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A la base de tout système politique, de toute organisation, de toute hiérarchie, du concept même de la liberté, se pose la question de l'obéissance. D'où vient cet étrange constat que le très grand nombre se soumette à un seul ou au petit nombre ?
Pour la Boétie, il n'y a qu'une seule explication plausible celle de la « servitude volontaire ».
A votre productive réflexion...
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Dans cette édition destinées aux classes préparatoires 2017, une longue présentation dévoile le contexte de l'époque, les immanquables controverses sur l'origine même du texte (qui d'ailleurs ne mènent à rien à part qu'elles ont occupé quelques exégètes pendant quelques années), la résonance de ce texte dans les années et les siècles, les critiques qui en ont été faites.
Vient l'analyse du texte, que j'ai préféré sauter, pour découvrir ce discours sans guide...quitte à y revenir.
Le texte est fouilli, dense, truffé de références à l'histoire grecque qui nécessitent de se reporter aux notes ; il semble traduit qu'en partie seulement et garde des phrases de tournure ancienne et des notes de bas de page indispensables associées. Lecture ardue assurée !
Passé ces obstacles il est vrai que l'analyse politique et surtout psychologique est étonnamment moderne, et relève d'une intuition et d'une clairvoyance qui en font un texte intemporel et universel. Rien n'a changé, sous l'habillage de démocraties plus ou moins truquée ou de dictatures, les tyrans se portent bien et les populations asservies ont toujours cette attitude de résignation ou au contraire d'admiration qui le maintient au pouvoir.
Le dossier final de cette édition met le texte en perspective des écrits ultérieurs, et met en valeur cette universalité, au travers de citations de Montaigne, Gandhi, Rousseau, Freud....
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Ce livre fut écrit il y a cinq siècles. Pourtant, chez tous ceux pour qui le mot Liberté a encore du sens et qui accessoirement savent lire, son actualité s'impose cruellement. Car si la domination a changé de visage, il reste que: « Toujours s'en trouvent-ils quelques-uns qui sentent le poids du joug et ne peuvent tenir de le secouer ; qui ne s'apprivoisent jamais de la sujétion et qui toujours ne se peuvent tenir d'aviser à leurs naturels privilèges ; ce sont volontiers ceux-là qui, ayant l'entendement net et l'esprit clairvoyant, ne se contentent pas de regarder ce qui est devant leurs pieds ; ce sont ceux qui, ayant la tête d'eux-mêmes bien faite, l'ont encore polie par l'étude et la connaissance.
Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et toute hors du monde, l'imaginent et la sentent en leur esprit, et encore la savourent, et la servitude ne leur est de goût, pour tant bien qu'on l'accoutre. »
Quelques-uns trouveront donc dans ce livre un précieux soutien ...
D'autres qui n'imaginent ni ne sentent plus rien n'y verront probablement qu'une relique du passé.
Avec les siècles, la servitude volontaire a donc changé de nombreuses fois de formes et de visages ainsi, bien sur, que la domination qui l'accompagne comme son ombre. Ainsi, à la Théologie qui justifiait les structures hiérarchiques du temps de la Boétie, s'est progressivement substituée l'Économie politique, comme pseudoscience, comme gestion des affaires humaines, comme nouvelle religion encore plus aliénante.
A la liberté des êtres humains, demeurant pour leur plus grande part dans l'asservissement, s'est substituée la liberté du Marché s'avançant le plus souvent masquée sous la rassurante appellation de libéralisme ou, plus drôle encore, de socialisme.
Dans notre belle modernité, loin de nous libérer de l'État, le Marché s'est intimement associé à celui-ci dans une subtile répartition des taches ; à l'État les fonctions régaliennes, police, répression, surveillance, défense des intérêts des possédants ; au Marché, la savante organisation de la dépossession du plus grand nombre au profit d'une poignée de mafieux à l'avidité sans limites. L'interpénétration entre les structures étatiques à leur sommet et les gestionnaires du capital étant désormais presque totale et quelques soient les gouvernements en place. Pour couronner le tout, c'est le plus souvent dans un système annoncé comme « démocratique » que se déploie ce « meilleur des mondes ». Seuls quelques mauvais esprits remarqueront que cette démocratie là a littéralement été vidée de toute substance ; qu'à la place de citoyens ne demeurent que des spectateurs, ridiculement réduits à l'impuissance et que, comble d'humiliation, on culpabilisera devant leur manque d'enthousiasme à voter bleu ou rose.

