Je regarde ses mains courir sur la page. Rapidement. Facilement. Avec un crayon et une feuille de papier, elle éprouve la même sensation que moi avec une arme : de l’assurance, du contrôle. C’est le seul moment où elle se sent sûre d’elle.
Je ne sais pas combien de jours s’écoulent ainsi. J’en ai perdu le compte. Au début, j’ai essayé de garder à la mémoire lundi, puis mardi, mais finalement tout s’est mélangé. Chaque journée est un éternel recommencement, en tout point semblable à la précédente. La fille reste couchée jusqu’à ce que je l’oblige à se lever. Nous nous forçons alors à avaler le petit déjeuner. Puis elle approche une chaise de la fenêtre, s’assoit et regarde dehors. Elle pense. Elle rêvasse. Elle souhaiterait être n’importe où plutôt qu’ici
A première vue, il m'apparaît comme un petit con prétentieux, un peu comme moi il y a quelques années, avant que je prenne conscience que rien ne me permettait d'être aussi imbu de ma personne.
Il est dangereux de rester ici. Je le sais et elle le sait. Pourtant ma plus grosse inquiétude aujourd'hui, c'est de me retrouver un jour, sans elle auprès de moi.
Je connais le poids des regards dédaigneux, des yeux qui glissent sur vous sans même vous voir. Je connais les intonations méprisantes dans une voix. Je connais les effets de la trahison ou des désillusions,quand quelqu’un qui pourrait vous offrir le monde rechigne à vous en accorder même une miette.
Je m'approche de la boîte aux lettres en briques, plus grande que mes propres toilettes.
S'il est resté sans bouger aussi longtemps, Mia, assez longtemps pour que tu lui tires le portrait, pourquoi ne t'es-tu pas enfuie ?
- Connaissez-vous Mia Dennett? demandé-je.
- ça dépend (...)
- De quoi?
- De qui veut le savoir.
Je n'ai aucune envie de m'engager dans ce petit jeu.
- Moi, dis-je, décidant de garder ma carte maîtresse pour plus tard.
- Et vous êtes?
- Je suis à la recherche de Mia Dennett.
Chaque fois qu'un flic frappe à votre porte, la première chose qui vous vient à l'esprit est : "Qu'est-ce que j'ai fait?
Je connais le poids des regards dédaigneux, des yeux qui glissent sur vous sans même vous voir. Je connais les intonations méprisantes dans une voix. Je connais les effets de la trahison ou des désillusions, quand quelqu'un qui pourrait vous offrir le monde rechigne à vous en accorder même une miette. (p. 242)