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EAN : 9782246789116
224 pages
Grasset (29/02/2012)
3.88/5   73 notes
Résumé :
Un homme du Sud arrive dans une ville du Nord.
On le voit dériver dans les rues d'un monde si neuf.
Par petites touches singulières, il tente de savoir où il se trouve.
Si L'Enigme du retour (Grasset, prix Médicis 2009) était le roman du retour à Port-au-Prince de Dany Laferrière, Chronique de la dérive doucerelate son arrivée à Montréal, à l'âge de 23 ans.
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Auteur que je ne connaissais pas, j'ai eu envie de découvrir, d'autant plus que le sujet me paraissait fort intéressant mais je ressors avec un avis mitigé. D'un côté, j'ai beaucoup aimé car l'auteur-narrateur nous raconte comment il est arrivé à Montréal en 1976 après avoir tout quitté car vivant dans un pays, Haïti, alors sous l'emprise de la dictature. Ici, il découvre certes la liberté mais il faut bien manger, se nourrir, apprendre à s'intégrer dans une nouvelle société qui n'a pas du tout les mêmes moeurs et conditions de vie, ni même le même langage que celles que l'on a connu jusqu'à présent. Ce côté-là m'a vraiment beaucoup plus et je me suis même laissée enchantée, je dois le reconnaître, par l'écriture poétique de Dany Laferrière.
L'autre côté, beaucoup plus dérangeant pour moi est le rapport que notre narrateur entretient avec les femmes, cet affamé de sexe comme il le dit lui-même et le fait, en quelque sorte de considérer la femme comme un objet sexuel uniquement. Il le dit lui même lorsqu'il parle des deux femmes (principales car je ne parle pas des autres qu'il ne fréquente qu'à l'occasion) : Il y a Julie, la femme de coeur et Nathalie, celle pour le sexe et il dit ironiquement qu'il lui en manquerait éventuellement une troisième pour l'argent. Alors, je sais que tout cela n'est pas à prendre au pied de la lettre mais cela m'a fortement perturbé au cours de ma lecture, ce qui fait que je n'ai probablement pas attribué à cet ouvrage la note qu'il mériterait d'avoir.

Quoi qu'il en soit, un auteur et un livre que je ne regrette pas d'avoir découverts et que je ne peux donc que vous recommander afin que vous me fassiez part de vos retours ! Un ouvrage qui se lit extrêmement vite, sans chapitre mais avec des phrases courtes et une écriture fluide et limpide, écrit en quelque sorte sous la forme d'un recueil de poésie pour la mise en forme du texte !
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Je découvre l'oeuvre de Dany Laferrière avec cette Chronique de la dérive douce. L'auteur a quitté son Haïti natal pour émigrer au Canada.
Le récit commence à son arrivée à Montréal. Il raconte dans un langage fort imagé ses premiers pas au Québec et comment vivre dans un pays et une culture inconnus.

La structure narrative du texte surprend au départ car rédigé comme un long poème contemporain. Une poésie du quotidien d'un émigrant. L'écriture de Dany Laferrière est très belle et une fois surmontée la surprise du début, la lecture se fait aisée.
Sur le fond, on se rend surtout compte de l'attrait de l'auteur pour la gente féminine,  ou plus précisément les activités sexuelles avec ladite gente. Ce qui lui permet d'être nourri et logé assez facilement. Profiteur, Monsieur Laferrière?
Sinon les parcs et squares de Montréal pullulent de pigeons. Et visiblement, c'est délicieux assaisonné avec du citron...

