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Les enfants de cette « familia grande », ce sont Colin (l'ainé), Camille et son jumeau Victor, Luz et Pablo enfin (les deux derniers adoptés). La mère, c'est la soeur de l'actrice Marie-France Pisier (les deux soeurs ont épousé – en seconde noce – deux cousins très germains puisque leurs pères respectifs étaient eux aussi jumeaux) le père, c'est Bernard Kouchner, ancien ministre de Mitterrand et de Sarkozy. Camille Kouchner plante le décor dès le départ car, pour mieux comprendre le contexte, il faut d'amples détails sur cette famille cultivée, diplômée, engagée et terriblement toxique …

Une mère qui raconte à sa fille (de onze ans) avoir fait l'amour pour la première fois à douze. Une grand-mère maternelle fantasque qui laisse les jumeaux rentrer seuls en les plantant sur le trottoir (à six ans). le grand-père maternel, est un fasciste d'Indochine (qui se suicidera en 1986, deux ans avant sa propre femme). le père de Bernard, lui, est un résistant juif dont les parents sont morts à Auschwitz.

Divorce des parents quand les jumeaux ont six ans. Une belle mère (jamais citée mais nous savons tous que c'est Christine Ockrent) ouvertement hostile avec eux, un Bernard Kouchner au garde à vous devant son autorité naturelle. Bref, c'est un peu moche tout ça ! Sans compter la mort suspecte de sa tante, l'actrice Marie-France Pisier, en 2011 (sans qu'il ne soit jamais établi si accidentelle, suicidaire ou encore criminelle …)

L'horreur n'arrive qu'à la moitié du récit, page 105, tant il y a à raconter sur ce milieu relativement malsain … Des vacances annuelles à Sanary où des adultes – se considérant comme l'élite du pays – flirtaient très librement sous le regard de leur progéniture. On appelle ça « la liberté » semble-t-il … Et surtout l'innommable, le centre de ce tardif témoignage, l'abus sexuel d'un garçon de quatorze ans par « ascendant ayant autorité » comme on dit … Dans ces aveux, Camille Kouchner ne nous épargnera rien, ou plutôt (pardon !) rien ne leur a été épargné ! Je vous passe les détails scabreux, des actes perpétrés au nom de la sacro-sainte « ouverture d'esprit » d'une bande de « soixante-huitards » attardés (enfin en privé uniquement bien sûr !…)

Camille Kouchner a parlé parce que sa santé déclinait au fil des années, à cause d'un secret qui l'étouffait depuis des années … Pour protéger son propre bonheur en construction aussi. Un secret éventé en 2008. La lâcheté de sa mère, la colère de sa tante … Jusqu'à l'odieux chantage au suicide (encore un : comment le supporter !?… ) du coupable …

