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sur 130 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il m'arrive de m'assoupir le soir, au cinéma, au théâtre ou à l'opéra. Ce n'est pas par ennui. C'est au contraire parce que l'harmonie de ce que je perçois me détend. Je perds le fil, mais je suis bien, je me relâche, je pique du nez.

J'ai à plusieurs reprises ressenti la même chose dans Forêt obscure, le dernier roman de Nicole Krauss, un ouvrage très joliment écrit (et traduit). En relisant plusieurs fois certaines passages touffus et obscurs pour essayer en vain d'en comprendre le sens, je finissais par ne plus percevoir que l'effet murmurant et lénifiant de la musique des mots.

L'auteure, dont le roman L'histoire de l'amour m'avait enchanté, a écrit là un livre difficile d'accès, où l'on se promène, non sans curiosité, à mi-chemin entre rêverie et réalité, entre souvenir et présent, entre mythe et actualité, entre désert flamboyant et forêt obscure. Elle trace le parcours parallèle de deux personnes lasses de leur vécu, en quête d'un renouveau, d'une renaissance, d'une reconstruction, voire d'une métamorphose,… pourquoi pas d'une réincarnation.

Jules Epstein est un richissime avocat new-yorkais, qui s'est construit tout seul, à l'énergie. Bientôt septuagénaire, il entreprend de tout déconstruire, quitte son cabinet, divorce après trente-six ans de mariage, se désintéresse de l'image qu'il donne de lui. Comme s'il était atteint de ce que son notaire appelle le syndrome de générosité absolue, il se dépouille progressivement de tous ses biens, s'installe dans un logement misérable à Tel-Aviv, et s'évapore dans l'entourage d'un rabbin mystique qui l'avait coopté dans un cénacle de descendants du roi David.

L'autre personnage se prénomme Nicole. Si ce n'est l'auteure, c'est donc sa soeur jumelle, son double. Mère de deux enfants, elle envisage de divorcer de leur père. Une perspective qu'elle vit mal. Mais elle doit regarder la réalité en face : comment un intellectuel peut-il être pleinement soi-même, se consacrer aux enfants, et jouer en plus un rôle de conjoint parfait ? Une difficulté que Jonathan Safran Foer, l'ex-mari de l'auteure, pointait aussi du doigt dans Me voici, son dernier roman.

Pour mettre au clair ses idées, Nicole s'est échappée pour un temps en Israël. Depuis l'hôtel Hilton de Tel-Aviv, elle est projetée dans une étonnante odyssée, sur les traces de Franz Kafka, le génial écrivain juif de la Mitteleuropa, qui, lui aussi, étouffait dans son carcan familial. Elle entre en possession de ses manuscrits inédits – dont la propriété a fait l'objet d'un long débat juridique, aujourd'hui arbitré en faveur de la Bibliothèque Nationale d'Israël –. Se pourrait-il qu'elle soit chargée d'une mission sur certains textes non achevés ? Elle pénètre dans un univers onirique, dans lequel Kafka ne serait pas mort de sa tuberculose à Prague en 1924. Miraculeusement exfiltré en Palestine, où le climat lui aurait été bénéfique, il se serait métamorphosé – non, pas en cloporte ! – en jardinier de talent et aurait fini ses jours dans une petite cabane dans le fond d'un désert. Un lieu isolé, parfait pour la méditation, où elle ira au bout de son introspection.

Dans une interview, Nicole Krauss clarifie son parti de mettre en scène son double : « Invitons-la dans un univers de fiction pour voir ce qu'il lui arrive lorsqu'elle est soumise à toutes sortes d'expériences imaginaires. Voyons comment sa personnalité se transforme, se développe, et quelles en sont les conséquences. Voyons ce qu'il en sort d'intéressant, en espérant que le lecteur fasse la même expérience pour lui-même ».

