AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 2903 notes
Et un prédateur sexuel de plus à tomber de son piédestal ! Olivier Duhamel, professeur de droit, député européen et célèbre politologue courtisé par les médias pour ses fines analyses… et bien Monsieur Duhamel, tant pis pour vous et j'espère bien que vous ne vous en remettrez pas !

Une fois de plus, c'est bien une génération qui est pointée du doigt : celle de 68, forte de ses slogans provocateurs et révolutionnaires. Je pense plus particulièrement aux deux suivants : « il faut jouir sans entrave » et « il est interdit d'interdire ».

Lorsqu'on en vient à évoquer la sexualité et plus particulièrement les relations entre adultes et jeunes adolescent(e)s, un Gabriel Matzneff avait-il le droit de faire monter dans sa chambre des jeunes filles de 13 ans (alors qu'il en avait 50) pour les initier à la sexualité, un Olivier Duhamel avait-il le droit d'initier, dans le cadre de la famille recomposée, son beau-fils, âgé de 13 ou 14 ans ? Et tous ces autres prédateurs sexuels, imbus d'eux-mêmes, profitant souvent de leur notoriété, de leur fric ou de leur pouvoir, pour qui se prennent-ils pour se croire tout permis ?
Est-il vraiment interdit d'interdire ?

Et les dégâts sur les victimes de ces prédateurs ? A noter que la plupart de ces victimes ne réalisent même pas qu'elles le sont et ont plutôt tendance à nourrir un sentiment de culpabilité. Ce qui peut paraître dingue, mais qui peut se comprendre aisément.

Bravo à Camille Kouchner, la soeur jumelle du jeune homme qui a été sali par son beau-père, bravo à elle d'avoir réussi à écrire ce livre pour se délivrer de ce secret qu'elle portait depuis l'adolescence et qui la minait physiquement et psychiquement.
Ce livre est fracassant, terrible et bouleversant.
Fracassant parce que, du côté maternel (la famille Pisier), il y a des cadavres dans le placard particulièrement douloureux.
Terrible parce que Camille Kouchner décrit parfaitement bien l'omnipotence de son beau-père, qui brille par son intelligence, respecté, admiré par tout le monde, y compris par ses beaux-fils et sa belle-fille. Un homme qui s'est constitué une cour de courtisans, la familia grande.
Bouleversant la lettre posthume écrite à sa mère, cette mère qu'elle aimait tant mais qui n'a rien voulu voir au point de se fâcher avec tous ses enfants lorsqu'ils lui ont raconté l'indicible.

Je venais juste de lire « le consentement ». Avec ce témoignage supplémentaire, je confirme que le nettoyage au Karsher vient de commencer. A qui le tour ? Dans ces moments où les têtes tombent, il va falloir raison garder. Cependant, il faut que des têtes tombent !




Commenter  J’apprécie          160
Grande émotion jusqu'aux larmes en achevant ce récit remarquablement bien écrit et tant de souffrance au travers de mots : une bulle de bonheur et d'enfance où on est aimé, on aime, on est en sécurité et voilà le chaos, l'impensable, l'inimaginable qui arrive au détriment de tous. Et quels dommages collatéraux qui bouleversent, détruisent une vie, des vies. Camille Kouchner a un courage immense de tout révéler et j'en reste bouleversée, admirative de cette force intérieure qu'elle a pour mener sa vie avec la douleur, la culpabilité et toutes les retombées de cette terrible histoire de vie.
Commenter  J’apprécie          160
Ce livre est terrible... Comment l'inceste détruit, ronge, engloutit, envahit des vies.
Des parents non protecteurs de leurs enfants, complètement occupés d'eux-mêmes, encore infantiles sont incapables de sauvegarder leurs enfants, pris dans leur propre souffrance, incapable d'assumer leur rôle de parents, symptomatique, non qu'ils se fassent appeler par leur prénom et non papa/ maman ... ? Porosité entre le monde des adultes/ parents et celui des enfants. Les enfants protecteurs de leurs parents.
Comme souvent, cet homme, ce beau-père, coupable du crime d'inceste est un homme charmant, séducteur, si intelligent, fascinant, qui a de l'emprise sur les autres, a une cour (La Familia grande), il faut en être, on a peur d'être rejeté hors de son cercle, c'est un séducteur, il est si aimable, comment ne pourrait-on ne pas l'aimer ?
Camille se tait et étouffe. Quand elle parle, comme c'est souvent le cas, elle est rejetée. Par celle qui aurait dû la protéger, sa mère et elle se sent coupable. Elle a trahi.
Ce livre se dévore, comme une urgence à libérer Camille, à se libérer nous aussi de ce secret.
Que ces personnes soient connues, médiatisées ajoute la dimension "cela n'arrive pas qu'aux autres" dans des milieux sordides. Humains, nous sommes tous humains. Camille a eu « les mots pour le dire », les ressources pour être aidée ce qui n'est pas le cas de tous les enfants.
Commenter  J’apprécie          152
J avoue, j ai commencé à lire ce livre pour de mauvaises raisons peu glorieuses : un peu de voyeurisme de ce microcosme d intellectuels de la rive gauche aux valeurs parfois discutables.
En fait, je me suis trompé : Camille Kouchner est "honnête" et son livre est "honnête". Pas de voyeurisme , juste une femme "triste" et qui a subit.

