AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,65

sur 112 notes
5
7 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
C'est difficile de faire un billet pour ce livre parce qu'il est de ceux qui parlent à chacun en particulier, en sondant les convictions et même l'intime. Alors forcément, en parler, c'est parler de soi, de ce que l'on croit, de ce à quoi on aspire et au final, risquer en prenant parti de ne pas donner envie de le lire alors qu'en le refermant, c'est vraiment ce que je voudrais transmettre : donner l'envie de parcourir ces lignes, histoire de se questionner...
Parce que ce livre a été pour moi un questionnement au fil des pages - ou peut-être davantage une action de légitimer certains points de vue ou attitudes qui dérangent tant autour de moi...


Emylina arrive en France à l'âge de douze ans, en fuyant la Roumanie de Ceausescu, ses parents l'ont fait quitter le pays, par prudence, ils la rejoindront ensuite. La seule rencontre véritable est une jeune italienne, dont le regard pointe dans la même direction et cette amitié vraie qui épaule et stimule Emelyna est brisée par la disparition de cette jeune fille qui est recherchée par la police pour meurtre...

C'est le regard d'une apatride sur ce qui l'entoure, un regard vif et acéré du fait de son éducation : un père qui a su lui donner comme cadeau la liberté : celle de vivre, celle de penser par elle-même, celle d'avoir le droit (et le devoir) de se démarquer...
A son entrée dans la vie adulte, celle de l'indépendance consentie et permise par l'entrée dans un mode de société, Emelyna décide qu'elle n'en sera pas .. de ces "presque morts", de ceux qui rentrent dans un moule, dont la vie est toute tracée, dont les pensées s'arrêtent au bord des territoires de leur propre moi. Elle ne sera pas non plus de ces "jeunes jeunes" qui n'avancent que par le désir de posséder encore et encore, dirigés par les modes, les codes que l'on échange ou l'image que l'on donne de soi, la même que ceux qui font partie de cette communauté.

Vivre hors d'une société où on évolue est ardu, les rencontres font avancer, font réfléchir, se forger un esprit pour allier ce que l'on juge juste et ce que l'on fera pour le mettre en pratique au quotidien.


C'est un très beau récit sur la personne de ce père, sur le rapport entre ces deux êtres - un père spécialiste de Diderot et sa fille, qui construit véritablement cet être libre qu'est Emélyna, c'est le don de sincérité de celle qui s'émeut sur la misère du monde et décide de faire bouger les choses, sur le partage de la notion d'exil, sur les combats passés de ces libertaires qu'elle rencontre, qu'elle fréquente et sur ce qu'ils ont ouvert comme portes, lors de leurs batailles passées, sur ce qu'il reste de leurs espoirs...
C'est surtout un récit qui nous crie de refuser de suivre le groupe, de vivre en pensant librement au risque d'être exclu, mais qu'importe, puisqu'en retour il nous donne la certitude d'agir pour les autres, ceux qui sont oubliés, ceux dont la vie se résume à trois lignes dans les journaux, pour ceux dont il est de règle d'éviter le regard quand on les croise...

Un texte très original, tantôt récit, tantôt introspection, tantôt révolté, tantôt reflet d'un quant à soi, mais jamais résigné, et qui bouscule et scrute.



De cette indifférence généralisée et de cette vie frivole et en apparence facile qui nous éloignent des vraies questions que l'on doit se poser : il ne faut pas se consoler.
Commenter  J’apprécie          3912
Long poème en prose plutôt que véritable roman, de ça je me console est une vraie pépite de Lola Lafon. Daté de 2007, deuxième texte publiée de l'auteure, il prend pour point de départ la rencontre de la narratrice avec une jeune vagabonde italienne, leur coup de foudre réciproque, puis la disparition soudaine de cette dernière.

S'enchaîne une sorte de quête existentielle, organisée en chapitres très courts, dans laquelle l'héroïne prend à parti les autres personnages – et le lecteur – sur le sens de son époque, de sa génération (les « jeunes jeunes jeunes ») et sur cette guerre qui ne de dis pas son nom à l'oeuvre dans les rues occidentales.

Comme le dit si bien Virginie Despentes sur la 4e de couv, c'est « un roman poétique, léger et drole, mais les mots bien trempés dans le moteur à merde, ce qui fait qu'à part être poétique, ça reste une bonne claque dans la gueule ».