Espérons que Nicole Krauss en aura tiré des enseignements profitables. Pour ma part, malgré les difficultés rencontrées en tant que lecteur de Forêt obscure, je n'éprouve pas le besoin de suivre le même chemin.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le vieil homme et la romancière

Nicole Krauss creuse le sillon de ses obsessions dans ce roman mettant en scène un juif américain et une romancière partis en Israël. Leurs histoires parallèles vont nous faire croiser, entre autres, les descendants du Roi David et Franz Kafka.

Après avoir lu le nouveau roman de Nicole Krauss me revient en mémoire l'entretien de Camille Laurens et Laure Adler sur France-Culture et cette affirmation de la romancière : «je pense comme Marcel Proust qu'on écrit toujours le même livre, parce qu'on est hanté par quelques obsessions. Mais à chaque fois je cherche une forme différente, peut-être pour dire toujours la même chose… »
« Forêt obscure » s'apparente en effet beaucoup à « L'histoire de l'amour » qui a fait connaître l'Américaine en France. En y retrouve le travail sur la mémoire et le deuil, la judéité et la littérature.
Les chapitres, empilés à la manière d'un mille-feuille, nous offrent d'abord de suivre Jules Epstein en Israël où ce riche New-yorkais a disparu sans laisser de traces, puis de revenir sur son parcours avec ses enfants Lucie, Jonah et Maya qui tentent de trouver les indices susceptibles d'expliquer cette disparition. Entre-temps, on aura fait la connaissance de Nicole, écrivain de son état, qui a suivi le même chemin qu'Epstein et a aussi séjourné au Hilton de Tel-Aviv. L'hôtel peut du reste être considéré comme un personnage du livre, tant il y est présent, y compris en photo.
Pour lier les couches du mille-feuilles, on retrouve d'une part la quête d'Epstein sur l'identité juive, ponctuée par la rencontre avec un rabbin qui entend lui démonter qu'il est un descendant direct de David et d'autre part le travail d'écriture de Nicole, également marqué par une rencontre avec un professeur de littérature qui aurait retrouvé des manuscrits de Franz Kafka.
Entremêlant les réflexions du vieil homme sur le sens de sa vie, la généalogie de David avec le portrait des enfants et petits-enfants d'Epstein, l'exégèse et les interprétations du rabbin avec des scènes de la vie quotidienne en Israël Nicole Krauss essaie d'élaguer cette forêt obscure, mais il faut bien reconnaître que son érudition et sa construction ne nous facilitent pas la tâche.
On peut certes choisir de se laisser emporter par les projets et les obsessions de cet homme. Par sa volonté farouche de vouloir laisser une trace, par exemple en faisant planter des hectares d'arbres dans le désert de cette terre promise. Alors son argent lui permettra peut-être de « prendre racine » dans ce pays et de s'assurer une postérité.
On pourra mettre en parallèle le destin de Kafka sur cette même terre et le choix de l'écrivain de se fondre dans la masse, de travailler dans un kibboutz, d'oublier la littérature. À l'image de ce contraste en noir et blanc choisi pour la couverture du livre, on comprend que la quête de la lumière à tout prix est sans doute la moins bonne voie pour laisser sa trace dans l'Histoire.
Un roman que je ne conseillerai qu'aux lecteurs passionnés par la thématique présentée ici tant sa lecture est exigeante.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Se perdre dans une forêt obscure.
Observer les arbres, leur "cime sombre et mouvante".
Contempler leur grandeur.
L'immensité. L'infini.
Des arbres à perte de vue; remplir le vide.
Sous les arbres, l'obscurité.
Et soudain une clairière.
La lumière.
Mystique. Mythologique. Divine.
La lumière de Dieu.
La lumière de la Terre-Sainte.
La paix.

Se perdre dans une forêt obscure.
Suivre les méandres de son esprit.
Émerveillement. Prise de conscience de son existence et du monde.
Conscience de soi.
Vivre sa vie, rêver sa vie.
S'inventer soi-même, se réinventer.
Des métamorphoses pour l'éternel. Assurer la continuité des âmes dans les différentes réalités.
Créer.
L'univers. le monde. Les mots.
Écrire.
Pour ordonner le chaos. S'inventer soi-même. Se donner un passé et s'inscrire dans l'avenir.
Combler le vide.

