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3,79

sur 1619 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La vie de N. Comaneci véritable et romancée ;qui nous fait découvrir une partie de sa vie en Roumanie,son exil et son mal etre .
Ce livre est très bien écrit et permet une lecture fluide et agréable .
Les interventions de N.Comaneci pour donner son avis son intéressants et offre une vision différente de la notre ,simple spectateur de son sacre et de sa chute.
J ai donc bien aimé ce roman ,car ce n est pas une biographie , l auteur a rempli " les blancs ", comme elle le dit, par ce qu elle pensait etre le plus proche de la réalité.
Cela m a permis de faire un tour sur You Tube pour revoir la prestation de la gymnaste au jeux de Montréal en 1976!
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Lola Lafon nous fait revivre l'exploit de Nadia Comaneci aux Jeux Olympiques de Montréal le 17 juillet 1976, exploit qui marqua les esprits pour longtemps. Cette jeune gymnaste roumaine de 14 ans, cintrée dans son justaucorps blanc, réussit, en l'espace de quelques minutes, par sa performance physique sidérante, la maîtrise totale de ses mouvements et sa grâce, à gagner le coeur de milliers de spectateurs et à déclencher l'enthousiasme des médias. La Roumanie, elle, vient de gagner la reconnaissance internationale.
Par des entretiens fictifs avec la gymnaste et l'exploration des différentes versions officielles, l'auteure retrace le parcours de Nadia Comaneci dont le destin se confond avec celui de la Roumanie. Derrière l'image adorée, puis conspuée de la gymnaste, apparaît le visage de la petit fille volontaire, puis de la femme déboussolée.
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On se laisserait facilement aller à croire que, sur fond de dictature roumaine triomphante puis déchue, c'est seulement un livre sur Nadia Comaneci, la petite gymnaste qui subjugua le monde entier, adulée par le communisme comme par l'occident, objet fascinant de vaillance et de fragilité mêlées, façonnée par son entraîneur, instrumentalisée comme propagande pro-roumaine par le pouvoir, jetée comme un kleenex quand elle commença à ne plus tout à fait rentrer dans la case qui lui avait été attribuée.

Ce serait déjà bien. Toute la première partie, l'ascension de la petite fille jusqu'au « 10 » suprême aux Jeux Olympiques, entre bien dans ce cadre-là : une histoire unique, pleine de violence et de passions, intelligemment menée qui tient le lecteur en haleine, l'informe et l'émeut à la fois.

Puis peu à peu les fêlures apparaissent, l'appareil se met à gripper, Nadia prend de l'épaisseur (à tous les sens du terme) et on monte d'un cran.
Si on regarde le titre et qu'on le compare vidéo de la jeune gymnaste qui sourit, si l'on regarde l'indication « roman », si l'on porte attention au fait que, à côté de son information tous azimuts, Lola Lafon entend « remplir les silences» comme elle le dit d'entrée de jeu, si elle fait intervenir un dialogue fictif et critique, entre Nadia Comaneci, et la narratrice, en train d'écrire sur elle, on comprendra qu'on va beaucoup plus loin, qu'on entre dans une réflexion sur le choix et le non-choix, l'ambiguïté, le sens donné aux mots et aux informations, la réécriture du réel.

L'idée directrice du roman est que les choses sont complexes, très complexes, qu'elles soient personnelles, sociales ou politiques, loin de l'image sans nuance véhiculée par les médias.

Je dirais pour ma part qu'on est bien devant une oeuvre littéraire et non un documentaire, avec une ligne narrative confrontée à l'histoire individuelle et collective, une réflexion sous-jacente, un style d'écriture, qui, s'il n'est pas classique et peut déplaire, n'en est pas moins ouvragé.
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Jusqu'à commencer ce livre, je ne connaissais pas du tout le nom de Nadia Comaneci. J'ai une bonne excuse : je n'étais pas né au moment où elle a illuminé les Jeux Olympiques de Montréal en 1976. Toutefois, j'ai rapidement compris que ce moment était important, et j'ai fait mes devoirs en visionnant les archives. Encore aujourd'hui, on peut comprendre l'émotion que Nadia a suscitée à l'époque, à travers le ton incrédule du commentateur télé, ou par un cri de frayeur poussé par une personne dans l'assistance pendant l'exécution d'une figure risquée.

