claires. Les hommes sur place sont là pour agir et non pour réfléchir. Les politiques en France donnent des ordres sans vraiment prendre en compte les coutumes locales. Dans ce berceau des civilisations, des cultures se mélangent et s'affrontent dans des paysages sublimes. 27 religions cohabitent dans un fragile équilibre dans trois communautés (musulmans, chrétiens et les Druzes) très différentes. Les tensions sont palpables et les affrontements peuvent être féroces.

Joseph Kessel n'est pas un homme impressionnable. Ancien officier de l'aviation pendant la Première Guerre mondiale, il a voyagé dans le monde et rencontrer bien des hommes. Il aimé l'Orient et des noms comme Damas, Palmyre, Euphrate le fait rêver. Il prend part à des bombardements sans aucun état d'âme. Il fait son travail de journalisme tout en restant courtois et à l'écoute de tous ceux avec qui il va s'entretenir. Ces reportages sont représentatifs de l'esprit colonial de l'époque : conquérir à tout prix et ethnocentrisme. Cela a changé maintenant puisque effectivement la France ne sera aussi pas la moitié du monde arabe.

Le style de Joseph Kessel est particulier où le récit journalistique se rapproche du récit littéraire. Les descriptions sont pertinentes et pointilleuses. En lisant les pages, je pouvais voir la beauté des jardins de Damas, sentir l'ambiance des grottes souterraines ou sentir l'odeur particulière du dessert. Une immersion étonnante grâce à une plume surprenante et très agréable. Une expérience de lecture qui me donne très envie de poursuivre la découverte de cet auteur, académicien, aux mille vies, très prolixe.

Un reportage bien trop court où j'aurais apprécié lire encore une centaine de pages. Une vision d'un pays qui permet de mieux comprendre la situation actuelle le tout raconter par un journaliste de talent qui a voyagé dans le monde.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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Boite à livres...un nom Joseph Kessel.....un petit livre laissé à disposition : "En Syrie".....vu l'état dans lequel "la folie des hommes" a laissé ce malheureux pays, je me laisse tenter.
D'abord, Kessel que j'ai découvert jeune, enfin, moi jeune...j'ai gardé le souvenir de ce géant bravant la peur, pilote de guerre en 14-18, voyageur entre les 2 guerres, résistant, ....et puis la Syrie berceau de la civilisation (avec l'Irak) qui m'a été racontée par un ami voyageur qui l'a traversée fin du siècle passé sans guide, sans entraves, étonné par ces gens heureux de le recevoir en français....nous nous étions promis.....trop tard.
La Syrie est alors, en 1926, un protectorat français mal géré par le politique : c'est si loin....pays maintenu en survie par de petits gradés délaissés par Paris mais respectés, pour leur courage, par les hommes du terrain qu'ils dirigent avec respect et par les autorités du pays.... Comme souvent un ratage politique par ignorance et bêtise.
Pour l'écriture classique de Kessel et les souvenirs personnels, je suis content de cette lecture que je vous conseille.

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Quoi de plus attristant, en 2015, que ce tout petit livre présentant une Syrie aux paysages remarquables, à la société complexe mais déjà incomprise des mandataires de l'époque ?
Kessel narre ici ses séjours dans un pays aux multiples facettes, à la beauté certaine et cependant fragile.
Toute personne intriguée par la Syrie et son histoire se devrait de lire cet essai, court, mais qui évoque pourtant des faits précis sur la société et la culture syriennes, que l'on ne peut que pleurer face aux évènements auxquels est confrontée la Syrie actuelle.
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Bien qu'au centre de notre actualité, nous sommes forcés d'admettre que nous ne connaissons pas grand chose sur la Syrie. Joseph KESSEL nous entraîne dans cette zone du monde à travers une série de petits articles sur les rencontres et les témoignages qu'il a recueilli durant ces voyages!
Le plus impressionnant c'est que c'est toujours d'actualité.

En somme il s'agit d'une petite lecture bien rapide et très sympa, que je conseille vivement!
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Ce recueil est une très belle découverte même s'il est loin de constituer une référence pour connaître la Syrie, son histoire et ses complexités sociales ethniques et géopolitiques.
Joseph Kessel livre ici un reportage journalistique simplificateur dans le but d'éveiller l'intérêt et orienter l'opinion publique pour une implication plus large dans le protectorat syrien.
Mais son intérêt réside dans le fait qu'il reflète les débats qui animaient la France après la première guerre mondiale et surtout les divergences sur ses ambitions au moyen orient.
Certaines analyses sont d'une grande pertinence et conservent leur opportunité.
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