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sur 2903 notes
Une écriture percutante pour raconter cette famille étrange, dysfonctionnelle. Un père occupé ailleurs, une mère fantasque dont le maître mot est liberté, des rires qui cachent des silences, des secrets, de la nudité qui paraît presque normale. Derrière le mot de liberté, certains adultes en prennent.
Certaines phrases d'Evelyne m'ont fait froid dans le dos. Il n'y a pas de mot pour cette mère qui n'a pas protégé ses enfants.
Un roman que j'ai beaucoup aimé
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Terrible témoignage et interrogation littéraire
le livre de Camille Kouchner m'a beaucoup touché et j'ai trouvé, avec tant d'autres, qu'il s'agissait d'un témoignage capital et essentiel. Il est un terrible constat d'actes pédophiles innommables cautionnés d'une certaine façon par un esprit libertaire incroyablement perversement détourné. Egalement un terrible portrait de mère tout à la fois merveilleuse, détruite et épouvantable, qui va jusqu'à reprocher à son fils violé une sorte de liaison avec l'homme aimé. Un livre donc plus qu'utile, indispensable pour prendre la mesure, si ce n'était déjà fait d'un épouvantable phénomène social.
Et puis le livre a fait son chemin et il a suscité en soi d'autres réflexions moins agréables à exprimer, et peut-être à entendre.
Il y a tout d'abord, c'est anecdotique si l'on veut, la question des bonnes pages dans la presse qui ont en grande partie "spoïlé" les révélations du livre, en ont-elles atténué la force, je me le demande ?
Il y a ensuite les noms livrés en pâture. Je n'aimais pas particulièrement B. Kouchner, mais voilà quelqu'un qui ne ressort pas non plus indemne du livre.
Et surtout, j'ai tendance à mettre peut-être trop les livres dans des cases, mais je me pose la question du statut littéraire d'un tel objet. Simple et honnête témoignage ? Oeuvre littéraire au sens propre et devant être estimé comme telle ? Mais peut-être critiquer en tant qu'objet littéraire un livre qui a des choses aussi épouvantables à dire ( on pourrait dire cela de livres de Christine Angot de la même façon sans doute) ?
Est-ce qu'il fallait passer par cette forme littéraire pour témoigner de cette horreur ?
Une part de moi a pleinement adhéré au livre, mais une autre se demande quelle était la proportion de littérature proprement dite dans ce que j'ai lu (tout en se culpabilisant de se poser la question !).
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Un viol, un inceste ou un abus sur un-e enfant est plus qu'un crime. C'est une saloperie qui va marquer une vie, des vies même, des familles entières. Les broyer de noir, de colère et de culpabilité.

