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4,21

sur 688 notes
Livre un peu ardu à lire décrivant avec beaucoup de justesse un simulacre de justice sous une dictature… ces 2 mots étant par nature opposés! Les débuts de l'ère soviétique sont évidemment en filigrane derrière ce texte.

Le zéro de l'individu dans un régime totalitaire s'oppose à la vision humaniste dans laquelle l'individu est infini.

L'auteur détaille avec précision cette fiction grammaticale où le 'je ' se perd au profit de la collectivité.

Un livre qui comptera dans mon parcours de lecteur.

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« Au bout de 48 heures, Roubachof avait perdu tout sentiment du jour et de la nuit ».... pendant les grandes purges staliniennes, Roubachof, responsable communiste haut placé est jeté en prison, torturé psychologiquement dans le but d obtenir ses aveux publics et de le juger comme traître et contre révolutionnaire . Il se remémore son passé, philosophe sur l'absurdité de cette situation: « La vérité, c'est ce qui est utile à l'humanité ; le mensonge, ce qui lui est visible… Que Jésus ait dit la vérité ou non lorsqu'il affirme être le fils de Dieu et d'une vierge, cela est sans intérêt pour un homme sensé ».
Tout cela semble d'un autre temps, malheureusement les dictatures continuent à utiliser toutes les mêmes outils: peur, tortures, manipulations, assassinats, disparitions, propagandes, absurdité, apparatchiks, négation de l individu qui est le zéro au profit de la collectivité qui est l'infini.... ce livre permet de ne pas oublier cela.
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Du lourd !!! Un roman qui ne court pas les rues et qui mérite une autre lecture...
J'avais toujours eu dans l'idée que 1984 de George Orwell, le meilleur des mondes de Aldous Huxley et Fahrenheit 451 de Ray Bradbury étaient les grosses pointures dans le domaine...
Absolument à lire !
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Un livre dans la lignée de 1984 d'orson Wells ou du meilleur des mondes d'Aldous Huxley mais concentré sur la partie procédurale dans un monde totalitaire. Complètement inspiré par l'URSS et la société construite dans le cadre de l'idéologie soviétique que l'auteur a fui, il dresse un portrait angoissant d'un monde où l'homme est broyé dans la poursuite d'idéaux le faisant passer après leur réalisation et cela en son nom. Un peu comme si on étudiait en détail le raisonnement de "1984" en faisant un arrêt plus précis sur la procédure judiciaire et les mécanismes mis en place pour maintenir un régime à tout prix.
Je dois l'avoir dans ma bibliothèque depuis plus de 20 ans, merci à Margaret Atwood, qui le citait dans une ITW, de m'avoir donné envie de le réouvrir!
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Le zéro et l'infini est avant tout un livre sur la violence politique. le fonctionnement des dictatures, ces êtres qui font partie de la tête de l'État et qui du jour au lendemain tombent de leur piédestal devant l'ambition de leur semblable. Tout est bon pour condamner et tuer. La justice n'existe pas dans ce monde. Seul le pouvoir compte. Même l'idéologie est dévoyée au nom de ce pouvoir. Un régime dérive vite...

Le "zéro et l'infini" se lit bien, mais dans ce style là (toute proportion gardée évidemment) "La ferme des animaux" m'est bien plus agréable. le langage est différent, les situations aussi, mais le but reste finalement le même. Dénoncer les dérives d'un régime sur l'idéologie, et la difficulté d'exister en son sein quand tu n'es pas le nombre dominant.
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Le roman d'Arthur Koestler, le Zéro et l'infini, écrit en 1940 et paru en 1945 en France fait partie des oeuvres qui ont marqué la deuxième partie du XX ème siècle. Son succès a été immense, quitte à porter de l'ombre au reste de son oeuvre, mais les critiques à son encontre furent également très violentes. Il est vrai qu'Arthur Koestler, dans cette oeuvre, démonte l'escroquerie intellectuelle, à laquelle d'ailleurs l'auteur a participé, du communisme. On imagine l'accueil qu'a reçu ce roman au sortir de la Seconde guerre mondiale, surtout en France, bien sûr de la part des intellectuels du PCF mais également de ses compagnons de route, notamment Simone de Beauvoir. « Renégat » est la plus modérée des épithètes qui lui furent adressées. Il est vrai que la Guerre froide battait son plein et qu'il « fallait choisir son camp, camarade » et une fois choisi, il ne fallait ni l'abandonner ni, surtout le trahir. Il est vrai aussi que ce roman, dont le sujet atteint les sommets du tragique, a aussi quelque chose de la farce de l'arroseur arrosé. Encore aujourd'hui, Arthur Koestler est signalé, parfois, comme un auteur « controversé » notamment à propos de ce roman, comme si L Histoire n'avait pas encore apporté une éclatante confirmation de ses propos.

Malgré tout, le roman d'Arthur Koestler s'est imposé comme une dénonciation du totalitarisme mais l'a-t-on lu avec toute l'attention requise ? Pas toujours, car il s'agit, au-delà d'une dénonciation, du démontage des outils qu'utilisent les totalitarismes.

