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sur 7388 notes
Dans une Tchécoslovaquie dévastée par l'occupation, quatre personnages se battent avec leurs idéologies et leur sens métaphysique. Tomas. Tereza. Sabina. Franz.

C'est une oeuvre pleine de sous entendu, de quiproquos entre les personnages. Des non-dit, aussi. Quelle découverte ! Une fois de plus, le cursus universitaire permet de découvrir une véritable perle.
Ce fut mon premier roman de Kundera. Bon, d'accord. J'ai d'abord été sceptique. TRÈS sceptique. Rien que le titre ne m'inspirait pas. (Oui, oui, je sais, on ne juge pas l'oeuvre qu'avec le titre, mais on juge le titre après avoir lu l'oeuvre !). Les pensées philosophiques dès les premières pages peuvent aisément troubler le lecteur. Mais quel dommage de s'arrêter là... Surtout que ces réflexions sur la pensanteur sont réellement passionnantes, ainsi que celles sur le kitsh.
Malgré les noeuds des intrigues, des pensées des personnages et des idéologies, l'oeuvre se lit vraiment très facilement, même si certaines pages sont à relire pour comprendre tout l'intérêt du texte.

Tomas et Tereza. Tomas et Sabina. Tereza et Sabina. Sabina et Franz. Les personnages s'emmêlent. Se cherchent sans se trouver.

Ce fut une véritable révélation. Une oeuvre passionnante, pesante et légère à la fois.
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Comment parler d'un roman qui m'a bouleversée à ce point ? Comment évoquer avec mes mots plats la plume époustouflante de Milan Kundera ?
Ce roman s'avère pourtant plutôt pessimiste et présente une bien noire vision du couple. Tomas et Tereza n'arrivent pas à être heureux ensemble, Franz et Sabina à se trouver.
Sur fond de printemps de Prague en 1968, leurs états d'âme sont par contre incroyablement bien rendus. Si bien que finalement ce qui importe, ce c'est pas l'histoire en elle-même, qui est de toute manière démembrée et racontée sans chronologie ni linéarité, mais les ressentis qu'elle suscite.
On pourrait suivre ce roman rien que par la succession d'émotions qu'il dépeind, et de réflexions qui les accompagnent.
La réflexion, c'est l'autre facette omniprésente de ce roman qui pourrait presque être qualifié d'essai. La pensée de Kundera est brillante, et les raisonnements qu'il déroule au fil de son histoire, presque toujours en lien avec ses personnages - quels merveilleux personnages ! - sonnent incroyablement juste.
Pour moi l'un des romans les plus marquants que j'aie lu.
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Il est relativement aisé de rédiger une critique sur un auteur peu connu mais l'exercice est périlleux ici. En effet qu'ajouter à la somme d'analyses, souvent érudites, proposées depuis que ce roman majeur a été écrit ? Dire que je le trouve merveilleux est réel mais sans intérêt pour quiconque, me prendre pour un expert serait ridicule… et pourtant je ressens le besoin d'en dire quelques mots. Pourquoi ?