Un livre remarquable qui décrit la lente destruction d'une familia grande, une nomenklatura bobo intello de gauche dans laquelle tout semblait permis, joyeux et festif…
Lien : https://www.noid.ch/la-famil..
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C'est à la mode actuellement de dénoncer les secrets de famille gorgés d'inceste. Mais ce livre, écrit par une femme intelligente, n'est pas à confondre avec les gros titres de la presse à scandale. Non. Les mots sont pesés et délicats. Gageons que ce livre libère la parole de personnes moins connues qui vivent ou ont vécu de pareils drames...
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Quand j'ai entendu parler de cette affaire d'inceste concernant Olivier Duhamel, homme connu et reconnu, sur son beau-fils, j'ai été une nouvelle fois choquée, en colère et tellement triste pour ces vies à jamais brisées au vu et au su de beaucoup sans qu'il n'y ait aucune sanction à la clé. Je n'avais pas eu le courage de lire « le consentement » de Vanessa Springora. Trop dur, trop de désespoir et de haine m'ont traversée à l'époque. Cet écrivain, Gabriel Matzneff, reçu sur tous les plateaux télé dont celui de Bernard Pivot lui-même ! (je ne peux plus « le voir » cet homme, soi-disant de culture !) a pu pendant tant d'années se livrer à ses activités perverses de pédophile et tout le monde s'en fichait, en rigolait… Je tremble encore d'indignation. Bref, là, je me suis dit, je vais lire ce livre de Camille Kouchner par « solidarité », pour essayer de comprendre et surtout pour ne pas fermer les yeux et passer mon chemin. Ce livre très personnel de Camille Kouchner remet en perspective le contexte familial qui a permis ce crime sur un enfant de 13/14 ans, sur Victor (non fictif), frère jumeau de Camille. C'est aussi et surtout un livre qui parle de sa maman, Evelyne Pisier, une maman tellement aimée et admirée, qui a pourtant fait le choix de soutenir son mari et d'abandonner son fils et par là-même ses enfants, et même sa soeur pourtant adorée, Marie-France Pisier qui, elle, a oeuvré pour que la vérité soit révélée avec toutes les conséquences qui devaient en découler. On découvre donc Evelyne Pisier, une femme à la forte personnalité, singulière et très engagée mais qui va être dévastée par le suicide de ses deux parents, surtout celui de sa mère Paula, elle aussi une femme incroyable. Evelyne Pisier ne s'en relèvera jamais et abandonnera alors ses enfants. C'est un livre aussi sur un homme de pouvoir, charmeur, qui a réussi à mettre en place une telle emprise sur sa famille et son entourage que ce crime a pu rester secret tellement longtemps que maintenant, les faits sont prescrits et qu'il va s'en sortir, mais avec le déshonneur. C'est également le livre d'une vie, celle de Camille, brisée par ce secret que lui livre son frère jumeau dont elle ne saura pas quoi faire (elle aussi était petite) et qui va diffuser en elle (l'hydre poison) au point de la rendre malade, mal dans sa peau et la culpabiliser, tellement. Car Victor tout en lui disant ce qu'il vivait lui demande de ne rien dire. Trop dur pour ce jeune garçon qui préfère se battre et essayer de se reconstruire différemment, dans le silence. Livre aussi sur une famille et une famille agrandie d'intellectuels aux moeurs libres. Bernard Kouchner, le premier mari d'Evelyne Pisier et père de ses trois premiers enfants dont les jumeaux, apparaît sous un jour peu favorable. J'ai écouté Camille lors de son passage à la Grande Librairie, elle semble s'être un peu rapprochée de son père. Dans ce livre, on comprend bien aussi pourquoi l'inceste est vraiment un drame très particulier car la personne qui s'adonne à ce crime est aussi la personne que vous aimez, qui vous élève et en qui vous aviez toute confiance. Que vous dire de plus ? J'ai été vraiment touchée par ce témoignage, ce cri d'amour d'une enfant envers ses parents qui n'ont pas su, voulu, pu protéger leurs enfants. Car dans ces histoires-là, c'est toujours l'adulte qui doit dire non et protéger. Pas les enfants. Ce témoignage est très personnel et courageux. Camille en avait besoin. Son frère a accepté que Camille se livre, même si ce n'est pas son chemin. Je pense aussi qu'elle a pu enfin se délivrer de ce secret, de ce poids, car sa maman était décédée. Très émouvant le passage sur l'enterrement de sa mère. Finalement, elle l'avait déjà perdue il y a bien longtemps. Quelle tristesse. Je ne peux que souhaiter un peu de paix à cette famille si marquée douloureusement et que ce témoignage apporte un peu de courage à tous ceux et toutes celles qui vivent ce drame.
Lien : https://mapassionleslivres.w..
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Je sors de cette lecture très content d'avoir lu cet ouvrage très réussi en tous points. le fond et la forme sont parfaitement maîtrisés. J'avoue avoir toujours un peu de méfiance vis-à-vis d'un ouvrage ultra-médiatisé, mais les personnes qui m'ont mis le livre dans les mains ont eu raison. Merci à elles ! Inutile de revenir sur l'histoire. La forme est très intelligente, car on est plongé dès le début dans cette fresque familiale décomplexée, riche, baignant dans l'aisance et la réussite à tous les niveaux. le contexte historique et idéologique étant parfaitement retranscrit, avec une efficacité de ton et une économie de mots, on ne se sent pas submergé. Au contraire, on vit de l'intérieur le mécanisme. Alors certes, on se doute - parce que tout le monde sait de quoi le bouquin cause - mais on ne le voit pas venir tout en se disant qu'il ne pouvait pas en être autrement. le portrait du beau-père est si justement dépeint... Cette manière de synthétiser cette contradiction est vraiment brillante. Les parties suivantes font défiler les années et confrontent l'autrice à un autre personnage clé du drame : la mère. le retournement de situation, la perversité du dispositif de manipulation sont décryptés de manière parfaitement claire et logique. La fin est très belle, car précise (articles de loi à l'appui) et à la fois totalement authentique. Bref, c'est un ouvrage très réussi qui ne tombe dans aucun travers du genre et qui me font dire qu'heureusement parfois, le battage médiatique est mérité. J'espère que d'autres lecteurs et lectrices se pencheront sur des ouvrages de ce type, qui font foison sur les salons du livre locaux et qui pour certains sont tout aussi poignants. Pour l'heure, je vais me plonger dans d'autres types de lectures, pour m'aérer l'esprit autrement, même si je me sens, après cette lecture, un peu plus grand. Merci Madame Kouchner.
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La Familia Grande, rares sont les gens qui n'ont pas entendu parler de ce livre, du drame, et des questionnements sociétaux qu'il a amené sur le devant de la scène.

Un dimanche soir, je m'y suis donc plongée, dans l'idée classique de lire quelques chapitres, puis de m'évader dans les bras de Morphée. Mais dès la première page j'ai senti qu'il me serait difficile de quitter ce roman. C'est même difficile de parler "d'écriture" tant ça m'a paru fluide, limpide, comme si Camille Kouchner me racontait son histoire, à voix haute.
J'ai été happée par les différents drames, les horreurs, la culpabilité, le déni, le mensonge, la perversion. Ca parait impossible, fictionnel. Comment tant de monstruosités peuvent émaner d'êtres humains, et briser l'enfance?

