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4,14

sur 7477 notes
Je me suis très longtemps tenu à l'écart de ce roman si connu, à cause de sa notoriété ainsi que d'une adaptation cinématographique dont ne m'était restée à l'esprit qu'une histoire sentimentale et sexuelle de deux couples, sur fond de Printemps de Prague et d'invasion soviétique, d'une "insoutenable légèreté". Ce film m'aura donc été très nuisible pendant presque vingt ans. Une heureuse proposition amicale m'a fait revenir sur le livre et m'a offert des heures de bonheur. Merci.
En effet, dans cet extraordinaire roman, l'histoire des personnages, le cadre historique voire même l'ensemble des réflexions politiques sont peu de chose par rapport au foisonnement d'idées qu'il renferme. Je remarque d'emblée que les personnages, qui "ne naissent pas d'un corps maternel comme naissent les êtres vivants, mais d'une situation, d'une phrase, d'une métaphore qui contient en germe une possibilité humaine fondamentale" (p. 319 et passim), sont d'abord l'incarnation d'idées platoniciennes. Et cela me charme presque autant que son énoncé qui a pour conséquence de briser la fiction du réalisme narratif.
Et quel genre d'idées platoniciennes? Des idées philosophiques d'abord: le hasard et la nécessité (Es muss sein), la légèreté vs. la pesanteur (Parménide), des idées politiques (l'incompréhension mutuelle fondamentale entre la gauche des pays capitalistes et le communisme des satellites soviétiques), des idées esthétiques (sur le kitsch), des idées psychanalytiques (la succession infinie des trahisons, avec moult narrations des rêves de Tereza), des idées théologiques (le sublime début de la sixième partie, sur la "théodicée de la merde"), et j'en passe.
Et l'auteur? Outre les phrases à la première personne, et son implication dans l'ensemble des personnages - "les personnages de mon roman sont mes propres possibilités qui ne se sont pas réalisées" (ibid.) - l'on peut penser que ce roman est probablement une "oeuvre totale", où l'identité de l'auteur, ses thèmes de longues années, ses anxiétés de son époque et de son vécu sont entièrement présents, bien au-delà d'un plan narratif unique et linéaire.
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Légèreté : que ferait-on si le mythe de l'éternel retour existait vraiment ? Sinon, il s'agit au fond d'un livre sur le kitsch (traduction des idées reçues pour Kundera, cf. L'art du roman), notamment en politique.
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Les personnages et les situations de ce livre servent le schéma philosophique de Milan Kundera qui souhaite mettre en exergue les notions d'idylle, de kitsch et de beauté, tout en s'appuyant sur Nietzsche et sa recherche existentialiste. le récit de la vie de chaque personnage met en lumière "l'éternel retour" inhérent à la théorie Nietzschéenne, qui s'illustre par l'infinie répétition des effets de nos actes.
Dans ce roman, la beauté n'apparaît que dans la nostalgie de l'idylle, mue par le kitsch (qui est une idéalisation de la beauté). En d'autres termes, il faut toujours qu'une idylle se termine pour en voir la beauté. Elle implique d'oublier ce qu'on est (son "être"), de perdre son statut, de devenir cohérent, d'ignorer la "merde", c'est-à-dire éliminer la contradiction et la précarité de nos vies. Car le désir d'embellissement du monde ne peut se réaliser sans rejeter ce qui y résiste ni sans la compassion pour ce qui est dévasté.
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Livre qui tourne autour de l'histoire d'amour de Tomas et Térésa, autour de laquelle gravitent surtout deux personnages : Sabina et Franz ; le tout dans une Tchécoslovaquie fragilisée par l'invasion russe, soumis à l'espionnage, la paranoïa, la dictature.
Au delà de l'histoire romancée, Kundera pose beaucoup de questions, tente d'y répondre par lui-même (en tant que narrateur), ou par ses personnages. de ce fait, l'essai prend le pas sur le roman et ce n'est pas désagréable.

