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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Marianne admirait sa cousine Martine quand elles ont passé des vacances ensemble chez leur grand-mère. Marianne avait neuf ans, Martine treize. La grande prenait un malin plaisir à jouer les affranchies devant sa cousine timorée et la poussait à faire des bêtises. Elles n'avaient pas la même vie : Martine subissait la misère et les coups, Marianne était élevée dans un cocon.
Les cousines ne se sont guère revues depuis.
Elles se retrouvent plus ou moins par hasard une trentaine d'années plus tard. L'occasion pour Marianne de se rapprocher de sa famille maternelle. Triste famille en vérité où les mères rudoient les gamins, où les femmes sont alcooliques, dominent mais se font néanmoins copieusement tabasser par leurs hommes encore plus ravagés qu'elles par la picole.
Après avoir occupé des postes confortables de graphiste-designer, Marianne est au chômage. Elle y voit l'opportunité d'écrire un livre sur cette cousine. Elle la rencontre fréquemment sous ce prétexte. Elle s'y brûle les ailes, se mettant à boire elle aussi - passerelle obligée pour renouer avec cette famille dont sa mère l'a toujours tenu à l'écart ? Auto-complaisance au malheur dans cette quête étrange et dangereuse qu'elle ne comprend pas elle-même ? Rôle trouble de la cousine qui l'entraîne plus ou moins volontairement de l'autre côté du miroir ?

Terrible récit dont le côté sordide rappelle le 'Darling' de Jean Teulé.
Réflexions intéressantes sur les relations mère-fille, le poids de la famille, la fascination du glauque même (ou surtout ?) quand il est si proche... mais chez les autres.
Quel dommage que l'auteur finisse par nous enliser dans les jérémiades nombrilistes de la narratrice. Elle en voudrait à sa mère qui, en coupant les ponts avec sa famille, l'a empêchée de tutoyer la misère ? Pauvre petite fille un peu riche jusqu'alors épargnée par les problèmes financiers et le mal de vivre, le dégoût de soi. Pauvre femme privilégiée qui envierait ceux qui méritent la compassion des autres, telle cette cousine dans la mouise, alcoolique depuis l'adolescence, et brutalisée ?

