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4,21

sur 691 notes
lu en 2018
Né en Hongrie de famille juive, il sera naturalisé anglais après la guerre. Communiste de 1931 jusqu'en 1938, date des procès de Moscou où Staline a fait exécuter la plupart des bolcheviks de la révolution russe de 1917. Il s'inspire du sujet pour écrire le zéro et l'infini. le zéro : l'homme ; l'infini : l'appareil. le zéro représente alors la place de l'individu au sein de la société communiste russe, l'être humain en tant qu'entité individuelle n'existe pas et doit se sacrifier au bénéfice de la communauté : l'infini. La communauté est tout et l'individu n'est rien. A partir de cettephilosophie, tout est alors excusable, peu importe que certains meurent de faim, peu importe que d'autres soient arrêtés et condamnés arbitrairement, tant que tout cela participe au bien collectif. Référence au livre Crimes et Châtiments de Dostoeivski. La fin justifie les moyens.
Le roman imagine l'itinéraire d'un dignitaire communiste, un de ceux qui ont fait la révolution au côté de Lénine et de Trosky, un de ceux qui pourrait se considérer comme intouchable. Mais Roubachof (lui-même exécuteur à une époque !) est jeté en prison soupçonné de haute trahison, sommé de s'accuser, jugé et fusillé. Difficile d'imaginer la vie à cette époque dans ce milieu où la suspicion et la délation sont la règle, et comment rester communiste chez les intellectuels, en France notamment ?
L'écriture de Koestler est d'une puissance qui nous scotche au texte. Sa grande culture, ses expériences de vie au travers de cette époque "mouvementée" et ses capacités à analyser tout ça et à transmettre honnêtement, font de lui un vrai passeur de l'histoire.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Remarquable !
J'ai acheté et lu ce livre de poche en … 1964 (05.040.X-6-7981 édition 2ème trimestre 1963)
1ère observation : la couverture a changé ; l'actuelle est sans doute plus consensuelle; je préfère celle de 1963, beaucoup plus explicite : un prisonnier observe à travers les barreaux de sa cellule des prisonniers tournant dans une cour enneigée, sous les yeux d'une sentinelle, baïonnette au canon.
2ème observation : cette couverture me rappelle le clip de Dépêche Mode intitulé « Where's the Revolution » sur le même sujet ! (sortie en février 2017, à voir sur Youtube)
Ce livre a été écrit en 1939-1940 ; il traite de ce l'on appelle, en général, les grands procès de Moscou autrement dits les purges staliniennes.
Que sont les purges staliniennes ?
Les procès de Moscou donnent le signal du début de purges massives. La phase la plus violente se déroule de fin 1936 à 1938. Durant ces deux années, la répression fait plus de deux millions de victimes, dont 725 000 exécutions. L'ordre qui ordonne de réprimer les « éléments antisoviétiques et socialement dangereux », marque le début des purges à grande échelle. Beaucoup d'ennemis du peuple sont poursuivis sous l'inculpation de sabotage économique, d'affiliation avec le trotskisme ou de participation à la subversion étrangère.
En novembre 1938, les exécutions en masse prennent brusquement fin. La Grande Terreur s'arrête comme elle avait commencé : sur un ordre de Staline. Après une violente critique du fonctionnement du NKVD (non-respect du code de procédure pénale) le 17 novembre 1938 et une confession de Lejov le 23 novembre dans laquelle il reconnaît sa totale responsabilité et demande à être déchargé de sa mission. Lejov d'abord rétrogradé au rang de commissaire du peuple au transport fluvial le 21 août 1939, sera fusillé en 1940 et remplacé par son adjoint Beria.
Cependant, la pratique des arrestations arbitraires a continué jusqu'à la mort de Staline.
C'est donc dans ce contexte que Koestler écrit le Zéro et l'infini.
N. S. ROUBACHOF est arrêté une nuit par 2 policiers qui l'emmène dans une prison, que l'on présume moscovite. le but est qu'il soit condamné par un tribunal et exécuté au titre d'exemple ; en effet Roubachof a occupé de hautes fonctions dans le Parti et il a notamment été un adjoint du N°1. A noter que l'auteur n'a utilisé que des noms fictifs, l'éditeur précisant, à ce sujet, que tous les personnages de ce livre sont imaginaires (bigre !)
Roubachof sera interrogé 3 fois (interrogatoire nommé audience dans le livre). La première fois, quelques heures, par Ivanof, « son vieil ami d'université et ancien chef de bataillon». Ce dernier n'arrivera pas à convaincre Roubachof. Ayant échoué Ivanof sera fusillé avant même le procès de Roubachof.
Le deuxième sera mené conjointement avec Gletkin (qui n'était pas d'accord avec le mode opératoire utilisé par Ivanof). Interrogatoires psychiques mais menés de telle manière qu'ils équivalent à des tortures physiques, qui feront céder Roubachof.
On lira là des pages d'anthologie : à partir de la page 142 notamment ;
- Te souviens-tu de Raskolnikof ? …le problème est de savoir si l'étudiant Raskolnikof avait le droit de tuer la vieille usurière. …
- P 151 : le pouvoir arbitraire du gouvernement est illimité, et reste sans exemple dans l'histoire ; les libertés de la presse, d'opinion et de mouvement ont totalement disparu, comme si la Déclaration des droits de l'Homme n'avait jamais existé. Nous avons édifié le plus gigantesque appareil policier ….
Des pages entières méritent d'être citées : le mieux est encore de lire ce chef d'oeuvre !
Sublime !
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Un immense classique - ou comment Koestler revisite les procès staliniens

On y raconte comment un ancien apparatchik qui a collaboré activement à la mise en place d'un système répressif neo stalinien, le camarade Roubachof, va être à son tour accusé de s'opposer au gouvernement, arrêté et jeté en prison.