J'ai aimé la psychologie qu'il met dans ses personnages en avançant une histoire puis en revenant sur le passé d'un personnage, puis d'un autre pour expliquer les interprétations, les sentiments exacerbés des uns ou plus volages des autres.
Il joue avec ses lecteurs en alternant ces prises de points de vue mais aussi en jouant avec les lieux, on voyage de Tchécoslovaquie en Suisse, dans des grandes villes comme des villages mais également dans le temps en faisant de nombreux allers-retours.

Je n'ai moi-même eu de cesse de faire des allers-retours pour relire des passages pour l'histoire mais aussi pour comprendre où il veut nous mener. Ce livre est axé sur des dualités, puisque dans toute chose il y a un pendant positif et un pendant négatif : amour physique/ amour véritable, être/non-être, légèreté/pesanteur. Ce qui pose alors la question: quel est le pôle positif et le négatif ? dans quelle mesure ils s'inversent, ils se complètent, ils sont le plus néfastes ?

Au sortir de cet oeuvre, je ressors moins "légère" car emprunte de toutes ces réflexions, avec des moments torrides, passionnés dans l'amour mais aussi des instants graves, entravés dans cette soumission russe et surtout des moments de grâce bercés par le langage poétique, simple et vrai de Kundura.
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Je n"ai pas aimé cette lecture au risque de choquer beaucoup de lecteurs : je n'ai pas été sensible aux atermoiements, hésitations du héros que j'ai interprété comme autant de lâcheté, un héros qui pour moi n'en n'est pas vraiment un.
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L'insoutenable légèreté de l'être est un roman de l'exil et de la persécution.
Il parle de la légèreté, de la pesanteur, de philosophie, d'amour.
Prague, 1968.
Tomas est un chirurgien adepte de la légèreté, volontairement libre de toute pesanteur. Sabina l'artiste est la légèreté incarnée. Térésa représente la pesanteur. Fuyant la vie provinciale elle croit en un idéal romantique.
Lorsque les chars soviétiques arrivent pour mettre fin au Printemps de Prague, Tomas et Térésa s'exilent vers la Suisse. Mais la jeune femme décide de rentrer et laisse Tomas face à un choix.
L'idée que chaque choix ne peut être fait qu'une seule fois et ne possède qu'un seul résultat possible est insupportable , tout comme l'idée qu'il nous est à jamais impossible de savoir ce que d'autres choix auraient donné.
Un livre magnifique, la grande littérature que j'aime et relis avec toujours autant de plaisir.
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Meilleure lecture de l'année pour moi. Mon premier Kundera c'est donc une belle découverte. Un roman très original, parfois sombre et introspectif, parfois provocateur et farfelu dans ses thèmes. Mais ce qui m'a vraiment plu c'est le courage de l'auteur pour dénoncer l'occupation russe de sa Tchécoslovaquie natale après l'invasion de 1968. L'ambiance devient Kafkaïenne, clin d'oeil au plus grand auteur tchèque. On retrouve tous les vieux ressorts du stalinisme. Un sujet qui résonne tellement avec l'actualité. Je comprends la "légèreté" comme une sorte d'instinct propre à l'humain, un désir de liberté irrépressible de la société dans les pays de l'ex-URSS.
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Lecture intéressante mais parfois un peu ardue.
J'en retiendrai le contexte politique dans lequel se passe l'histoire qui est celui de l'invasion russe en tchéquoslovaquie avec les habituelles poursuites des intellectuels.
Les personnages vivent difficilement leurs relations amoureuses dans cette tourmente et cherchent péniblement leur identité.
J'ai beaucoup aimé le style, ainsi que les nombreuses réflexions philosophiques souvent bien tapées.
J'avoue pourtant avoir un peu décroché dans les quarantes dernières pages et, notamment, les longs discours sur le kitsch...
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Mouais pas le bon moment de lecture que j'attendais. Pas que c'est nul, même si parfois le style est complètement indigeste, mais je ne suis pas arrivée à rentrer dedans.