Le livre se présente sous la forme d'une biographie romancée, dans laquelle l'auteure « remplit les blancs », tout en laissant, à chaque chapitre, le premier ou dernier mot à Nadia elle-même. Si j'apprécie l'honnêteté de laisser la parole à la principale concernée pour commenter sa propre vie, j'ai tout de même trouvé que ça tournait vite à la cacophonie. On ne sait rapidement plus quoi penser entre les propos rapportés par l'auteure, et les dénégations de Nadia qui soulignent que les témoignages dans un pays plongé dans la dictature de Ceaușescu ne valent pas grand-chose.

De fait, Nadia s'est rapidement fait dépasser par sa propre image. Devenue l'icône de marque d'une Roumanie en quête de respectabilité d'un côté, victime d'un régime communiste qui aurait broyé sa jeunesse sous une discipline de fer de l'autre, chaque camp avait déjà une version des faits tout prête pour se mettre en valeur et était assez peu intéressé par la vérité.

De fait, il reste beaucoup de zones d'ombre en refermant le livre. C'est sûr que condamner les entraînements rigoureux n'a pas de sens (comme si les athlètes de l'Ouest avaient gagné des médailles en lisant des textes philosophiques sur la liberté de temps en temps) ; prétendre que la Roumanie n'était pas en si mauvais état que le disaient les médias occidentaux, tout en la fuyant pour se réfugier aux USA et y vivre depuis, laisse sceptique également. Des passages clés de la vie de Nadia restent embrouillés.

Ça m'a tout de même permis de me replonger dans le contexte de l'époque, et une vision un peu différente de la Guerre Froide où tout succès, y compris sportif, devient politique et la preuve de sa supériorité doctrinale sur le reste du monde.

J'ai aussi apprécié la plongée dans le sport de haut niveau féminin, notamment la traque des corps et la détestation des signes de la puberté (rondeurs, règles, …) le sort de Nadia m'a un peu rappelé celui un peu plus contemporain de Laure Manaudou, portée aux nues très rapidement, puis dont on a traqué tout aussi rapidement le moindre signe de déchéance physique ou mentale avec une jubilation un peu mauvaise.

Toujours est-il que 50 ans plus tard, quand on revisionne les exercices de Nadia aux JO, on a toujours le souffle coupé, et ça, quel qu'ait été le contexte à l'époque, ça force l'admiration.
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Ce roman est passionnant.
De très courts chapitres qui cadencent l'histoire romancée de Nadia Comaneci ou comment survivre à un statut d'icône.
De son premier 10/10 aux JO de Montréal à sa fuite aux États-Unis, Lola Lafon tente de reconstituer le cheminement de la gymnaste.
Cela n'a rien d'une biographie même si les événements fondateurs sont réels.
Il est surtout question de travail, de privations, de compétitions, de forces mentales, de jalousie, de gloire puis d'oubli voire de rejet.
La puberté, si difficile presque destructrice pour la jeune fille, devient un personnage à part entière.
L'entraineur est bourré de contradiction devant une Nadia inébranlable.
En toile de fond, la Roumanie de Ceausescu et ses paradoxes ; l'attitude ambiguë des pays occidentaux vis-à-vis de cette dictature.
Rien de manichéen dans ce roman dont le style narratif est singulier.
Cela sort de l'ordinaire et j'ai adoré.
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Nadia Comaneci,
un nom qui fit battre le coeur d'un pays tout entier en cette année 1976,
qui résonna dans les corps de toutes les fillettes de l'Est comme de l'Ouest, leur offrant tout à la fois un rêve et un avenir,
qui fit pétiller dans les années 2000, mes yeux de petite gymnaste ainsi que ceux de toute mon équipe.

Pour la première fois dans l'histoire des Jeux Olympiques, une gymnaste obtient l'impossible note de 10, mettant à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d'accéder au statut de mythe planétaire.

Fascinée par le destin de la miraculeuse gamine de 14 ans alors, Lola Lafon entreprend de raconter ce qu'elle imagine de l'expérience que vécut la prodigieuse petite roumaine. Symbole d'une Europe aujourd'hui révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du monde le rêve d'une enfance éternelle. Mais quelle version retenir du parcours de cette petite communiste qui ne souriait jamais et qui voltigea, d'Est en Ouest, devant ses juges, sportifs, politiques ou médiatiques, entre adoration des foules et manipulation étatique ?

