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Citations sur Cette lumière en nous : La Vraie Méditation (98)

Donc, l'attachement sépare. Je tiens à mes croyances, vous aux vôtres — la séparation est là. Voyez simplement tout ce qu'entraîne, tout ce que recouvre l'attachement. Dès qu'il y a attachement, il y a séparation, et donc conflit. Et le conflit exclut forcément l'amour. Mais que devient la relation, lorsqu'il n'existe entre deux personnes aucun attachement, ni rien de ce que l'attachement suppose ? Serait-ce le commencement — ne vous affolez pas à ce simple mot —, serait-ce le commencement de la compassion ? Lorsqu'il n'y a plus ni nationalité ni attachement à aucune croyance, à aucune conclusion, à aucun idéal, quels qu'ils soient, l'être humain est alors un être libre, et la relation qu'il noue avec autrui naît de la liberté, de l'amour, de la compassion.
En vérité, tout cela fait partie de la conscience claire. Mais faut-il passer d'abord par l'analyse, comme nous l'avons fait, pour saisir ce que signifie l'attachement et tout ce qu'il implique, ou peut-on en avoir une perception globale et instantanée, pour passer ensuite à l'analyse — et non l'inverse ? L'analyse est ancrée dans nos habitudes, dans notre éducation, et nous passons beaucoup de temps à analyser les choses. Or ce que nous proposons est très différent : il s'agit d'observer, d'avoir une vue d'ensemble, et ensuite d'analyser. Alors tout devient très simple. Mais si vous analysez avec pour objectif d'accéder à une vision d'ensemble, vous pouvez faire des erreurs — et c'est généralement le cas. Si, en revanche, vous voulez avoir une vision globale, intégrale, d'une chose donnée — ce qui suppose de ne choisir aucune direction précise —, alors l'analyse peut indifféremment être importante ou sans importance, et vous pouvez analyser ou ne pas analyser — peu importe.
p. 111
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Si un être humain est attaché à son semblable, que se passe-t-il ? Quand quelqu'un est très attaché à vous, quel sentiment éprouve celui qui tient à vous ? Dans cet attachement se mêlent la possessivité, le sentiment de domination, la peur de perdre l'autre — d'où la jalousie, d'où un attachement encore accru, une possessivité et une angoisse encore plus grandes. Mais s'il n'y a pas d'attachement, cela signifie-t-il qu'il n'y ait ni amour, ni responsabilité ? Pour la plupart d'entre nous, l'amour sous-entend un terrible conflit entre des êtres humains, et c'est pourquoi la relation devient une source d'angoisse perpétuelle. Mais vous savez tout cela, je n'ai rien à vous apprendre. Voilà donc ce que nous appelons l'amour. Et pour fuir la terrible tension liée à ce fameux “amour”, nous disposons de tout un éventail de distractions allant de la télévision à la religion. Nous nous querellons, après quoi nous allons à l'église, et au retour la dispute reprend de plus belle. C'est une histoire sans fin.
Que l'on soit homme ou femme, peut-on se libérer de tout cela, ou est-ce impossible ?
p. 108/109
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Si je vois les faits en toute lucidité, alors cette conception du temps est révolue, n'est-ce pas ? Le temps ne joue plus. Le temps n'entre en jeu que lorsqu'on analyse, que l'on inspecte, que l'on examine un par un les fragments épars de ce qui constitue le “moi”. Mais lorsque j'embrasse d'un seul regard l'ensemble de ce processus qui forme la pensée, le temps perd toute validité, bien que l'homme en ait accepté le caractère inéluctable. Mais, l'esprit ayant enfin vu la fausseté de cette conception, le temps cesse d'exister. Jamais on ne s'approche trop près d'un précipice : il faut être déséquilibré ou fou, pour en franchir le bord; si vous êtes sain de corps et d'esprit, vous restez à distance. Le geste d'évitement ne prend pas de temps, il est instantané, parce que vous voyez ce qui se passerait en cas de chute. De même, il vous suffit de voir la fausseté de tout ce mouvement de la pensée, de tout ce processus d'analyse, d'acceptation du temps, etc., pour que se déclenche une action instantanée de la pensée qui déclenche à son tour l'effacement du “moi”.
p. 106
L'esprit, ayant observé les agissements de l'ego et en voyant la fausseté, est ainsi devenu extraordinairement sensitif, et silencieux. Et c'est sur la base de ce silence qu'il agit.“Dans la vie quotidienne”.
p. 107
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Le temps, c'est le mouvement, tant sur le plan physique que psychologique. Physiquement, il faut du temps pour aller d'un point à un autre. Psychologiquement, le mouvement du temps est celui par lequel on passe de “ce qui est à ce qui devrait être”. Il en résulte que la pensée, qui est identique au temps, ne peut jamais rester tranquille, puisqu'elle est mouvement et que ce mouvement fait partie intégrante du “moi”. La pensée, selon nous, se confond avec le mouvement du temps : en effet, elle est l'écho du savoir, de l'expérience, de la mémoire, autrement dit, du temps. Elle ne peut donc jamais rester en place. Elle ne peut jamais être neuve. Elle ne peut jamais être source de liberté.
p. 103
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Une vie sacrée
Si l'ego est à l’œuvre, la vraie méditation est impossible. Il est essentiel de comprendre que ce ne sont pas là de simples mots : le fait est bel et bien réel. La méditation est le processus par lequel l'esprit se vide de toute activité égocentrique, de toute activité du “moi”. Si vous ne comprenez pas comment fonctionne le “moi”, votre méditation ne vous mènera qu'à l'illusion et au mensonge, et à des distorsions de plus en plus marquées. Pour comprendre ce qu'est la méditation, il faut comprendre le fonctionnement de l'ego.
