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3,83

sur 555 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un monument.

Tel Joseph Heller et son « Catch 22 », Vonnegut choisit la voie la plus difficile pour nous parler de la guerre : la loufoquerie.
Probablement l'approche la plus réparatrice... s'imposer un deuil rigolard, alors que des visions d'horreur vous poursuivront jusque dans votre tombe.

Car c'est en grande partie autobiographique, même si la partie concernant les extra-terrestres semble légèrement exagérée… encore que… rien qui n'arrive au degré d'horreur du bombardement de Dresde : un véritable crime de guerre, un gigantesque pétage de plomb qui démontre, encore une fois, qu'il n'y rien de plus dangereux et de foncièrement faux, erreur perpétuelle et tristement humaine, que d'attribuer des rôles de bons et de mauvais…

L'Histoire nous enseigne que cela aurait pu être pire (fou-rire nerveux à s'envoyer une larme dans l'occiput), et qu'ils auraient tout aussi bien pu raser Berlin.
Vous avez raison, les multiplications, c'est toujours plus facile à poser que les divisions…
Mais je n'ai rien vécu de tout cela, et c'est bien pour cela que ces quelques lignes prennent le poids du plomb.
Le talent, c'est d'arriver à faire voler tout ceci plus haut que les galaxies. C'est d'y convoquer jusqu'à la quatrième dimension.

La première moitié du livre, Kurt vise tout juste à chaque phrase.
Un déluge d'inventivité, de pétillance, sans trêve, obligeant le lecteur, même bien entrainé — encouragé par un découpage en courts paragraphes, dynamique — à de fréquentes pauses afin de souffler / exulter.

La suite se perd probablement quelque peu, sans doute du fait des très nombreux sauts dans le temps, coupant la circulation émotive comme une paire de rangers lacées trop serré, l'équilibre entre le plombant et l'abracadabrant perdu dans toute cette fumée.

Aussi, quelques doutes sur la traduction.
On entrevoit, pour cette fois, l'espace pour un coup de frais… Actes Sud ? (oui, bon, cette fois-ci, il faudra négocier avec le Seuil… ou bien attendre, comme à leur habitude, la libération des droits…).
Le fameux leitmotiv de ce roman : « So it goes » permettrait à lui seul la constitution d'une équipe de quatre traducteurs vétérans — mettons Brice Matthieussent, Marianne Véron, Claro et le petit-fils d'André Gide (hein ?) — afin de nous pondre autre chose que le très irritant « C'est la vie », et ses 106 occurrences dans le roman, chacune me renvoyant à l'image de mon ami Joost, batave du Brabant Inférieur, être au demeurant adorable, mais horripilant lorsqu'il s'essaye à parler le français, avec sa voix guindée montant dans les aiguës, et son air satisfait recouvert de bonnes grosses dents carrés : « c'est la vie ! »… ou pire… de ce groupe venu de Styrie, « Opus », et son hélas inoubliable morceau « Live is life » (LA-LA-LAA-LALA)…. navré….
Bref, il y avait sans doute moyen de faire mieux… ou simplement de le lire en V.O….

Car ce « Slaughterhouse-Five, or, The Children's Crusade: A Duty-Dance with Death » est à coup sûr un livre à lire plusieurs fois, parmi les grands classiques anti-militaristes, bien à sa place dans toute liste récapitulative de la littérature mondiale.
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Enfin! Depuis le temps que ce livre est dans ma PAL, il aura fallu le challenge de Jamik pour prendre le temps de le lire. Merci!
Je m'attendais à une lecture plus complexe en fait. Mais c'est une lecture fluide qui m'a cueillie. Billy Pèlerin fait des allers retours dans le temps, tantôt étudiant, tantôt jeune marié, tantôt soldat, tantôt veuf. Il navigue dans le temps, mais aussi l'espace : Ilium aux Etats Unis, Dresde en Allemagne ou à bord du vaisseau des Tralfamadoriens. Oui, car en plus des bons dans le temps, il y a des extraterrestres dans ce texte. Et étonnamment tout cela paraît tellement cohérent. Il faut quelques secondes chaque fois à Billy pour passer d'un état à un autre (comme nous lecteur en fait), mais pas plus. Ce personnage reste d'un flegme, d'une distance incroyable. de la bêtise ou de la philosophie ? Sûrement un peu des deux. En tout cas j'aime l'idée Tralfamadorienne qui veut que même un mort est en vie quelque part, simplement pas sur le même ligne de temps que notre présent. Une forme d'immortalité réconfortante, comme je comprends Billy!
Mais finalement ce n'est pas tant le côté "science-fiction" qui prime le plus pour moi dans l'oeuvre. C'est plus la dénonciation de l'absurdité de la guerre. Les comportements, les évènements de la seconde guerre que rencontre Billy paraissent tellement futiles, ou absurdes, ou ridiculisés. C'est la vie.
Peut-être pas l'oeuvre parfaite en ce qui me concerne, car j'ai eu trop de mal avec le premier chapitre, mais un texte que je suis ravie d'avoir finalement lu et apprécié.
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Un livre qui destructure complètement le temps et l'espace pour brouiller nos repères et nous embarquer dans le cerveau à la dérive de son héros.

