Citations sur Cette lumière en nous : La Vraie Méditation (98)
Lorsque l'esprit est trop occupé, il n'y a plus d'ordre, il n'y a plus d'espace. Lorsqu'un esprit regorge de problèmes, comment pourrait-il jouir du plus petit espace ? Pour qu'il puisse avoir de l'espace en lui, il faut que chaque problème soit réglé dès qu'il se manifeste. Cela fait partie de la méditation que de ne pas reporter les problèmes au lendemain.
Il est indispensable d'avoir de l'espace, non seulement sur le plan physique, mais également au niveau de l'esprit – autrement dit, il ne faut pas être toujours occupé.
Seul un esprit sans cesse occupé est confus, et la responsabilité devient alors quelque chose de laid, où peut s'immiscer un sentiment de culpabilité.
Tout esprit trop occupé est un esprit destructeur, un esprit privé de liberté, dénué d'espace.
Toute votre vie, vous n'avez jamais rien connu d'autre que la pensée. Vous lui avez attribué une importance démesurée, pourtant la pensée est toujours vieille, et jamais neuve, elle n'est que le prolongement du souvenir.
La nature du silence mérite d'être examinée en détail. Il y a un intervalle de silence entre deux pensées. Ou entre deux notes de musique. Il y a le silence qui fait suite à un bruit. Il y a le silence artificiel imposé par la pensée, lorsqu'on dit : "Je dois être silencieux", et que l'on croit créer un vrai silence.
ll y a le silence du méditant qui reste assis là, immobile, et qui force son esprit au silence. Il s'agit chaque fois d'un silence artificiel, et non d'un silence réel, profond, qui n'est ni cultivé, ni prémédité. Psychologiquement parlant, le silence ne peut advenir que lorsque notre esprit n'enregistre absolument rien.Alors l'esprit, le cerveau est dénué de tout mouvement. Au coeur de ce silence, qui n'est ni induit ni cultivé, et qui n'est pas non plus le fruit d'une pratique, il se peut qu'advienne cette extraordinaire sensation d'une présence, de quelque chose d'incommensurable, et qui n'a pas de nom.
Nous essayons de découvrir s'il est possible de vivre en ce monde sans aucune crainte, sans aucun conflit, mais en étant animé d'une immense compassion, ce qui exige énormément d'intelligence. Sans l'intelligence, toute compassion est exclue. Et cette intelligence n'est pas l'oeuvre de la pensée. On ne peut pas être compatissant si l'on est attaché à une idéologie particulière, à un tribalisme étriqué, ou à un quelconque concept religieux, car tout cela nous limite. Et la compassion ne peut advenir- ne peut être là-qu'avec la fin de la souffrance, qui est aussi la fin du mouvement égoïste centré sur le moi.
En revanche, il est une forme d'amour qui fait naître la compassion partout où il se trouve. Et cette compassion se double d'une intelligence qui n'est ni l'intelligence qui accompagne l'égocentrisme, ni l'intelligence propre à la pensée, ni l'intelligence issue d'un vaste savoir. La compassion n'a rien à voir avec le savoir. C'est grâce à la compassion et à elle seule qu'existe cette intelligence qui donne à l'humanité la sécurité, la stabilité, et qui lui insuffle une immense force.
Voilà donc ce qu'est la méditation-elle ne consiste pas à s'asseoir en tailleur, ou à rester en équilibre sur la tête, ou que sais-je encore, mais à ressentir le caractère holistique et l'unité absolue de la vie. Mais cela ne peut advenir qu'en présence de l'amour et de la compassion.
L'un de nos problèmes, c'est d'avoir associé l'amour au plaisir, au sexe, et pour la plupart d'entre nous l'amour va aussi de pair avec la jalousie, l'angoisse, la possessivité, l'attachement.
C'est pourtant cela que nous appelons l'amour.
Mais l'amour, est-ce le plaisir ? Est-ce le désir ? L'amour est-il le contraire de la haine ? Si tel est le cas, alors ce n'est pas de l'amour. Tout contraire porte en lui-même son propre contraire. Lorsque je m'efforce de devenir courageux, ce courage naît de la peur. L'amour ne peut avoir de contraire. Là où règnent la jalousie, l'ambition, l'agressivité, tout amour est exclu.
Il faut jeter des bases solides, autrement dit, la vertu est une nécessité absolue. L'ordre, c'est la vertu. Cette vertu n'a strictement rien à voir avec la morale sociale que nous cautionnons. La société nous a imposé une certaine forme de morale, mais cette société n'est que le reflet de l'ensemble de l'humanité. Or, à en croire la société et sa morale, il est permis d'être avide ; il est permis de tuer son prochain au nom de Dieu, de la patrie, ou d'un idéal ; il est permis d'être compétitif, envieux-dans les limites de la légalité. Une telle morale n'est absolument pas digne de ce nom. Il faut la renier au plus profond de soi de manière radicale, si l'on prétend à la vertu. Là est toute la beauté de la vertu : ce n'est ni une habitude, ni une pratique que l'on réitère jour après jour, ce qui équivaut à une routine mécanique dénuée de sens. Etre vertueux, c'est connaître la nature du désordre, qui n'est autre que l'ensemble de nos contradictions internes, des divers plaisirs, désirs et ambitions qui nous tyrannisent, de l'avidité, de l'envie et de la peur qui nous hantent. Telles sont les causes du désordre, en nous comme en dehors de nous. Etre conscient de cela, c'est être en contact avec le désordre. Et ce contact n'est possible que si l'on ne nie pas le désordre, qu'on ne lui cherche pas d'excuses, qu'on n'en rend pas les autres responsables.