Je ne peux pas dire que je garderai un souvenir inaltérable de ce livre. Il m'a cependant fait passer un bon moment. Sa lecture donne à voir de l'intérieur l'existence d'un émigré de fraîche date, les difficultés d'intégration qu'il peut rencontrer et ses propres préjugés à surmonter.
Et le style de Dany Laferrière est en lui-même une excellente raison de lire cet auteur. D'autres ouvrages de lui m'attendent sur les étagères.
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1976. Dany Laferrière fuit la dictature haïtienne et atterrit à Montréal : « J'ai vingt-trois ans aujourd'hui et je ne demande rien à la vie, sinon qu'elle fasse son boulot. J'ai quitté Port-au-Prince parce qu'un de mes amis a été trouvé sur une plage la tête fracassée et qu'un autre croupit dans une cellule souterraine. Nous sommes tous les trois nés la même année, 1953. Bilan : un mort, un en prison et le dernier en fuite. » Sans amis, sans toit et sans emploi, il découvre la ville : « Je marche toute la nuit dans la nouvelle cité. Je ne connais pas encore les quartiers qu'on ne doit pas traverser ni les filles qu'il est dangereux d'aborder. Dans un mois j'aurai perdu cette innocence. » le choc des civilisations est parfois difficile à affronter : « Chacun muré dans son univers. J'ai quitté une capitale de bavards invétérés pour tomber dans une ville de mordus du silence où les gens préfèrent regarder la télévision plutôt que de s'adresser à leur voisin. La distance qui les sépare semble parfois infranchissable et cela se reflète dans cette agitation pour esquiver le regard de l'autre.» le jeune homme du sud trouve un emploi à l'usine et surtout, il doit traverser son premier hiver dans une ville du nord. Une épreuve terrible ! Heureusement, la littérature, l'alcool et les femmes lui permettront de mieux affronter l'exil...

J'ai découvert Dany Laferrière en l'an 2000, avant un séjour estival à Montréal. Je voulais absolument lire des écrivains du cru avant de partir et j'étais tombé sur son premier roman, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, dans la très jolie collection Motifs du Serpent à plumes. Un vrai coup de coeur pour ce texte audacieux, drôle et sans concession. Depuis, j'ai lu tous ses ouvrages sortis en France. Il me manquait cette Chronique de la dérive douce publié au Canada en 1994. Un roman d'initiation à la prose poétique et précise qui relate à la fois une entrée dans la ville et une entrée dans la vie. J'y ai retrouvé avec plaisir ce narrateur faussement candide qui pose un regard plein de fraîcheur sur la mégalopole qu'il découvre. J'ai aimé son apologie de l'oisiveté, une prise de position dans laquelle je me retrouve totalement à l'heure où on nous bassine avec la valeur travail comme seul accomplissement possible pour l'être humain. J'ai aimé les références littéraires toujours aussi présentes, j'ai aimé ce personnage qui passe son temps à lire et à regarder les filles passer (deux activités dans lesquelles je me retrouve aussi totalement !), bref j'ai passé un excellent moment de lecture, comme d'habitude avec cet auteur !
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Cette fois, l'auteur dépeint ses débuts au Canada : les rencontres, les femmes, les saisons, le froid, les immigrés, les difficultés d'insertion……
Pas facile de trouver sa place !
Je n'ai pas ressenti les mêmes émotions et le même émerveillement que dans « L'énigme du retour »
Cependant j'aime vraiment beaucoup le style de Dany Laferrière.
Sa prose écrite comme un poème
L'espace dans l'écriture
Ses phrases mises en strophes qui prennent un tout autre impact
Sa sensibilité
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Montréal en 1976, l'errance, il faut se loger, manger. Travailler aussi. La dureté du statut d'immigré, avec le travail que lui procure le bureau d'immigration à savoir racler des peaux de bêtes la nuit sur une machine au système de sécurité défaillant pour un salaire de misère. La fraternité de ceux qui survivent dans un système qui les exploite, travailleurs de nuit ou petits trafiquants. La ville est violente mais Dany ne parle de danger que lorsque la police l'arrête parce qu'elle recherche un noir. La peur est là, violente, seulement à ce moment-là.

Les déménagements à la cloche de bois et les pigeons au citron lorsqu'il a trop faim, la soupe populaire, tout pourrait faire croire à une chronique sur la vie d'un émigré noir dans une grande ville blanche. Roman de la misère et de la révolte ? Ce serait une erreur, malgré la crudité et la cruauté des faits, Chronique de la dérive douce nous raconte la naissance d'un écrivain.