Un texte d'une rare beauté ! Et c'est véritablement un tour de force hors du commun, devant la laideur des évènements ! On ne sort pas indemne d'un tel drame – ni indifférent d'une telle lecture d'ailleurs !
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"La familia grande" de Camille Kouchner, ça pique comme dirait ma nièce. Au début je me disais, encore un livre narcissique et puis elle arrive à nous faire ressentir ce qu'elle a enduré, petit à petit, et l'écriture devient de plus en plus ciselée, rythmée sur un souffle manquant, celui du coeur. Et on compatit. La douleur se superpose à la douleur par l'omerta sur l'acte incestueux, dans un milieu hyper protégé matériellement, puissant et pourtant... suicides, dépression, perversion. Quel courage de dénoncer cette soi-disant "liberté" portée en étendard et en public, qui nie toute responsabilité parentale et fait des enfants des bêtes terrorisées et terrorisantes au lieu d'une famille. Bon sang, celui des Atrides ne leur a pas suffit? Ils sont cultivés, ce sont des intellos, ils dirigent, ça fait peur. J'espère que ce livre aidera quelques uns à l'ouvrir pour que d'autres, comme ce type infâme et la femme névrosée qui le protège (ils vont souvent ensemble) soient déculottés en place publique à jamais. Chapeau !
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Après un certain battage médiatique, révélant les soi-disant « bonnes feuilles » de ce livre, je me suis un peu interrogée quant à savoir si j'allais le lire, craignant d'en avoir déjà lu l'essentiel, et que le reste soit sans intérêt et mal écrit. La curiosité a finalement eu le dessus et je ne regrette pas cette lecture, car elle s'est avérée bien plus riche que je ne l'avais imaginé.
Tout d'abord, Camille Kouchner y détaille les relations qu'elle entretient avec chacun avant les faits, ce qui apporte un éclairage très intéressant sur la suite des relations entre les protagonistes et l'emprise qu'elle va subir alors qu'elle n'est qu'une jeune adolescente.
Ensuite, ce livre a fortement fait écho en moi tout comme le livre Betty que j'avais lu peu de temps auparavant. On y retrouve, dans les deux cas, une soeur confrontée en tant que témoin à l'inceste familial, l'emprise du bourreau, tant sur la victime elle-même que sur son entourage, sidérés et muselés par la violence de l'acte.
Dans ce témoignage très fort de l'auteure, on comprend à quel point il est impossible pour le témoin de parler, tant cela viendrait faire voler en éclats toute la pseudo-structure familiale, d'autant que la victime elle-même refuse que la vérité soit révélée.
Une mécanique psychique bien comprise et exploitée par le pervers qui en profite pour déclarer complice celle qui n'est autre qu'une deuxième victime, et qui mettra des années avant de pouvoir enfin se reconnaître comme telle.
Merci à Camille Kouchner d'avoir eu le courage d'écrire ce livre, qui semble aider à la libération de la parole des victimes, et à ce que la honte change enfin de camp.
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Camille Kouchner est la fille de l'ancien ministre Bernard Kouchner et de l'universitaire et politologue Evelyne Pisier. le titre de son récit, La familia grande, reprend le surnom que se donnait la bande d'amis qui gravitait autour de leur couple puis de celui qu'Evelyne Pisier a ensuite formé avec son deuxième mari Olivier Duhamel, homme politique et médiatique célèbre, ancien député européen.

Camille Kouchner révèle l'inceste dont son frère jumeau dit avoir été victime de la part de leur beau-père (dont le nom n'apparait jamais dans le livre) lorsqu'il avait 14 ans en 1988. Camille, alertée dès cette époque, a gardé le silence à la demande de son frère mais quand avec son frère ils commencent, des années plus tard, à parler de cette affaire pour protéger d'autres enfants de la famille, ils se rendent compte de l'omerta qui entoure les agissements de leur beau-père "des dizaines de personnes savaient", ils se heurtent à l'indifférence de leur entourage et au déni de leur mère dont certains propos sont glaçants "Il n'y a pas eu de violence. Ton frère n'a jamais été forcé. Mon mari n'a rien fait. C'est ton frère qui m'a trompée."

Camille Kouchner raconte l'histoire de sa famille avec un père absent, une mère fragilisée par le suicide de ses parents qui sombre dans l'alcoolisme, un beau-père présent et aimant, une "familia grande" de la gauche caviar qui entoure le couple et qui, tous les étés, passe ses journées à rire, boire et débattre dans la propriété familiale de Sanary. Une famille où le principe de liberté prédomine, où la nudité n'est pas tabou, une famille qui ne protège pas ses enfants. Elle nous montre comment l'inceste a pu avoir lieu, comment le secret et la culpabilité ont pu s'installer dans cette famille marquée par les suicides, par le souci des enfants de protéger leur mère et par leur besoin de trouver appui, attention et réconfort auprès d'un beau-père attentionné. Camille Kouchner nous raconte comment cet inceste a provoqué l'explosion de la famille.