L'ego a vécu des myriades d'expériences d'ordre matériel, sensuel ou intellectuel qui l'ont lassé, faute d'avoir suffisamment de sens. Le désir de passer à d'autres expériences, plus larges, plus vastes, d'ordre transcendantal, est inscrit dans le “moi”, fait partie de l'ego. Lorsqu'on vit de telles expériences, ou qu'on a de telles visions, il faut pouvoir identifier ces expériences ou ces visions, mais si on les reconnaît, c'est qu'elles ne sont pas nouvelles, qu'elles ne sont que de simples projections de notre arrière-plan personnel, de notre conditionnement, et ces projections procurent à l'esprit autant de plaisir que s'il s'agissait de choses inédites. N'acquiescez pas, mais constatez la véracité des faits, ainsi cette vérité deviendra vôtre.
L'une des exigences, des demandes, des soifs les plus ardentes de l'esprit est le désir de transformer ce qui est en ce qui devrait être. Ne sachant que faire de ce qui est car il est impuissant à lui trouver des solutions, l'esprit se forge une idée de ce qui devrait être — il se projette donc dans un idéal. Cette projection est l'antithèse de ce qui est, d'où le conflit entre la réalité des faits et l'idéal. Ce conflit est le souffle vital, le sang même de l'ego.
p. 99/100
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L'esprit … est constamment préoccupé de lui-même — de ce qu'il doit faire, ou ne pas faire, de sa réussite, de ses gains, de l'opinion d'autrui. Il étouffe sous l'emprise des connaissances empruntées à d'autres, des “a priori”, des idées, des opinions. L'espace lui fait donc cruellement défaut. Or l'un des facteurs responsables de la violence est ce manque d'espace. L'espace dont nous disposons en nous-même est très insuffisant, il est pourtant indispensable. L'un des aspects de la méditation consiste à entrer en contact avec ce vaste espace qui n'est pas une invention de la pensée, car lorsque cet espace s'ouvre à nous, l'esprit peut fonctionner pleinement. Un cerveau qui est parfaitement en ordre — qui a en lui l'ordre absolu, et pas un ordre relatif —ignore tout conflit, et il peut donc se mouvoir dans ce vaste espace. Le silence est en réalité une forme extrême de l'ordre le plus haut qui soit.
p. 97
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La nature du silence mérite d'être examinée en détail. Il y a un intervalle de silence entre deux pensées. Ou entre deux notes de musique. Il y a le silence qui fait suite à un bruit. Il y a le silence artificiel imposé par la pensée, lorsqu'on dit : « Je dois être silencieux », et que l'on croit créer un vrai silence. Il y a le silence du méditant qui reste assis là, immobile, et qui force son esprit au silence. Il s'agit chaque fois d'un silence artificiel, et non d'un silence réel, profond, qui n'est ni cultivé ni prémédité. Psychologiquement parlant, le silence ne peut advenir que lorsque notre esprit n'enregistre absolument rien. Alors, l'esprit, le cerveau est dénué de tout mouvement. Au cœur de ce silence, qui n'est ni induit ni cultivé, et qui n'est pas non plus le fruit d'une pratique, il se peut qu'advienne cette extraordinaire sensation d'une présence, de quelque chose d'incommensurable, et qui n'a pas de nom.
p. 88
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Le savoir est un mouvement lié à la mesure, et qui dit : aujourd'hui je sais, demain je saurai. Il n'est que mesure, et ce système de mesure s'est infiltré dans le domaine psychologique. Si vous vous observez vous-même, vous verrez très aisément comment cela fonctionne. Sur le plan psychologique, nous comparons sans cesse. Comment mettre fin à toute comparaison — ce qui équivaut à la cessation du temps ? La mesure... cela signifie que je m'évalue par rapport à un autre, et que j'aurais envie d'être comme ceci, ou pas comme cela. Le processus de comparaison — positif ou négatif — fait partie du système de mesure.
Pouvons-nous vivre notre vie de tous les jours sans qu'y intervienne la moindre notion de comparaison ? Certes, on a parfaitement le droit de comparer deux tissus, la couleur d'un velours par rapport à une autre. Mais psychologiquement, sur le plan intérieur, pouvons-nous nous affranchir de toute comparaison, autrement dit, de toute notion de mesure ? La mesure, c'est le mouvement de la pensée. La pensée peut-elle donc cesser ?
p. 85
La pensée est née du connu. Le savoir n'est autre que le connu, c'est-à-dire le passé. Cette pensée-là peut-elle cesser ? Peut-on se libérer du connu ? Nous fonctionnons toujours sur la base du connu, et nous sommes devenus formidablement doués pour imiter et comparer. Nous voulons sans cesse devenir. La pensée peut-elle oui ou non cesser ?
p. 86
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Je ne suis pas propriétaire de la conscience : elle n'est pas individuelle, mais universelle. Ma conscience est identique à la vôtre, ou à celle de n'importe qui d'autre : vous et moi, nous souffrons l'un comme l'autre, nous passons tous deux par de terribles épreuves, etc. Quelques-uns, peut-être, ont su donner leur pleine mesure, ont su sortir de l'ornière et transcender leurs contingences, mais là n'est pas la question. p. 83
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Percevoir la nature de l'attachement, c'est la pleine éclosion de l'intelligence. Cette intelligence constate la stupidité de l'attachement, et c'en est fini de lui.
p. 82
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