Loin de Haïti le narrateur ne découvre pas seulement une langue étrangère et le froid, il découvre la liberté, ses longues errances dans la ville emplissent son regard d'impressions qui vont mûrir, aiguiser son appréhension de la vie et des gens. Dany a vingt-trois ans et découvre le sexe joyeux et provocateur, passant de l'une à l'autre, secrétaire de l'usine, logeuse ou étudiante avec une candeur dénuée de cynisme.

« On était dans le lit Julie et moi à regarder un documentaire sur la fidélité chez les castors (je précise tout de suite que ce n'était pas mon choix). le zoologiste, qui a passé toute sa vie à étudier la question, racontait que cette fidélité va à un point tel que si le mâle est stérile sa compagne choisira de ne pas procréer. J'ai tout de suite su que cette histoire allait réveiller quelque chose chez Julie.
— Prends ton temps, me dit Julie, je ne suis pas pressée, tu vas m'expliquer pourquoi tu aimes toutes les femmes ? »

Le superbe titre donne exactement le ton et le contenu du roman. C'est en effet une chronique au jour le jour en 1976 de Montréal : Jeux Olympiques, Nadia Comaneci et élections ancrent dans le réel l'errance du jeune Dany.

Comment dire ce décalage entre éléments souvent décrits avec une précision clinique et cette poésie condensée, syncopée, proche du haï ku japonais (le poète Bashô est cité avec insistance et reconnaissance) ?

« J'aime le bruit / des talons hauts / sur le trottoir / quand le froid / est aussi sec / et qu'une mince / couche de glace / recouvre le sol. »

Cela donne au lecteur le sentiment d'un présent intemporel, comme si chaque événement, chaque sensation venait de se vivre dans la seconde précédente. D'où une impression de vie, de fluidité, de musique syncopée proche du jazz, avec les sentences du vieil Africain qui reviennent en refrain dans le livre et rythment à contre-courant l'insertion de Dany dans la ville de Montréal :

— T'es arrivé en retard, Vieux, / me dit l'Africain. / Il y a à peine cinq ans / on pouvait facilement / trouver un petit village / qui n'avait jamais vu de Nègre et passer pour / un sorcier lare.

Le jazz affleure à chaque vers syncopé, à chaque phrase qui tangue entre description et poésie en un rythme doux et poignant. L'exil et la nostalgie du pays rythme ce texte :

« Dans ma petite chambre : / en plein hiver / je rêve à une île dénudée / dans la mer des Caraïbes / avant d'enfouir / ce caillou brûlant / si profondément / dans mon corps / que j'aurai / du mal / à le retrouver. »

« Je dois tout dire / dans une langue / qui n'est pas celle / de ma mère. / C'est ça le voyage. »

Mais l'optimisme et la vitalité d'un jeune homme qui a la vie devant lui l'emportent.

Il n'y a pas de hasard dans ce livre, mais un remarquable travail d'écrivain qui réussit à nous faire croire qu'il a écrit le livre sur le moment alors qu'il le construit un quart de siècle plus tard sur les seuls souvenirs que lui a laissé cette « dérive » dans Montréal. Ce livre est l'avènement d'un écrivain à l'écriture, avènement qui conclut d'ailleurs le livre.

Malgré la dureté des faits, cette lente déambulation dans une ville qui apprivoise petit à petit l'exilé, c'est bien de « chronique de la dérive douce » dont il s'agit, celle d'un jeune homme qui a trouvé le sens de son exil à travers l'écriture.