Parce que Nadia Comaneci, avec ses couettes, ses côtes saillantes et son regard cerné, c'était la grâce à l'état pur, l'innocence faite fillette, la maîtrise poussée à son paroxysme. Elle a inventé le gymnastique se plaisait-on à dire alors, enchainant aux barres, au sol, au cheval d'arçon et à la poutre des figures inconnues alors et terriblement dangereuses. Elle aurait pu se briser la nuque des centaines de fois, briser ce corps déjà si maigre, si parfait alors…elle aurait pu mais non, car Nadia était une magicienne.
Surentrainée.
Par son coach, Belà, à ses côtés depuis ses sept ans. Celui qui, à l'instar d'un morceau de terre glaise, sculpta la gymnaste qui n'existait pas. Elle s'entrainait huit heures par jour, contrôlait son poids au gramme près, s'affamait, s'épuisait, enchainait les blessures non réparées, se gavait se laxatifs au moment des prises de poids publiques et de cortisone pour que ses chevilles tiennent encore le coup le temps de la compétition. Jamais elle ne disait non. Nadia Comaneci était une machine à obéir, une merveilleuse petite machine jamais grippée.
Enfin, c'est ce que l'on pensait alors.

Lola Lafon, en journaliste nous donne à lire un récit intelligent et passionnant que l'on dévore de la première à la dernière page. Elle fait alterner les faits réels, ce qu'elle imagine du vécu de Nadia Comaneci et des échanges rêvés et fictionnels entre l'actuelle la narratrice et la Nadia d'aujourd'hui. Une manière pour elle de redonner la voix à ce film presque muet qu'a été le parcours de Nadia C. entre 1969 et 1990.
Le tout s'inscrit dans la Roumanie communiste de Ceaușescu, terrible mais loin des stéréotypes et des poncifs.

Ce roman m'a fait vivre et revivre des moments incroyables, il a fait renaître en moi des émotions que je croyais disparues depuis bien longtemps, il m'a fait rêver autant qu'il m'a fait mal.
En revoyant, en parallèle de ma lecture, les passages de Nadia, à la poutre, au sol et aux barres, j'ai plusieurs fois été prise par les larmes, secouée d'admiration, de peur et de douleur.
Pour elle et pour toutes ces gymnastes qui nous ont fait rêvé, qui nous ont fait vibrer et qui, d'un coup de pied à la lune, ont ravagé le chemin rétréci qu'on réservait alors aux petites filles.

Mais à quel prix ?
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Je ne connaissais que vaguement le nom de Nadia Comaneci. J'ai découvert ici son parcours incroyable. Mais au-delà de la narration de sa jeunesse, des efforts consentis pour arriver à ces résultats, c'est tout un monde de questions que soulève Lola Lafon.

Celle des jeunes athlètes, des choix de vie, imposés ou choisis, par ce talent, ce don qui leur tombe dessus. Celle des méthodes d'entraînement. Celle de la condition des athlètes féminines et du regard qui pèse sur leurs corps et la moindre modification de celui-ci. Et plus particulièrement encore, sur celui des gymnastes, si jeunes, et pour qui la puberté, peut être vécue comme un drame, une maladie. C'est d'ailleurs comme ça que le décrit Lola Lafon pour Nadia C. sous le terme de la Maladie et le désespoir dans lequel cela la plonge.

Il y aussi tout ce qui est plus contextuel. le régime communiste et comment il était vécu selon les différentes périodes par la population. Les comparaisons Est-Ouest et les témoignages de l'Est qui permettent, peut-être, de nuancer la vision extrêmement négative que nous pouvons en avoir. Vraiment, j'ai trouvé ces éléments très intéressants.

