PERVERS MOBILE

-Oui, sauf que ce malade voulait le modèle en cadeau. Il faut dire que sa photo était digne d’un site de mise en relation avec des putes. Pour les sévices, c’était une option offerte par ce pervers, une sorte de promotion type black Friday avec un petit bonus en plus.

-Je vais lire le rapport, merci Irina pour votre analyse et vos conclusions. Vous pouvez partir, c’est bon pour moi. Je vais me faire mon idée sur ce sadique.

Quelques centimètres séparent leurs deux corps.
Il va sentir le souffle de la Tchèque sur son visage.
-Irina, je ne suis pas libre. N’insistez pas s’il vous plaît !

D’un geste souple, elle va prendre sa main.
-Touche me seins, c’est pas de la chirurgie esthétique mais du bio bien ferme. Tu veux voir mes tétons ?

Il s’écarte de sa collaboratrice avec violence.
-Je suis votre commissaire, maintenant le sujet est clos. Sortez de mon bureau avant que je vous balance un rapport, c’est compris Madame Kovach ?

Elle lui adresse un baiser avant de sortir, en balançant ses fesses avec une certaine indolence.
-On en reparlera bientôt Monsieur le commissaire.

Le dossier lui rappelle une autre affaire dans l’Est.
En regardant la photo suggestive, Il tente de se mettre dans la tête du meurtrier.

Avait-il enfin mis sa lâcheté au placard en avouant sa liaison torride avec elle ? Pourquoi pas !
Elle trouve facilement le hammam au fond d’un large couloir. Nue, elle profite de cette chaleur intense sur son corps de déesse, la transpiration coule sur elle, lui donnant un air d’aphrodite. Quinze minutes plus tard,
en prenant une douche vivifiante qui va lui raffermir sa poitrine, le bout de ses tétons se dressent comme par magie. Dans un peignoir blanc, elle va rejoindre la salle de bain pour en sortir avec sa tenue diabolique. Dans le salon, la lumière tamisée et la musique zen qui inonde la pièce, offrent un moment de sérénité.
Sur une table ronde, deux coupes, un magnum et des bougies parfumés au gingembre.
-Marco, tu es vraiment si romantique.

Elle se regarde dans l’immense miroir sur le mur, sans se rendre compte qu’un homme ne rate aucun de ses gestes. Prise par l’envie de danser, elle se trémousse en musique sur ses hauts talons dans des positions érotiques. Le champagne coule de nouveau dans sa coupe. Elle regarde la pendule fixement avant qu’un premier étourdissement ne perturbe son équilibre.
-Marco, tu devrais venir avant que je sois saoule.

Quelques instants plus tard, la porte du salon s’ouvre lentement. Un homme entre sur la pointe des pieds.
Ses mains se posent sur ses épaules avant de la saisir par surprise. Elle regarde son agresseur avec peine.

Nous sommes début juillet, Rouen va vivre au rythme de ses aménagements éphémères. Le sable s’installe sur les quais de la rive gauche, et les jeunes avec leurs ballons, donnent une impression de voyager au Brésil.
Il faudrait peu de chose pour que Sainte Catherine prenne la forme d’un petit Corcovado.
Samia profite de la pause du midi pour prendre le soleil sur une chaise longue en bord de Seine.
Elle ferme les yeux en se laissant caresser par ses rayons si généreux. Au loin, des cris d’enfants dans une aire de jeu. Dans son combi-short en lin, elle est comme une vacancière sur une plage de sable fin.
Son casque diffuse les titres de l’une de ses chanteuses préférées. Au moment de la reprise d’Empire State of Mind, elle va prendre plaisir en reprenant les paroles.
Un homme s’approche d’elle avec une enveloppe.
Il l’observe sans un mot. Ses premiers boutons sont ouverts, laissant sa poitrine suivre les battements de son cœur. Une odeur de cannelle s’échappe de sa peau brune. L’homme se baisse vers elle lentement.
L’idée de saisir ce corps brûlant lui traverse l’esprit, mais ce n’est pas le but de sa visite. Il dépose la petite enveloppe sur elle avec délicatesse. Quand elle ouvre les yeux, l’inconnu est déjà loin, perdu dans la foule.

Le soleil tente une apparition entre les nuages.
Une femme entre dans le couloir d’un immeuble de deux étages. La porte de l’appartement de sa jeune voisine est ouverte. Elle l’appelle mais sans obtenir de réponse. Avec hésitation, elle s’avance dans l’entrée.
En passant par le salon, elle distingue le tissus d’une robe rouge qui dépasse du canapé. En voyant le corps, un hurlement de terreur déchire le calme des lieux.
Elle se dirige vers le trottoir en criant.
-Au secours, vite appelez la police.

Dans la voiture de patrouille, deux agents vont sur place pour établir les premières constatations.
-Tu vas voir, c’est salon de beauté pour viande froide.

Les deux hommes interrogent la voisine. Le premier regarde la victime et va reconnaître une ancienne camarade de classe. Le second se cache pour vomir avant l’arrivée du commissaire.
-C’est normal d’être sensible, on reste des humains.

La robe rouge cache le corps dénudée d’une femme.
Une trentaine d’année, brune aux yeux marrons, elle porte un tatouage en forme de papillon sur le haut de l’épaule. Très vite, un détail l’intrigue. Une photo en tenue suggestive est mise en évidence juste entre ses longues jambes. Une impression de déjà vu le ramène quelques années en arrière.

Elle est vraiment jolie pensait-il en la voyant sortir.
Mais, sa compagne Margot serait-elle du même avis ?

-Commissaire Muller, je suis vraiment heureux de vous accueillir. Vous allez voir, la ville aux cents clochers est aussi belle que votre Strasbourg.

L’homme qui vient de prendre la parole, c’est Arnaud De Larochette, son commissaire divisionnaire qui reste encore en poste pour une petite année, avant un départ en retraite. Ce haut fonctionnaire de Police a des états de services à l’image de sa passion pour son métier. Rouen, c’est pour lui la tranquillité avant la quille. Mais des événements sanglants vont bientôt venir bousculer sa vie de pré-retraité.

-Samia Oujda travaillera avec vous et votre équipe sur certains dossiers. Nous avons un malade en liberté.
Je vous laisse prendre connaissance des dossiers en cours et recevoir vos hommes et surtout une femme.

Stéphane Muller entend une jolie voix féminine, juste derrière lui. En se retournant, il tombe sur une grande blonde aux yeux bleus et verts qui avait plus l’allure d’un ancien mannequin que d’une profileuse.
-Irina Kovach, c’est moi le profiler ! Vous n’êtes pas trop déçu j’espère ?

-Sauf erreur de ma part, vous êtes d’origine Tchèque ?