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Auteur que je ne connaissais pas, j'ai eu envie de découvrir, d'autant plus que le sujet me paraissait fort intéressant mais je ressors avec un avis mitigé. D'un côté, j'ai beaucoup aimé car l'auteur-narrateur nous raconte comment il est arrivé à Montréal en 1976 après avoir tout quitté car vivant dans un pays, Haïti, alors sous l'emprise de la dictature. Ici, il découvre certes la liberté mais il faut bien manger, se nourrir, apprendre à s'intégrer dans une nouvelle société qui n'a pas du tout les mêmes moeurs et conditions de vie, ni même le même langage que celles que l'on a connu jusqu'à présent. Ce côté-là m'a vraiment beaucoup plus et je me suis même laissée enchantée, je dois le reconnaître, par l'écriture poétique de Dany Laferrière.
L'autre côté, beaucoup plus dérangeant pour moi est le rapport que notre narrateur entretient avec les femmes, cet affamé de sexe comme il le dit lui-même et le fait, en quelque sorte de considérer la femme comme un objet sexuel uniquement. Il le dit lui même lorsqu'il parle des deux femmes (principales car je ne parle pas des autres qu'il ne fréquente qu'à l'occasion) : Il y a Julie, la femme de coeur et Nathalie, celle pour le sexe et il dit ironiquement qu'il lui en manquerait éventuellement une troisième pour l'argent. Alors, je sais que tout cela n'est pas à prendre au pied de la lettre mais cela m'a fortement perturbé au cours de ma lecture, ce qui fait que je n'ai probablement pas attribué à cet ouvrage la note qu'il mériterait d'avoir.

Quoi qu'il en soit, un auteur et un livre que je ne regrette pas d'avoir découverts et que je ne peux donc que vous recommander afin que vous me fassiez part de vos retours ! Un ouvrage qui se lit extrêmement vite, sans chapitre mais avec des phrases courtes et une écriture fluide et limpide, écrit en quelque sorte sous la forme d'un recueil de poésie pour la mise en forme du texte !
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Je découvre l'oeuvre de Dany Laferrière avec cette Chronique de la dérive douce. L'auteur a quitté son Haïti natal pour émigrer au Canada.
Le récit commence à son arrivée à Montréal. Il raconte dans un langage fort imagé ses premiers pas au Québec et comment vivre dans un pays et une culture inconnus.

La structure narrative du texte surprend au départ car rédigé comme un long poème contemporain. Une poésie du quotidien d'un émigrant. L'écriture de Dany Laferrière est très belle et une fois surmontée la surprise du début, la lecture se fait aisée.
Sur le fond, on se rend surtout compte de l'attrait de l'auteur pour la gente féminine,  ou plus précisément les activités sexuelles avec ladite gente. Ce qui lui permet d'être nourri et logé assez facilement. Profiteur, Monsieur Laferrière?
Sinon les parcs et squares de Montréal pullulent de pigeons. Et visiblement, c'est délicieux assaisonné avec du citron...

Je ne peux pas dire que je garderai un souvenir inaltérable de ce livre. Il m'a cependant fait passer un bon moment. Sa lecture donne à voir de l'intérieur l'existence d'un émigré de fraîche date, les difficultés d'intégration qu'il peut rencontrer et ses propres préjugés à surmonter.
Et le style de Dany Laferrière est en lui-même une excellente raison de lire cet auteur. D'autres ouvrages de lui m'attendent sur les étagères.
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1976. Dany Laferrière fuit la dictature haïtienne et atterrit à Montréal : « J'ai vingt-trois ans aujourd'hui et je ne demande rien à la vie, sinon qu'elle fasse son boulot. J'ai quitté Port-au-Prince parce qu'un de mes amis a été trouvé sur une plage la tête fracassée et qu'un autre croupit dans une cellule souterraine. Nous sommes tous les trois nés la même année, 1953. Bilan : un mort, un en prison et le dernier en fuite. » Sans amis, sans toit et sans emploi, il découvre la ville : « Je marche toute la nuit dans la nouvelle cité. Je ne connais pas encore les quartiers qu'on ne doit pas traverser ni les filles qu'il est dangereux d'aborder. Dans un mois j'aurai perdu cette innocence. » le choc des civilisations est parfois difficile à affronter : « Chacun muré dans son univers. J'ai quitté une capitale de bavards invétérés pour tomber dans une ville de mordus du silence où les gens préfèrent regarder la télévision plutôt que de s'adresser à leur voisin. La distance qui les sépare semble parfois infranchissable et cela se reflète dans cette agitation pour esquiver le regard de l'autre.» le jeune homme du sud trouve un emploi à l'usine et surtout, il doit traverser son premier hiver dans une ville du nord. Une épreuve terrible ! Heureusement, la littérature, l'alcool et les femmes lui permettront de mieux affronter l'exil...