Une tentative de cartographie les horreurs quotidiennes, tout à fait acceptées, de notre monde, mais aussi ses résistances, ses poésies, ses refuges.

Car Lola Lafon est féministe et libertaire, on rapproche souvent ses idées de la mouvance dite autonome (une branche de l'anarchisme). Et ce roman est donc très politique, comme chacun de ses textes. Un appel vibrant à l'insoumission, à la mémoire aussi (« La mémoire est un sport de combat »).

Le genre de fille dont on dit qu'elle est « rebelle intelligente mais un peu extremiste ». Un vrai bijou.

Un livre génial. Qui fait du bien. Mettre des mots sur ces « accès de mort » quotidiens, du à ce monde. Et savoir qu'on n'est pas tout seul à vouloir y résister. Vivre vraiment.
Commenter  J’apprécie          90
Ce roman sort de l'ordinaire. Son titre, son héroïne, son esprit et l'écriture de son auteure sont particuliers. Le sujet me semble très intéressant. La narratrice Emylina, originaire de Roumanie, mène une existence de marginale à Paris; elle ne s'intègre pas dans la société, dont elle rejette globalement les mentalités et les moeurs. Elle évite de fréquenter les très nombreuses personnes qu'elle qualifie de « presque morts ». Elle déteste notamment les « jeunes jeunes jeunes » français, au lieu de s'identifier à eux. Elle consigne dans un carnet personnel tout ce qu'elle ne doit pas oublier. Elle garde un fort attachement à certains membres de sa famille, notamment à son jeune oncle décédé, un personnage inspiré directement par la figure (réelle) de P. Goldmann. Un jour, elle fait la rencontre d'une jeune Italienne, elle aussi marginale, qui n'est jamais nommée. le lien qui s'établit entre les deux femmes ressemble à l'amour, mais sans sexualité. Elles deviennent vite inséparables, jusqu'à ce que l'Italienne disparaisse à la suite d'un meurtre dans le restaurant où elle travaillait. A partir de là, quelque chose se brise pour Emylina. Elle est souvent interrogée par la police et, en même temps, elle parcourt Paris à la recherche d'indices pour retrouver son amie. Elle dialogue avec des "vieux" (comme le pittoresque Grichka) plutôt qu'avec des jeunes…

Le personnage de révoltée (contre la société dans son ensemble) décrit par Lola Lafon me semble très fort, et j'ai eu l'impression d'une vraie authenticité. J'ai énormément apprécié la complicité entre les deux femmes. L'auteure trouve des formules frappantes, comme: « J'avais des accès de mort pendant la journée, comme des évanouissements à mon état de vie » (p. 153), par exemple. Quant à la forme très libre donnée au livre, elle me parait aussi intéressante. Toutefois, je ne qualifierais pas ce roman de "poésie en prose", contrairement à d'autres lecteurs.

Ceci dit, à titre personnel je n'ai pas une profonde empathie avec Emylina. En soi, un caractère de rebelle n'est pas spécialement une qualité. Selon moi, il peut suggérer une immaturité qui cherche à se dissimuler: voir, par exemple, sa réaction de petite fille de 6 ans (p. 67). L'héroïne cultive une forme d'anarchisme, que je trouve un peu court. Pire: j'observe chez elle une forme de mépris à l'égard de tous ceux qui ne lui ressemblent pas, et ça ne me plait pas ! Mais ma principale réserve à l'égard de ce livre est celle-ci: si la première partie m'a semblé attractive et bien menée, la seconde moitié s'étire en longueur - sans vraiment apporter d'éléments nouveaux. Ayant déjà bien compris le personnage principal et étant devenu (trop) familier avec le style de Lola Lafon, je me suis presque ennuyé dans les dernières pages...
Commenter  J’apprécie          60
Ce livre a fait écho à quelque chose de particulièrement sensible chez moi : comment passer du statut de spectateur à celui d'acteur de sa vie, de sa société ; du statut d'allié silencieux d'une société qui écrase ceux qui ne sont pas du bon côté de la barrière au profit de ceux qui y sont à celui d'opposant, d'ennemi.
Le livre commence de manière assez accusatrice, la narratrice nous met face à la conscience de sa différence fondamentale face à ceux qui courent après le travail, les factures, la consommation, comme une accusation. Puis son image d'elle se délite face à un acte radical, incompréhensible, et elle va devoir se retrouver, sentimentalement, sociétalement, famillalement, au fil des rencontres, des séparations, des conversations, des silences.
Ce livre est la trajectoire d'une vie dans tous ses aspects, mais où la politique est primordiale, car c'est elle, et surtout notre position face à elle, qui décidera de ce qu'elle deviendra.
On peut formuler des critiques (il y a quelques longueurs, par exemple), mais j'ai trouvé cette lecture salutaire, pas forcément agréable, car renvoyant le lecteur à ses propres choix.
Je le recommande fortement.
Commenter  J’apprécie          50
Nous entrons dans une description de la vie, presque vu de l'extérieur, la vie vue par une jeune femme, Emylina qui veut vivre et qui est stoppée dans son élan par des "Presque morts effrayés d'être encore en vie".