Par retours en arrière successif, le lecteur est plongé dans la carrière passée de celui qui fut jadis un fonctionnaire haut placé. Et ce, jusqu'à sa mise à l'index.

Notre héros médite sur son passé et les interrogatoires qu'il subit lui révèlent le nous qui prévaut sur le je, dans une société où l'individu est considéré comme insignifiant par rapport à la collectivité, entité infinie.

Le pire, c'est qu'ici le héros - épurateur épuré à son tour - reste un communiste convaincu, qui en arrive à se sentir coupable et à se persuader de l'intéret du procès pour la pérenisation du Socialisme.

Incontournable.
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Arthur Koestler ressemble beaucoup a St. Paul. Il est le grand apotre du message anti-communiste aûpres des communistes. le zero et l'infini constitue son epitre aux Bolcheviques de l'Ouest. Apres voir milité longtemps dans le parti communiste allemande, Koestler a eu sa revelation de Damas a Moscou lors du process en 1938 qui a traduit en justice les plus important chefs bolcheviques de premiere heure.

Ce process a été un spectacle de creve-coeur. Des hommes qui avaient consacré leurs vie entieres a la cause communiste sont arrives dans des conditions psychologiques tres fragiles au banc des temoins ou il faisaient des aveux completement rocambolesques sur leurs vies passes a saboter le mouvement communiste. Un observateur de la droite tel Fitzroy Maclean a trouve l'affaire riche en comédie. Koestler un communiste engage a été devasté.

Koestler est parti dans l'Ouest avec son message: les victimes de Stalines étaient des bons camarades condamnés a mort par un tyran paranoiaque qui voulait avoir tout le pouvoir à lui seul et qui n'etait plus capable de se fier a qui que ca soit. Son conseil aux communistes de l'oeust c'etait de prendre leurs distances à l'égard du parti controlé par Moscou. Plus on y militait, plus on courait le risqué de subir eventuellement le meme sort que les condamnes de Moscou.

Koestler a été assez charmeur pour imposer son point de vue aupres des intellectuals de la gauche a Paris. Simone de Beauvoir l'a tout de suite cru et l'a vigoreusement appuyé part la suite. Avec Koestler et son roman sur le process de Moscou un lueur de vérité a finallement percé chez les gauchistes de l'Ouest.

Koestler est demeuré en quelque sorte un bon communist. Il n'a jamais encouragé les gens a croire a la famine en Ukraine ou aux Goulags pour les masses. Il déploraient surtout le fait que des bons communistes sont devenus eux aussi des victimes du bourreau Staline. Avec ses revelations il nous a tous rendu un grand service. Cependant, il faut pas oublier qu'il a éte pendant longtemps du cote du bourreau.

De nos jours, on lit le Zero et l'infini parce qu'il raconte l'histoire du process de Moscou et de sess interrogatories (que l'on qualifie de nos jours de sessions de tortures) de facon efficace et directe. C'est un livre essential pour une bonne comprehension d'un des evenements marquants du 20e siècle.
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Pour faire sobre: vous voulez vous dégouter un peu plus de notre espèce et de ce que la "société" fait de certains d'entre nous ?? le pouvoir ??? Lisez ce livre et cela devrait e^tre encore mieux, ou pire à vous de voir.
Très bonne lecture bien sur. Ca fait juste de mal de voir à quel point certains hommes ont étaient les pires monstres lâche ordures et pourris de toutes créatures vivantes.
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Un très bon roman, haletant et bien écrit.
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C'est un livre largement abstrait, qui démontre les absurdités d'un idéal déviant et se penche sur des théories aussi rigoureuses qu'illogiques. Dans une ambiance oppressante et d'une plume élégante, cette sordide histoire dresse le portrait sans concession du stalinisme le plus sombre.
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Très bon livre. On se sent enfermé au coté de l'auteur dans les prisons soviétiques. Un style vraiment prenant.
Roman historique certes, mais surtout de la grande littérature.
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Un livre capital pour comprendre le XXe siècle et au delà.
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Nicolas Roubachoff, ancien cadre du Parti Communiste, est accusé de menées contre-révolutionnaires : il est alors emprisonné et confronté à un appareil judiciaire répressif auquel il a lui-même collaboré durant sa carrière politique. Au moyen d'analepses, Koestler retrace l'itinéraire de cet ancien de 1917 jusqu'à cet emprisonnement où Roubachoff découvre un système littéralement inhumain : impossibilité de communiquer et interrogatoires musclés et interminables amènent à l'épuisement mental des prisonniers. Au-delà, il y a encore l'attente de la mort, puisque celle-ci est inévitable mais qu'elle est imprévisible.
L'homme, le zéro, face à et dans la société, l'infini. le livre est un réquisitoire accablant contre le totalitarisme qui utilise toutes les armes - et pas nécessairement physiques, mais aussi psychologiques et linguistiques - pour modeler l'homme à son envie.
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