Imaginez un monde futuriste, pas tellement différent du notre si ce n'est que deux épisodes majeurs ont eu lieu. D'abord, une nouvelle Grande Guerre, puis une « Commune », sorte de révolution mondiale initiée par les réseaux sociaux qui a échoué près du but et conduit à la fin d'Internet – interdit par les nouveaux pouvoirs. Imaginez un monde capitaliste où les nouveaux pirates, les nouveaux aventuriers sont des entrepreneurs, les pays et les empires sont des entreprises.
C'est dans ce contexte que nous découvrons l'entreprise 1T, ancien géant du numérique qui agonise aujourd'hui face à des concurrents plus dynamiques. Cette entreprise en déclin vient d'être racheté, à la surprise générale, par Adamas, homme d'affaires aussi puissant qu'énigmatique. Nous découvrons aussi Kathy, jeune femme issue de « la Zone » (sorte de banlieue reléguée à l'écart de la ville part un immense mur surveillé par des militaires) et qui par un improbable hasard se fait embaucher chez 1T le jour du rachat de l'entreprise. Et, enfin, nous découvrons le
Cosplay, le traitement miracle prévu par Adamas pour 1T et qui se révèle être… un jeu vidéo.
Mais pas n'importe quel jeu. Car dans cet univers numérique créé par le
Cosplay, chacun est anonyme, chacun peut faire ce qu'il veut sans en craindre les conséquences. Une version 2.0 de l'anarchie donc d'où il va ressortir beaucoup du pire, mais aussi le meilleur.
Que penser de ce livre ? Premier point : chapeau bas à l'auteur pour l'idée de départ de son histoire. C'est original et c'est intelligent. L'univers du
Cosplay (le livre) est futuriste et un peu zarbi, finalement assez plaisant. Mais ce qui m'a plu le plus, c'est le fait de développer cette idée de l'anarchie comme révélatrice des potentialités de tout un chacun, mais aussi et peut être surtout du collectif. Car voilà quand même un livre plus politique qu'il en a d'abord l'air. Bien que grand capitaliste parmi tous, Adamas est un véritable révolutionnaire qui se donne pour objectif de propager la liberté et l'insoumission via des méthodes pour le moins peu banales.
Le
Cosplay (le jeu vidéo) permet de faire fuir les lâches, les profiteurs, les tire-aux-flancs, les menteurs pour ne garder que les meilleurs de l'entreprise, en quelque sorte. Mais non pas les meilleurs pour faire du profit, de la rentabilité, pour être des requins de concurrence, mais les meilleurs pour la poésie, la folie, l'audace et l'inventivité, mais aussi pour la solidarité et le travail d'équipe. Ce qu'il sort de l'aventure
Cosplay pour les gens de 1T, c'est un projet complètement barré mais à même de sauver l'entreprise et de bouleverser le monde.
Vision intéressante de
Laurent Ladouari, donc, puisqu'il ne nous brosse pas le portrait attendu des méchants capitalistes contre les gentils antilibéraux. Au contraire, il nous montre un personnage qui est à la fois un requin de la finance et un « catalyseur » de poésie, de révoltes, d'insoumissions.
Bémol important quand même puisque quelque chose m'a gêné à la lecture de ce livre, c'est le manque de punch de l'héroïne Kathy. Celle ci est belle, ultra intelligente, très rationnelle et très émotive en même temps… et finalement assez chiante. J'ai eu du mal à accrocher avec ce personnage pourtant central tant elle était bien sous tout point mais manquant pourtant de personnalité. Surtout qu'elle côtoie une foule d'autres personnages bariolés, moins présents mais plus compliqués, plus fous ou mêmes plus caricaturaux sur un point précis, ce qui peut les rendre intéressants.
En résumé,
Cosplay est un livre que j'ai lu avec un grand plaisir, surtout parce que l'idée d'un jeu vidéo comme vecteur de transmission de l'insoumission et de la créativité m'a séduit. Mais il a des défauts importants, notamment une héroïne sexy mais ennuyeuse.