Abattoir 5 raconte l'histoire d'un américain prisonnier des allemands lors des bombardements qui ravagèrent complètement la ville de Dresde à la fin de la guerre.

S'y ajoute une bonne dose de délire SF salvateur qui finit de nous perdre et en fait un ovni incontournable parmi les récits de vie des soldats lors de la seconde guerre mondiale.
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C'est la première fois que je découvre l'auteur américain Kurt Vonnegut, un célèbre écrivain de science-fiction connu justement pour "Abattoir 5". Dans cette oeuvre quasiment autobiographique, l'auteur met en scène son double Billy Pélerin, qui affirme avoir été enlevé par une soucoupe volante et amené en force vers la planète Tralfamadore. Objet de spectacle, montré nu dans un zoo, les trafalmadoriens le feront s'accoupler avec une terrienne, ancienne actrice de cinéma, elle-même kidnappée, avant de le relâcher. de retour sur terre, il comprend que les années qu'il a passé sur Trafalmadore n'ont été chez lui que quelques secondes. Mais bien évidemment, personne sur Terre ne le croit. Un excellent roman de science-fiction et un classique qui me donne franchement envie de découvrir d'autres oeuvres de l'auteur.
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Billy Pélerin, le bien-nommé, est un authentique anti-héros. Il semble que, depuis ce crash, dont il fut le seul rescapé, d'un vol amenant un groupe d'opticiens à un congrès international à Montréal, il soit affligé, à son corps défendant, de la faculté de voyager par à-coup et dans le désordre, dans le temps, à travers une faille de ce dernier. Ainsi le calamiteux personnage se voit télé-transporté à l'époque où il était troufion, prisonnier de guerre, puis spectateur impuissant du bombardement apocalyptique de Dresde, dont il réchappa, en se réfugiant, ironie de l'histoire, dans les caves d'un abattoir. D'une pichenette il se retrouve ensuite après guerre, dans un hôpital militaire, où on le soigne d'une dépression post-traumatique; une autre secousse du temps le propulse en 1967, alors qu'il est kidnappé par les trafalmadoriens, entité extra-terrestre, dont l'aspect extérieur affecte la forme d'un déboucheur à ventouse vert, dont la tige, d'une grande souplesse, est terminée d'une main unique portant un oeil vert. Les aimables visiteurs, l'ayant parqué dans un zoo constitué d'une sphère protectrice dont les parois transparentes permettent au trafalmadoriens, toujours plus nombreux, d'épier les us et coutumes de l'être humain, lui ont de plus enseigné leur conception du temps qui réfute notre succession linéaire des instants. de tout ceci, il appert qu'une personne qui meurt semble seulement mourir, et qu'elle se porte comme un charme à de nombreuses autres époques. Comme résultante de cette haute philosophie, l'interminable et cocasse succession des morts dans le récit sera, à chaque fois, expédiée par cette lapidaire et fataliste expression à valeur d'antienne : c'est la vie.

Paru en 1969, ce roman original et irrévérencieux, mélange de fantasy, de roman picaresque et de souvenirs autobiographiques, est à replacé dans le mouvement antimilitariste et pacifique qui agitait alors une partie de la société américaine. C'est avec humour et non-conformisme que l'auteur s'attache à dénoncer l'absurdité et l'horreur de la guerre.
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Le livre se résume en trois thèmes : extraterrestres, voyage dans le temps et bombardement de Dresde.

Extraterrestres, car Billy est enlevé par une race extraterrestre, originaire d'une planète nommée Tralfamadore.

Voyage dans le temps, car Billy voyage dans le passé et le futur.

Et bombardement de Dresde, car c'est le thème central du roman (et le vécu de l'auteur). Ce bombardement, méconnu des masses, était plus meurtrier que les deux bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. En effet, à Dresde, on compte environ 300 000 morts, tandis les deux bombes nucléaires en ont fait environ 200 000. La plupart des victimes étaient des civils; des femmes et des enfants.

Bon roman, mais j'aurais préféré en savoir davantage sur Tralfamadore et les Tralfamadoriens, de développé davantage.
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VONNEGUT a vécu en direct le bombardement de Dresde en 1945 et souhaite nous en causer par le biais d'un bouquin qu'il est en train d'écrire. le même que celui qu'on est en train de lire. Il a du mal à rassembler ses souvenirs, et après quelques pages comme brouillonnées décide de nous conter la vie de Billy Pèlerin (Billy Pilgrim dans certaines traductions). Et là ça part dans tous les sens, accrochez vos ceintures.


