Au début des années 2000,
Yasmina Khadra, de son vrai nom
Mohammed Moulessehoul, quitte l'
Algérie avec sa femme pour déménager au Mexique. S'ils n'y vivent que peu de temps, avant de s'installer en France à partir de 2001, cette parenthèse mexicaine restera source d'inspiration pour l'auteur qui, pour écrire «
Pour l'amour d'Elena », est parti d'un fait divers mexicain pour imaginer cette histoire d'amour brisée par la violence des cartels de drogue du Mexique mais que Diego, personnage principal, tente de reconstruire en essayant de retrouver celle qu'il aimait.
Elena et Diego sont nés dans un petit village du désert mexicain, un trou perdu absent des cartes, anonyme. Ils ne se quittent jamais et semblent destinés à vivre ensemble… jusqu'au jour où un drame terrible survient : Elena se fait violer, sous les yeux de Diego, terrifié.
Depuis, Elena ne lui a plus jamais adressé la parole et disparaît quelques années plus tard sans laisser de traces. Diego - rongé par les remords - se met en tête de la retrouver et part pour Ciudad Juárez, la ville la plus dangereuse du monde, avec son cousin Ramirez. Il sait où la trouver mais la mission ne sera pas simple dans cette ville violente et sans pitié. Pour retrouver Elena, prisonnière d'un criminel dangereux, ils sont prêts à tout… même à s'engager dans un cartel.
Yasmina Khadra décrit sans ménagement la violence qui se déroule dans certaines régions défavorisées du Mexique, dont on entend peu parler. La situation inhumaine de la ville est bien rendue. On ressent le vécu de
l'écrivain mais aussi des recherches exhaustives sur le sujet.
Pourtant, la narration manque d'odeurs locales, d'ambiance mexicaine typique, de marchés animés et de fiestas malgré la peur. Restent seulement le sang, les règlements de comptes quotidiens, l'enfer de la drogue et de la prostitution qui sont bien décrits, mais le décor manque un peu de couleur.
Le roman est très bien construit, comme toujours avec
Yasmina Khadra. On s'attend à un nouveau drame horrible en tournant chaque page… et à l'arrivée, la lecture s'est faite d'une traite !
Il faut dire que l'ensemble est sombre, les lieux sont effrayants, tous les protagonistes sont tous malfamés, il n'y a pas de gentils, pas d'endroits apaisants, pas de lumière. Violence, drogue, porno, gangs... Nos héros
traversent les bidonvilles en enchaînant les mauvaises rencontres avec pour but ultime de retrouver Elena. Il n'y a que le premier chapitre et les derniers qui dénotent, le reste du roman est construit sous de quête/« road trip »
L'histoire tire en longueur, jusqu'au jour où Diego retrouvera Elena devenue - on s'en doutait - la maitresse d'un homme puissant. le quittera t'elle pour Diego ou restera-t-elle dans sa nouvelle vie ?
En résumé, une histoire d'amour sous forme de quête, qui sert de prétexte à une revue des différents crimes qui gangrènent le Mexique : prostitution, gangs rivaux , trafics de drogue, assassinats, policiers et militaires véreux… Divertissant et bien maîtrisé, mais loin d'être le meilleur de l'auteur !
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