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3,83

sur 555 notes
Avant de donner mon avis, je tiens à adresser un immense merci aux éditions Points et à Babelio pour leur confiance pour cette opération Masse critique.

Autobiographie, plaidoyer antimilitariste, roman de science-fiction, Abattoir 5 de Kurt Vonnegut est tout cela à la fois. C'est un remarquable réquisitoire contre la guerre, ou plutôt les guerres et contre le cortège d'horreurs qui les accompagne.
Ce roman en grande partie autobiographique s'inspire de l'expérience traumatisante de Kurt Vonnegut : prisonnier de guerre à Dresde durant la seconde guerre mondiale, enfermé dans l'Abattoir 5 (qui inspira le titre de son roman) il connaît l'enfer d'un des pires bombardements de cette guerre qui détruira presque entièrement la ville et fera plus de 20 000 morts.

Abattoir 5 apparaît donc comme une tentative d'exorcisme de cette nuit d'horreur qu'a vécu Vonnegut, et qu'il ne peut affronter sans le secours de la fiction.
Le roman nous transporte, de manière comique, en jouant avec les codes du genre de la science-fiction : voyage dans le temps, enlèvement par les extra-terrestres...
Mais ici la science-fiction ne sert qu'à camoufler la vérité. Une vérité que Billy Pilgrim, héros du livre et avatar de l'auteur, refuse de toutes ses forces.
Une réalité qu'il cherche à repousser dans le domaine de l'imaginaire, comme pour la rendre plus supportable et lui éviter de sombrer dans la folie.

Si je dois relever un petit bémol à cette nouvelle édition, ça serait la traduction du leitmotiv du personnage de Billy Pilgrim "c'est la vie", ponctuant chaque mention de décès, qui est devenu "ainsi vont les choses". Cependant cette variation ne devrait pas perturber les nouveaux lecteurs.

En bref, c'est un roman délirant faisant preuve d'un humour noir jubilatoire et d'une construction alambiquée.
«Abattoir 5 ou la Croisade des enfants» fait partie des classiques de la science-fiction à lire et relire absolument.
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Enfin! Depuis le temps que ce livre est dans ma PAL, il aura fallu le challenge de Jamik pour prendre le temps de le lire. Merci!
Je m'attendais à une lecture plus complexe en fait. Mais c'est une lecture fluide qui m'a cueillie. Billy Pèlerin fait des allers retours dans le temps, tantôt étudiant, tantôt jeune marié, tantôt soldat, tantôt veuf. Il navigue dans le temps, mais aussi l'espace : Ilium aux Etats Unis, Dresde en Allemagne ou à bord du vaisseau des Tralfamadoriens. Oui, car en plus des bons dans le temps, il y a des extraterrestres dans ce texte. Et étonnamment tout cela paraît tellement cohérent. Il faut quelques secondes chaque fois à Billy pour passer d'un état à un autre (comme nous lecteur en fait), mais pas plus. Ce personnage reste d'un flegme, d'une distance incroyable. de la bêtise ou de la philosophie ? Sûrement un peu des deux. En tout cas j'aime l'idée Tralfamadorienne qui veut que même un mort est en vie quelque part, simplement pas sur le même ligne de temps que notre présent. Une forme d'immortalité réconfortante, comme je comprends Billy!
Mais finalement ce n'est pas tant le côté "science-fiction" qui prime le plus pour moi dans l'oeuvre. C'est plus la dénonciation de l'absurdité de la guerre. Les comportements, les évènements de la seconde guerre que rencontre Billy paraissent tellement futiles, ou absurdes, ou ridiculisés. C'est la vie.
Peut-être pas l'oeuvre parfaite en ce qui me concerne, car j'ai eu trop de mal avec le premier chapitre, mais un texte que je suis ravie d'avoir finalement lu et apprécié.
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J'ai été très surpris par le premier chapitre. Car en fait de premier chapitre, ce serait plutôt une introduction. Me suis -je trompé sur le genre de lecture dans laquelle je m'embarque avec ce livre ? Mais le début du chapitre 2 se veut rassurant, mettant en place le personnage dont il est question sur la quatrième de couverture.

Mais au final, j'aurais préféré que ça continue comme au chapitre 1. Parce que les changements de point de vue toutes les pages... sans continuité narrative autre que le héros... beurk. Billy est en train de se prendre une cuite, dans les années 60 (ou 50... c'est sans importance.) galérer avec trois autres soldats dans la campagne allemande, enfin je crois. Et j'en oublie. non, décidément, je n'adhère pas et je ne finis pas cette lecture.

