Alger, la nuit, est une nature morte, une nécropole parallèle où les esprits frappeurs se font aussi discrets que les marabouts.
C'est difficile d'y voir clair lorsqu'on a passé sa vie à se voiler la face.
On nous cache toutes les belles choses dans ce pays. On a réduit nos aires de jeu à des peaux de chagrin, limité la portée de nos cris au contour de nos lèvres et fait de nos voeux pieux des oraisons funèbres.
Les fossoyeurs de nos rêves nous ont confisqué jusqu'à nos prières.
-Je ne pense rien du tout Eddie. Qui détient l'opinion détient la vérité, et il n'est pas nécessaire que cette vérité soit saine. Rappelez-vous notre devise lorsque le Comité vous a confié la charge de votre force de frappe médiatique : la vérité, c'est ce que les gens croient. Toute sainte vérité qui ne tient pas la route est allégation, toute énormité qu'on ne peut défaire et vérité absolue (p43)
Il y a des gens au dessus des lois. Ils vivent dans l'impunité totale et ils en sont conscients, ce qui renforce leur insolence
J'ai horreur de sonner mes plantons et de ne pas les voir rappliquer avant d'avoir ranger ma clochette.
— La parole ne fait pas foi dans la police. Seules les preuves comptent.
- C'est comment, le rire des enfants, inspecteur ?
- C'est beau.
- C'est quoi, la beauté ?
- Ce qui nous sauve de nous-mêmes.
En Algérie, lorsqu'un révolutionnaire autoproclamé convoque le passé, il ramène avec lui et sa furie et l'envie d'en découdre, ainsi qu'une souffrance obscure faite de blessures jamais refermées, d'interrogations toujours sans réponse et de méfaits non expiés.
[...] Un pays où l'on est fier de corrompre et d'être corrompu.
[...] Un pays où les décideurs s'évertuent à construire une villa à leurs rejetons là où il est question de leur bâtir une nation.
[...] En Algérie, on n'a pas à faire, on fait des affaires.
[...] Comment expliquer que, malgré ses richesses inestimables, l'Algérie demeure pauvre en rêves et en ambitions et crapahute à la traîne des nations ?
— Tu ne vas peut-être pas me croire, mais j'ai de la peine pour notre patrie.
— On n'a que le pays qu'on mérite, Eddie. Il ne s'agit pas de fatalité.
— Je t'assure que j'ai peur pour les générations de demain.
— Elles s'en remettront.