Se perdre dans une forêt obscure.
Une forêt de mots.
Ceux de l'autrice qui joue à nous désorienter.
S'égarer dans les réflexions de la narratrice.
Suivre son cheminement.
Revenir sur ses pas, prendre un autre chemin, avancer, reculer.
Lire et relire.
Saisir le sens.
Sortir de la forêt.
Grandir.

Mélancolique et sombre, "Forêt obscure" est un roman complexe, dense et intense.
La narratrice, double de l'autrice nous emporte depuis l'hôtel Hilton de Tel-Aviv dans le labyrinthe de ses pensée aux nombreuses ramifications : Histoire juive, métaphysique, philosophie, littérature, mythologie.
La narration pour ordonner l'informe.
La lumière pour faire grandir les arbres.

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Jules Epstein, millionnaire blasé, quitte New York pour Tel-Aviv à la recherche d'un certain dépouillement, d'une sobriété heureuse pour reprendre l'expression bien connue. Sous couvert du projet de financer la plantation d'une forêt, l'homme suit une quête philosophique et spirituelle qui l'amène à se débarrasser des oripeaux de sa fortune. Nicole (qui ressemble fort à l'auteure) part également pour Israël, persuadée de pouvoir retrouver l'inspiration dans l'hôtel Hilton de Tel-Aviv, ville où elle a passé nombre de ses vacances enfant. Elle y croisera un homme qui lui propose d'étudier des manuscrits inédits de Kafka qui aurait vécu quelques années supplémentaires en Israël. Hormis cette dernière idée, le roman s'enlise rapidement. Quant aux deux histoires et deux personnages, quelle est leur(s) point(s) commun(s) hormis un passage dans cet hôtel Hilton (horreur architecturale au demeurant) et leur judaïté ? Si de nombreux auteurs américains aiment tout expliquer de leurs personnages et de leurs intrigues, ce n'est pas le cas de Nicole Krauss dont les précédents livres avaient montré des architectures originales et ingénieuses. Mais là, les fins sont tellement ouvertes que mon cerveau a dû prendre un courant d'air. Peut-être un manque de concentration de ma part...
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Tout à fait par hasard j'ai lu Me voici de Jonathan safran Foer juste avant ce livre de son ex épouse (j'ai pu ainsi comparer leurs variantes sur les difficultés d'un couple ).Je dois dire que j'ai préféré le premier ,ils abordent parfois les mêmes sujets ; le mariage ,la judéité ,la religion ,l'éducation des enfants ,la mort , Israêl etc... de façon plus concrète dans Me voici .J'avais beaucoup aimé la Grande maison mais ce dernier livre de Nicole Krauss se perd souvent dans des réflexions un peu ésotériques...
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Mouais, bof bof. Un roman bien écrit mais l'histoire ne m'a pas pasionnée car je ne vois pas où voulait en venir l'auteur...
Ni Nicole écrivain en mal d'inspiration et en crise perso, ni Jules, avocat richissime à la recherche... de quoi au fait? ne m'ont passionnée... une déception!
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Nicole est une écrivaine new-yorkaise, mère de deux enfants, en froid avec son mari. Elle part en Israël écrire un livre autour du Hilton de Tel-Aviv où elle a souvent séjourné enfant. Jules Epstein, riche new-yorkais, dilapide sa fortune et part se perdre en Israël…
Roman complexe tournant autour du culte de Kafka et du symbolisme juif, Forêt obscure se révèle ennuyeux à lire, difficile à suivre pour les non-initiés. A réserver aux happy few de l'intelligentsia littéraire.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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L'intrigue de "Forêt obscure" et son écriture hypnotique attirent le lecteur dans une première partie, puis celui-ci se perd en même temps que tous les débuts de fil rouge s'estompent, dans un récit sans fin entrecoupé des procrastinations des personnages principaux. On navigue dans un delta littéraire flou, certes parsemé de tournures de phrases brillantes.
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Un livre qui porte bien son titre. Forêt : que l'on imagine dense avec des arbres plantés très très serrés et obscure : pour la complexité' l' écheveau à démêler. Un livre à lire et relire pour en découvrir tous les sens cachés.Complexe, déroutant mais hypnotisant.
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Forêt obscure met en scène deux personnages dont on va suivre le cheminement dans des lieux identiques, sans qu'ils ne se rencontrent jamais, un homme et une femme d'âges différents parvenus tous les deux dans une sorte d'impasse existentielle, qui ne trouvent plus de sens à leur vie.