À la réflexion j'ai envie d'inciter mon fils de 15 ans à le lire et, au-delà, de communiquer ce désir à d'autres, pensant avant tout à des adolescents, à ceux à qui Kundera me semble pouvoir tant apporter, en particulier dans le monde qui nous entoure. Rédiger cette présentation sous la forme d'un dialogue imaginaire est alors la forme la plus naturelle.
*
- Et si tu lisais « L'insoutenable légèreté de l'être » (prenant un air détaché) ?
- Hmmm…. Je viens de lire la 4e de couverture et cela m'inspire peu. En somme tu me demandes ici de te signer un tchèque en blanc.
- Merci de ne pas me voler mes plus mauvais calembours et soyons sérieux une minute, d'accord ? J'aimerais te donner quelques raisons qui me font te proposer cet ouvrage.
- OK (mon fils est très loquace parfois).
*
- Je voudrais commencer par le kitch. Tu es entouré par toute une série de valeurs, propres à notre société actuelle (« ici et maintenant ») comme, pour n'en retenir que quelques-unes : « l'amour romantique est plus fort que tout », « la fidélité au sein du couple est un impératif moral », « l'homme et sa liberté sont ce qui a le plus de prix », « il ne faut pas faire souffrir autrui », « chacun doit avoir les mêmes droits et devoirs » ou, si je me base sur des événements plus actuels : « il faut valoriser le travail et augmenter le pouvoir d'achat ».
- Hmmm, oui… et c'est mal ?
- Non, ce n'est pas mal mais c'est un peu, pour reprendre une image de Kundera, comme un décor sur une toile peinte, ce décor masquant une réalité autrement plus complexe. C'est aussi ce que cet auteur appelle le kitch. Pour lui le kitch repose sur la dictature du coeur par rapport à la raison/pensée et se base donc sur des images clés et des clichés (« le beau bébé, la fille ingrate… »).Ce kitch est une mise en scène de la vie et des autres et devient donc facilement totalitaire. Dans ce cas tout ce qui porte atteinte au kitch doit alors être banni de la vie et son ennemi premier est l'homme qui s'interroge. Kundera affirme que le kitch cherche à masquer tout ce qui dérange et que, en ce sens, il est un paravent qui dissimule la mort.
-Oui, je comprends je crois, c'est un peu comme les personnes qui font des selfies d'elles un peu partout en prétendant afficher une vie réussie et passionnante ou les vidéos de chatons. Cela me fait penser aussi à certaines dystopies que j'ai pu lire, « comme « le meilleur des mondes » en particulier, où chacun est obligé d'être heureux et d'avoir les mêmes loisirs, buts… sans se poser de questions.
- Oui, bien vu ! Mais, alors que les dystopies supposent largement un monde étranger, le kitch t'entoure en permanence et conditionne ta vision du monde à chaque instant, tout comme ton rapport aux autres, le regard que tu portes sur eux, sur les différents événements se déroulant dans le monde. Prenons par exemple le phénomène des migrants. Pendant un temps le regard européen s'est largement résumé à la détresse ressentie devant l'image d'un petit enfant noyé sur une côte italienne... avec une émotion aussi obligatoire que superficielle. Elle a été depuis remplacée par d'autres représentations, aussi simplistes et « viscérales ». La réalité, complexe, reste largement dissimulée derrière cette forme de « toile peinte » qui cache largement autant qu'elle montre. Tel Sabina (un des 4 protagonistes du roman), il faut fissurer cette représentation pour chercher une vérité.
- C'est intéressant en effet. Kundera proposerait donc de dépasser le kitch pour avoir une vision plus véridique et profonde de la vie ?
- Il amène en tous les cas à tenter de comprendre plus qu'à juger et (se) pose de nombreuses questions, nous incitant à faire de même. Je te donne un exemple puisque tu me parlais de dystopies. Je suppose que tu te souviens de la novlangue.
- Oui, 1984 et le fait que, pour penser, il faut des mots. Supprimer les mots est détruire l'essentiel de la pensée.
- Bon résumé ! L'idée est très simple mais d'une grande force. Kundera propose dans ce livre une approche complémentaire qui est que chaque individu comprend les mêmes mots différemment.
- Gnê ?
- Désolé, je prends un exemple. Ce roman s'intéresse avant tout à deux couples et je prends l'exemple du mot « musique ». Pour Franz la musique est quelque chose de merveilleux, une beauté, une ivresse, elle est aussi libération et partage, un moyen de se débarrasser en prime de la pensée purement intellectuelle. Pour sa maitresse aimée, Sabina, la musique évoque « une meute de chiens lâchés sur elle » car, dans la Tchécoslovaquie communiste elle était omniprésente et obligatoire, une forme de gaité factice qu'elle a retrouvé ensuite en occident et qui lui évoque avant tout le bruit et le fait que l'humanité évolue vers un monde de laideur totale.
Au-delà tu trouves l'idée très juste que, dans les difficultés de communication entre les êtres, même les plus proches, il faudrait disposer des dictionnaires personnels de chacun pour se comprendre vraiment. Sinon les contresens sont presque inévitables.
- Je vois ce que tu voulais dire en parlant d'une approche plus complexe.
- Oui, ce qui nous ramène au kitch. Kundera disait que la fraternité de tous les hommes ne peut être fondée que sur ce dernier.
- C'est logique en effet mais pas obligatoirement une bonne chose que ce plus petit dénominateur commun.
- Exact !
*
- Il y a encore autre chose à découvrir ?
-Oh oui ! Ce livre aborde un nombre sidérant de sujets essentiels dans la vie de chacun. Je te propose juste une petite liste, non exhaustive, des autres thèmes abordés, souvent avec une grande profondeur, dans un si court roman et que je ne peux ici qu'évoquer.
-- La philosophie (Nietzsche et sa vision de l'éternel retour opposé ici au fait que chaque humain, en faisant des choix uniques, ne peut jamais savoir si ces derniers étaient les bons, les philosophes grecs).
--La littérature avec, entre autre, des référence à Tolstoï mais aussi toute une réflexion implicite et profonde sur l'art du roman.
-- Les relations au sein des couples avec des idées simples mais déchirant le tissu de banalités dans lequel nous grandissons en occident (les rapports asymétriques au sein d'un couple ne sont pas obligatoirement injustes ou révoltantes par exemple)
-- L'importance de l'enfance dans la construction profonde de notre identité, incluant entre autre l'influence négative durable de certains comportements parentaux (ce point pourrait te plaire !)
-- le fait que l'amour est un sentiment parfois fortuit et fugace même si ses conséquences peuvent être durables.
-- le sens et les motivations profondes et parfois dérisoires de la révolte et de l'héroïsme
-- Un regard à l'époque très peu courant sur l'oppression que l'homme fait subir aux animaux (idée aujourd'hui mise en avant tant par des associations que par un auteur comme Harari)
-- Une réflexion sur l'importance des récits de vie comme de la force des mythes dans la construction des couples
-- Une approche sur l'importance de l'art dans la vie
-- Diverses pensées sur la responsabilité, la liberté, l'individualisme, l'idéologie, l'histoire (y compris celle, très réelle, de la Tchécoslovaquie durant la période ayant suivi la seconde guerre mondiale), la laideur, le mensonge, la difficulté de vivre ensemble. Il me faut citer aussi la quête de la paix et du bonheur, la trahison comme libération, les méprises, la fidélité (sexuelle, intellectuelle, relationnelle), l'absurdité et le dérisoire des vies humaines, la mesquinerie, les relations aux autres…
-- Tu croiseras enfin des réflexions sur diverses oppositions : Légèreté/pesanteur, hasard/déterminisme, sexualité comme créativité-jeu-découverte/sexualité comme responsabilité-culpabilité-souffrance, le clivage entre l'âme et le corps, l'existence en occident/dans le monde communiste, la vie en ville/à la campagne…… Ces oppositions sont un des aspects majeurs de ce roman que je ne te détaillerai pas. Il faut le lire.