Un bon livre bien ecrit et subtil
Commenter  J’apprécie          150
Camille Kouchner, fille de l'ancien ministre, nous raconte ce terrible secret qui a gâché sa vie et celle de son frère jumeau.
On découvre alors cette grande et incroyable famille, la grand mère Paula féministe et solaire , la mère Evelyne féministe et sèche , la tante Marie-France seule personne qui semble donné un regard plus attentif à ses neveux , le père Bernard absent et colérique, et enfin le beau père qui semblait être celui qui protégeait et qui va s'avérer être celui qui détruit .

Au-delà de ce récit poignant, c'est une société d'intellectuels nantis de gauche que j'ai découvert . le retournement des années soixante huit vers la gauche caviar. Un morceau d'histoire .
Commenter  J’apprécie          150
Un témoignage fort et puissant sur la famille Kouchner, représentative d'une Gauche Caviar, et surtout une époque également où la liberté et la liberté sexuelle primaient sur beaucoup d'autres valeurs.
Camille revient chronologiquement sur son histoire, avec émotion, sincérité, avec le recul de l'âge adulte sur les souvenirs d'enfant.
Revoir son enfance et sa jeunesse avec le pouvoir de la plume, la recherche de la vérité et de la sincérité. Sans occulter ce qu'elle ressentait à l'époque.
Des mots forts, simples et puissants qui font mouche à chaque fois.

Le portrait de sa mère est empreint d'un amour exclusif et en même temps d'une rare lucidité. Il y a presque un dédoublement de personnalité : le regard de l'enfant et la lucidité de l'adulte qui se penche sur ses souvenirs.
Quand elle était enfant :
« Je dois tout faire seule, mais je sais que rien n'est laissé au hasard. Ma mère ne m'emmène pas au cinéma mais se réjouit quand j'y vais. (… )
Nous sommes un duo, mais nous sommes chacune.
Ses yeux s'ouvrent, et les questions se posent au fur et à mesure des anecdotes sur sa mère qui a eu une brève aventure avec Fidel Castro
« Une idéaliste cédant au machisme qu'elle combat. Une contradiction sans doute. La liberté, peut-être. »

A propos de Bernard Kouchner, son père. Elle constate déjà l'indulgence des plus grands à propos de la figure masculine
« Bernard hurlait. Il nous terrorisait, nous reprochait le malheur du monde. Ma mère et ma grand-mère nous imposaient d'être fiers de notre père et de nous en amuser : il faut le comprendre. Avec tout de qu'il voit, avec tout ce qu'il fait… (… ) Vous ne pouvez pas lui en vouloir. Ce n'est pas bien grave. »
« Pas de hurlements paternels devant les invités, mais un regard perçant, un regard qui glace les enfants de 7 ou 15 ans. La phrase cinglante, toujours quand il faut, celle qui cherche la faiblesse, la met en lumière et enfin humilie… pour des cacahuètes. »

Plus que la pseudo liberté portée en étendard par les Kouchner, c'est le plaisir qui est recherché.
« A Paris, les parents déléguaient tout aux baby-sitter, quasiment des gouvernantes.(.. ) le week-end, c'était une autre, qui prenait le relais.
Pas question que ma mère soit asservie ! »