Déjà, je n'ai pas trouvé que ce roman avait un raisonnement philosophique. J'ai beaucoup entendu dire ça sur ce livre, et c'est la raison pour laquelle je l'avais acheté, mais à ce niveau là déjà déception. Certes y'a des images, des rêves, des métaphores, des raisonnements, mais pour moi ni plus ni moins que dans d'autres romans. En fait pour être sincère ce livre n'a absolument rien soulevé en moi comme question, ce qui à la base est le propre d'un essai ou d'un roman philosophique. Sans compter que parfois je n'ai pas du tout pigé les tripes de l'auteur, même en cherchant.

En ce qui concerne les personnages, là aussi, il n'y a eu aucun écho en moi, et en particulier sur les sentiments de ces derniers. Pour ma part ça sonnait creux. Je ne suis pas arrivée à trouver les personnages attachants. Pourtant, habituellement, j'aime les romans où les protagonistes sont torturés sur une période (je précise "période" car là c'est très important), mais curieusement ici ça n'a pas pris du tout, sans doute parce qu'ils sont plutôt du genre à soupirer et à se supporter ainsi toute une vie, attitude que je n'aime pas vraiment. Je ne dis pas que leurs peurs, leurs doutes, leurs désirs, ne sont pas justifiés, mais de là à se laisser dominer par ça, euh non désolée. L'équilibre et la liberté existent, on n'est pas forcément prisonnier de sa vie, et de ses pulsions.

Maintenant sur le contexte politique que le livre met en avant, je dois dire que là j'ai peu ou prou suivi, ça ne m'intéressais pas. Au début oui, mais ensuite non j'ai vite décroché. du coup là dessus je ne vais pas me prononcer.

D'aucun diront que je n'ai rien compris au bouquin, pourtant je crois plutôt, non même pas j'en suis sûre, que ce livre se trouve à 1000 lieux de mon état d'esprit et de ma façon de voir les choses, et c'est certainement ce qui explique pourquoi je ne suis pas arrivée à rentrer dans le côté psychologique et philosophique de ce dernier. Oui y'a des belles phrases, oui ma vision des choses pourrait parfois rejoindre celle de l'auteur, (et encore je ne trouve pas de passage à citer en exemple), mais même s'il est possible qu'elles se rejoignent, on n' a pas choisi du tout le même chemin pour y parvenir. Après tout, la philosophie est une affaire personnelle... Alors le mieux c'est d'essayer pour voir.
Lien : http://voyagelivresque.canal..
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L'auteur annonce la couleur sur la portée philosophique de l'histoire qui nous attend en introduisant son roman par deux théories :
- celle de Nietzsche sur l'éternel retour
- celle de Parménide selon laquelle l'univers est divisé en couples de contraires : lumière/obscurité, épais/fin, chaud/froid, l'être/le non-être, … un pôle étant considéré positif et l'autre négatif.

Ses considérations sur ces deux théories l'amènent à se demander laquelle de la pesanteur ou de la légèreté constitue le pôle positif.

Mais pas de panique, car la trame relate de façon fluide et romanesque les relations amoureuses de deux couples Tomas/Tereza et Sabina/Franz avec comme toile de fond l'invasion soviétique qui met fin au printemps de Prague.

Deux histoires d'amour qui s'entrecroisent et vont nous offrir les points de vue de chacun des protagonistes, leurs sentiments, perceptions, contradictions, leurs choix aussi.

Des protagonistes représentant de manière métaphorique le fardeau ou la légèreté, un statut non immuable qui évoluera (ou pas) au fur et à mesure de l'histoire, pointant ainsi l'ambivalence de l'être humain.

Le roman est divisé en chapitres très courts souvent ponctués des réflexions personnelles du narrateur omniscient. Un découpage qui permet au lecteur de faire une pause pour réfléchir à son tour sur une multitude de choses comme le hasard, la destinée, l'amour, la fidélité, la sexualité, le conformisme, la politique, l'art, L Histoire, …

Un roman d'une richesse incroyable qui met en exergue les difficultés de rester fidèle à soi-même et l'imprévisibilité de l'existence qui comporte une multitude d'éventualités dont la plupart resteront inexplorées.

« L'histoire est tout aussi légère que la vie de l'individu, insoutenablement légère, légère comme un duvet, comme une poussière qui s'envole, comme une chose qui va disparaître demain ».
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