J'ai découvert Dany Laferrière en l'an 2000, avant un séjour estival à Montréal. Je voulais absolument lire des écrivains du cru avant de partir et j'étais tombé sur son premier roman, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, dans la très jolie collection Motifs du Serpent à plumes. Un vrai coup de coeur pour ce texte audacieux, drôle et sans concession. Depuis, j'ai lu tous ses ouvrages sortis en France. Il me manquait cette Chronique de la dérive douce publié au Canada en 1994. Un roman d'initiation à la prose poétique et précise qui relate à la fois une entrée dans la ville et une entrée dans la vie. J'y ai retrouvé avec plaisir ce narrateur faussement candide qui pose un regard plein de fraîcheur sur la mégalopole qu'il découvre. J'ai aimé son apologie de l'oisiveté, une prise de position dans laquelle je me retrouve totalement à l'heure où on nous bassine avec la valeur travail comme seul accomplissement possible pour l'être humain. J'ai aimé les références littéraires toujours aussi présentes, j'ai aimé ce personnage qui passe son temps à lire et à regarder les filles passer (deux activités dans lesquelles je me retrouve aussi totalement !), bref j'ai passé un excellent moment de lecture, comme d'habitude avec cet auteur !
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Cette fois, l'auteur dépeint ses débuts au Canada : les rencontres, les femmes, les saisons, le froid, les immigrés, les difficultés d'insertion……
Pas facile de trouver sa place !
Je n'ai pas ressenti les mêmes émotions et le même émerveillement que dans « L'énigme du retour »
Cependant j'aime vraiment beaucoup le style de Dany Laferrière.
Sa prose écrite comme un poème
L'espace dans l'écriture
Ses phrases mises en strophes qui prennent un tout autre impact
Sa sensibilité
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Dans ce livre, Dany Laferrière nous raconte ses difficultés d'adaptation d'un immigrant dans un monde très différent de celui d'où il vient. Il ne connais personne, il n'a pas officiellement de logis et dois se trouver un emploi. En plus, il doit faire face à quelque chose qu'il n'a jamais connu, l'hiver québécois.

Comme à son habitude, Laferrière nous raconte son histoire très candidement, ce qui tend à la rendre encore plus attachante. Voilà ce qui fait que j'aime beaucoup cet auteur qui n'a jamais peur de se dévoiler.
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C'est avec un style poétique léger, presque des haïkus que Dany Laferrière nous raconte sa première année à Montréal. Il découvre un monde qui lui était alors étranger, compare ce pays d'hiver avec son pays de soleil avec un peu de nostalgie mais aussi avec humour. Il va errer dans la ville, louer des chambres crasseuses, se faire des amis, aimer des femmes, boire, se comparer à C. Bukowski, devenir ouvrier...
Le style est très beau, chantant, mais j'ai préféré son livre "L'énigme du retour" que j'ai trouvé plus intime et plus riche.
Lien : http://ratdebiblio.overblog...
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Encore un livre qui à travers le regard de son auteur nous permet une réflexion sur nous même et la société dans la quelle on vit. le temps qui passe, le travail, l'amour, l'amitié, le sexe, le racisme. Ecrit comme une Odyssée, une jolie découverte pour moi que cet auteur.
#babeliodocs
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La première édition de Chronique de la dérive douce est parue en 1994, alors que Dany Laferrière, représentant de la classe ouvrière montréalaise, travaillait dans des usines, et ce, bien avant qu'il aiguise sa plume avec des romans plus naïfs qui sont devenus, au fil du temps, des petits joyaux de la littérature québécoise, notamment Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer (1985), Éroshima (1987), L'Odeur du café (1991) et le goût des jeunes filles (1992).

