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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Monstrueux » de Natsuo Kirino est un roman psychologique dense (700 pages) qui aborde une multitude de sujets tabous du Japon. C'est toute la société japonaise, fondée sur l'inégalité sociale et profondément machiste, obsédée par l'apparence et l'origine sociale qui est ici épinglée. Je découvre la hiérarchie figée où le poids de la naissance a énormément d'importance, les écoles d'élite et les grandes sociétés avec leurs conventions et leurs exigences. L'auteur en dépouillant les faux-semblants de la société japonaise, nous fait découvrir une réalité bien différente, sordide et quasi oppressante.
L'intrigue, le meurtre de deux prostituées, Yuriko et Kazue, n'est qu'un prétexte à la trame du récit. le livre est articulé en plusieurs parties avec des points de vue et des rédactions différentes : on découvre ainsi le journal intime de Yuriko, celui de Kazue, des lettres échangées, des conclusions d'enquêtes de police, l'historique de Zhang, leur assassin, ce qui enrichit le roman. La narration à la 1ère personne, du point de vue de la soeur de Yuriko, cynique, haineuse et froide effectue un retour dans le passé et aide à élucider comment un "monstre" de beauté comme Yuriko a pu tomber dans la prostitution, tout comme Kazue, directrice-adjointe compétente et reconnue d'une entreprise japonaise. Mais les quatre comptes-rendus expliquent différemment le crime.
J'ai été d'abord surprise par cette étude cruelle des protagonistes puis, fascinée et captivée par cette description qui décortique la "monstruosité" sordide de la société japonaise et puis finalement, cela m'a carrément déprimée. J'ai été perturbée par certaines phrases qui m'ont l'air d'avoir été mal traduites (le livre est une traduction de la version anglaise, elle-même traduite du japonais) de plus, pas une seule fois dans cette brique de 700 pages n'est donné le prénom de la soeur de Yuriko, elle est signalée comme la soeur de, la fille de, la petite-fille de, la tante de. En fait, elle n'a aucune identité propre.

Edit du 29/8: J'avais d'abord noté 2 sur 5 étoiles car profondément choquée par ce livre. Mais il a le mérite de faire réfléchir et c'est ce que j'ai fait une fois le livre fermé. J'ai relu certains chapitres et je termine par attribuer 4 étoiles. Natsuo Kirino est géniale même si le livre me laisse avec un sentiment de malaise
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Les monstres sont partout, sous des apparences trompeuses, dans ce Japon moderne, mais tout est décrit le plus simplement possible par l'auteur dont j'admire la faculté à nous harponner des les premières lignes sans plus nous lâcher ensuite. J'ai dévoré ce récit dur, très dur mais moins à la façon des thrillers habituels que des grands romans psychologiques qui fouillent l'âme humaine plutôt que les cadavres.
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Titre original : Gurotesuku
Traduit de l'édition anglaise "Grotesque" par Vincent Delezoide

En lisant les critiques du livre sur Amazon, on constate qu'un reproche revient souvent sur ce livre : on ne croirait pas qu'il a été écrit par l'auteur de "Out." Pourtant, apparemment, il a été édité après ce dernier. le problème vient peut-être de ce que, contrairement à ce qu'il s'est passé pour le premier grand succès de Kirino Natsuo, la traduction française vient du texte anglais et non du texte japonais. Et puis, si l'auteur avait choisi pour héroïnes de "Out" des femmes faites et matures (à l'exception de Jônuchi, peut-être), elle s'intéresse ici à des personnages qui, tous ou à peu près, en sont restés à une mentalité adolescente qu'on retrouvera d'ailleurs, en plus tranché encore si possible, dans "Le Monde Réel." En outre, à la troisième personne, qui permet un maximum de recul et à l'écrivain, et à son lecteur, se substitue dans "Monstrueux" un "Je" souverain mais fortement égomaniaque.

A l'origine de l'intrigue, une union mixte entre un Suisse dur au travail mais à la personnalité mesquine et une Japonaise pas très jolie. le Suisse en question n'étant pas lui-même un Apollon, le couple est donc très étonné de donner un jour naissance à la petite Yuriko, à la beauté exceptionnelle. Cette enfant va dès lors devenir la préférée de ses parents, aux dépens de son aînée, assurément beaucoup moins jolie (pour ne pas dire laide) mais aussi bien plus douée sur le plan intellectuel.