*
Je voudrais toutefois conclure ce propos en te disant quelques mots sur le personnage de Tomas, qui multiplie les rencontres sexuelles féminines alors qu'il est en couple et le fait par un besoin irrépressible. Il ne se soucie pas vraiment de sensualité, en réalité c'est sa façon d'appréhender et de questionner la singularité du monde, de trouver une parcelle précieuse et unique en chacun et cette curiosité est une de ses raisons de vivre. C'est une vision juste et fine d'un type d'être. Tereza vit avec lui et en souffre terriblement mais ne le lui reproche pas réellement. Elle est, elle, fidèle, au moins autant par un besoin intime lié à son histoire personnelle et familiale que par un choix de couple. Leur amour est assez bouleversant car respectueux de ce qu'est viscéralement chacun, associant profond souci de l'autre et refus de se renier. Pensons par exemple à Mitterrand et à ses deux couples durables si nous avons besoin de nous convaincre que la vie affective, en dehors des romans, n'est pas obligatoirement la caricature naïve présentée comme modèle le plus souvent.
*
- D'accord, c'est très intéressant mais ce n'est-ce pas trop aride ? Je n'ai pas envie en ce moment de lire un manuel ou un ouvrage philosophique tu sais ! J'ai déjà à faire avec les cours et j'aime me détendre.
- Non, et c'est là aussi qu'est le génie de Kundera (pour une fois le mot n'est pas trop fort). C'est un roman, qui se lit facilement et est aussi émouvant qu'intelligent, les personnages sont attachants et toutes ces réflexions sont en arrière-plan. Tu les vis sans avoir à les méditer et sors avec bonheur et émotion de cet ouvrage, te sentant une affinité profonde avec ces 4 vies singulières et universelles à la fois. Ce roman c'est la « vraie vie », au-delà du kitch, de la niaiserie ambiante.
*
-Je vais le lire, je suis convaincu que je ne vais pas perdre mon temps.
- Merci. La lecture peut être une agréable détente, une évasion mais a aussi, dans certains cas, un rôle plus essentiel voire fondamental. La perception fine du monde ne va pas de soi, elle est un construit et partager les pensées et sensations d'un écrivain peut donner des clés ouvrant des espaces précieux qui sinon auraient pu nous rester inaccessibles. Qui est alors curieux et réceptif reçoit la plus belle des récompenses à savoir une existence plus intense et passionnante. Ma mission est terminée, le guide s'efface devant l'oeuvre, comme il se doit. Il me reste à te souhaiter des plaisirs variés comme la découverte, ici via ce roman, des véritables richesses de cette existence.


