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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'avais jamais lu Lola LAfon, avais été tentée par la petite communiste puis non, l'occasion ne s'étant pas présentée. C'est ce livre qui m'est venu, de par sa couverture que je trouve touchante et son titre, le tout m'a interpellé. Que pouvait bien cacher ce roman ? Je me doutais bien qu'il était un peu en marge.
Ce fut une lecture étrange, comme un feu d'artifice aux mille couleurs, aux éclats surprenants, des chorégraphies sublimes, redoutant malgré tout le bouquet final.
Trois personnages marqués, blessés, qui portent leur souffrance, leur fardeau, partagent, tentent, aident, s'allègent, se réfugient, mais tous ces verbes ne s'enfilent pas comme des perles. Ça donne un ensemble orignal et à la fois étrange, tout ce mélange de sujets qui s'effleurent sans vraiment se confondre, c'est bien mené, troublant mais captivant, émouvant aussi.
Une très belle découverte
On ne peut pas en dire trop, sans compromettre la délicatesse du sujet, et laisser pénétrer le futur lecteur sans balises, qu'il prenne plaisir à mettre ses propres marques. L'inconnu est plus propice à ce genre de roman.
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« Ceci est le journal de ta mort subite. » (p. 11) Emile, la meilleure amie, la presque soeur, de la narratrice s'effondre dans un café. Reliée à des machines, le corps à 33°, Emile est morte. Son coeur s'est arrêté. Une autre machine la ramène, le coeur d'Emile repart. « Quand j'ai commencé à prendre des notes, il me semblait que tant que je t'écrivais tu ne mourrais pas. » (p. 125) Pendant les quelques jours où Emile n'est pas, la narratrice écrit leur histoire, leur amitié fondée sur le viol, leur passion commune pour la danse ique. Et lentement, la narratrice dévoile ses peurs, raconte la danseuse qu'elle n'est plus, la victime qu'on refuse de défendre. Après tout, elle n'est qu'une « petite Roumaine pâle aux vêtements soigneusement choisis le matin pour « faire sérieuse », assise droite sur la chaine d'une institution du pays des droits de l'homme. » (p. 306)

Un soir, la narratrice rencontre la Petite Fille au Bout du Chemin. Qui est-elle, celle-là qui lit et relit une notice de médicaments, qui écrit et recopie des pages entières ? N'est-elle que la copie d'un vieux film ? Non, elle est un des oiseaux de la tempête qui s'annonce. La Petite Fille au Bout du Chemin donne un nom à la danseuse brisée qui devient Voltairine. Ensemble, elles s'engagent sur la voie du Non : non à l'injustice, non au silence complaisant. La Petite Fille lance des questions au monde comme autant de passerelles entre les êtres. Ses banderoles et ses tags sont des devoirs de mémoire et des appels à la contestation.

Le récit s'inscrit dans un paysage où flotte le spectre d'une Élection passée. Est-ce un monde légèrement futuriste ou la mise en scène de ce qui aurait pu être après un certain scrutin ? La répression, le racisme, les violences policières, tout cela nous est connu, mais on ressent un léger décalage, une terreur insidieuse se glisse en toute chose. L'Élection fait référence à une pratique démocratique, mais tout pointe un état policier, un glissement vers la dictature. « Depuis l'Élection, tu peux bien chercher, l'évasion cérébrale, même momentanée, est impossible ! Enfin, c'est plutôt qu'elle nous est vendue comme impensable et dépassée, oui, comme un truc d'un autre siècle de se bagarrer. » (p. 172) Maintenant, il faut rester dans le rang, agir normalement. « Normalement », ce sont les normes du régime bien entendu. La Petite Fille, incarnation lumineuse de la Justice, ne prône pas l'anarchie mais appelle à l'insurrection, seule façon de rester vivant. Toutefois, bien que fortes de leurs idéaux et d'un idéal de liberté, les Petites Filles au Bout du Chemin ne peuvent échapper à l'institution policière qui semble s'installer partout. le moule aveugle du bien-pensant n'en finit pas de vouloir se refermer sur elles. « N'être coupable de rien quand on est griffée de tout rend l'innocence bien pesante. » (p. 245)

La danseuse Sylvie Guillem (Mademoiselle Non) et l'anarchiste Voltairine de Cleyre traversent à l'envi les pages de ce merveilleux roman. Qu'incarnent-elles si ce n'est le mouvement ? Alors que la plus sublime féminité exsude des pages, on entend la voix de toutes les femmes qui ont dit Non, qui l'ont répété et qui, devant l'évidente mauvaise foi du monde, ont décidé qu'elles ne se tairaient plus, au risque d'y perdre toutes leurs plumes.