Par sa beauté et par la certitude, ancrée dans son enfance, que cette beauté lui permettra de réussir sans se donner beaucoup de mal, Yuriko va donner à son existence un cours qui la conduira à finir assassinée par un émigré chinois sans papiers pour le moins aussi égocentrique qu'elle. Mais le plus terrible, c'est que la perception de cette beauté influera également de manière tragique sur le destin de ses proches, parmi lesquels sa soeur aînée mais aussi sa mère et une ancienne condisciple, Satô Kazue, laquelle finira par se prostituer pour l'imiter.

Une fois de plus, mais avec une violence beaucoup plus brute que celle rencontrée dans "Out", Kirino Natsuo tire à bouts portants, et pour ainsi dire au bazooka, sur la société japonaise. Elle s'acharne tout particulièrement sur le système éducatif, axé dès les petites classes sur un élitisme qui ne laisse pratiquement aucune chance aux élèves dont les parents n'ont ni moyens financiers, ni relations. Il y a de quoi en perdre le souffle.

Moins affinés que dans [b]"Out", les personnages sont bruts de décoffrage et raisonnent tous plus ou moins comme les adolescents frustrés qu'ils sont, quelque part, restés dans leur coeur. Cela pourrait amuser s'ils n'étaient tous aussi cyniques, aussi persuadés que seule compte la réussite sociale. Les relations avec leurs parents sont quasi inexistantes ou perverties justement par cette course au succès. Quand on sait l'importance que revêtent la famille et le clan dans la tradition japonaise, il y a là de quoi avoir des sueurs froides.
[/b]
Quant à l'assassinat de Yuriko et celui de Kazue, amateurs de polars, passez votre chemin : tous deux ne sont qu'une conséquence accessoire de l'existence complètement déviée et déviante qu'elles ont menée, chacune à sa façon. A tel point qu'on se demande avec raison pourquoi les éditeurs s'entêtent à publier ce roman sous le bandeau "policier."

Un roman à ne réserver, à mon sens, qu'aux inconditionnels de l'auteur. En attendant une traduction directe du japonais. ;o)
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Très différent d'Out, le best-seller de Natsuo Kirino, ce roman est pour moi encore meilleur !

Au départ, tout est donné, et pourtant on ne s'ennuie pas et on prend plaisir à découvrir l'intrigue à travers plusieurs narrateurs.
La psychologie des personnages est parfaitement développée, la narratrice principale est particulière et je l'aime beaucoup.

Natsuo Kirino arrive à nous surprendre grâce à des thèmes approfondis, par exemple sur l'exode rural en Chine, le monde de la prostitution au Japon, mais aussi la perception des étrangers au Japon (ou les métisses qui ne ressemblent pas aux Japonais lambdas) et l'inégalité homme-femme dans l'entreprise et plus globalement dans la société.

La beauté est aussi un des thèmes centraux de ce percutant roman, Natsuo Kirino insistant également sur son aspect éphémère - sur ce point-là, le parallèle avec Yukio Mishma est tout trouvé.
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Monstrueux? Oui sans doute, mais cruel.le.s surtout.
Première rencontre avec cette auteure et c'est le coup de foudre.
Une immersion totale dans les pensées de tous les protagonistes, leurs moindres faits et gestes passés à la loupe.
Ici rien n'est laissé au hasard. La société japonaise crée des monstres dont chacun se nourrit en fonction des ses besoins. Personne n'est épargné, et la loi du plus fort(riche?) est de vigueur. Une société basée, non pas sur le mérite, mais sur la position hiérarchique, l'héritage, l'apparence.
Rien de bien nouveau vous me direz sauf qu' ici cynisme, cruauté et plaisir
ne font qu'un.
Un vrai plaisir de lecture sur 700 pages. Dense, intense, violent et féroces, c e roman ne vous laissera pas indifférent.
Bonne lecture.
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J'ai bien cru au coup de coeur et ce pendant près de 500 pages sur les 700. Tout d'abord, ne vous fiez pas à l'appellation thriller indiquée sur la couverture. Pour moi, on est davantage dans le roman psychologique, très noir, mais pas du tout dans un thriller haletant, ni même dans un roman policier. Alors oui, il y a deux meurtres, celui de Yuriko dont on sait dès le départ qu'elle a été tuée peu de temps avant ses 40 ans alors qu'elle faisait le trottoir. Et celui de Kazue Satô, probablement tuée par le même meurtrier et dans les mêmes conditions que Yuriko.