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Ce livre fait partie de ma collection "à emporter sur une île déserte". Ce choix répond à ce que la lecture m'apporte en résonance à des émotions personnelles. C'est le miracle de la fusion entre l'auteur et le lecteur, l'instant de grâce où la lecture apporte réponse à un questionnement intérieur indicible.

L'insoutenable légèreté de l'être - déjà le titre interpelle : en quoi la légèreté peut-elle être insoutenable ? - est un roman d'amour et de jalousie. Mais c'est aussi l'histoire d'un pays, soumis à la dictature. Publié en 1982, les dramatiques évènements de la répression du Printemps de Prague par les blindés soviétiques en août 1968 sont encore frais dans les mémoires. La chape de plomb retombe sur la Tchécoslovaquie jusqu'à sa Révolution de Velours qui suit la chute du mur de Berlin en 1989.

C'est dans ce contexte que Kundera écrit son oeuvre. Pour autant le texte n'est pas daté. Sa philosophie interroge les époques ; les mythes qui fondent les cultures humaines ; les croyances religieuses et politiques. Surtout, il parle de la vie des êtres qui courent après leur liberté, sentimentale, artistique, professionnelle. Il parle d'amour, de renoncement et de sacrifice. Il est emprunt d'une douce mélancolie, empathique avec Karénine, le chien qui est la pendule de la vie de Tomas et Tereza. Roman foisonnant, œuvre personnelle, il s'adresse à tous.
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« L'insoutenable légèreté de l'être » est resté pendant des années dans ma liste de livres à lire…et chaque fois l'actualité, une quatrième de couverture, un conseil de lecteur autre, l'oubli …..l'emportaient….Que de temps perdu, que de regrets…enfin réparés…Un grand moment de bonheur…..Un vrai coup de coeur
Difficile de lâcher ce livre.