Au journal initial se mêle les écrits de la Petite Fille au Bout du Chemin. Puis le journal devient mémoire pour répondre à la question : quelle est mon erreur ? Refusant toutes les notices du monde moderne qui emprisonnent le mouvement et la liberté, le roman suit des enchaînements oniriques et invisibles, mais où tout fait sens. Comme dans un merveilleux ballet, chaque geste parfait repose sur une infinité de détentes et d'élans que l'on n'a pas vus. Lola Lafon mesure le rythme de ses phrases, voire de ses mots. Tout est respiration. Il ne s'agit pas de mesurer son souffle, non il faut l'expulser, s'en faire crever les côtes, tout donner dans la course folle et haleter dans l'émotion.

Il y a des textes qui happent dès la première page. Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce est de ceux-là. La quatrième de couverture parle d'un « conte insurrectionnel ». Oui, mais pas seulement. C'est un hymne à la fille présente en chaque femme, c'est une ode à la révolte dans les sociétés grises. Et surtout, c'est un roman comme j'aimerais en lire davantage : impeccablement construit, tendu vers l'au-delà des mots, nourri de musique et de danse, porté par une écriture ciselée, pudique et incroyablement puissante.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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C'est La petite communiste qui ne souriait jamais qui m'a donné envie de découvrir un peu plus Lola Lafon. J'avais tant aimé ce livre que c'est avec une pointe d'appréhension que j'ai ouvert celui-là. « Et si je n'accrochais pas ? Et si Nadia refusait de laisser un peu de place pour quelqu'un d'autre ? »

Mais Nadia a accepté de me partager avec la narratrice, surnommée Voltairine, avec Emile et avec la Petite Fille au Bout du Chemin. Les deux premières, liées par la danse, mais aussi par un événement terrible qui les a tuées pour les faire renaître. La troisième qui les entraîne dans une rébellion qu'elles n'auraient jamais envisagée.
« La Folle. La Morte. La Taularde. Les trois dégueulasses. Les filles de rien du tout. L'Elfe ratée. La Tarée. La Revenante. Les Petites Filles au Bout du Chemin. »
J'ai côtoyé Emile sur un lit d'hôpital alors qu'elle venait de mourir subitement pour renaître ensuite, j'ai découvert l'histoire de Voltairine au fil de ses confidences écrites, j'ai rencontré la Petite Fille au Bout du Chemin à la sortie d'une séance à la Cinémathèque. Trois filles flamboyantes, perdues et fortes, ne recherchant qu'une chose : la liberté. Liberté pour les étrangers, liberté pour les femmes, liberté pour ceux qui ne collent pas à la norme.

Les héroïnes de Lola Lafon sont poignantes car elles semblent chercher quelque chose qui finalement n'arrive jamais. Elles ont férocement envie de vivre, de vivre leur vie et non celle qu'on tente de leur imposer. Cette férocité, elle est dans l'écriture de Lola Lafon. Sauvagement poétique. Au rythme des mots, sur la partition des pages, Mademoiselle Non alias Sylvie Guillem, les Enervés de Jumièges et l'anarchiste Voltairine de Cleyre viennent danser autour de nos trois Petites Filles.
Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce est un manifeste pour la liberté. Déchirez les liens qui vous enserrent ! Ne laissez pas la société vous dicter votre conduite ! Donnez un sens à votre vie ! Levez la tête et cessez de regarder vos pieds ! « Mais qui a coupé vos nerfs ? »

On s'interroge sur nos vies, sur notre quotidien, sur les choses qui importent. Un soupçon de politique et on réfléchit sur les décisions prises chaque jour en haut lieu, sur les discours éternellement répétés. Efficace. Pas de déception, juste un amour renouvelé pour la littérature.

Tourbillonnant et puissant, ce livre est une claque. Un souffle révolté à la fois nerveux et lucide qui secoue et dévaste tout en fortifiant. Une tempête annoncée dès la première page : « Ceci est le journal de ta mort subite. »
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Lorsque sa meilleure amie s'écroule dans un café, victime d'une mort subite, la narratrice commence le récit de leur vie, de leur rencontre et de ce qui se passera par la suite. Et le lecteur de cette histoire ira de surprise en surprise, apprenant petit à petit ce qui réunit ces deux femmes et ce qui les rapprochera d'une autre, entre autres : le besoin de vivre, de s'émanciper mais surtout de liberté. Un conte poétique et un souffle de révolte qu'il vous faut découvrir par vous-mêmes.
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Lola Lafon a la parole franche et le regard désabusé des observateurs circonspects de la marche du monde. Ses textes sont puissants et politiques, avec une pointe d'humour amer qui aiguise la révolte en l'habillant de recul. Les textes de Lola Lafon sont magnifiques, sans chercher l'esbroufe ou la posture. Directs et Volatiles.