Le cataclysme en apprenant la vérité. Pour elle, qui connait la vérité depuis ses 14 ans et la porte comme une chape de plomb de culpabilité. Elle reprend très souvent le terme de « l'hydre », qui l'emprisonne dans ses tentacules. Mais aussi pour son frère ainé, Colin.
Tout ce qui faisait leurs fondations, leurs valeurs, s'écroule tel un château de cartes.
« Pour Colin, apprendre un tel secret à 40 ans, c'était voir toute sa vie comme un mensonge. Comme si dans son passé, il n'existait aucune vérité. C'était perdre d'un coup cette mère qu'il adorait. C'était perdre l'histoire qu'il s'était racontée, ses racines, ses choix. Tout était faux. »

La conclusion de Camille Kouchner est forte et puissante. Elle sera également la mienne :
« Maman, toutes ces années, la culpabilité, la tristesse et la colère m'ont étouffée.
J'avais 14 ans et j'ai laissé faire. J'avais 14 ans et, en laissant faire, c'est comme si j'avais fait moi-même. J'avais 14 ans, je savais et je n'ai rien dit. (… )
Je serai toujours la mieux placée pour comprendre l'irrationnelle culpabilité de Victor. J'ai vécu avec la mienne, chaque jour, pendant trente années.
Jusqu'à ce que la petite fille alerte et amusée que j'étais, se libère de sa mère et tente d'empoisonner l'hydre en achevant ce livre ».



Commenter  J’apprécie          151
Camille KOUCHNER. La familia grande.

Camille, dans ce récit, fait preuve d'un grand courage, et témoigne à son jumeau tout son amour. Cet exposé est glaçant, mordant, horrible. Comment un être humain peut-il cacher autant de perversité, de cruauté, de méchanceté de sadisme face à un enfant, un jeune adolescent qui était placé sous son autorité et qu'il aurait dû protéger ? Comment ce « père » a-t-il pu être un tel prédateur, au sein de sa familia grande ? Et cet homme, de plus, est un haut responsable, un notable, qui connaît le droit. C'est son domaine, il l'enseigne et le pratique au quotidien. Cette loi qui est sa compagne, il la contourne, la détourne, l'ignore. Elle doit cependant s'appliquer à tous, sauf à lui. c'est un comble.

Camille, au bout de trente longues années s'est tue. Elle savait, l'avait deviné avant que Victor lui avoue les sévices sexuels endurés. Elle n'a fait qu'obéir au désir , à la volonté de son frère :elle a respecté le pacte passé avec son besson. Je ne peux la blâmer. Mais tous ces membres de la famille, le père, la tante, tous ces universitaires qui partageaient la villa de Sanary-sur-Mer et qui étaient au courant, pourquoi, n'ont-ils pas agi ? L'un a dit : « Je vais lui casser la gueule ». Ce ne sont que des mots. Aucune action. Je sais, même si, l'un ou l'une avait dévoilé ce terrible secret, l'auteur des actes délictueux, avait fait part de son intention de se suicider ; non, il ne l'aurait pas fait. Bien trop timoré pour agir en HOMME HONNÊTE.

Et aujourd'hui cet odieux personnage bénéficie d'un non-lieu… Les faits devraient être imprescriptibles. L'auteur de ces actes ne devrait absolument pas bénéficier de relaxe. D'autant qu'il connaît la loi et les lois, de par son statut. Une honte pour nous tous. Oui la justice est à plusieurs vitesses et cela ne date pas d'aujourd'hui…. « Selon que tu es riche et puissant, tu bénéficies de bonnes grâces ». Non c'est trop facile. le domaine de la justice est une injustice pour les innocentes victimes. Bravo et félicitations à Camille. Je souhaite beaucoup de bonheur à Victor, devenu adulte bien trop tôt et à son insu. Je renouvelle mes compliments à Camille. Merci pour ce vibrant témoignage. (17/07/2021).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
Commenter  J’apprécie          150
Ce livre est avant tout une fille qui s'adresse à sa mère après son décès. C'est une déclaration d'amour mais aussi l'histoire des femmes de cette famille, leurs engagements, leur vision de la vie, de l'amour, de comment élever ses enfants, d'une liberté.
Camille nous raconte donc son enfance, ses relations avec sa mère, ce père absent, sa grand-mère, ses frères et tous ceux adoubés par cette grand-mere qui intègre cette famille pour former cette familia grande.
Et puis, vient le divorce de ses parents, l'arrivée de ce beau-père aimant, à l'écoute des enfants et de son emprise jusqu'à l'inceste sur son frère jumeau.