C'est à l'aune de cette réalité là qu'il faut relire La Boétie et s'interroger sur Notre servitude volontaire.
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La Boétie, avec “La servitude volontaire”, nous offre une réflexion ciselée sur la liberté. C'est un cri de coeur, un appel à l'insurrection des âmes contre l'oppression. La Boétie, dans sa jeunesse fougueuse, questionne l'énigme de notre docilité face à la tyrannie. Avec une lucidité presque cruelle, il déshabille l'homme de ses illusions et le confronte à sa propre complicité dans ses chaînes. C'est un texte qui, tel un miroir, reflète les abysses de notre consentement et nous défie de réclamer notre droit inné à la liberté. Un classique intemporel qui continue de résonner avec une pertinence troublante.
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Pour les besoins d'un atelier de réflexion et de construction de spectacle, j'avais besoin de trouver des sources d'inspiration sur le servage, ou la servitude... le sujet qui m'intéresse est la version moderne, mais je me suis dit, autant partir à la source et prendre un texte de référence sur le sujet.... Je n'avais jamais imaginé me lancer dans ce type de lecture..... Et bien que je sois parfaitement consciente du scandale que ce texte à pu être à l'époque de sa publication, et surtout je dois aussi reconnaître mon admiration pour ce jeune homme de 18 ans qui a été capable de produire ces lignes... mais malheureusement, cette lecture n'apporte pas autant d'eau à mon moulin que je l'espérais.
Mais heureusement je me suis offert une version commentée et documentée, et j'ai maintenant une multitude d'autres pistes à explorer.... j'espère juste avoir assez de temps.
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« le renom d'Etienne de la Boétie, ami de Montaigne, s'attache à un écrit composé « à l'honneur de la liberté, contre les tyrans «. Comment expliquer qu'un peuple entier puisse ployer sous le joug d'un seul homme sans force ni prestige ? A cette question, l'auteur répond que la servitude est volontaire ; ce sont les peuples qui, en acceptant de se soumettre, contreviennent à ce qu'il y a de plus profond dans la nature humaine : la liberté. »
Ce qui est sidérant est de constater que cette pierre angulaire de la nature humaine et de la politique – au sens premier – a été rédigée par un adolescent de 16 ou 18 ans ! Sinon, ce livre ne peut se lire que crayon et bloc-note à la main moins pour la difficulté du vieux français que pour la densité de la matière. Un livre qui fait réfléchir avec ampleur tant son universalité le rend toujours d'actualité. Avec lui, Machiavel et Montesquieu, on peut comprendre le monde tel qu'il va !!!
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Quelle lucidité chez cet "honnête homme"! et quelle modernité ! En le lisant j'avais en tête tous les dictateurs des XX° et XXI° siècles qui défilaient. Je repensais à La dernière nuit du Raïs et me disais qu'il y a près de cinq cents ans, Etienne de la Boétie avait déjà tout compris. Les Allemands de la RDA l'avaient-ils lu en 1989? Un texte court mais intense. Il pioche ses exemples dans l'histoire romaine en véritable homme de la Renaissance mais on peut assez facilement leur substituer des exemples plus récents.
A faire lire dans toutes les dictatures, démocratures et démocraties. Vite.
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Que dire sinon qu'il s'agit d'une oeuvre "culte", qui reste tout à fait d'actualité plusieurs siècles après sa première publication.
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La domination volontaire est la face cachée de la servitude volontaire.



Tout a commencé par la séparation. Un événement inouï dont la vérité est enfouie sous la domination plurimillénaire qui s'est amorcé au même instant. La séparation s'est étendue : entre l'homme et la femme, les humains et la nature. Elle a impliqué une perte de puissance, une déstabilisation, toutes deux compensées par la saisie dominatrice.
La domination est le véritable secret de la servitude volontaire. La servitude volontaire reconnait la domination qui la domine ; elle la reconnait sur le double mode du ressentiment et de l'admiration, qui se conjuguent dans une jalousie secrète.
Il n'y aurait pas de servitude volontaire sans le secret espoir d'une domination volontaire. le maître est tapi dans l'esclave. Donnez-lui quelqu'un ou quelque chose à dominer, il le dominera, justifiant et légitimant par-là même et à ses propres yeux la domination qui s'exerce sur lui.
On connaît bien la sinistre figure du petit chef mais, plus ordinairement, qui ne s'est jamais trouvé exposé à des tentatives de rabaissements, de vexations, d'abus d'autorité, de déstabilisation ? le plus bas dans l'échelle sociale se trouvera bien assez haut pour s'attaquer à un animal.
Qui ne s'en prend pas - à la racine de soi - à la séparation - pour se réenraciner dans l'unité -, devra sa vie durant courir pour espérer au moins un instant figurer au banquet des dominateurs – ou en saisir des miettes, ne serait-ce que celles qu'il pourra refuser aux pigeons.
A l'inverse, quiconque se réaccorde – au sens musical – avec lui-même, les autres, la nature, finit par perdre tout goût de dominer.
C'est une main qui ne tient pas de proie.

(Voir dans la même perspective le court PDF mis en lien, qui articule servitude et renoncement à soi.)

Lien : https://observatoiresituatio..
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Très bonne édition, la présentation et le dossier explicitent bien le texte et le mettent en perspective avec le contexte humaniste et d'autres auteurs. Texte qui est en lui-même assez difficile à lire par moments, mais qui résonne toujours avec force à notre époque.
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