Roman à clés, également. Assez transparent pour les lecteurs des années 40, beaucoup moins pour les lecteurs des années 20 du 21ème siècle. Aucun nom de la grande histoire n'y est cité, mais les lecteurs comprenaient que le roman avait pour décor l'entre-deux-guerres, la Révolution bolchévique, la Révolution de Novembre manquée en Allemagne et la montée du nazisme, les zigzags stratégiques du Parti communiste de l'URSS, passant de la stratégie  classe contre classe , à la lutte contre les sociaux-traitres au pacte germano-soviétique en passant par la stratégie de front populaire. Inspiré des purges staliniennes (bien que le nom de Staline n'y soit jamais cité), ce roman imagine l'itinéraire d'un dignitaire soviétique, Roubachof, qui, après une carrière d'aparatchik (diplomate, espion, fidèle du Chef et lui-même instructeur des grands procès), est jeté en prison et jugé. Ces purges staliniennes ne concernent donc pas le citoyen moyen mais l'élite communiste, intégrée, par définition dans l'appareil du parti et de l'Etat.

Arthur Koestler décrit les méthodes utilisées par l'appareil d'Etat communiste : travestissement de la réalité, contrôle du discours, manipulation et maîtrise de la pensée. La réalité n'existe pas en dehors du discours autorisé par l'appareil d'Etat. Lui seul décide de la réalité. L'individu doit renoncer à voir ce qu'il voit, à penser seul. Il doit voir le réel à travers ce que lui dit le Parti et ne penser que comme le Parti. En effet ce dernier détient la Vérité grâce à l'outil scientifique du marxisme-léninisme : L Histoire mène les peuples inéluctablement vers le socialisme puis le communisme. Un seul parti est le garant de la meilleure manière d'y parvenir : le parti communiste avant-garde du prolétariat. Donc contredire le parti, c'est ralentir L Histoire. Aucune action, aucune pensée ne peut se justifier en dehors de sa contribution à l'atteinte du but de la Révolution, le communisme. le « Je » n'existe plus, n'a de toute façon aucune valeur, c'est le « nous » soviétique qui prévaut ; autrement dit la fin justifie les moyens.

Roubachov, comme tous les « purgés » des années 30 a consacré sa vie à la Révolution. Et voilà que cette Révolution le broie, l'écrase. Il est désigné comme un ennemi. Il sait que ce dont on l'accuse est faux. Mais l'intérêt du Parti n'est-il pas qu'il reconnaisse les crimes dont on l'accuse ? C'est le dernier service qu'il peut rendre à la Révolution. du moment que cela sert la cause !

Tragédie grecque. Roubachov va-t-il aller au bout de la logique décrite par A. Koestler ? Va-t-il accepter de jouer le jeu et reconnaître ses crimes et apporter un dernier soutien à la Révolution ou va-t-il refuser et dénoncer la supercherie : L Histoire n'est pas encore écrite ?

Probablement un des meilleurs ouvrages d'Arthur Koestler, qui allie profondeur de la pensée à qualité de l'écriture et épaisseur des personnages. Son apport à la compréhension des totalitarismes passés est encore utile aux citoyens d'aujourd'hui pour veiller à tout retour intempestif de ces méthodes, fût-ce dans une version atténuée.

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Arthur Koestler nous narre l'histoire de Roubachof, ex-responsable communiste (originaire de l'ancienne garde bolchevique de Lénine), qui a lui-même procédé à d'infâmes crimes, et qui se retrouve (en tant que « contre-révolutionnaire ») en lieu et place, de ses anciennes victimes innocentes. La prison lui laisse le temps a posteriori, de réfléchir et d'analyser toute l'horreur du système Totalitaire Communiste dont il est issu. Subissant ce qu'il a auparavant infligé aux autres victimes, Roubachof, par une sorte d'introspection, détaille l'implacable machinerie mise en place par l'Etat-Parti unique Totalitaire Communiste.

En effet, Arthur Koestler décrit à travers le personnage de Roubachof, le déroulement des tristement « célèbres » Procès de Moscou de 1936 et qui ont conduit Staline à la barbarie qu'a été la « Grande Purge » ou « Grande Terreur » de 1937 – 1938 : environ 700 000 personnes innocentes exterminées en moins de 2 ans, soit une moyenne de 1 500 personnes exécutées chaque jour !

Cette oeuvre bouleversante dont les personnages sont imaginaires, relate en revanche des circonstances historiques REELLES. L'ouvrage décortique l'innommable processus INHUMAIN de : rafles, arrestations arbitraires, emprisonnements, interrogatoires par les perfides procédés du mensonge et de l'intimidation, très souvent complétés par les tortures ; le tout, afin d'extorquer de force aux prisonniers : la signature de FAUX aveux complets. Intervient alors l'ultime étape… l'exécution : D'UNE BALLE DANS LA NUQUE !