Voilà un livre qui fait la une des médias après un lancement médiatique de l'éditeur assez irritant. J'ai hésité à le lire par crainte d'être dans le voyeurisme, l'année dernière j'avais eu les mêmes craintes vis à vis du consentement de Vanessa Springora que j'avais finalement trouvé très fort et courageux. le livre de Camille Kouchner, comme celui de Vanessa Springora, m'est apparu digne, sincère, lucide et mesuré. Sortir du silence comme elle le fait, libérer "l'hydre" qui la ronge depuis des années me semble très courageux, elle brise le tabou de l'inceste et nous livre un témoignage bouleversant que j'ai lu en apnée, un témoignage très éclairant sur l'engrenage du silence et de la culpabilité.
J'ai trouvé qu'elle faisait preuve de beaucoup de sobriété et les quelques phrases mises en exergue dans la presse ne sont absolument pas le reflet de son récit, elles ne représentent que quelques phrases sur 208 pages, si le livre n'avait été constitué que de propos hargneux, que de détails scabreux j'aurai très vite abandonné ma lecture. Camille Kouchner évoque l'inceste subi par son frère au milieu du livre en quelques phrases, "Il m'a caressé et puis tu sais...", sans aucune description sordide, elle ne tombe jamais dans le voyeurisme.
Dans ce livre Camille Koucner met en évidence l'omerta à laquelle elle et son frère se sont trouvés confrontés, une omerta qui va hélas au-delà de la famille et du cercle des intimes. En effet le psychiatre de la DDASS qui suivait les deux enfants chiliens adoptés par leur mère et leur beau-père a refusé d'entendre le frère de Camille qui voulait protéger son petit frère et sa petite soeur. de même, les juges qui ont enquêté sur la mort de Marie-France Pisier, la seule qui voulait que l'affaire soit révélée, n'ont pas exploité les informations sur l'inceste découvertes dans la correspondance entre les deux soeurs Pisier. On comprend pourquoi Camille Kouchner n'a pas eu d'autre choix que de passer par l'écriture.
Dans Et soudain la liberté, Caroline Laurent nous faisait découvrir le parcours d'Evelyne Pisier et de sa mère, leur engagement, leur féminisme, leur liberté revendiquée haut et fort. Camille Kouchner nous montre ici l'envers du décor et les conséquences sur les enfants de certains choix de leurs parents. C'est un cri envers une mère adorée, perdue à plusieurs reprises, une mère qui n'a pas su protéger ses enfants et qui a même fini par rejeter sur eux la responsabilité du drame " Souviens-toi, maman : nous étions tes enfants. "
Un témoignage sobre et essentiel et, cerise sur le gâteau, comme avec Vanessa Springora, la qualité littéraire est au rendez-vous !
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Mais pourquoi ce livre a-t-il reçu un accueil si favorable lors de sa publication ? Je ne peux m'empêcher d'être persuadée que c'est uniquement par la faute d'une curiosité malsaine façon « Paris Match » de lecteurs avides de découvrir la face obscure (ou « poker face », comme le dit si bien l'auteure) de la déchéance familiale des noms de la « jet set » française. Kouchner, Pisier, Duhamel ; des noms que l'on a vu à outrance dans les journaux, à la télévision, entre paillettes et déchéance juridique.

« A table, ce qu'il reste de nous : un aîné, Colin, deux jumeaux, Victor et moi, deux adoptions, Luz et Pablo. Cinq en tout. Fierté de ma mère : cinq enfants, deux accouchements. Qui dit mieux ? !" Un groupe de rock un peu cabossé. » La « familia grande » c'est un regroupement de familles et d'amis autour des couples Pisier – Kouchner (puis Duhamel) et de leurs amis du quartier Saint- Germain- des- Prés dans une villa agrandie de Sanary- sur- Mer. Tout le monde y vit nu, on y pratique l'échangisme et les adultes se plaisent à l'idée de « déniaiser » les plus jeunes…

« Ma mère, mon Evelyne à moi, ne mise que sur l'intelligence. Celle de son étudiant, de sa fille à 5, 8 ou 16 ans. Elle appelle la discussion, essaye de convaincre, et présuppose toujours, chez ses interlocuteurs, les plus hautes qualités. » Evelyne Pisier est une femme intelligente, politologue respectée mais au moeurs franchement délétères…

« le jour où ma grand- mère s'est suicidée, c'est moi que ma mère a voulu tuer. L'existence de ses enfants lui interdisait de disparaître. Nous étions le rappel de sa vie obligée. J'étais sa contrainte, son impossibilité. » Les rapports mère- fille sont complexes. L'auteure se sent rejetée par celle qui lui a donné la vie et qui porte la Liberté comme un étendard ; liberté de se détacher de ses enfants en fermant les yeux quand surtout ça l'arrange. « Ma culpabilité est celle du consentement. Je suis coupable de ne pas avoir empêché mon beau- père, de ne pas avoir compris que l'inceste est interdit. » Victor, le frère jumeau de l'auteure a, durant son enfance, été victime d'abus sexuels de la part du compagnon d'Evelyne Pisier, Olivier Duhamel. Une fois le secret révélé, les amis élégants et puissants leur tournent vite le dos. Quel courage !