Ce récit autobiographique m'a plusieurs fois mis mal à l'aise. Ces étés passés dans le sud de la France où tout était quasiment permis, les comportements plus que déplacés et ce jugement des adultes sur l'inceste et la parole des enfants qui osent parlé des décennies plus tard. Ce qui me fait le plus mal, c'est cette mère qui renie la parole de ses enfants, leur reproche de l'avoir trahi, que tout est de leur faute et qui surtout protège ce mari.
Ce livre fait mal, nous touche et c'est une voix qui se libère pour nous raconter ce qui a longtemps été tue dans cette familia grande.
Commenter  J’apprécie          150
Écrire une critique sur ce livre est un exercice malaisé. le style m'a quelque peu déroutée. Je l'ai trouvé saccadé, parfois difficile à comprendre m'obligeant à la relecture de certains passages. Peut-être était-ce un choix délibéré de l'auteure pour mieux traduire son besoin irrépressible d'exprimer ce que pendant tant d'années elle a retenu, à travers un flot de souvenirs et d'images mal contenu.
Cela dit, je l'ai lu d'une traite et je salue le courage de Camille Kouchner d'avoir apporté une nouvelle pierre à l'édifice pour que plus jamais les actes incestueux ne soient banalisés et tolérés sous couvert d'une forme de liberté des moeurs.
Je l'ai trouvée très objective d'une certaine manière, ne cherchant pas à détruire coûte que coûte l'image de ce beau-père tant aimé.
On sent qu'elle n'a même pas envie de le détester mais que de souffrances et de gâchis. La mort a séparé les deux soeurs, Evelyne et Marie-France, qui ne s'étaient pas réconciliées. Leur mère s'est coupée de l'affection de ses enfants et petits-enfants en raison de l'amour inconditionnel qu'elle portait à son mari qui était un Dieu à ses yeux.
Les meurtrissures de celui qui a subi et de celle qui s'est tue sont indélébiles. Gageons que ce livre apportera tout de même une forme d'apaisement à Camille, l'écriture jouant le rôle d'exorcisme.
Le roi se croyait tout permis et n'éprouvait pas le besoin de s'excuser, ce livre l'aura au moins fait descendre de son piédestal et même si les faits sont prescrits, son image est définitivement ternie. Ce n'est que justice !
Commenter  J’apprécie          153
La Familia grande
ou Histoire de fesses au sein de la famille Kouchner

Ou encore un sale type par lequel le scandale arrive, mais cette fois ce n'est pas un écrivain qui est sur la sellette ou passant au crible de toutes les attentions du moment, c'est un homme qui avait ses entrées rue de Solférino, dans une société bien pensante dont on revient à peine sous forme de contorsions aussi honteuses qu'invraisemblables .. Désolé. mais on ne va pas nous la faire à l'envers aujourd'hui avec une sorte de virginité recouvrée. Ne voilà-t-il pas une famille -dont on n'a que faire d'ailleurs plutôt qu'elle s'occupe des autres dans les plateaux télé- qui n'a cessé d'attiser le feu et de prôner la liberté des moeurs, mais quand elle est inquiétée, alors là elle se paie une télé pour tenter de noyer le poisson. La famille K. veut se laver à bon compte sur le dos de la mode qui permet de lever le voile aujourd'hui sur ce genre d'affaire scabreuse qui lui pète au nez à son tour alors que hier ça ne la gênait pas plus que ça ! Et quand la Grande librairie se fait l'écho de cette sale affaire, ça devient quoi une émission littéraire ou un média à scandales ?

Je conçois tout à fait que Camille monte au créneau pour tenter de se débarrasser de l'ombre de ce gros porc qui paradait sur les plateaux tv avec cinq, six rôles dans des grandes sociétés il y a encore une semaine.

La justice est trop molle, trop lente et irresponsable sur ces affaires de moeurs entraînant des viols sur mineurs, mais avec elle toute une société permissive pour qu' il faille attendre un retour de balancier normal et favorable, alors les victimes utilisent les médias comme substituts de justice, ils ont au moins pour effet d'éconduire les sales types, mais combien restent impunis, disgraciés ?

Vive la littérature !
Commenter  J’apprécie          1519



Lecteurs (5260) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1721 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}