De ça je me console est un jeu qu'elle faisait avec son père. Elle le mystifie énormément, son père... Elle fait la connaissance d'une jeune femme italienne qui vient d'arriver à Paris, elle parle mal français et un lien se crée entre elles jusqu'au jour où elle disparaît... La police la suspecte coupable d'un crime...

Emylina essaye tant bien que mal de se reconstruire face à cet abandon, on la sent imploser pour essayer de se construire une vie, une vie après...

Elle est une figure anarchique et mélancolique qui ne veut qu'une chose vivre... Ne pas être une "jeune jeune jeune", mais elle ne sait pas comment y arriver.
Commenter  J’apprécie          50

La narratrice est roumaine, arrivée en France à l'âge de treize ans, elle a maintenant trente ans et refuse de suivre les conventions que nous imposent la société (travail, etc), ce qui implique une incompréhension des gens qui l'entourent. Elle se lie d'amitié avec une italienne fraichement arrivée en France.



L'histoire ne se résume pas qu'à ça, mais je n'ai pas envie de raconter des choses qui se passent plus tard dans le livre. Ce livre m'a beaucoup marquée. Tout d'abord parce que je lutte pour ne pas devenir une "presque morte" à mon tour et parce que les formules qu'elle écrit sont magnifiquement tournées.
Commenter  J’apprécie          40
C'est l'histoire de la soustraction volontaire d'une jeune femme à sa génération "presque morte", suite à la disparition de son inséparable et intransigeante amie. Au fil d'autres rencontres, notamment quelques vieux bien plus vivants que les "jeunes jeunes jeunes", elle continue de noter ce dont on se console, ce qu'il ne faut pas oublier, qu'il s'agisse d'amour, de travail, de son enfance, de son père, d'un grand-oncle déporté, etc. Et l'on se prend à souligner de nombreux passages, "maquillée, je me sentais en option achat-vente, enfermée à l'intérieur de ma propre vitrine", à composer à notre tour l'inventaire de ce qui importe vraiment, pour lutter contre l'absurdité de ce monde.
Commenter  J’apprécie          30
C'est beau, tellement beau ! Dommage que ce roman n'est pas eu plus de succès !!
Commenter  J’apprécie          22
Un roman auquel je n'ai vraiment pas adhéré. Que ce soit l'écriture, le propos, les idées véhiculées dans ce livre, ce n'est définitivement pas mon truc! Trop de condescendance, d'idées éculées et d'étroitesse d'esprit pour moi! Un personnage principal sans envergure et sans intérêt qui se permet de juger tout le monde à l'aune de ses valeurs propres. C'est l 'agacement plus que l'adhésion qui m'a gagnée lors de cette lecture.
Commenter  J’apprécie          20
Voilà un roman touchant, marquant, à la fois drôle et grave car on ressent vraiment le vécu. le point de départ du roman, l'amitié-amour d'Emilyna avec une jeune italienne et la disparition de celle-ci mène vers un constat de tous les travers et du formatage de la société sur les individus, notamment les jeunes. En toile de fond, la belle relation d'Emilyna avec son père.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (275) Voir plus



Quiz Voir plus

Quand tu écouteras cette chanson (Lola Lafon)

Quand Lola Lafon passe-t-elle une nuit dans l’Annexe du Musée Anne Frank à Amsterdam ?

Le 18 août 2021
Le 28 août 2021

20 questions
27 lecteurs ont répondu
Thème : Quand tu écouteras cette chanson de Lola LafonCréer un quiz sur ce livre

{* *}