Tout d'abord, Jules Epstein, un riche new-yorkais de soixante-huit ans qui se dépossède petit à petit de tous ses biens en faisant don de ses oeuvres d'art, de son argent. Son objectif, désormais, est de faire un leg conséquent à une fondation, une oeuvre caritative ou une association d'Israël en échange d'un hommage à ses propres parents. Dans l'avion qui le mène à Tel-Aviv, il retrouve un rabbin qu'il a rencontré à New-York quelques jours auparavant et qui a prétendu qu'Epstein était comme lui-même un descendant du Roi David. Un peu malgré lui, une fois à Tel-Aviv, alors qu'il cherche à préciser son projet de donation, Epstein va se trouver invité par le rabbin Klausner dans sa communauté religieuse, ce qui va le mener à de nombreuses interrogations et à une remise en question personnelle.
L'autre personnage, c'est Nicole, alter ego de l'auteur, comme elle écrivain et mère de deux jeunes enfants, en pleine prise de conscience de l'effondrement de son couple. Elle peine à écrire un nouveau roman et décide de partir en Israël afin de s'installer à l'hôtel Hilton de Tel-Aviv, là où elle a passé tant de moments heureux de son existence. Sur les conseils d'un parent, elle rencontre un professeur de littérature à la retraite, Friedman, qui aurait, selon les dires de son parent, été un temps membre du Mossad. Friedman voudrait lui confier une mission. Nicole est intriguée puis presque déçue lorsque Friedman lui présente des textes, des documents inédits, des lettres ayant appartenu à Franz Kafka et qui sont stockés dans un appartement de Tel-Aviv.

Le roman se présente comme une succession de chapitres, consacrés tour à tour aux deux personnages de l'histoire, il les accompagne dans leurs interrogations sur le sens de leur vie, leurs analyses du passé, la conscience de leur religion et de leur spiritualité. Il montre leurs doutes, leurs recherches d'un but, d'un nouvel élan pour l'avenir, aussi différent qu'il puisse être pour un homme âgé revenu de tout que pour une jeune femme qui a encore toute la vie devant elle.

C'est un livre impossible à résumer tant il est riche et complexe et tant il mêle habilement petits incidents de la vie quotidienne et réflexions profondes philosophiques, théologiques et existentielles. On y découvre tout autant l'architecture et l'ambiance de l'hôtel Hilton de Tel-Aviv que l'oeuvre et la vie réelle ou supposée de Kafka, ou encore les conséquences d'un séjour dans le désert. On suit Nicole et Epstein dans les étapes de leur quête, passant d'épisodes bien concrets jusqu'à des aventures oniriques ou fantasmatiques, où pointe parfois l'absurde.

Dans une interview vidéo, Nicole Krauss assume la complexité de son roman et la revendique, conseillant de le relire, une fois qu'on l'a terminé, pour mieux dénicher les indices qu'elle a semé tout au long des chapitres et qu'on ne détecte pas forcément à la première lecture. Avant de regarder cette vidéo, c'est ce que j'avais déjà fait et je ne suis pas sûre que deux passages soient suffisants ! C'est un livre plein de ressources, qui demande un effort, mais ça, je commence à y être habituée avec Nicole Krauss et je me demande pourquoi je persiste à emprunter ses livres à la médiathèque, sachant très bien que les trois semaines de prêt ne me suffiront pas à démêler les multiples pistes de son roman et qu'il me restera de nombreux chemins à explorer pour saisir tout ce qu'elle a voulu nous dire !
Lien : https://ruedesiam.blogspot.c..
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