En bref : Je ne saurai dire à qui conseiller cette lecture, ni, a contrario, à qui la déconseiller. Pour ma part, j'avais adoré Nuit noire et le grand voyage, mais là ! non. Sans moi.
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Ainsi va la vie

Présentation :

Vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, le Germano-Américain Kurt Vonnegut a choisi l'alibi de la science-fiction pour construire une oeuvre, qu'on hésite toutefois à faire entrer dans ce genre littéraire. Par nature hostile à toute forme de classification, me voilà ravie de pouvoir considérer cette histoire comme inclassable. Néanmoins pour les irréductibles puristes qui voudraient coûte que coûte faire entrer chaque chose dans une case, il est toujours possible de qualifier cette lecture de pamphlet antimilitariste. Et surréaliste aussi, comme aurait pu le dire Hugh Grant... Par certains aspects, ce texte emprunte également à la satire. Inclassable, que je vous dis. C'est ainsi que, sur un ton incomparable, l'auteur a échafaudé une histoire rocambolesque qu'il déclare « vraie » au prétexte que « tout ce qui touche à la guerre n'est pas loin de la réalité. » De plus, au sujet de l'absurdité du monde et de l'inconséquence des individus qui le peuplent, toujours prompts à commettre mille turpitudes, ce récit n'est pas sans rappeler l'ironie caustique de Voltaire à l'égard des pérégrinations de son Candide. Du coup, avec cette référence à Voltaire, ce livre tiendrait même du conte philosophique ! Le tout saupoudré d'une belle dose d'irrévérence envers la société tout entière ; instances civiles et religieuses n'ayant pas non plus été épargnées.

Quant au sous-titre « La croisade des enfants », celui-ci ne fait pas seulement allusion à la croisade des enfants de 1212 mais à la guerre elle-même que des hommes d'âge mûr envoient faire à leur place par des « gosses » ; en l'occurrence des garçons à peine sortis de l'adolescence dont certains n'atteindront jamais la vingtaine ou, si d'aventure ils en réchappent, subiront les affres de ce que la psychiatrie moderne a nommé « syndrome de stress post-traumatique ».

Histoires dans l'histoire :

Pour parler du contexte de l'époque, il faut savoir que Kurt Vonnegut, alors incorporé dans l'infanterie américaine, a été fait prisonnier par les Allemands en 1945 et qu'il assistera à la destruction de Dresde par les Américains. Dans Abattoir 5, cette tragédie hante l'esprit de Billy Pèlerin, sorte de double de l'auteur, puisque ce personnage central a aussi été témoin du bombardement de cette même ville allemande, tandis qu'il avait trouvé refuge dans une cavité sous un abattoir désaffecté. À partir de son expérience, nous sera retracé l'étrange parcours de Pèlerin, cet Américain moyen opticien de profession.

Une fois revenu à la vie civile, Pèlerin rentre dans le rang, se marie, a deux enfants. Un jour, un vaisseau spatial extraterrestre l'enlève pour l'emporter sur la planète Tralfamadore située à des milliards de kilomètres de la Terre. Dans cette dimension parallèle, il connaîtra une autre femme terrienne, une star du X dont il s'éprend et qui, elle aussi, avait été kidnappée. Le héros sera ensuite en mesure de saisir la vraie nature du Temps, avec un T majuscule, à savoir le Temps selon les Tralfamadoriens. En effet, pour ces drôles de créatures hautes de deux pieds, notre temps linéaire sonne comme une aberration. Il n'y a bien qu'un pauvre esprit limité de Terrien pour avoir recours à des notions aussi farfelues que le passé, le présent et le futur…

Après cette révélation, on comprend aussi pourquoi Pèlerin survole plus son existence qu'il ne la vit. En effet, son abduction lui a donné la capacité de « décoller du temps », qui le rend comme étranger aux événements, un peu comme si son super pouvoir lui permettait d'évacuer les atrocités de la guerre en passant sans cesse d'une période à l'autre de sa vie. On pourra y voir une espèce de métaphore de ce qu'on appelle aujourd'hui la « résilience ». Ici, il s'agit de s'extraire de la réalité pour échapper à l'horreur.

