Le corps est l'une des très nombreuses histoires écrites par
Stephen King. Ici, elle prend place dans les années 1960 et les héros sont quatre adolescents : Gordon, Chris, Teddy et Verno. Un gamin de leu
r âge a disparu et son corps aurait été trouvé à une trentaine de kilomètres. Comme il n'a pas encore été signalé aux autorités, le groupe de jeunes décide d'aller voir par eux-mêmes et, peut-être, devenir des héros en annonçant qu'ils ont retrouvé le disparu.
Tout le récit est raconté par un Gordon plus âgé et qui a désormais une trentaine d'années. Si j'aime ce genre de procédé narratif, c'est un fait que cela gâche quelques éléments de surprise. Pourtant,
Stephen King arrive malgré tout à nous surprendre : par-ci, par-là, il distille des conclusions à des événements plus ou moins importants et on se demande alors quels ont été les chemins pour y arriver.
Nos quatre jeunes héros sont sympathiques, notamment Chris qui m'a beaucoup plu. S'ils ont tous un côté loser, cela est, hélas, bien souvent à imputer à leur milieu familial. En effet, on retrouve le gamin battu par son père alcoolique, un autre dont le père a complètement pété un câble après avoir fait la guerre, etc. C'est une critique à peine voilée de la société ; sous couvert de la fiction, l'écrivain nous rappel que nous n'avons pas tous et toutes les mêmes chances quant à l'avenir, notamment en fonction du milieu d'où l'on vient. C'est très bien écrit dans le roman, je vous laisse le découvrir.
Mais
le corps, ce n'est pas que ces quatre amis et leurs problèmes familiaux. S'ils partent bien à la recherche du fameux corps, si c'est bien là la finalité de leur aventure, on constate que le roman va bien au-delà de ça. En effet, il s'agit d'un véritable parcours initiatique durant lequel leur amitié va être mise à l'épreuve, au cours duquel ils vont devoir faire face au danger et à la peur. Chacun à leur façon, ils vont grandir et on l'observe clairement tout au long du roman. Par ailleurs, comme Gordon glisse en plus de son récit deux nouvelles qu'il aurait écrites, je n'ai pu m'empêcher de me questionner sur la part autobiographique que King aurait mis dans
le corps. Si je n'ai pas de réponse à donner à ce sujet, j'ai toutefois eu la confirmation sur internet que le célèbre écrivain a bel et bien distillé dans le roman quelques moments de sa vie. Peut-être est-ce ce vécu qui donne tant de relief aux protagonistes, en plus du talent de narration évident de King.
Toutefois, une chose m'a dérangée dans ce récit si plaisant à découvrir : l'homophobie ordinaire que l'on retrouve partout dans le livre. Alors oui, il a été publié en 1982 et l'histoire se déroule dans les années 1960 ; j'ai pris soin de me mettre tout cela en tête, de prendre du recul mais rien à faire, je n'ai pas réussi à passer outre – pas assez, en tout cas, pour apprécier pleinement
le corps.
Ce roman est une découverte prenante au cours de laquelle on ne peut que s'attacher aux héros mais les insultes homophobes qui garnissent tout le roman ont refroidi mon enthousiasme.
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