En nous racontant de banales histoires d'amours vécues essentiellement par deux personnages principaux, Tomas, Teresa, et deux personnages plus secondaires, Franz et Sabina, il arrive à mettre des mots sur des moments, sur des sensations, des époques de notre vie que nous avons connus…des mots qui nous permettent de nous identifier sans peine aux personnages…et tout ceci sans scène d'amour racoleuse, hard…Des sentiments, des états d'âme qui sont ceux de chacun de nous.
Que de thèmes abordés, que de messages de vie…Surtout quand ces couples, et plus particulièrement celui de Tomas et Teresa est confronté à Prague à l'arrivée des chars russes en août 1968. Teresa photographie les chars russes, les scènes de désolation du peuple tchèque, et vend ses photos aux journaux occidentaux, Teresa passionnément amoureuse de Tomas. Tomas quant à lui est chirurgien de renom, coureur de jupons, Tomas qui hésite à rester en Tchécoslovaquie …Départ vers la Suisse; mais retour en Tchécoslovaquie et engagement contre la politique du gouvernement….un engagement qui lui coûtera cher…très cher. ‌« L'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car il n'a qu'une vie et il ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures » (P. 15)
La police tchèque, collaborant avec les russes, use de toutes les bassesses de toute l'hypocrisie, pour asservir la population, dégrader les hommes, les abaisser…On comprend pourquoi Milan Kundera homme libre a quitté son pays…D'autres y mourront de désespoir. Un engagement politique indiscutable de Milan Kundera : « Les régimes criminels n'ont pas été façonnés par des criminels mais par des enthousiastes convaincus d'avoir découvert l'unique voie du paradis. Et ils défendaient vaillamment cette voie, exécutant pour cela beaucoup de monde. Plus tard il devint clair comme le jour que le paradis n'existait pas et que les enthousiastes étaient donc des assassins » (P. 222)
Un livre qui permet de mieux connaitre cette époque, cette période….J'étais jeune et de France je manifestais aux cotés d'autres contre les russes …qui se moquaient complètement de nos états d'âme.
Un coureur de jupons, une femme aimante, qui supporte ses infidélités, qui supporte mal l'odeur du sexe d'autres femmes dans les cheveux de son homme…mais des êtres qui s'épaulent dans les pires difficultés…
Et « L'insoutenable légèreté de l'être » devient un livre de réflexion sur la vie, le temps qui passe, sur l'amour de l'autre, l'amour avec un grand A, celui de l'âme humaine, l'amour physique, l'amour des animaux aussi, incompréhension entre les êtres, la trahison, le courage, l'honneur, l'engagement politique : « C'est une pratique moyenâgeuse d'exiger d'un homme qu'il rétracte ce qu'il a écrit. Qu'est-ce que ça veut dire « rétracter » ? A l'époque moderne, on ne peut pas rétracter une idée, on ne ne peut que la réfuter » (P. 226)…
Et quand vous lisez après de nombreux autres lecteurs ce livre en provenance du fonds d'une médiathèque municipale, vous verrez sans peine que tel passage qui vous émeut, qui vous touche, en a touché beaucoup d'autres, qui n'ont pas eu votre délicatesse, qui ont corné les pages, souligné les passages, apposé des « x » dans les marges…..tous n'ont pas le même respect pour les livres et les autres lecteurs…et j'avoue que, dans aucun autre livre, je n'ai rencontré autant de pages cornées, autant de passages soulignés….c'est un signe.
« L'insoutenable légèreté de l'être » est également un livre de réflexion sur le kitsch, qui permet de cacher « la merde du monde« . Un kitsch qui prend des visages multiples, kitsch religieux, kitsch politique – communiste, fasciste, démocratique-, kitsch nationaux…, un livre de réflexion philosophique, qui cite d'autres philosophes, comme Nietzsche
Bref, un livre aux multiples lectures. Un livre que je relirai certainement, parce qu'on en sort différent, avec un regard autre…sur notre monde, notre vie.

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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un livre qui traite de nombreux sujets : l'amour, l'infidélité, la fidélité, le kitsch, le totalitarisme et bien d'autres. Kundura démontre allègrement que chaque chose de la vie est perçue de façon différente par chaque personne. Et que le souvenir des ces choses liées à un être aimé induit une autre perception.
En tout cas, un livre qui ne peut laisser personne indifférent.
Pour moi même, il me laisse perplexe. Je ne sais réellement quoi en penser. Certains passages m'ont extremement plus, d'autres beaucoup moins.
Je pense le lire d'ici quelques temps pour voir si ma perception de ce livre aura évolué ou non
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Pour ma première incursion dans l'univers de Kundera, j'ai choisi ce roman au titre particulièrement évocateur qui permet d'imaginer la profondeur philosophique à laquelle l'auteur aspire, mais surtout le pessimisme de ses propos. Kundera explore dans ce récit les rapports amoureux et adultérins entre quatre personnages qui évoluent dans la Tchécoslovaquie au lendemain du Printemps de Prague prônant un « socialisme à visage humain », puis de l'invasion du pays par l'URSS qui souhaite maintenir son hégémonie politique et idéologique.