Mon avis :

La mort fait partie de la vie, à plus forte raison quand la guerre s'en mêle. Pour le dire trivialement, ce roman a donc été construit autour de cet enfonçage de porte ouverte et, je le répète, dans un style pareil à aucun autre.
Notons aussi que, peu après la fin de la guerre, Pèlerin entre en clinique psychiatrique où un certain Eliot Juderose lui fait découvrir les romans de Kilgore Trout, un auteur de science-fiction qu'on peut qualifier d'obscur vu le portrait peu reluisant qui en est fait. Dans une réplique irrésistible Juderose dira même : « Je suis le seul à avoir entendu parler de lui. Il n'a pas publié deux livres chez le même éditeur et chaque fois que je lui écris aux bons soins d'une maison d'édition, elle a fait faillite et la lettre m'est retournée. » Humour d'écrivain… qui a d'ailleurs un sens aigu de l'autodérision. Autre aparté qui en dit long : « Si seulement Kilgore Trout écrivait bien, gémit Juderose. Il y avait du vrai là-dedans : Kilgore Trout méritait son peu de succès. Il écrivait comme un cochon. Tout ce qu'il avait c'était de bonnes idées. » Comme si cette considération renvoyait au parti pris narratif de ce roman – inclassable donc – qui déroule des fragments de vie décousus mais qui, en définitive, forme un tout cohérent si on s'en tient à la logique tralfamadorienne. J'ai pour ma ma part trouvé les idées de ce roman assez bonnes en effet, et pas si mal écrit que ça.
Lien : http://scambiculturali.over-..
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Kurt Vonnegut Jr. est né à Indianapolis en 1922 et décédé en 2007. C'est la vie.
Engagé dans l'armée américaine pendant la seconde guerre mondiale, il se retrouve isolé durant la bataille des Ardennes et, après quelques jours d'errance, est fait prisonnier par l'armée allemande. Il se retrouve alors à Dresde, forcé de travailler dans un abattoir.
Entre le 13 et le 15 février a lieu de bombardement de la ville par les alliés, 7000 tonnes de bombes sont déversées en trois vagues qui feront des dizaines de milliers de morts.
Kurt Vonnegut Jr. est l'un des sept rescapés américains, sauvés pour s'être enfermés dans une cave d'abattoir (Slaghterhouse Five). Les autorités nazies l'affectent à la récupération des cadavres pour la fosse commune, mais leur nombre est tellement important que l'ouvrage des bombes doit être terminé au lance-flamme.
C'est la vie.
Passablement traumatisé par cette expérience, Kurt Vonnegut Jr. essaya pendant des années de sortir son livre sur le bombardement de Dresde, sans toutefois parvenir à en écrire un seul mot. C'est seulement en 1969 qu'il abordera cette étape marquante de sa vie dans un roman de Science-Fiction (en est-ce vraiment?), Abattoir 5 ou La Croisade des Enfants.

On y suit Billy Pilgrim, vétéran américain ayant été fait prisonnier par les allemands et ayant survécu au bombardement de Dresde; dans les années 60, il vit avec sa femme, son chien et ses deux enfants. Billy est détaché du temps et se retrouve à parcourir les différentes époques de sa vie, tantôt en pleine seconde guerre mondiale, tantôt avec sa famille et même, parfois, sur la planète Tralfamadore où il vit sous un dôme de verre dans une petite pièce douillette, accompagné d'une actrice sur qui il avait flashé dans un Drive-In.
Passant sans cesse d'une époque à l'autre, Kurt Vonnegut Jr nous offre un livre en tous points atypique, nous faisant découvrir Billy via des tranches de vie naviguant entre rires et larmes. le bombardement de Dresde est bien évidement partie centrale de ce roman quasi-autobiographique et le discours y est profondément anti-militariste. Souvent cruel et absurde, Abattoir 5 regorge également d'un certain humour très sombre et cynique en faisant un roman finalement assez léger, malgré le tragique des thèmes abordés.

Resté pendant trois mois en tête des best-sellers américains, Abattoir 5 est un roman étrange et fascinant à côté duquel il serait dommage de passer.
A noter que George Roy Hill en fera une adaptation cinéma en 1972 , elle aussi tout à fait recommandable !
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Ce classique de la science-fiction clairement anti-guerre se trouvait dans quelques-une de mes diverses listes depuis bien longtemps, sans que je sache vraiment ni son genre ni son thème. Je pensais simplement que c'était un incontournable horreur-science-fiction. Mais bel et bien à es milliers d'années lumières de ce à quoi je m'attendais.