— T'es arrivé trop tard, Vieux, / me dit l'Africain. / Je te le dis une dernière fois. / Tout est fini ici. / Je m'en vais.
Lien : http://n.giroud.free.fr
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
19 juin 2012
Savoureuse chronique de l’arrivée de Dany Laferrière à Montréal.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lhumanite
11 juin 2012
C’est écrit comme il vit et voit, au jour le jour, avec un remarquable sens du concret, sans aucun souci théorique. On n’est pas loin parfois du poème bref avec retour à la ligne.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Bibliobs
18 avril 2012
C'est lumineux, poignant, triste et drôle comme la vie.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
On voit pourquoi tu as froid tout le temps, me dit la secrétaire du boss en me nouant son beau foulard rouge autour du cou.
- Merci...
- Il faut s'habiller chaudement... Tu n'es pas en Haïti, ici.
-Je sais que je ne suis pas en Haïti...
- Qu'est-ce que tu veux dire? Tu ne te sens pas bien ici?
-Je préfère encore geler que pourrir dans une prison infecte...
-J'aime ça quand tu es lucide comme ça, dit-elle en m'embrassant dans le cou... Je sens que tu as quelque chose dans le ventre, toi...


Il fait tellement froid
ce matin
qu'on devrait donner
une prime
aux immigrants
qui restent.


La ville est livrée aux bêtes.
J'ai croisé deux renards,
une loutre,
trois phoques
et même une zibeline,
devant la bijouterie Birks
sur Sainte-Catherine.


La plus grande énigme,
c'est le fait
que les gens acceptent
de passer toute leur vie
sous ce climat
quand l'équateur
n'est pas si loin.


Le feu n'est rien
â côté de la glace
pour brûler un homme,
mais pour ceux qui
viennent du Sud,
la faim peut mordre
encore plus durement
que le froid.


La grosse femme de la buanderie est arrivée avec deux gros sacs de provisions (sucre, sel, pommes de terre, steak, yogourt, riz, tomates, laitue, huile, carottes, mayonnaise, raisins, oranges). Elle range tout dans le réfrigérateur et dans les placards de la cuisine. La voilà en sueur à la fin. Elle va prendre une douche avant de venir me trouver dans le lit. Je la baise calmement en pensant que ce n'est pas ce mois-ci que je mourrai de faim.


Couché sur le lit,
je regarde la grosse
femme de la buanderie
s'habiller en souriant.
Sa chair est aussi généreuse
que son coeur.
Un Botero chez moi.


J'écoute la grosse femme de la
buanderie descendre l'escalier.
Ses pas lourds croisent
ceux, précipités, de Nathalie.
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Une fille passe,
je me retourne.
Une autre passe,
je me retourne.
Une troisième passe,
je me retourne.
Finalement, je m'assois
pour les regarder passer.

Il faut avoir traversé
l'enfer de l'hiver
pour connaître
la fièvre du printemps.
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"Ce n'est pas toujours simple pour celui qui vient d'un pays d'été où tout le monde est noir
de se réveiller dans un pays d'hiver où tout le monde est blanc.
Certains jours on ne voit les choses qu'en noir et blanc."
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On était dans le lit Julie et moi à regarder un documentaire sur la fidélité chez les castors (je précise tout de suite que ce n'était pas mon choix). Le zoologiste, qui a passé toute sa vie à étudier la question, racontait que cette fidélité va à un point tel que si le mâle est stérile sa compagne choisira de ne pas procréer. J'ai tout de suite su que cette histoire allait réveiller quelque chose chez Julie.
- Prends ton temps, me dit Julie, je ne suis pas pressée, tu vas m'expliquer pourquoi tu aimes toutes les femmes ?

Je regarde sa main qui s'ouvre et se ferme.

Je t'écoute, me fait-elle avec cet air buté qu'elle prend pour parler de son père.



Je jette un coup d’œil par la fenêtre et me perds dans la contemplation d'une famille de nuages, en balade dans le ciel rose de fin de soirée. Julie s'est rhabillée en silence. Je l'entends partir. Je n'ai rien fait pour l'arrêter . Dans de pareils moments je reste toujours figé. Elle n'a pas claqué la porte. Une telle maîtrise de soi nécessite au moins cinq générations d'apprentissage.

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"Quitter son pays pour aller vivre dans un autre pays dans cette condition d'infériorité, c'est-à-dire sans filet et sans pouvoir retourner au pays natal, me paraît la dernière grande aventure humaine."
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