Jake Epping, professeur d'anglais à Lisbon Falls, apprend que son ami al Tempeton a voyagé à plusieurs reprises dans le passé. Chaque voyage dans le temps commence à la même date, le 9 septembre 1958, à la même heure et au même endroit. le voyage dans le passé peut durer plusieurs années qui ne correspondent toujours qu'à 2 minutes en temps réel, et à chaque fois les actions de al ont une incidence sur le futur. Mais dès qu'il retourne dans le passé, tout ce qu'il a pu faire auparavant est effacé et tout est à refaire. Désormais trop malade pour continuer, il confie sa mission à Jake : retourner dans le passé pour empêcher l'assassinat de Kennedy.
Ce gros pavé de plus de 900 pages est brillant. Tout d'abord parce que le thème du voyage dans le temps est risqué. Il faut à tout prix éviter les grosses incohérences pour transporter le lecteur qui voudra bien croire en la possibilité d'un tel voyage le temps de sa lecture. Je n'ai pas relevé d'incohérences, les postulats de base du voyage dans le passé posé par
Stephen King sont respectés et l'auteur nous embarque dès les premières pages. Comme Jake Epping, nous sommes au début incrédules, hésitants mais nous nous laissons très rapidement prendre par le récit. On se doute que chacune des actions de Jake aura une incidence sur le futur, bonne ou mauvaise, même si, comme le personnage principal, on finit par oublier le futur (présent initial) pour ne souhaiter qu'une belle vie à tous ces personnages rencontrés à Jodie et rendus si attachants par l'auteur. Jake découvre donc la théorie de l'effet papillon, qui l'obligera à faire des choix, des sacrifices. Il remarque également que le passé est tenace et difficile à changer quelle que soit la nature des intentions. On est également frappé, tout comme Jake, par toutes ces harmonies, ces coïncidences frappantes, ce passé qui ne cesse de se rejouer.
Brillant aussi pour la description d'une époque, les années 1950/1960. Même si l'auteur précise dans sa postface qu'il n'a pas suivi les faits à la lettre, ce roman constitue un bon documentaire historique, sur la petite histoire avec la description des tenues, des moeurs, des loisirs, etc. et la grande histoire avec la crise de Cuba, la chasse aux sorcière, l'assassinat de Kennedy. Passionnée par les États-Unis, j'ai été très heureuse de pouvoir me remémorer certains faits et d'en apprendre de nouveaux. Jake Epping se pose en observateur privilégié d'une époque, et comme témoin quasi unique de la vie de ce type a priori sans histoire et inoffensif (à part pour sa femme !), Lee Harvey Oswald. Je ne voudrais pas trop en dire pour ne pas gâcher votre lecture, mais ce roman pose de vrais questions : que ferions-nous si la possibilité de retourner dans le passé nous était donnée ? Serions-nous prêts à assumer les conséquences ? Quels drames peuvent survenir du fait de l'effet papillon ?
Ce pavé se dévore de la première à la dernière page, malgré quelques longueurs.
Stephen King maîtrise son sujet et nous entraîne dans cette charmante petite ville de Jodie dans les années 1960. J'ai beaucoup apprécié le fait que l'auteur ne glorifie pas le passé pour condamner notre époque moderne. Il souligne bien sûr le charme de cette époque mais sans oublier de condamner le racisme, le manque d'ouverture d'esprit et le puritanisme.
L'écriture est captivante, le rythme soutenu (malgré, je répète quelques longueurs, mais qui s'oublient assez vite), les personnages parfaitement décrits, on s'attache très vite au héros, on compatit à ses douleurs, à ses peines, à ses choix difficiles ; on comprend ses colères et ses doutes.
Si vous souhaitez passer de longues heures captivé par un bon roman prenant, foncez !