Quel livre étrange ! D'abord le ton, naïf, décalé, voilant à-demi et si finement une déclaration sur les horreurs et l'absurdité de la guerre.
D'entrée, on suit Billy Pilgrim, un personnage qui ne maîtrise rien de sa vie, dont chaque décision n'en est pas une mais plutôt une orientation forcée par quelqu'un ou quelque chose d'autre. Sa vie, avant même son premier voyage dans le temps, semble être manipulée par tous les caractères plus forts qui l'entourent. de son enfance à ses études, son boulot, la guerre, on le suit d'incident en poussée qu'il subit dans un état second, ponctué de ses réflexions décalées sur les événements. Les témoignages de guerre eux-mêmes voient leur horreur soulignée par des moments absurdes et des bonds dans le temps qui semblent tout à logiques dans leur absurdité.
Les extra-terrestres sont hilarants et bourrés de grandes déclarations sur l'absurdité de l'humanité qui s'entête à poursuivre ses grandes entreprises et ses atrocités sous des prétextes qu'ils veulent logiques aveuglant ses pions de propagande idéalisant la guerre, voilant la décadence de leur civilisation. Quelques extraits de discours justifiant les bombardements atomiques puis de livres d'histoire glorifiant la décimation de villes entières au nom de la lutte contre le grand ennemi, le Mal, sont particulièrement géniaux, rappelant le but de l'auteur. Celui-ci ponctue son récit du leitmotiv philosophique des Tralfamadoriens "So it goes", évoquant une histoire humaine cyclique, de répétitions de massacre au nom de causes qui n'en sont pas. Absurdité. Génie !

Un drôle de livre qui a régalé mon côté cynique accompagné du questionnement constant, qui du "je" et du "il" est le personnage, le narrateur et l'auteur?
Effectivement un incontournable. À mettre entre toutes les mains de lecteurs de science-fiction et même de curieux de réflexion alternative sur les civilisations occidentales et la guerre.
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C'est le deuxième roman américain sur le traumatisme de la guerre que je lis récemment. Celui la raconte une page inconnue de la libération de l'Europe en 1945, alors que l'avancée des alliés vers l'est était émaillée de morts, de prisonniers et de massacres perpetués par les belligérants (où l'on se voit confirmer que le bombardement de Dresde fut plus meurtrier qu'Hiroshima et tout aussi inutile).
Mais, par rapport à Tim O'Brien (Les choses qu'ils emportaient) qui parle à nos émotions, ce petit livre parlent à notre mémoire, mais ne parvient pas à nous prendre au coeur.
L'auteur annonce dès le début qu'il n'y a pas matière à faire un livre sans délayer, la préface annonce les ressorts de la narration temporelle et du coup, tout est prévisible et sans surprise. De plus le style atténue tout avec un humour de second degré pas toujours à propos.
C'est sympa à lire, intéressant, mais sur ce sujet j'attendais tellement mieux.

Un conseil : lisez la préface en dernier !
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Se sentir vivant passe, souvent, par la mise en danger voire par l'expérience (subie) de la violence ; comme dirait philosophiquement le narrateur d'Abattoir 5, "c'est la vie". L'omniprésence de la violence et de la mort - non seulement elles, mais aussi l'idée même de la violence et l'idée même de la mort - imprègne particulièrement nos sociétés. En cela la guerre n'est que l'aboutissement logique d'un système de pensée qui accepte la mort par la violence, voire l'appelle en l'affichant partout : dans les objets culturels, dans les statistiques, dans les canaux d'information ... Dans Abattoir 5, la guerre est omniprésente car la structure même du roman mêle toutes les époques dans lesquelles se retrouve le personnage principal, Billy Pèlerin (Billy Pilgrim en anglais : sorte d'Américain moyen, symbole d'une demi réussite sociale et du pion de l'Histoire politique de son pays).

Billy Pèlerin voyage dans le temps. En un clignement d'oeil, il se retrouve soldat dans les Ardennes, opticien dans la ville d'Illium, prisonnier de guerre dans une ville qui sera rasée prochainement, nouveau-né ou veuf qui prédit sa propre mort un beau jour de 1976. Il est aussi capturé par des extraterrestres appelés Tralfamadoriens pour lesquels le temps n'est qu'une dimension supplémentaire. Cette position de voyageur temporel lui vaut de connaître par avance sa vie, de vivre avec les souvenirs d'événements qui ne sont pas encore arrivés, et de vivre dans un certain relativisme puisque les choses devant arriver, mieux vaut les accepter afin de vivre heureux.