Billy a assisté au bombardement de Dresde en 1945 (ça doit déjà vous rappeler quelque chose), il tente de faire partager ses souvenirs (il n'est pas le narrateur) alors qu'il est quasi quinquagénaire et que l'action se situe à la fin des années 60 (cela aura son importance) et qu'il officie dans l'optique. Nous allons le suivre dans les années 40 en pleine guerre mondiale, au front, puis revenir au présent, en cette fin de décennie numérotée 60. Puis Billy dérape et raconte son kidnapping par les extra-terrestres. Oeuvre de science-fiction ? Je serais de répondre par la négative, pourtant il est référencé parmi les meilleures livres de la catégorie et considéré comme un classique du genre. Billy est définitivement traumatisé par ce qu'il a vu pendant la guerre, en particulier à Dresde, et il s'invente un sas de décompression par la création imaginaire d'un monde parallèle, la planète Trafalmadore, où les gens sont accueillants et chaleureux.

Nous avons là trois espaces temps pour un même roman, faut quand même bien se tenir au pinceau pour y retrouver ses repères. Sorti initialement en 1969, sa lecture est une triple ambivalence. Il y a d'une part le jeune soldat perdu de l'armée Etats-unienne en Allemagne, qui égrène ses souvenirs avec flou, par ailleurs pas toujours en rapport avec l'action, comme pour ne pas avoir à affronter l'indicible. D'autre part on voit évoluer l'opticien des années 60, meurtri et déjà épuisé par la vie. Mais il y a le « petit garçon » sur Trafalmadore, heureux et béat, friand d'anecdotes burlesques ou loufoques.

Roman inclassable, il reste très lisible grâce à l'écriture et l'univers si particulier de l'écrivain, tout en cynisme, en drôleries (m'est avis que Jim HARRISON s'est inspiré de sa patte), les situations absurdes sont pléthore. Les références à la science fiction et à ses auteurs sont nombreuses, le style étant évoqué comme une fuite de la réalité trop difficile à supporter. Si son écriture dans les années 60 me paraît importante à préciser, c'est que cet « Abattoir 5 » fleure bon le psychédélisme d'alors : visions déformées, anecdotes ressemblant à des hallucinations, mais aussi antimilitarisme virulent, anticléricalisme de fin de volume, rejet des institutions, et bien sûr désenchantement, désillusion pour un monde qui ne paraît pas à la hauteur.

« Abattoir 5 » sait aussi se faire historique avec cette précision : il y a eu presque deux fois plus de morts lors du bombardement de Dresde que sur Hiroshima la même année. Ce bombardement, même si VONNEGUT a du mal à trouver un fil directeur pour le narrer, il en est pourtant beaucoup question vu par les yeux de Billy (qui vous l'aurez compris est le double de VONNEGUT). le négativisme, voire la misanthropie hautement cynique d'une partie de la narration se complète avec cette joie d'être entouré de Trafalmodoriens. Un bouquin d'une rare originalité où certain.e.s pourront se sentir décontenancé.e.s voire exclu.e.s. Sans doute qu'avec des produits hallucinogènes sa lecture en devient parfaite et que l'on parvient à ouvrir certaines portes qui semblent verrouillées. Il est à la fois historique et hors du temps, rationnel et totalement surréaliste, morbide et drôle. C'est un tout qui laisse pantois. Arrêtez-vous une seconde sur le titre « Abattoir 5 ou la croisade des enfants », l'ambivalence est déjà là. Pour finir, que l'on apprécie ou non les incessantes jongleries dans le temps et l'espace, il est indéniable que l'écriture de VONNEGUT est de haute voltige et qu'elle tient le récit d'une main de fer.


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Ce livre est une spirale à pente à folie.s douce. Des retours et avancées dans le temps. Un avant-goût quantique. C'est pas mal fait, pas mal amusant. Même si on ne comprend pas tout. Et c'est bien normal.
Kurt Vonnegut est effectivement reconnaissable et mérite un détour.
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Très loin de ce à quoi je m'attendais. Un livre un peu confus mais contenant de petits bijoux.
J'admets toutefois que je n'ai pas tout saisi et je m'en porte quand même très bien.
Je classe ce livre parmi ceux qui nécessitent une analyse ou un cours complet pour vraiment comprendre toutes ces nuances...
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Un vétéran de la seconde guerre mondiale qui a connu le bombardement de Dresde a été enlevé par des extraterrestres, les Tralfamadoriens, et voyage dans le temps de sa vie, passant de 1945 à 1968, de sa retraite à son adolescence en un bond involontaire. Quand il choisit de raconter son expérience à la télé, il est évidemment pris pour un fou. « C'est la vie ». Un roman surprenant !
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