À l'instar de L'Énigme du retour, qui raconte le deuil du père et le retour de l'enfant du Sud dans son pays d'origine après 33 ans d'exil, Chronique de la dérive douce est un roman poétique d'une grande richesse agrémenté, çà et là, d'humour réservé, d'instants de chagrin déchirants et de métaphores éminemment bien imagées, à la différence près que celui-ci met plutôt de l'avant l'envers de la médaille, à savoir l'arrivée de l'enfant du Sud sur la terre du Nord, dans cette ville effrayante qu'est Montréal. le choc éprouvé par le protagoniste, à savoir l'auteur lui-même, est si puissant et déconcertant, qu'il éprouve toute la misère du monde à faire face à toutes les facettes, les bonnes comme les mauvaises, qui composent une société: l'amour, le sexe, la pauvreté, le vol et la solitude.
Les lecteurs qui ont ressenti un sentiment de plénitude et de détente profondes à la lecture de L'Énigme du retour seront heureux d'apprendre que Chronique de la dérive douce est écrit sur le même canevas, c'est-à-dire, en vers, dont aucun ne comporte de rime ou de figure de style. de toute manière, une plume n'a aucunement besoin d'être savante ou d'user de rhétorique pour impressionner un lecteur, et c'est probablement cette simplicité d'esprit, voire cette économie de mots, qui font de Dany Laferrière l'un des plus grands auteurs que le Québec ait accueilli en son sein.

Évidemment, le sujet est quelque peu différent de L'Énigme du retour, lequel était plus mélancolique, plus noir et plus ardu, aussi. Ici, c'est le charme d'un jeune Haïtien puéril et naïf dans la vingtaine qui ouvre les yeux pour la première fois sur une ville immense comme un gouffre sans fond, et qui a une peur incommensurable de s'y retrouver au fond, gisant sur le sol froid et humide, d'une société dont il ignore, pour l'instant, le code de conduite.

Cet article provient du site: bible urbaine. Je l'ai trouvé tellement bien écrit et tellement en adéquation avec ce que j'avais ressenti en lisant le livre de Dany Laferrière, que je vous le propose.

Dany Laferrière est né à Port-au-Prince en 1953. Lauréat du prix Médicis en 2009 pour L'Enigme du retour (Grasset), il a été élu à l'Académie française en 2013. Il est l'auteur chez Grasset de Je suis un écrivain japonais (2008), de L'Art presque perdu de ne rien faire (2014), de L'enfant qui regarde (2022) et de trois romans dessinés, Autoportrait de Paris avec chat (2018), L'exil vaut le voyage (2020) et Sur la route avec Bashô (2021).

Bonne lecture

Claudia
Lien : https://educpop.fr/2022/11/0..
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Écrit en 1994- Avec beaucoup d'humour Dany Laferrière dépeint des scènes de la vie quotidienne quand il est arrivé au Québec en 1976 : son manque d'argent, sa quête intérieure, des rencontres, les femmes, les saisons, le froid surtout, la place des immigrés, le travail, ses beuveries, les difficultés d'intégration à une société opposée à la sienne. C'est drôle, c'est touchant, c'est authentique, c'est parfois cru et évidemment bien écrit. J'aime beaucoup cet auteur. J'ai apprécié ces récits. Par la suite son écriture s'est approfondie, mais déjà on sent la magie de sa prose.
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Montréal en 1976, l'errance, il faut se loger, manger. Travailler aussi. La dureté du statut d'immigré, avec le travail que lui procure le bureau d'immigration à savoir racler des peaux de bêtes la nuit sur une machine au système de sécurité défaillant pour un salaire de misère. La fraternité de ceux qui survivent dans un système qui les exploite, travailleurs de nuit ou petits trafiquants. La ville est violente mais Dany ne parle de danger que lorsque la police l'arrête parce qu'elle recherche un noir. La peur est là, violente, seulement à ce moment-là.