Bravo à Camille Kouchner et ses frères d'avoir trouvé la force de parler de l'inceste, qui ne doit plus être un sujet tabou mais un sujet de combat pour tous.
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5 étoiles pour le courage qu'il a fallu avoir pour oser en parler, écrire ... des années de questionnements (quand on est tout jeune on se doute bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas mais comme on a un amour inconditionnel pour la personne déviante on se dit que ça doit se passer comme ça ailleurs aussi)
Puis les années passent, les traumatismes s'ancrent, la parole continue à manquer.
Mais quand arrivent les enfants, le spectre que cela puisse recommencer au hasard de vacances passées chez papy et mamy ... alors l'hydre qui vous bouffe de l'intérieur depuis des années prend tellement de place que l'on ne peut plus se taire.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, un texte bien écrit, une description de la famille, de la bourgeoisie, de la place dans la société ... qui donne à penser que l'on a affaire à des personnes intelligentes, cultivées et sensées ... mais qui se sentent tellement libérées que du coup, elles pensent pouvoir tout se permettre.

Une famille extravagante où suicides sont légions, où ceux qui restent s'enfoncent dans la dépression, l'alcool, la douleur de vivre et du coup ferment les yeux, ils ont déjà suffisamment de difficultés à s'en sortir sans en rajouter d'autres.

Un texte tout en intelligence et "douceur" sur un sujet d'une telle violence. Les méandres de la pensée des différents protagonistes y sont décris, analysés sobrement, sans phrases grandiloquentes, du factuel et un retour sur ces faits.

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Compte tenu de la surmédiatisation de ce roman, j'avais un peu peur d'être déçu.
En réalité, ce roman, pas trop long, est très bien écrit, sans tomber dans le voyeurisme ni le scabreux.
Cette autobiographie est un exutoire à la culpabilité de la narratrice de ne pas avoir pu dénoncer les agissements d'un beau père.
Ce récit est comme une psychothérapie pour Camille Kouchner mais également un cri d'amour qu'elle adresse à sa mère décédée Evelyne.
En résumé, un bon style et une belle écriture pour ce roman.
Belle découverte
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Après avoir vu la sobre interview de l'auteure sur le site Youtube de la LIbrairie Mollat, j'ai eu envie de découvrir ce texte tant j'ai été touchée par la pudeur et la modération avec lesquelles Camille Kouchner s'exprimait pour parler de son livre.
Alors que les faits dont son frère jumeau avait été victime, s'étaient déroulés presque trente années auparavant et que le principal intéressé lui-même, ne souhaitait pas se mettre dans la lumière en libérant sa parole, je me demandais les raisons qui l'avaient guidée à prendre la plume pour porter sur la place publique ses blessures intimes.
Bien sûr j'ai compris à la lecture de ce récit cathartique combien les conséquences mortifères d'un inceste familial peuvent interférer sur la vie de tous les membres d'une famille et que l'impunité du coupable est la pire insulte à la souffrance des victimes.
Victor le jeune homme abusé, n'a pas été la seule victime et sa soeur jumelle, témoin muet et impuissant, porte encore aujourd'hui le poids d'une culpabilité qu'elle désigne sous le nom bien choisi d'hydre tant les ramifications de ce sentiment sont multiples. C'est d'elle qu'elle parle bien entendu , elle qui a su et n'a rien dit...pour protéger sa mère et pour éviter e faire exploser un fragile équilibre familial déjà mis à mal par le suicide d'une grand-mère bien-aimée.
Le plus terrible c'est que l'abuseur était un beau-père très affectueux et impliqué, qu'il avait su gagner la confiance des enfants en remplaçant le père absent.
S'il avait été odieux et violent, il leur aurait peut-être été plus facile de parler...
Le témoignage de Camille Kouchner nous plonge dans une famille parfaitement intégrée ,la gauche caviar comme on dit, des gens instruits, puissants, riches et honorés...Et pourtant leurs attitudes , et là je ne parle pas seulement de l'abuseur, donnent envie de hurler car ils ne présentent qu'une caricature de la parentalité. Témoigner d'une sensibilité de gauche, d'une volonté d'éradiquer la misère du monde, et vouloir instruire et éduquer les foules ignares , c'est bien honorable... mais quand on voit le revers de la médaille avec la description de la vie privée de ce beau monde, il y a vraiment de quoi déchanter . La libération sexuelle tant vantée par ses thuriféraires germano-pratins dans les années 1980 est vue aujourd'hui sous un tout autre angle à l'époque du mouvement me-too et de la mise en avant des droits de l'enfant.
J'ai lu cette histoire dramatique d'une traite car je ne parvenais pas à me détacher de cette terrible confession qui fait froid dans le dos.
Comment parvenir à surmonter cette épreuve si ce n'est en mettant des mots sur le malheur et l'injustice. Espérons que ce livre permettra la reconstruction d'une fratrie et le bout du tunnel de culpabilité de Camille Kouchner.
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