Rien ne prédestinait la petite Nadia Elena Comaneci, fille d'ouvriers roumains, dans les années 70, à devenir une gymnaste internationale ! Repérée par Béla Karolyi à 6 ans, dans une cour d'école maternelle , elle intègre l'école de gymnastique qu'il vient de créer avec son épouse, Marta, financée par le gouvernement roumain. Ensuite, entraînements sans fin. Classe le matin, qu'elle n'apprécie pas spécialement, et gymnastique l'après-midi durant des heures et des heures. Parfois même, les petites filles sont réveillées au beau milieu de la nuit pour certains entraînements ou exercices. L'objectif est de faire mieux que l'équipe russe, mondialement célèbre dans le domaine de la gymnastique. Béla les façonne tels des robots : elles se déplacent comme une petite armée bien entraînée. Un claquement de doigts et elles réagissent aussitôt. Il arrive même qu'elles doivent quitter une compétition lorsque Béla conteste un résultat.
Durant les jeux olympiques de 1976, Nadia remporte victoire sur victoire, à tel point que l'afficheur électronique n'est pas adapté pour inscrire la note de 10 sur 10. Il marque 1,00. le juge est obligé de montrer ses dix doigts pour proclamer le résultat. Et d'autres dix suivent... Nadia est adulée, encensée, traînée de célébrations en événements. Elle enchaîne les compétitions. Doit faire des discours devant le dictateur Nicolae Ceausescu et son épouse, qui se fait appeler La scientifique la plus merveilleuse du monde. Elle devient "la fée" de la gymnastique.
Mais c'est sans compter sur une réalité inéluctable : l'adolescence et la puberté. le corps de Nadia change. Ses envies également. Elle ne peut rester indéfiniment dans ce corps sans formes qui est devenu la norme dans cette discipline.
Lola Lafon nous fait ici le récit à "presque" deux voix de l'enfance de Nadia. On suit l'avancée de l'écriture au travers des échanges épistolaires entre Lola et Nadia, de leurs "brouilles" lorsque Nadia n'est pas d'accord avec l'autrice qui, à son sens, ne montre que le négatif de la vie en Roumanie dans les années 70 et 80. Nadia insiste sur le fait qu' il n'y avait certes rien mais que les gens se regroupaient, échangeaient, se côtoyaient. Il n'y avait pas besoin des médias, des réseaux sociaux mais les gens sortaient et se parlaient.
J'étais moi même très jeune en 1976. Je connaissais Nadia mais pas plus que ça. Ce livre m'a plongé dans une partie de sa vie avec beaucoup d'humilité et de respect pour cette petite fille plongée dans un univers d'adultes non choisi mais accepté et bravé avec une force magnifique.