AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 135 notes
5
12 avis
4
9 avis
3
0 avis
2
2 avis
1
0 avis
Dany Laferrière a une écriture « bavarde ». Il avoue aimer profondément les mots et en effet il se les approprie et s'en sert de manière extrêmement détaillée, avec le talent de rendre bien vivantes des ambiances et des émotions.

Dans le Cri des oiseaux fous il s'attarde longuement sur les des dérives de la dictature de la terreur en Haïti qui le contraint à quitter son pays sous menace de persécution.
Il défend et dénonce les abus du pouvoir, devenant ainsi l'ennemi de l'état.
L'exil est la seule solution !

Ce roman autobiographique qui raconte sa dernière nuit avant l'exil repasse en revue le passé et le présent d'un pays et d'une génération gangrenés par les dégâts de la vie sous la dictature.
La faim, la peur et l'urgence l'ont formé !
Dans cette nuit en accéléré qui semble durer une vie, le romancier se livre avec une grande sensibilité, reproduisant avec puissance le climat de cauchemar éveillé qu'il a vécu depuis sa plus tendre enfance.

Rien n'est cousu de fil blanc. C'est romanesque, effrayant et beau à la fois. La narration de Dany Laferrière est très créative et envoûtante.
Il oscille souvent entre la douceur des souvenirs empreints de mélancolie et la peur de cet avenir inconnu auquel il se prépare, laissant derrière lui des lambeaux de lui-même.

J'adore lorsqu'un roman me pousse à approfondir mes connaissances sur un pays, une époque, une façon de vivre et d'y aller plus loin dans l'exploration du sujet.
Commenter  J’apprécie          460
Rendez-vous raté avec Dany Laferrière. Et c'est une grosse déception pour moi. En effet, j'avais acheté ce livre en 2012, à l'époque où je lisais beaucoup cet auteur, et je suis sûre que je l'aurais apprécié si je l'avais lu à ce moment-là. Eh non, j'ai manqué ce rendez-vous et n'ai pas aimé le Cri des oiseaux fous.

Ce roman avait pourtant tout pour me plaire : Dany Laferrière est journaliste, il vit en Haïti, sa vie est en danger à cause de Duvalier et de ses Tontons macoutes et il se prépare à quitter son pays en urgence pour éviter la mort. Il raconte donc ses dernières heures en Haïti, récit ponctué d'anecdotes sur des sujets aussi divers et variés que la nourriture, le café, le sexe, ses amis, sa famille, le théâtre et Antigone, son obsession pour la belle Lisa, le luxe de Pétion-ville et la misère de Port-au-Prince. C'est probablement cela qui m'a gênée : toutes ces digressions qui éloignent du sujet principal qui est l'exil imminent. Elles sont pourtant très importantes puisqu'elles nous permettent quand même de comprendre comment l'auteur en est arrivé à cette situation et de nous faire une idée sur la situation politique, économique, sociale et culturelle très instable de ce pays (Papa Doc, Baby Doc, la dictature, etc.). Mais je me suis perdue dans toutes ces anecdotes, elles m'ont profondément ennuyée, j'ai fait plusieurs pauses au cours de ma lecture et j'ai réussi à le finir mais j'ai failli l'abandonner. Je pense que les amours sont mortes entre la plume de cet auteur et moi. Et ça m'a convaincue qu'il peut y avoir des moments plus propices que d'autres pour certaines lectures.