L'apparente superficialité des rapports humains mêlée à la terreur politique de cette période illustre parfaitement la dichotomie entre légèreté et pesanteur que Kundera n'a de cesse d'explorer dans ce roman, questionnant la philosophie de Parménide, puisant dans les références mythologiques, extrapolant de manière plus étonnante le concept du kitsch. La structure du roman alterne entre les personnages et les différentes périodes de leur vie, changeant à foison de focale et de ton. L'auteur parle à la première personne, prend le lecteur à témoin, évoque ses êtres imaginaires comme les personnages d'une pièce de théâtre ballotés par leurs sentiments et leur destin. Kundera est un habile marionnettiste et fin psychologue. Il aime flirter avec les états d'âmes et la métaphysique, explorer des pistes étonnantes sans jamais se perdre en élucubrations.

Plutôt que de l'empathie, c'est de la tristesse que j'ai ressentie à l'égard des personnages de cette tragédie d'une banale mais grandiose humanité. de la tristesse pour Tomas, le médecin volage qui estime que « ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout ». Pour Tereza sa maîtresse, qui ancre l'existence de Tomas sur les fonds vaseux du quotidien tout en lui apportant une chose qu'il ne peut trouver ailleurs. Pour Sabina, l'artiste en quête de légèreté et d'élévation. Pour Franz son amant, homme droit, égaré dans son mariage, et dont les aspirations humanistes le mèneront jusqu'au Cambodge…

Même si « une fois ne compte pas », lisez ce livre au moins une fois. « Es muss sein ! ». Il le faut.
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C'est grâce à une amie que j'ai connu cet auteur (ps : elle se reconnaîtra si elle passe ici) et je la remercie vivement. En voyant le titre assez original, j'étais sceptique et puis, en le lisant, je découvre que ce livre est un vrai petit trésor.
Plusieurs thèmes sont abordés par l'auteur, avec un style d'écriture tellement fluide, tellement léger et agréable qu'on ne peut pas s'arrêter une fois qu'on a commencé. le thème de l'amour est prépondérant : la rencontre, les éléments qui influencent le choix amoureux, les "fameuses coïncidences" auxquels on donne un sens très symbolique..
Mais c'est surtout l'opposition entre légèreté et pesanteur qui donne tout un sens à cette histoire : d'un côté, puisqu'on ne vit qu'une fois, autant vivre libre et indépendant, sans chaînes et sans attaches. Puis de l'autre, il y a Tereza avec une autre vision plus idéale de l'amour et de la vie : celui de l'exclusivité, de la jalousie, de la possession, de l'attachement aux principes et aux personnes..On oscille entre ces deux tendances mais au final, on ne peut pas vraiment se prononcer sur ce qu'il conviendrait réellement de faire car tout est si relatif, et l'insoutenable légèreté de l'être nous tenaille !
L'auteur fait également une vive critique des évènements lors du printemps de Prague, du communisme, de l'Union soviétique, de la répression qu'on subit les intellectuels tchèques, du kitsch..
J'ai envie de vous partager certains passages qui m'ont beaucoup plu "la vie humaine n'a lieu qu'une seule fois et nous ne pourrons jamais vérifier quelle était la bonne et quelle était la mauvaise décision, parce, que dans toute situation, nous ne pouvons décider qu'une seule fois. Il ne nous est pas donné une deuxième, une troisième une quatrième vie pour que nous puissions comparer les différentes décisions" et "le temps humain ne tourne pas en cercle mais avance en ligne droite. C'est pourquoi l'homme ne peut être heureux puisque le bonheur est désir de répétition".
Bref, un chef-d'oeuvre à lire !

Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Il existe, quelque part dans ce monde, des textes dont la sensibilité, la réflexion, le langage et l'histoire, ensemble, vous percutent et révèlent ce qui est ancré au plus profond de vous-même et ne peut s'exprimer qu'à travers une révélation. Parmi ces textes, dans mon cas, "L'insoutenable légèreté de l'être" fut sans doute l'une des plus grandes découvertes. Non seulement la découverte d'un auteur, non seulement la découverte d'un chef-d'oeuvre, mais aussi et surtout, la découverte de soi-même.