Si la mort est partout, la vie, elle, tente de s'en dépêtrer. On notera que, dans cette tension permanente qui interroge tout de même la propension extraordinaire de l'être humain à exterminer ses semblables, que le titre relève du paradoxe. Car c'est dans un abattoir, lieu de mort par excellence (mort industrialisée, comme en fut l'instrument la Seconde Guerre mondiale) que survit à l'un des plus grands cataclysmes de l'Histoire, c'est-à-dire le bombardement de Dresde le 13 février 1945, le dénommé Billy Pèlerin ainsi que, de façon plus réelle, l'auteur alors soldat ou plutôt prisonnier de guerre, Kurt Vonnegut.

Pour autant, cette guerre que décrit Vonnegut n'est jamais celle, idéalisée, des grandes fresques historiques. Avec Billy Pèlerin en étendard, la guerre tient plutôt de la farce que de l'épopée. On suit des soldats fuyant dans les Ardennes et rêvant à des engins de torture ; on s'accoutre de vêtements grotesques pour survivre dans l'hiver allemand ; on dresse des listes de personnes dont on voudrait se venger alors que l'on n'encaisse pas même un coup de poing ; on fusille un prisonnier de guerre dans un désert de ruines pour un vol de théière. La guerre est absurde par les formes individuelles qu'elle prend.

Tandis qu'il assiste sans cesse aux mêmes scènes de sa vie, qu'il revit sans arrêt les années de guerre qui ont, sans aucun doute possible, véritablement marqué l'auteur Kurt Vonnegut, Billy Pèlerin a encore l'audace, alors qu'il se trouve sur Tralfamadore, d'interroger ses hôtes sur le libre-arbitre. A la lecture de ce roman, on serait presque tenté de préférer la logique de la destinée, qui au moins interdit aux hommes tout autre comportement que celui du guerrier, car l'homme serait alors victime et non décisionnaire dans les massacres qu'il perpétue. La vision cyclique du temps qu'a Billy Pèlerin, et qu'à un échelle plus large on pourrait avoir de l'histoire de l'humanité, montre pourtant que l'Homme fait les mêmes choix, sans réellement retenir les leçons du passé.

Le temps, disent les Tralfamadoriens, n'est pas qu'une succession d'événements. Il imprime aussi en chacun de nous, et durablement, les strates de ce que nous avons vécu. Si eux-même voient les humains comme de véritables monstres dotés de bras de bébés et de jambes de vieillards, il faut y voir une métaphore. le temps laisse en nous de durables empreintes et Kurt Vonnegut, en écrivant Abattoir 5, creusait justement dans son temps personnel pour y restituer une partie de son vécu, et probablement la terreur qu'il vécut le 13 février 1945, dans l'abattoir n°5, à Dresde.
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[Relecture]

Abattoir 5 ou la croisade des enfants de Kurt Vonnegut, traduit par Lucienne Lotringer

J'ai relu il y a quelques semaines ce livre qui m'avait paru complètement fou et génial à l'époque de ma première lecture. (Oui, je relis, je sais, ça paraît dingue à beaucoup d'entre vous).

Je confirme mon attachement à ce livre pour lequel je suis bien en peine de vous offrir un résumé, puisqu'il ne dirait rien de la construction épique du livre ni de la de manière imprévisible dont il nous fait décoller du temps.
Simultanément et de manière fragmentée, nous vivons avec son héros Billy Pilgrim différents moments de sa vie, du bombardement de Dresde à une lune de miel, en compagnie de sa fille ou en celle d'une starlette, enfermé dans un zoo sur la planète des Trafalmadoriens, soldat dans les Ardennes ou en conférencier sur les soucoupes volantes.
Voyez le genre, ça ne se raconte pas, ça se lit, et ça nous défait
Donc oui, lisez ce livre qui sous un sens de l'humour particulier, issu d'une puissant sens de l'absurde, se cache un des meilleurs pamphlets antimilitaristes.

À lire !
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Un pamphlet rageur et déroutant contre la guerre, mais pas seulement.

Ce livre foisonnant n'a que deux sous-titres, ce qui est manifestement insuffisant, mais à l'impossible, nul n'est tenu et il fallait laisser de la place pour cette curieuse notice biographique, qui couvre le reste de la page de garde.

Le bombardement et la destruction totale de Dresde par l'aviation américaine à la fin de la seconde guerre mondiale. Qui d'autre que Kurt Vonnegut pouvait traiter d'un tel sujet -- et avec une telle force -- par l'absurde ?

Un livre culte, inclassable, probablement détesté autant qu'il est vénéré. Ainsi vont les choses.
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