En 2022, tout le monde est au courant de ce crime étant donné le battage médiatique qu'il y a eu autour de ces révélations, dans la foulée du « Consentement » de Springora et du courant #Metoo. Au final, un témoignage mal écrit, surfant sur un sujet à la mode aux dépens d'un frère ; mais quelle moralité a donc cette famille ? L'écriture est abrupte, saturée de phrases non verbales, sans talent d'écriture. A lire par curiosité mais pas par plaisir…
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Camille Kouchner a passé tous les étés de son enfance avec la familia grande, dans une maison de vacances à Sanary, à débattre, rire et danser. C'est là aussi qu'elle a vécu ses pires années, murée dans le silence et la culpabilité. Elle libère maintenant la parole dans ce roman où elle raconte avec son regard de petite fille comment elle a vu son jumeau violé par son beau-père, et qu'elle n'a rien dit. Parce que son frère l'avait supplié de se taire, mais surtout par amour pour ce beau-père, par confiance, aussi. Parce que tout ce qu'il leur demandait de faire ne pouvait qu'être pour leur bien. Parce que c'était leur beau-père.
Un roman qui montre que l'inceste peut être présent dans toutes les catégories sociales, tous les corps de métiers, et toutes les familles, sans distinctions ni discriminations.
L'auteure nous entraîne dans un univers très éloigné de celui du commun des mortels, où il n'y a pas un proche qui ne soit connu et respecté par le monde politique. Alors, au milieu des adultes dont certains confondent liberté sexuelle et pédophilie, les plus jeunes apprennent à débattre et à argumenter, sans qu'une seule pensée ne soit pas justifiée, s'enrichissent de connaissances politiques et surtout, grandissent au sein de la familia grande.
Un roman écrit avec sensibilité dans un style rythmé parfois proche du slam, qui vous emporte au beau milieu de la familia grande, et aussi dans l'abîme de solitude de la petite Camille.
Une très bonne analyse sociologique de la société qui fait réfléchir et qui montre les inégalités sociales et les rouages du pouvoir, sans jamais s'écarter de son sujet principal, ce pourquoi Camille Kouchner a écrit ce très beau roman : se délivrer de son silence et de sa souffrance, et que les victimes et les témoins de l'inceste parlent, que les langues se délient. Enfin.
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"S'il te plaît, maman, ne faisons pas comme si ce n'était pas grave."

Tout est peut-être dans ces mots, des mots que Camille Kouchner n'a pas pu dire à sa mère, que cette dernière n'aurait d'ailleurs pas forcément relevés.

Le décalage entre ce qu'on prône, la liberté, et ce qu'on fait, l'abus, entre ce qu'on défend, l'autonomie, et ce qu'on applique, une forme d'emprise.
Et, toujours, la façon de minimiser les ressentis, les sentiments, une détresse, une souffrance.

Dans un milieu comme celui où Camille Kouchner a grandi, ça se pare de mots de plus de trois syllabes, de convictions politiques, de croyances morales très personnelles, de credo intellectuel, et avec ces personnes si intelligentes, qui manient et tordent les concepts comme par jeu entre la poire et le fromage, c'est assez bien dit pour laisser à penser qu'on se trompe si on est d'un avis différent.

Voilà qui amène une grande confusion, pour l'auteur comme pour ses frères et soeur, ses cousins et cousines, les enfants qui gravitaient autour du couple de sa mère et son beau-père.
Une certaine forme de culpabilité aussi, encore une fois.

L'inceste qu'a subi son jumeau a fait voler en éclats le tableau ripoliné que Camille Kouchner avait de sa vie adolescente et des personnes chargées de son éducation et de sa sécurité.
Elle s'est longtemps accrochée aux fragments coupants, comment faire autrement quand c'est tout ce qu'on a comme horizon ?

D'un seul coup, les sous-titres n'ont plus rien à voir avec les images, on est assourdi par les fausses notes.
Mais il faut bien poursuivre.

À force de silence, le secret se fait plus gros que le boeuf et finit par prendre toute la place.

C'est la difficulté à vivre dans cet air raréfié qui pousse un jour à parler, à être confronté aux dénégations maternelles, si violentes, comme l'ont été Camille Kouchner et sa fratrie.

Dans ces pages, elle dit haut et fort que l'inceste est une abomination qui flétrit tout, quel que soit le milieu, l'éducation, les moyens.
Et rappelle qu'il est condamnable de la même façon partout.
Il faudra continuer à le marteler tant qu'il restera des victimes murées dans le silence.
Emmurées.