Je ne peux pas résumer l'oeuvre de Kundera. Car c'est plus qu'une histoire, plus qu'un récit, plus qu'une aventure philosophique. Il s'agit de tout cela à la fois. "L'insoutenable légèreté de l'être" narre avant tout une terrible, destructrice et follement romantique histoire d'amour entre Tomas, amoureux passionné et en même temps mu par le désir d'autres femmes et du pouvoir de séduction, et Tereza, figure archétypale de l'Amour dans ce qu'il a de plus mélancolique, douloureux : captive de Tomas, elle doit se résoudre à l'aimer et à accepter ses actes, car elle n'a que lui, et Karénine, ce chien qui embrase le roman de sa fougue et son aura. Deux opposés, deux aimants qui s'attirent car de pôle contraire, deux visions de la vie, de l'amour, du sens à donner à l'existence, de l'autre. Tereza m'a bouleversé, j'ai vu en elle ce rêve que chacun de nous a, celui de l'Amour, et l'échec, la nécessité de cet échec. Qui ne la décourage pas, cependant. Comme s'il était possible d'y croire jusqu'au bout.

Parallèlement, il y a ces quelques autres personnages, comme Franz, jeune innocent qui a, selon moi, compris ce qu'était la musique et pourquoi Beethoven est un génie (les digressions de Kundera sur la musique sont prodigieuses), pourquoi la beauté existe et comment le moderne a créé une nouvelle beauté, pourquoi la lumière joue un rôle dans l'existence. Bref, là où je veux en venir, c'est que les personnages donnent l'opportunité à Kundera d'entamer des réflexions philosophiques prenantes et qui nous poussent à l'introspection : le roman débute par une deux paragraphes sur l'idée de l'éternel recommencement de Nietzsche et ses possibles conséquences sur l'humanité (sur l'historiographie également, chose a priori sans lien mais pourtant, Kundera en trouve un) ; le livre est émaillé d'études des morceaux de Beethoven ; et un long, long, long et mémorable chapitre traite avec une incroyable maëstria du kitsch, "station de correspondance entre l'être et l'oubli", "négation absolue de la merde". Ce kitsch, à la base du totalitarisme et du communisme selon Kundera, fonde la fin de son roman, et pose à nouveau les questions de la liberté, de la démarcation, de la standardisation. le kitsch politique est sans doute la réflexion la plus passionnante de Kundera dans "L'insoutenable légèreté de l'être".

Toutefois, s'il ne fallait retenir qu'une chose de ce chef-doeuvre, je dirais que c'est l'histoire d'amour et la définition qu'on en retire. L'opposition entre la pesanteur et la légèreté, qui traverse tous les paragraphes, et le questionnement pour savoir laquelle est moralement bonne et laquelle est moralement mauvaise, nous rappelle à tous que nous avons choisi de vivre avec légèreté ou avec pesanteur, que notre conception de la vie est rythmée par ce choix, et que, bon ou mauvais, il nous appartient maintenant d'agir en conséquence.

L'Amour léger ou l'Amour pesant, c'est à chacun de savoir où il se situe. Tereza, Tomas, Franz savent. Je sais . Et je crois que quand vous aurez lu "L'insoutenable légèreté de l'être", vous le saurez aussi.
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L'écriture est brillante, le style magnifique, L'auteur alterne histoire et pensées. L'histoire d'amour est belle ou …. Pathétique ? Je crois que j'ai un problème avec les histoires d'amour et de fuites… Tomas est amoureux de Tereza mais volage. Sabina, sa maîtresse attitrée fuit, mais quoi ? Tereza accepte la situation de son couple mais pas celle de son pays qui connait l'invasion russe de 1968, fuit puis revient. Tomas reste inexorablement volage mais bizarrement rejoint toujours Tereza. Sabina collectionne les amants et Kundera nous propose ses réflexions sur cette histoire. Ah, j'ai oublié Franz, un amant de Sabina qui va détruire son mariage et se retrouver seul car Sabina a fui, encore. Alors si j'ai accepté le kitsch, j'ai eu plus de mal avec la merde, excusez-moi mais il y a tout un chapitre sur l'amour et la merde, la vie et la merde, le sexe et la merde….. Et je ne suis pas trop d'accord pour son affirmation sur la souffrance. Peut-t-on on se réfugier dans l'avenir en cas de souffrance ? C'est justement ce qu'on n'arrive pas à faire au fin fond de son chagrin qu'il s'agisse d'une rupture amoureuse ou de la perte d'un être cher. Bien au contraire on reste englué dans sa douleur sans jamais parvenir à se dire qu'avec le temps ça ira mieux. A lire pour le style de Kundera.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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