L'histoire commence avec une tempête qui ne s'arrête qu'à la dernière page.

Dès le départ, le ton est donné. Des phrases courtes, rythmées, ciselées. Trois parties constituent la lecture avec des chapitres ayant des titres ou non. Des chapitres souvent très court, d'une, deux ou trois pages. Ceci donnant, accentuant le rythme de la lecture. Lecture pas toujours facile au demeurant ! Accessible mais pas facile. Je n'ai pas réussi à partir dans une lecture rapide malgré le rythme donné ... Je me suis retrouvé à prendre mon pas dans cette lecture, mon pas de danse qui s'est posé au fur et à mesure.

Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
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Un roman foisonnant dans lequel il est question d'arrêt du coeur, de cinémathèque, de danse classique, de banderoles et de révolte jusqu'au bout du chemin.
Un roman féministe visionnaire - écrit il y a 10 ans et c'en est troublant.
Un tourbillon de mots et de pensées, qui rend le texte tantôt bouleversant, tantôt fatiguant. Certains passages m'ont retourné : d'une force à me faire flancher. Même si j'en ai lu d'autres en pointillé tant j'ai eu du mal à suivre.
Ça n'est pas le roman le plus accessible de l'auteure. Souvent trop délié.
Mais je suis à nouveau soufflée par sa plume unique, virevoltante et carré à la fois. Par son art du portrait, son sens du détail dans un tout souvent mouvant, décalé. Par sa colère digne, son élégance, son énergie.
Un roman qui ne sera pas mon préféré de l'auteure, mais sa lecture a fait d'elle une écrivaine à jamais dans mon coeur.
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Troisième roman de Lola Lafon, auteure et musicienne au style joliment fragile, Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce parvient à évoquer la souffrance avec légèreté. Emile, éducatrice de jeunes en difficulté, est victime d'un arrêt cardiaque momentané. Sa meilleure amie (et narratrice de ce roman) nous raconte leur amitié, liée par le partage d'une expérience commune, le viol et d'une passion, la danse classique. Leurs vies -à l'état de friches- se retrouvent bousculées par l'entrée d'une Petite Fille au bout du chemin, jeune femme fantasque et « oppositionnelle » dont la narratrice ne se séparera plus pendant la convalescence d'Emile. Embarquées sans s'en soucier dans le terrorisme, par hasard animatrices dans un centre social, mettant le feu dans tout Paris juste pour le geste, l'action devient essentielle pour se sentir vivante. L'écriture aussi et le roman est entrecoupé des lettres que s'envoient les deux amies, des textes qu'écrit compulsivement la Petite Fille pour se soulager, des tracts distribués et des slogans écrits sur les murs. Poétique, empreint d'un esprit de révolte, c'est un appel à vivre dangereusement et à ne pas subir les violences répressives qui suivent une Election.
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Ce livre est décidément rien de ce que l'on peut s'attendre à lire. Je serais bien incapable de le résumer ou d'en faire un quelconque analyse. Tout ce que je sais c'est que j'ai aimé, profondément aimé, alors que la lecture m'a plus d'une fois mise mal à l'aise, m'a plus d'une fois donné l'envie de refermer les pages et ne plus l'ouvrir. C'est dur et brut et tranchant. Et vraiment je vous le recommande et surtout, ne pas le lâcher tant que vous ne l'avez pas terminé ! Ne surtout pas le poser quand bien même ça vous apparaitra plus d'une fois, la meilleure chose à faire.

PS : Gros clin d'oeil involontaire au roman, je l'ai terminé un 11 novembre ! Et ce n'est même pas fait exprès !
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Dès le départ, le temps est suspendu - à la température d'Emile dont le coeur s'est arrêté d'abord, puis aux textes d'une fille classée folle, enfin aux possibles d'une révolte qui s'embrase. Face aux violences des hommes et de l'Etat, accrocher des banderoles partout dans la ville, se réfugier sur une île, se tenir la main, porter le feu des émeutes, danser en résistance... Les Petites Filles au Bout du Chemin sortent de leurs gonds, avec Voltairine de Cleyre et le Hamarket Square en mémoire.
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