Bref, c'est un roman riche pour lequel Lola Lafon s'est entretenue avec la principale intéressée, s'est beaucoup documentée, a voyagé en Roumanie et a choisi une version, complétant parfois les blancs comme elle le pouvait, comme elle le "sentait". Une lecture plus qu'intéressant que je ne peux que conseiller !
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Il y a les livres dont on sait au fur et à mesure de la lecture que l'on n'en gardera pas un souvenir impérissable ; et ceux au contraire qui nous marquent.
Pour moi, La petite communiste qui ne souriait jamais rentre clairement dans la seconde catégorie.
A plusieurs titres :
J'avais déjà connaissance auparavant du « mythe » Nadia Comăneci, j'en avais vu les images étant enfant car même si je n'étais pas encore née en 76, le souvenir en était encore bien vivace lors des épreuves de gymnastique des JO des années 80. Lola Lafon commence ici directement par ce moment clé : ces quelques premières pages m'en ont donné des frissons.
J'étais curieuse de découvrir le parcours de Nadia C. avant 76 (son enfance centrée sur les entraînements bien sûr) mais également après, en me rendant compte à quel point les médias ont pu être durs avec elle, lui reprochant d'avoir grandi, grossi, d'être devenue une femme, comme si elle s'était ainsi rendue coupable d'une quelconque trahison …
Enfin, le volet historique est également très intéressant : la Roumanie de Ceaușescu vue de l'intérieur par Nadia C. qui tient à remettre les choses en perspective afin de nous empêcher de nous contenter d'une vision occidentale et capitaliste.
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J'ai toujours été fascinée par la gymnastique. Quand j'étais petite, je ne ratais aucune transmission télévisée des compétitions, et j'avoue que j'aurais adoré pratiquer ce sport - même si je sais que je n'aurais pas été très douée, puisque je suis une petite froussarde. Donc Nadia Comaneci, je sais très bien qui c'est. C'est tout simplement LA gymnaste, celle qui a donné une autre dimension à ce sport, celle qui a fait voler en éclats les limites, celle qui a réalisé l'impossible. C'est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis penchée sur ce roman, heureuse d'en apprendre davantage sur cette petite poupée parfaite. Et c'est un récit passionnant que j'ai découvert, à la fois sur sa carrière de gymnaste et sur l'état des lieux de ce sport à l'époque, mais aussi et surtout sur le contexte historique dont je n'étais pas du tout consciente. Pour moi, Nadia Comaneci, c'était une surdouée de la gymnastique, point. Jamais je n'avais imaginé toutes les pressions politiques autour de ses performances et de son entraînement, jamais je n'avais imaginé sa vie après Montréal - la "Maladie" de sa prise de poids d'adolescente, puis plus tard son "idylle forcée" avec le fils du Président roumain. J'ai d'ailleurs été choquée par les réactions des médias de l'époque, rejetant Nadia parce qu'elle était devenue "un monstre", parce qu'elle avait pris trop de poids...!

Sinon, je me doutais qu'elle avait dû subir un entraînement "militaire" pour arriver à ce niveau de perfection, mais ne savais pas dans le détail quel était son quotidien de petite fille. Et c'est à la fois fascinant et effrayant. Fascinant, car on voit que les bébés gymnastes ont tellement envie d'être les meilleures qu'elles se mettent elles-mêmes une pression extraordinaire, et effrayant car on leur impose un rythme et un régime alimentaire inhumains, et on les conditionne pour qu'elles soient dévouées corps et âme à leur objectif de performance. Ce qui est édifiant, c'est que les Occidentaux critiquent ce système d'entraînement intensif mais qu'ils l'appliquent dès qu'ils en ont l'occasion. Ainsi, Béla Karolyi, l'entraîneur de Nadia, est devenu celui de l'équipe olympique américaine pour les J.O. de Los Angeles en 1984 et d'Atlanta en 1996. Je n'ai pas creusé plus que ça, mais si Béla a plus ou moins forcé Nadia à concourir à la poutre avec une main et un bras gravement infectés aux championnats du monde de 1979, la main bandée, au risque de lui causer une chute mortelle, on ne peut que s'interroger en voyant seize ans plus tard Kerri Strug, entorse au pied, s'élancer au saut de cheval malgré sa blessure pour ne pas faire perdre l'équipe américaine aux J.O. d'Atlanta (qui obtiendra d'ailleurs la médaille d'or par équipes). de quoi s'interroger sérieusement sur les méthodes de l'entraîneur roumain...
Plus grave, le roman nous rappelle que la gymnastique reste un sport dangereux, très dangereux même. Ainsi, juste avant les J.O. de Moscou en 1980, Elena Mukhina chute à l'entraînement et se brise le cou, devenant paralysée des pieds jusqu'aux cou à l'âge de 20 ans. Elle meurt à 46 ans des suites de sa tétraplégie. On sait aujourd'hui peu de choses, si ce n'est que ses entraîneurs l'ont forcée à reprendre l'entraînement trop tôt après une fracture à la jambe... Autre histoire tragique, cette de Julissa Gomez : quelques mois avant les J.O. de Séoul en 1988, elle rate un Yourchenko au saut de cheval et se brise également la nuque. Paralysée et avec de sévères dommages cérébraux, elle décédera trois ans plus tard. Il a été établi que le drame aurait pu être évité, car elle n'avait jamais été à l'aise avec ce saut très dangereux, et ça aurait dû être le rôle de ses entraîneurs de ne pas la pousser à le réaliser (pour information, Béla Karolyi a été son entraîneur autrefois, et elle a changé d'entraîneur environ un an avant le drame) Je sais, je ne suis pas drôle, mais je tenais à insister sur cette question du danger de la spirale de la compétition et de la pression des entraîneurs, car ce thème transparaît nettement dans le roman de Lola Lafon. Lorsque l'auteure nous parle de l'accident d'Elena Mukhina, j'en ai eu la chair de poule :
"Elena tombée quelques jours avant l'ouverture des Jeux, lors d'un entraînement. On murmure qu'elle a été forcée de recommencer trop tôt, avant que l'os ne se ressoude. On ne sait rien de l'accident, sauf ceci : le salto Thomas, sa spécialité, elle l'effectuait à reculons (en se signant en cachette dans le dos de son entraîneur). Un jour je me briserai le cou monsieur le professeur. Non Elena les filles comme toi ne se brisent pas le cou. Les filles comme toi ne finissent pas en fauteuil roulant dans une chambre, la nuque putain de brisée net paralysée du cou jusqu'aux pieds après un super E et il faudra attendre un an puis deux, dix et encore dix avant de crever la veille d'un Noël, des "suites de l'accident".
Nadia plonge, sa jambe en arabesque derrière elle, un long soupir tracé au pinceau. Puis, son pied droit pointé devant, elle se détourne des mortes, des battues, tous ces sanglots de filles fracturées, et posément aligne - flic flac - les cartes de mauvais sort retournées, vaincues, une fois de plus, elle les salue, ils sont debout, follement aimants, bouleversés d'avoir goûté à l'odeur terrible d'un mauvais sort repoussé."
Mais surtout, ce qui me choque, c'est la complaisance des juges, qui laissent faire. Et la "complicité" des spectateurs, qui, quand tout va bien, frissonnent de plaisir devant le danger frôlé du doigt.