J'y reviens mais j'aurais dû lire ce roman au moment où je l'ai acheté – période où je clamais que Dany Laferrière était un de mes auteurs préférés – ça m'aurait évité une grosse déception neuf ans plus tard. J'avais lu, entre autres, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer (qui est resté longtemps dans mes « Livres pour une île déserte »), Eroshima et L'énigme du retour que j'avais beaucoup aimés. Mais plus récemment (l'an dernier), Pays sans chapeau m'avait également déçue, ennuyée. Ça aurait déjà dû faire « tilt ». J'ai voulu retenter. Ce fut un échec. Tant pis. Mais je ne veux plus de rendez-vous ratés avec Dany Laferrière, alors je n'en prendrai plus.
Commenter  J’apprécie          274
En 1976, l'ami et collègue de Dany Laferrière, le journaliste Gasner Raymond, âgé de vingt-trois ans comme l'auteur, est assassiné en Haïti par les Tontons Macoute. Craignant d'être le prochain sur la liste, Dany Laferrière quitte de manière précipitée son île pour Montréal, n'informant personne de son départ, à l'exception de sa mère (qui est en fait l'instigatrice de son exil).
Dans le cri des oiseaux fous, il raconte cette journée et cette nuit terribles, entre le moment où il apprend la mort de son ami et celui où il prend l'avion pour Montréal ‘'qui ne l'attend pas''; cette journée et cette nuit qu'il passe à marcher dans sa ville, Port-au-Prince, secoué de colère et de chagrin, rongé par le doute, à rencontrer ses amis, ses connaissances, ses amours, à visiter les lieux qu'il aime, sans dire à personne la douloureuse décision qu'il a prise, sans pouvoir dire adieu, car c'est trop dangereux. Il croise aussi les bourreaux de son ami, ainsi que les informateurs qui grouillent partout, et à travers son récit l'on entrevoit l'atmosphère délétère et la terreur qui empoisonnaient alors Port-au-Prince, alors que les pères sont emprisonnés, exilés ou tués et que les mères tentent de protéger les fils, alors que l'on pouvait mourir d'être à la mauvaise place au mauvais moment ou parce que vous étiez le fils de quelqu'un ou parce que votre manque d'enthousiasme envers le régime avait déplu à quelqu'un… Terrifiant et bouleversant.
Commenter  J’apprécie          250
Une nuit à déambuler dans les pas de Marcus rongé par le doute, la tristesse et la colère, dans les rues de Port-au-Prince, alors qu'il vient d'apprendre la mort de son ami Gasner, un jeune journaliste, un peu trop fougueux peut-être et que les dangers peuvent venir de partout dans cette ville. Dans cette dictature ubuesque, la mort est souvent le prix à payer pour vouloir que les gens soient bien informés de ce qui se passe dans leur pays.
Marcus est un rêveur dans un pays où l'on n'aime pas les rêveurs. Il refuse la fatalité, refuse de se limiter à discuter de la dictature et du pouvoir qui ne s'intéresse qu'à sa survie, ne veut pas attendre la fin du régime pour vivre. « Je m'agenouillerai devant aucun dieu. Je suis un prince sans terre ni couronne. Ma vie se passe maintenant. » Marcus est certainement sur la liste des hommes à abattre, alors il lui reste une dernière nuit avant la fuite, avant l'exil incontournable. Papa Doc avait chassé son père, Baby Doc le chasse à son tour.
Une nuit pour nous délivrer ses pensées, ses frustrations, il nous confie ses envies, ses idées, ses lubies ; nous sommes dans sa tête, dans ses émotions, dans son coeur, dans ses rêves. Au fur et à mesure que la nuit avance, ce sentiment d'injustice qui ronge Marcus nous gagne, nous happe, nous emprisonne. Les bassesses du pouvoir, l'absence de libertés, de droits, d'humanité nous sautent au visage, et une envie de révolte nous saisit.

Merci Monsieur Laferrière. Comme j'ai aimé le paragraphe sur les mots ! Votre livre est riche d'enseignement. Puisse la situation en Haïti devenir moins chaotique. Il serait temps que l'état d'Haïti devienne un état de Droit. Droit aux libertés fondamentales et à la justice sociale. Droit de vivre sereinement et librement.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          240
Sans aucun doute le roman le plus noir, le plus violent de Dany Laferrière, lui qui se caractérise en général par une certaine légèreté dans le ton. C'est aussi un roman plus dense, aux chapitres plus longs, plongeant dans de plus amples réflexions sur la vie et la mort réelle et non d'un point de vue philosophique, sur la politique aussi. Tout ce qui différencie ce roman, celui de la transition entre le Haïti de l'enfance et le Québec de l'âge adulte, de ses autres romans.
Une nuit dans la vie du jeune Dany Laferrière, 24 heures à peine qui changeront définitivement sa vie.
Dany a 23 ans et est journaliste à Port-au-Prince. Dans la culture, même pas dans la politique. Pourtant, son ami Gasner vient d'être assassiné par les Tontons Macouts et le jeune Dany est le prochain sur la liste. Sa mère lui trouve un passeport et un billet pour Montréal, il doit partir le lendemain. Et absolument garder le secret de ce départ pour ne pas risquer sa vie.
Ces 24 heures seront l'occasion pour le jeune Dany mais aussi le narrateur 20 ans plus tard de déambuler une dernière fois dans Port-Au-Prince, de revoir ses amis, d'observer son pays d'un regard neuf et déjà étranger, sa pauvreté, sa corruption, ses décennies de dictature, de Duvalier à Bébé Doc en passant par Papa Doc (celui qui au passage avait déjà poussé le père de Dany à s'exiler près de vingt ans plus tôt), ses prostituées, la mort à chaque coin de rue même en plein jour, les trahisons, le sexe aussi, comme symbole de vie, l'engagement politique ou non, l'amour de sa mère, et l'exil à venir.
Une nuit d'errance dans la ville teintée de magie par la présence (réelle? imaginée? de Legba, divinité qui ouvre les portes d'un monde à l'autre).
Grande lectrice de Dany Laferrière, j'ai aimé le découvrir sous un autre jour, beaucoup plus tragique et plongé dans un monde de violence si différent du Haïti de son enfance auprès de Da, sa grand-mère.
J'ai aimé que cela se passe sur moins de 24 heures, et que cette errance (en partie fantasmée sans doute et réécrite par le Dany de 20 ans plus tard sous l'aune du voyage d'Ulysse) soit le moyen pour l'auteur de tenir en cercle autour de lui tant de réflexions si précieuses sans que cela ne soit ennuyeux, au contraire.
J'ai aimé encore une fois son vrai talent de conteur-magicien, capable de nous faire traverser le temps (lui qui dit qu'il confond souvent passé et avenir), de nous perdre dans la temporalité, le réel et l'imaginaire.
Et j'ai réellement découvert cette fois-ci cette violence subie des Haïtiens que l'auteur, pour une fois, nous révèle sans détour. On peut comprendre le malaise qu'il a dû longtemps ressentir, de s'être enfui "comme un lâche" du jour au lendemain laissant ses amis pour se réfugier au Québec, cette culpabilité avec laquelle il tente ici de se réconcilier par le récit de cette nuit d'errance.
La fin du roman annonce L'Enigme du Retour, autre roman plus grave de l'auteur, mais qu'il ne publiera que 9 ans après celui-ci.