Ne vous laissez pas tromper par le titre : cet ouvrage est noir et dérangeant, mais ce n'est pas un roman policier. On ne le lit pas dans le même état d'esprit qu'un thriller, loin s'en faut.
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Voilà un livre que j'ai trouvé exigeant avec son lecteur. Nathalie Kuperman fait partie pour moi des écrivains de talent du XXIème siècle. Elle n'est pas seulement une raconteuse d ‘histoires. Ses romans sont aussi des terrains d'expérimentation pour questionner des thématiques profondes : la maternité et l'amour filial, l'inscription dans les gènes de l'histoire familiale ou encore les moteurs de l'écriture romanesque. le récit est ici construit en une vaste boucle qui commence à l'enterrement de la tante de la narratrice, Marianne et qui y reviendra pour conclure la démonstration. La romancière va s'attacher à justifier « les raisons de son crime ». Celui de Marianne, le sien, celui de bon nombre d'auteurs de roman. Dans la genèse d'un roman, il y a souvent un besoin cathartique d'exploration d'un drame familial, d'un secret enfoui, de sentiments puissants de l'enfance, de souffrances à expurger une bonne foi pour toutes. Marianne va retrouver lors de ces obsèques réunissant toute la branche maternelle de sa famille, sa cousine Martine dont elle a été séparée par sa mère qui jugeait ce côté de la famille non fréquentable. Attirée comme un papillon par la lumière, Marianne qui était fascinée par l'aplomb, la beauté sauvage et l'arrogance de sa cousine, retombe sous le charme pervers de cette femme aujourd'hui rongée par l'alcool et la misère. Marianne est dans une situation difficile, séparée du père de sa fille, elle vient de perdre son travail. Au lieu de rebondir et de prendre en main sa vie, sous prétexte d'écrire un roman sur Martine, elle va s'engluer dans son histoire familiale, chercher à dénouer les liens qui unissaient les membres féminins de cette branche maternelle et au final, s'emmêler volontairement dedans. Comme soumise à un déterminisme génétique, elle s'englue dans la dépression et l'alcool en prenant un malin plaisir à singer ces figures féminines monstrueuses dont sa mère a toujours voulu la préserver. En tant que lecteur, on assiste - impuissant spectateur - à cette noyade volontaire. Certains passages mettent mal à l'aise, on a nous aussi du mal à respirer. le récit va tourner sur lui-même comme une toupie jusqu'à nous en donner le tournis. C'est le talent de Nathalie Kuperman qui malgré cette écriture spiralaire ne perd jamais son objectif de vue : prendre à partie son lecteur sur la légitimité de l'entreprise romanesque, celle de Marianne, celle de Nathalie Kuperman, autrice, celle de tout écrivain qui trempe sa plume dans sa propre existence.
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Prix de la Closerie des Lilas 2012, Les raisons de mon crime de Nathalie Kuperman (romancière), qui baigne dans l'enfer de l'alcool fort (tout sauf piquette), ne se boit pas cul sec, ni ne se sirote. On débouche et on avale, puis on dessoûle vite sous peine d'hallucinations comme Marianne, qui à trop s'identifier à sa cousine Martine (retrouvée à l'occasion de l'enterrement de sa tante "la duchesse", "la pute", "la pocharde") alors que, journaliste au chômage elle veut écrire un livre sur elle, se met à boire comme un trou.
J'avoue que le sujet (plongée dans la misère, la déchéance d'enfants et femmes battus, détails violents ignobles) n'est pas vraiment ma tasse de thé, mais je reconnais le talent de Nathalie Kuperman à créer une ambiance sordide, à manier la logorrhée de Marianne pour la rendre crédible de questions intimes en découvertes familiales.
Deux portraits forts d'ogresses qui se font bouffer (excusez l'expression, vocabulaire oblige). Un en quête d'identité. .Une bonne description psychologique de la dépendance (à l'alcool et à la mère), des rapports mères/ filles,du choix du conjoint, de la solitude. le destin s'inscrit-il dans nos gènes? Peut-on en changer? Vite de l'eau de roses!
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Marianne vient de perdre son emploi, elle élève seule sa fille Fanny et sombre doucement dans une crise existentielle, voire une dépression depuis sa perte d'emploi et le décès de sa mère. Ses retrouvailles fortuites avec sa cousine Martine, perdue de vue depuis une bonne vingtaine d'années va bouleverser encore un peu plus une vie en équilibre fragile.
Martine était un modèle de beauté et d'assurance pour Marianne lorsque, adolescentes, elles passaient leurs vacances ensemble. Mais la mère de Marianne avait décidé de couper les ponts avec sa soeur surnommée Biquette et sa nièce Martine au prétexte qu'elles étaient peu fréquentables.
En effet, Biquette avait rapidement sombré dans l'alcool alors qu'elle était encore institutrice en maternelle, et déclarait fièrement, telle une mante religieuse, avoir été veuve sept fois !
Quand Marianne rencontre Martine chez elle, c'est un choc. Elle vit dans quinze mètres carrés avec Lucien, homme paumé et souvent violent. Marianne décide, avec l'accord de Martine, d'écrire un livre sur elle, trouvant là prétexte à renouer des liens où la fascination l'emporte sur une certaine forme de dégoût pour cette cousine qui boit du matin au soir et vit dans une précarité affective et matérielle indéniables. Pourtant, Martine semble moins en difficulté que Marianne…
L'auteure admet avoir écrit un roman assez autobiographique. Martine n'est autre que la Sylvie de sa dédicace. La dureté parfois insoutenable des faits rapportés prouve une volonté d'authenticité et essaye de rendre compte sans fard, objectivement.
Pourtant, l'émotion constante que l'on ressent chez Marianne trahit parfois une volonté de travestir, d'embellir une réalité au-delà du supportable. Les sentiments extrêmes sont portés par une écriture vibrante, souvent à la limité de la rupture. Les paragraphes et les chapitres s'enchainent parfois dans une confusion émotive qui nous fait perdre le fil. L'auteure parle-t-elle de Marianne ou de Martine ? de Martine ou de Biquette ?
Voulu ou pas, ce déroulement chaotique bouscule tout sur son passage comme une rivière longtemps restée calme déborde et submerge tout avec ses eaux boueuses et son limon abject et nauséabond sorti des profondeurs de la mémoire refoulée de ces personnages hors du temps.
Le lecteur se doit de rester solidement accroché à son fauteuil car les turbulences sont nombreuses. Malgré tout, il trouvera entre les lignes matière à renouveler sa propre vision de l'humanité. La beauté et l'amour prennent parfois des formes auxquelles on ne nous a pas préparés.
Nathalie Kuperman a signé là un ouvrage très réussi entre fiction et réalité, touchant à l'intime et à tout ce qui mérite d'être exhumé dans la nature humaine parfois si complexe. Merci à elle de bousculer avec talent les certitudes que l'on se forge au fil du temps et de notre expérience incomplète par nature.

Michelangelo 26/10/2019

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Deux cousines se retrouvent lors d'un enterrement.
Elles décident de se revoir et l'une d'entre elles écrit la vie de l'autre.
Marianne se jette à corps perdu dans ce projet délétère, afin de comprendre pourquoi Martine, cette cousine autrefois si belle et si sûre d'elle, a fini dans un appartement de 15 mètres carrés, démolie, sans un sou, rongée par l'alcool et les ratages tous azimuts.
D'où vient cette fascination pour la déchéance de Martine, alors qu'elle-même vient de perdre son emploi, fait l'expérience de la pauvreté, se met à boire pour se rapprocher de son sujet ?

Un roman sur elles deux, leurs mères respectives et leur grand-mère commune. Comprendre Marianne… Que cherche-t-elle en fait ?
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