Les déménagements à la cloche de bois et les pigeons au citron lorsqu'il a trop faim, la soupe populaire, tout pourrait faire croire à une chronique sur la vie d'un émigré noir dans une grande ville blanche. Roman de la misère et de la révolte ? Ce serait une erreur, malgré la crudité et la cruauté des faits, Chronique de la dérive douce nous raconte la naissance d'un écrivain.

Loin de Haïti le narrateur ne découvre pas seulement une langue étrangère et le froid, il découvre la liberté, ses longues errances dans la ville emplissent son regard d'impressions qui vont mûrir, aiguiser son appréhension de la vie et des gens. Dany a vingt-trois ans et découvre le sexe joyeux et provocateur, passant de l'une à l'autre, secrétaire de l'usine, logeuse ou étudiante avec une candeur dénuée de cynisme.

« On était dans le lit Julie et moi à regarder un documentaire sur la fidélité chez les castors (je précise tout de suite que ce n'était pas mon choix). le zoologiste, qui a passé toute sa vie à étudier la question, racontait que cette fidélité va à un point tel que si le mâle est stérile sa compagne choisira de ne pas procréer. J'ai tout de suite su que cette histoire allait réveiller quelque chose chez Julie.
— Prends ton temps, me dit Julie, je ne suis pas pressée, tu vas m'expliquer pourquoi tu aimes toutes les femmes ? »

Le superbe titre donne exactement le ton et le contenu du roman. C'est en effet une chronique au jour le jour en 1976 de Montréal : Jeux Olympiques, Nadia Comaneci et élections ancrent dans le réel l'errance du jeune Dany.

Comment dire ce décalage entre éléments souvent décrits avec une précision clinique et cette poésie condensée, syncopée, proche du haï ku japonais (le poète Bashô est cité avec insistance et reconnaissance) ?

« J'aime le bruit / des talons hauts / sur le trottoir / quand le froid / est aussi sec / et qu'une mince / couche de glace / recouvre le sol. »

Cela donne au lecteur le sentiment d'un présent intemporel, comme si chaque événement, chaque sensation venait de se vivre dans la seconde précédente. D'où une impression de vie, de fluidité, de musique syncopée proche du jazz, avec les sentences du vieil Africain qui reviennent en refrain dans le livre et rythment à contre-courant l'insertion de Dany dans la ville de Montréal :

— T'es arrivé en retard, Vieux, / me dit l'Africain. / Il y a à peine cinq ans / on pouvait facilement / trouver un petit village / qui n'avait jamais vu de Nègre et passer pour / un sorcier lare.

Le jazz affleure à chaque vers syncopé, à chaque phrase qui tangue entre description et poésie en un rythme doux et poignant. L'exil et la nostalgie du pays rythme ce texte :

« Dans ma petite chambre : / en plein hiver / je rêve à une île dénudée / dans la mer des Caraïbes / avant d'enfouir / ce caillou brûlant / si profondément / dans mon corps / que j'aurai / du mal / à le retrouver. »

« Je dois tout dire / dans une langue / qui n'est pas celle / de ma mère. / C'est ça le voyage. »

Mais l'optimisme et la vitalité d'un jeune homme qui a la vie devant lui l'emportent.

Il n'y a pas de hasard dans ce livre, mais un remarquable travail d'écrivain qui réussit à nous faire croire qu'il a écrit le livre sur le moment alors qu'il le construit un quart de siècle plus tard sur les seuls souvenirs que lui a laissé cette « dérive » dans Montréal. Ce livre est l'avènement d'un écrivain à l'écriture, avènement qui conclut d'ailleurs le livre.

Malgré la dureté des faits, cette lente déambulation dans une ville qui apprivoise petit à petit l'exilé, c'est bien de « chronique de la dérive douce » dont il s'agit, celle d'un jeune homme qui a trouvé le sens de son exil à travers l'écriture.

— T'es arrivé trop tard, Vieux, / me dit l'Africain. / Je te le dis une dernière fois. / Tout est fini ici. / Je m'en vais.
Lien : http://n.giroud.free.fr
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