Natsuo Kirino explore les méandres les plus sombres de l'âme humaine et de la société japonaise. Basé sur un système très hiérarchisé et machiste, le Japon représenté par la romancière japonaise emprisonne les femmes dans des rôles peu gratifiants dont elles ne peuvent se sortir. Les trois femmes qui sont mises en évidence dans ce roman cherchent à tout prix la liberté et à se faire une place dans un monde d'hommes dominé par l'apparence et l'origine sociale. Même un travail acharné ne permet pas de se faire respecter.

J'ai beaucoup aimé la construction du récit. Natsuo Kirino donne la parole à la soeur de Yuriko dont on ne connaîtra jamais le prénom (ce dont je ne me suis rendue compte qu'en voulant écrire ce billet, ce que je trouve fort) Cette dernière revient donc sur son histoire, à l'occasion du procès du meurtre de sa soeur qui va s'ouvrir. On sait donc dès le départ la fin tragique des deux femmes. Elle remonte dans le passé et s'attarde assez bien sur ses années à l'école de K., ce qui m'a beaucoup plu, moi qui aime les romans qui se déroulent dans les milieux académiques et universitaires. D'autant plus que Natsuo Kirino dévoile des aspects assez peu connus de la civilisation japonaise et notamment du système scolaire. Ensuite, elle y insère la déposition de Zhang, le suspect des meurtres et les journaux intimes de Yuriko et de Kazué, les deux victimes, procédé littéraire que j'adore. Bref, j'étais vraiment proche du coup de coeur.

En plus, l'écriture de Natsuo Kirino me plaisait beaucoup. Glaciale, sombre, dure, elle correspondait parfaitement à ce type de récit, avec tout juste la pointe de glauque qui convenait. Et c'est là que ça a commencé à déraper. Les deux cents dernières pages, qui concernent principalement le témoignage de Kazué, ont été les pages de trop pour moi. L'histoire de la jeune femme est beaucoup plus sordide, ce qui est en soi est normal. Mais je trouve que l'auteure a tiré cette partie en longueur et comme elle me plaisait moins, mon intérêt a chuté et j'ai trouvé que ça devenait trop long. Et en plus, la fin m'a elle aussi déçue même si elle colle sûrement au propos du roman. Dommage.
Lien : http://www.chaplum.com/monst..
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L'histoire est un peu longue à démarrer. On ne comprend pas tout ce qui se passe, mais on comprend très rapidement les sentiments des deux soeurs vis à vis de leur entourage et d'elles-mêmes. Elles semblent si différentes l'une de l'autre, mais pourtant si semblable. L'apparition de Kazue rend le contraste entre les deux soeurs plus impressionnant.
Ce livre m'a plu à travers les différentes autobiographies, l'écriture est assez facile mais il faut intégrer très rapidement les divers sentiments.

Emeline C., BTS
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J'avais été transporté par « Out », l'oeuvre la plus connue de l'auteure. Alors, il ne faut qu'un pas pour découvrir d'autres oeuvres de l'auteure!

On apprend rapidement la mort de deux prostitués, Yuriko et Kazue assassinées à un mois d'intervalle dans des situations semblables.

La soeur de Yuriko est une métisse (japonaise-suisse). Elle voit comme un enfer la beauté « monstrueuse » de sa soeur, Yuriko. Se comparant toujours à elle, elle devient au fil de sa vie une femme dégoutée d'elle-même, des gens qui l'entourent et méchantes même envers ses proches.

Mais au fur et à mesure de son récit, on en aperçoit le pourquoi ; sa vie au côté de sa soeur, ses années d'étude où elle se bat avec acharnement et où elle rencontre Kazue. C'est un peu un aspect des moeurs japonaises surtout au niveau de la difficulté d'entrée dans une école dite d'élite, des persécutions à l'intérieur, de la place de la femme dans la société, etc.
Mais ce n'est pas vraiment le sujet de l'histoire.

A 40 ans, la narratrice est plus aigrie que jamais. Même morte, on lui parle de sa soeur et de cette Kazue qui était dans le même lycée. Mais petit à petit, le livre s'ouvre sur les voix des autres personnages, les journaux intimes de Yuriko et de Kazue, la déclaration de meurtre de Zhang, etc. On découvre la dure vie de prostitués, les déboires, les violences, le travail illégal, les secrets de chacun. Chaque histoire de ces personnages amène au dénouement… mais surtout droit vers l'enfer de la vie.

Natsuo Kirino reprend sa plume pour écrire un roman noir mais avec des personnages tellement vrai et réaliste que l'on sent que cela pourrait nous arriver. L'écriture est fluide, nous montre les diverses visions qu'ont les protagonistes. Troublant et violant.

Lien : http://endorphinage.wordpres..
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