Commenter  J’apprécie          220
Pour beaucoup de raisons un roman essentiel pour moi, un livre qui parle de l'exode avant la fuite, de la faim, du danger permanent, des tontons macoutes et de la capacité de l'homme à refuser d'être subordonné à une dictature. Ecrit avec le verbe haut qui fait les grands livres, Dany Laferrière est définitivement rentré dans mon panthéon personnel avec le Cri des Oiseaux Fous.
Commenter  J’apprécie          190
C'est avec ce cri des oiseaux fous que je fais mon entree dans les romans de Dany Laferriere. Laferriere est un auteur Haitien exile a Montreal, qui avec ce « cri des oiseaux fous » signe (au dire du 4eme de couverture) le 10eme titre de son autobiographie. Ce « cri » nous raconte la derniere journee de Laferriere, alias « Vieux Os », a Haiti, avant son depart pour Montreal. Au travers des quelques trois cents pages de ce roman (en edition poche), Laferriere nous donne a decouvrir Haiti dans les annees 70, sous la dictature de Jean-Claude Duvalier, alias « Baby Doc » et fils de son dictateur de pere, Francois Duvalier (Papa Doc). le roman s'ouvre sur la mort du meilleur ami de Laferriere, un journaliste de 23 ans – comme lui- nomme Gasner dont le meurtre a ete organise par le gouvernement, et tue sans doute par les tontons macoutes. S'en suit une « visite » de Haiti, et en particulier de Port-au-Prince ou l'on voyage en « tap-tap » et ou on ecoute le peuple discuter du prix de la vie et de la politique, ou les plus riches « sertissent » la montagne noire de leurs villas comme si il s'agissaient de diamants, et ou la bourgeoisie et les escrocs de tous poils resident dans le cossus quartier de Petionville. le livre melange le portrait de Haiti au travers des yeux de « Vieux Os » et l'autoportrait de Vieux Os. Un melange entre photographies, introspection et critique (pas uniquement destructive) de la societe Haitienne et surtout de son pouvoir sanguinaire. le livre n'est pas uniquement un temoignage romance des horreurs qui ont secoues Haiti, mais aussi un voyage dans les pensees d'un jeune homme, conduit comme son pere qu'il n'a pas connu, a l'exil. Vieux Os livre aussi une part de ses sentiments et de l'urgence d'exprimer ceux-ci (declarer sa flamme a Lisa … son veritable amour) a l'aube de l'inconnu.
Malgre quelques longueurs, le sentiment que le timing ne fonctionne pas trop (mais est-ce vraiment un probleme … que tous ces evenements se deroulent en 1 jour ou en 5, il n'y a que peu de difference … sauf sur la question des sentiments), l'inutilite de certains passages pour l'action du recit (mais pas pour le temoignage !!), j'ai trouve ce livre tres reussi !
Commenter  J’apprécie          150
Dans un taxi se tient Vieux Os, surnom original pour un jeune homme de vingt-trois ans, assommé par l'annonce du fait que son meilleur ami, journaliste libre-penseur comme lui, figure très connue à Port-au-Prince, vient d'être assassiné. La dizaine de passagers de ce taxi collectif partage son abattement à cette nouvelle. En réaction, la mère du jeune homme fait tout ce qu'elle peut pour lui obtenir un passeport, afin que, comme son père dix-huit ans auparavant, il prenne la route de l'exil. Il a vingt-quatre heures pour choisir de rester ou se préparer au départ, mais il est vital qu'il n'en parle à personne. Vieux os entame une tournée de ses lieux préférés pour voir ses amis.