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Le récit de Camille Kouchner est indispensable pour lever le voile sur l'inceste, trop longtemps tabou. Son point de vue est original puisqu'elle est une victime indirecte et que la culpabilité de n'avoir rien dit la ronge depuis trente ans comme une hydre de la mythologie, monstre qui la dévore de l'intérieur.
Heureusement il y a ce livre.
Je m'associe aux nombreux commentaires sur Babelio qui ventent le grand intérêt de ce récit pour la reconstruction des personnes détruites et pour que l'impunité des dérangés sexuels cesse.
On est loin des romans de Christine Angot beaucoup plus crus mais tout aussi importants car dans ce domaine les différents témoignages peuvent faire changer les choses.
Il y a cet excellent titre "La familia grande" qui renvoie à l'importance des liens familiaux notamment entre les enfants et les adultes.
La première partie du livre montre une vie de famille d'intellectuels de la gauche caviar ou l'amour n'empêche pas le malheur et plusieurs suicides. Les traumatismes sont profonds surtout quand l'inceste est dit et que rien n'est démenti par le beau-père, homme de pouvoir protégé par sa cour.
C'est assez effrayant et je me demande ce qu'il faut faire pour éviter les abus de ces pervers sexuels sauf à les dénoncer. En tout cas, j'admire la démarche courageuse de Camille Kouchner.


Challenge Riquiqui 2021
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Une critique juste pour donner mon impression de dégoût pour cette bourgeoisie de la gauche caviar qui a transformé (renié même) ses idéaux intellectuels de jeunesse pour une prise de pouvoir masculine, pour une vie de transgression pour la jouissance des plus forts. Ici c'est au point de semer la désolation et la mort, de détruire une famille. Rien de changé depuis le XVIII ème siècle ! Impardonnable !
Merci Camille Kouchner de nous avoir ouvert en grand cette porte sur ce milieu que je n'avait fait qu'approcher quand j'étais étudiant. Merci de contribuer à cette immense prise de conscience qui va peut-être venir un jour mettre fin à l'impunité de ces hommes la et à ceux qui les soutiennent !
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J'étais devant le petit écran quand a été diffusée l'intervention de Camille Kouchner à La Grande Librairie et j'ai eu la sensation d'assister à un véritable événement médiatique et littéraire, mais surtout sociétal. Une célébrité était mise en cause nommément et un sujet tabou était mis en évidence.

Voici donc une famille "solaire", revendiquant fièrement les héritages libertaires de Mai '68. Pour elle, l'hédonisme, la liberté absolue et les valeurs "gauchistes" (… tendance caviar) sont primordiales; le sexe sans contraintes est la quintessence de l'épanouissement personnel. Les enfants, entraînés dans cette vie débridée, considérés comme des adultes responsables d'eux-mêmes, ne bénéficient pas d'une protection parentale: pour eux, ça passe ou ça casse. Evelyne Pisier, la mère, dit à sa fille: « J'ai fait l'amour à 12 ans. Faire l'amour, c'est la liberté. Et toi, qu'est-ce que tu attends ? » (p. 39). Et tout à l'avenant… Après tout, cette existence a du bon pour les enfants: c'est une sorte de fête permanente, surtout pendant l'été passé sur la Côte d'Azur. Mais voilà: le second époux d'Evelyne exerce une emprise sur "Victor", le frère jumeau de Camille (adolescent); avec lui il a des rapports sexuels répétés. Camille s'en aperçoit vite, mais est incapable de rompre la loi du silence. L'hydre du non-dit et de la culpabilité va la ronger de plus en plus gravement, année après année. Quant à Evelyne, elle fait une double faute - impardonnable: d'abord elle ne veut ni voir ni condamner, ensuite elle appuie où ça fait très mal: elle culpabilise un peu plus sa fille ! Et pourtant, Camille ne reniera pas son amour pour sa mère...

Ce pavé balancé à notre figure montre que nous avons vraiment changé d'époque ! Il y a quarante ou cinquante ans, dans certaines familles on n'envisageait pas de limites précises à la liberté individuelle (notamment dans le domaine de la sexualité). Aujourd'hui le balancier va dans l'autre sens, la société commence à s'offusquer des abus – à juste titre, même s'il ne faudrait pas en arriver à un "ordre moral".

Ce témoignage m'apparait comme très important. Il émeut et, surtout, il fait réfléchir. Il est parfois elliptique, mais on reste en empathie avec la sensibilité de Camille Kouchner. Et je trouve dans ce livre d'indéniables qualités littéraires.
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