Et le texte de Lola Lafon est formidable car il traduit parfaitement cette hypocrisie de tous, ce tiraillement entre la fascination d'un spectacle époustouflant et des conditions d'entraînement horribles pour des petites filles. La plume de l'auteure est très belle, et elle parvient à nous montrer de la même façon l'enjeu politique qui se cache derrière la carrière de Nadia Comaneci. C'est un roman passionnant, bien écrit, qui marie subtilement les faits et la fiction.

Seul regret, le fait de devoir se contenter d'un document sans illustrations, sans vidéos. Un roman numérique interactif aurait été très adapté à ce contenu, notamment pour voir en vidéo les exploits cités dans le livre. Je sais que ce n'est pas un documentaire, mais la gymnastique est un sport visuel, et il est vraiment frustrant de ne pas voir ce qui est décrit. Vous trouverez donc sur mon blog une petite compilation de liens vers des vidéos évoquées dans le roman ou relatives au roman.
Lien : http://surlestracesduchat.bl..
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Que faut-il comme ingrédients pour écrire un bon récit biographique ? En lisant ce roman je me suis dit que Lola Lafon avait réussi un joli pari:

1) Essaimer des détails historiques çà et là, parfois croustillants, parfois violents de par leur puissance historique ou de par leur cruauté. Donner envie d'en savoir plus sur une période donnée, ici le Communisme du Camarade Ceausescu, ou sur la chasse aux sorcières entreprise par les Etats-Unis, en savoir plus sur la vie d'une petite gymnaste communiste en Roumanie, en savoir plus sur la Roumanie tout court. Objectifs réussis!

2) Dépeindre une héroïne qui suscite l'empathie, la sympathie et l'admiration. On suit Nadia Comaneci de son entraînement de titan à sa plus grande gloire, de la fin de son enfance au début de la Maladie (l'âge ingrat de l'adolescence), jusqu'à l'âge adulte. On suit sa fuite, ses hauts et ses bas, on tremble pour elle, on vibre à chacun de ses mouvements qu'elle exécute avec grâce. Et autour d'elle, l'auteure a réussi à croquer des personnages touchants, Belà l'entraîneur, le "père", et les autres filles comme Dorina... Objectifs réussis également !

3) Nous immerger dans l'univers de la gymnastique, des athlètes, des Jeux Olympiques. Lola Lafon parvient à recréer la sensation d'être parmi les spectateurs des Jeux Olympiques, des entraînements ou des mondiaux. On sent la vibration de la barre, le corps se saisir du vide, on sent les palpitations des corps, la sueur, l'angoisse, on sent la pesanteur, on sent la joie, c'est comme si on y était. Immersion totale réussie.

A travers cette histoire incroyable, Lola Lafon entremêle la petite et la grande Histoire et nous donne à voir à la fois la vision d'un monde occidental et la vision du monde communiste, les différents points de vue se télescopent, les faits se mélangent aux pensées de la narratrice, aux avis contrariés de la principale concernée, Nadia, à des bribes d'articles de journaux, des extraits d'émissions télévisées...

Un récit extrêmement bien documenté et magistralement mené !
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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