Confer également, d'autres ouvrages tous aussi passionnants sur le même thème, de George Orwell1984 et La Ferme des animaux.
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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En peignant les derniers jours d'un haut dirigeant du PC soviétique, ancien héros de la guerre civile, Arthur Koestler se livre à une double réflexion.
Il est un des premiers à décrire le système soviétique - le livre a été publié en 1938 -, en particulier la mécanique des "procès de Moscou" (aveux détaillés extorqués aux futures victimes).
Par le truchement du héros, Koestler décrit également l'enfermement intellectuel, la prison des idées dans lequel sont condamnés à errer les partisans d'une idéologie, d'une explication close du monde, qui prétend saisir le réel dans ses moindres aspects.
D'où la capitulation du personnage principal, qui finit par accepter son sort "pour le bien du Parti".
Ici, l'idéologie est le marxisme, mais ç'aurait tout aussi bien pu être un autre extrémisme, une autre intolérance.
Ajoutons qu'autour d'une thématique somme toute aride, le livre est très bien écrit, très bien construit, ce qui le rend passionnant.
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Un livre à lire absolument alors que le monde se déchire.
Dans ce livre, écrit à la fin des années 30, Arthur Koestler analyse un régime totalitaire, en l'occurence celui de l'URSS stalinienne.
L'individu n'est rien, c'est le zéro, le parti est tout, c'est l'infini. le JE n'existe pas seul le nous compte : c'est la fiction grammaticale. le parti est "l'incarnation de l'idée révolutionnaire". Il va illustrer son analyse en mettant en scène le procès de Roubachof, bolchévik de la première heure. Cela nous renvoie aux procès de Moscou, organisés par Staline, de 1936 à 1938, dans le cadre des grandes purges. Eliminer les vieux bolchéviks, tous les cadres qui ont participé ou continuent de participer à l'oeuvre du parti. Staline veut des sous fifres dociles. Toute personne ayant une idée opposée aux idées de Staline se trouve écartée du parti, effacée et executée.
Par ailleurs, comme la famine sévit et tue des millions de personnes, il faut trouver des coupables qui seront les boucs émissaires et qu'il faudra châtier. et surtout, qu'il faudra châtier après des procès orchestrés. En effet, l'échec de la politique agricole ne peut être imputée au Parti, car "le parti ne peut pas se tromper".
La révolution doit continuer, avoir des ennemis pour ne pas sombrer dans le conformisme, et donc Staline invente des traîtres. Donc, Roubachof, cadre du parti, doit être jugé et condamné. Lors de son emprisonnement, il va repenser aux personnes qu'il a envoyées à la mort. "La fin justifie les moyens". Quand on n'a pas la foi inconditionnelle dans le Parti, on n'a rien à faire dans ses rangs". " Pour le Parti, il n'y a pas de marcje commune avec les modérés. Ce sont les modérés qui ont trahi le mouvement". (Cette citation me ramène tellement à notre époque). Roubachof écrit dans ses notes "Nous sommes semblables au grand inquisiteur dans la mesure où nous ne considérons pas que le mal se limite aux seuls actes, mais nous l'avons traqué jusque dans les pensées de l'homme. Il repense à sa maîtresse Arlova qu'il n'a pas soutenue et qui a été exécutée, à Richard qui n'a pas distribué des tracts du Parti mais ceux de sa section locale écrits par Richard, qui lui aussi a été exécuté, au petit Loewy qui s'est pendu car désavoué par le Parti suite à un compte rendu de Roubachof. La culpabilité s'insinue dans la tête de Roubacho. "Le pouvoir et l'arbitraire n'ont aucune limite. On éradiquela liberté de la presse, d'opinion, de mouvement. Nous avons construit (Cette citation me ramène tellement à notre époque). Nous avons construit le plus grand état policier de l'histoire". le premier juge à l'interroger, Ivanof, est son alter ego, ils font partie tous les deux des vieux bolchéviks, le second Gletkine, est plus jeune, plus rigide, plus brutal. Il dit "Il faut donner aux masses des causes simples et tangibles aux ensembles complexes et difficiles à comprendre. L'humanité ne s'en est jamais sortie sans boucs émissaires" (Cette citation me ramène tellement à notre époque). Il faut donc des traîtres, inventer des ennemis, qui vont avouer des crimes inventés et ce, sous la pression (tous les moyens de pression sont bons), et leurs aveux galvaniseront les foules et maintiendront la révolution alors que la famine sévit. de multiples allusions à la révolution française et tout particulièrement à Danton qui semble être devenu un modèle pour Roubachof.
Un livre terrifiant qui n'a été plublié en France qu'en 1945 !!!
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Membre fondateur avec celui que l'on appelle le N°1 du régime révolutionnaire de ce pays que l'auteur ne cite jamais mais qui ressemble fortement à la Russie, Roubachof est emprisonné pour trahison et sédition. le récit se déroule dans les années 1930. Torturé par manque de sommeil par Gletkin, un nouveau jeune cadre du Parti, Roubachof finit par avouer que ses idées n'étaient plus en phase avec celles du Parti mais qu'il n'a jamais voulu aller contre celui-ci.
Métaphore de la dictature stalinienne et de l'installation des totalitarismes dans les années 1930, le Zéro et l'infini est considéré comme un chef d'oeuvre de la littérature mondiale.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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