Les premières pages donnent le ton du roman, avançant avec quelques digressions vers une annonce très forte, une nouvelle qui terrasse le narrateur, qui vient de perdre son ami très cher, tué sur une plage par une bande de tontons macoutes. le texte semble accuser alors une petite baisse de rythme, en revenant vers des événements plus anciens, mais ce sera en fait le même mode de narration tout au long, des sortes d'intermèdes entre des moments plus dramatiques.
Si à faire alterner les moments forts et les passages plus légers, à mélanger temps présent et souvenirs, l'auteur soulage le lecteur, évite le pathos, il court aussi le risque de le perdre un peu.
Toutefois, le tout se tient bien et réalise même le tour de force de faire durer le roman moins de vingt-quatre heures, pendant lesquelles il déroule les pensées de Vieux Os. Ce laps de temps correspond au temps passé entre le moment où il apprend la mort de Gasner, et le moment de son possible départ en exil. Il n'y a évidemment pas à proprement parler de suspense pour qui connaît Dany Laferrière, et devine les éléments autobiographiques nombreux qui se nichent dans ce roman, mais une tension certaine parcourt le texte.

Je ne dirais pas que ce monologue intérieur ponctué de rencontres et de dialogues ne possède pas quelques petites longueurs, j'avoue avoir faibli parfois, car il faut admettre que c'est une lecture assez exigeante. Ce texte est également un peu redondant par rapport à L'énigme du retour que j'ai lu il y a quelques mois, et dont j'ai préféré le style et la construction.
Toutefois les réflexions du narrateur sonnent juste, et ne manquent pas de profondeur, tout en traduisant parfaitement son jeune âge. J'ai beaucoup aimé son analyse de la culture, de la religion en Haïti, et même de l'importance de la grammaire sur fond de dictature, j'ai été très touchée par ses relations avec sa mère et sa grand-mère, par les liens d'amitié profonds qu'il a avec plusieurs camarades, un peu moins par ses amours juvéniles.
Je conseillerais ce roman à qui est intéressé par le thème, et qui voudrait découvrir Dany Laferrière, mais cet auteur est prolixe, et donc le choix très large.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          130
Pour fuir la dictature du fils Duvalier, comme son père avait fuit celle du Doc, le narrateur, après l'assassinat de son ami par les tontons macoutes, décide de s'exiler pour échapper, à son tour, à la mort. Ce roman raconte sa dernière journée passée à Port-au-Prince avant son départ pour Montréal.
Commenter  J’apprécie          90
Extrait de ma chronique :
" Ultime insurrection, ces pages vibrantes et empreintes de poésie qui occupent l'espace malgré la dictature, cet hommage au parfum des ilangs-ilangs, à la vie qui grouille, à la mer magnifique au-delà les déchets du rivage, à la grand-mère Da de Petit-Goâve, assise sur sa dodine une tasse de café à la main. Sensualité de la cuisine de poisson et bananes vertes des femmes de Brise-de-mer, sensualité de la grâce mouvante des jeunes filles de Pétionville, vibration de leurs corps et palpitation de leurs âmes, flamme de Sandra l'endiablée et douceur du coeur de Lisa qui s'endort. Dense nuit où dansent la musique des corps et des mots, l'amour du rythme et du jazz, qui traversent toute l'oeuvre de Dany Laferrière. du souvenir au spectacle du théâtre, du rêve qui s'étire et déforme le temps à la réalité planante qui l'accélère, de la noirceur de la nuit à la naissance du jour, le lecteur allonge le pas sur les traces de Vieux Os, opérant à son insu d'incessants allers retour du visible à l'invisible. Magie vaudou de cette écriture pulsatile placée sous l'égide de Legba le médiateur... Ce sont une grande sensibilité et une grande humanité qui animent Dany Laferrière, lui qui remet avec sagesse la contemplation au coeur du mouvement d'écrire.
Le Cri des oiseaux fous, qui n'était plus disponible depuis une dizaine d'années, s'impose comme une présence. (...)
Lien : https://lesfeuillesvolantes...
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (362) Voir plus



Quiz Voir plus

Tu connais Dany Laferriere ?

son premier roman s'intitule?

l'enigme du retour
l'odeur du café
comment faire l'amour avec un negre sans se fatiguer
le gout des jeunes filles

11 questions
57 lecteurs ont répondu
Thème : Dany LaferrièreCréer un quiz sur ce livre

{* *}