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4,3

sur 1936 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La collection Ma nuit au musée des éditions Stock propose à des écrivains de passer une nuit dans le musée de leur choix pour ensuite raconter leur séjour nocturne.
Dans ce cadre-là, le 18 août 2021, Lola Lafon a passé une nuit à la Maison Anne Frank, à Amsterdam, dans l'Annexe, là, dans les pièces exiguës où Anne, sa soeur Margot, leurs parents et quatre amis, « vingt-cinq mois durant, ont dû se plier au silence, en apprendre toutes les nuances, des chuchotements jusqu'aux pas feutrés en passant par l'immobilité totale ».
Mais quelque chose l'empêche d'entrer dans la chambre de l'adolescente, où celle-ci rédigea son Journal. Elle ne parviendra à en pousser la porte qu'en toute fin de nuit.
Ce lieu que l'écrivaine a choisi n'est sans doute pas le fruit du hasard, il fait tellement écho à l'histoire de sa propre famille, cette histoire familiale à laquelle elle va devoir se confronter ainsi qu'à d'autres fantômes…
Lola Lafon a essayé de comprendre Anne Frank que le monde connaît tant qu'il n'en sait pas grand-chose si ce n'est cette image d'une pâle jeune fille aux cheveux sagement retenus par une barrette, assise à son petit secrétaire, un stylo à la main.
Le Journal d'Anne Frank est le plus lu dans le monde, mais il a été coupé, manipulé. À sa parution aux États-Unis, pas une allusion au régime nazi, ni à la Shoah...
Aussi tente-t-elle de se représenter la vie suspendue de cette ado qui n'a que 13 ans quand elle se réfugie dans l'Annexe le 6 juillet 1942, jusqu'au 4 août 1944, quand la Gestapo l'envahit et met tout à sac et qu'elle va mourir à Bergen-Belsen.
Elle nous fait découvrir l'histoire de ce Journal, ce Journal qu'il ne faudrait pas réduire à un simple journal intime, un témoignage ou à un testament. La jeune fille voulait devenir écrivaine ou journaliste et l'a donc réécrit, persuadée que son texte saurait trouver le futur.
Ce Journal est l'oeuvre d'une écrivaine et non l'oeuvre spontanée d'une adolescente comme le laissent à croire toutes les éditions.
Le travail de Lola Lafon est primordial pour rétablir la vérité sur ce destin jugé trop sombre à Hollywood ou à Broadway.
Pour son adaptation au théâtre en 1953, l'histoire d'Anne Frank est jugée trop juive et trop sombre et des réécritures sont faites, les producteurs remplaçant sa voix par une autre moins triste et plus universelle, pour en faire une histoire soigneusement expurgée de ce qui pourrait fâcher. Elle est récompensée par un prix Pulitzer.
Quand le cinéma s'en empare en 1958, même chose, c'est une « Anne » de fiction, toute de douceur et d'espoir qui triomphe, le contraire de cette fille bavarde et audacieuse, consciente de la mort qui pouvait advenir à tout instant. le film sera récompensé par quatre Oscars…
C'est le récit de cette longue nuit que Lola Lafon nous livre, tissant comme une toile entre l'histoire d'Anne Frank et sa propre histoire personnelle et familiale trouée de silences qu'elle convoque ici.
Comme Otto Frank, le père d'Anne, son grand-père a été victime de la « foi tragique » qu'il avait placée dans un pays d'accueil, persuadé que, s'il s'en donnait la peine, il y serait respecté, protégé : «Je sais l'histoire de ces familles élevées dans l'amour d'une France de fiction, celle d'Hugo, de Jaurès et de la Déclaration des droits de l'homme. Je sais que, loin du havre qu'ils espéraient y trouver, ils y ont été humiliés, pourchassés, déportés. »
Difficile de trouver les mots pour dire combien j'ai été remuée, bouleversée à la lecture de ce livre, terrassée par la beauté de ce texte, surprise puis atterrée de voir comment les éditeurs puis les producteurs de pièces de théâtre et de films avaient pu manipuler et couper cet écrit pour le lisser et le rendre conforme à l'attente du public. Honteux !
La seule évocation du titre, Quand tu écouteras cette chanson, (chanson des Bee Gees « I started a joke ») m'affecte intensément et me fait monter les larmes aux yeux. Elle fait en effet référence à un jeune lycéen que Lola Lafon a connu et avec lequel elle a correspondu. Il se révèle être la clef du bouquin.
Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon a reçu le Prix Décembre 2022 et le Prix Les Inrockuptibles 2022, des prix amplement mérités !
Je remercie très sincèrement Pauline pour cette sublime lecture.

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Passer 10 heures dans un musée ? Pourquoi pas ? Oui, mais toute une nuit ? Un défi à relever, une performance à réaliser, une expérience intellectuelle à tenter ? Ok, mais un musée dans lequel le visiteur est confronté au vide et à l'absence, puisqu'on ne peut y admirer aucune oeuvre d'art ? Ce début, un tantinet badin, ne sied guère au sujet. Lola Lafon choisit dans le cadre de la collection Ma nuit au musée de passer ce moment unique dans le musée d'Anne Frank à Amsterdam, un désir qu'à priori elle ne comprenait pas elle-même. Anne Frank vécut recluse dans l'Annexe du musée avec 7 autres personnes, du 6 juillet 1942 au 7 août 1944. 25 mois de vie cachée racontés dans son Journal avant d'être déportée et de mourir à Bergen-Belsen. « Son célèbre Journal que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment. »

Lola Lafon arpente sans relâche les 42 mètres carrés de ce célèbre lieu de vie. L'histoire d'Anne Frank ravive son propre passé : née juive comme elle, dans une famille exilée dont certains membres ont été exterminés à Auschwitz tandis que d'autres ont survécu, comme cette grand-mère qui offre à sa petite-fille Lola un médaillon renfermant le portrait d'Anne Frank avec ces mots « N'oublie jamais. » C'est aussi pour affirmer haut et fort la vérité de l'histoire de la jeune Anne dont l'existence continue d'être niée par les négationnistes et qu'un certain cinéma américain a présenté de façon trop lisse, romantique presque. Lola Lafon réhabilite une Anne Frank « piétinée« , censurée, édulcorée. Elle en fait une véritable écrivaine, c'était d'ailleurs le souhait d'Anne Frank d'être un jour publiée. Et c'est aussi, en faisant le parallèle avec un autre adolescent cambodgien, victime lui aussi de la terreur, celle des Khmers rouges, l'occasion de mettre en garde contre toutes les tyrannies.

Ce livre douloureux, bouleversant, intime et sincère est un hommage vibrant à une jeune fille morte à 16 ans de faim, de soif, de froid et de désespoir, aux propres aïeux de l'autrice et à tous les innocents immolés sur l'autel des dictatures.

PS : Lola Lafon donne envie de lire la version intégrale du Journal d'Anne Frank, publié en 1997.
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Essai publié dans la série « Ma nuit au musée ».

Le choix de « l'Annexe », cet espace restreint où la famille Frank vécu pendant deux années avant ‘être déportés, était une évidence pour Lola Lafon. Un musée pas comme les autres. L'occasion pour elle, la petite roumaine juive dont la famille a émigré en France, de se confronter à sa judéité.

J'ai lu et vu beaucoup de choses sur la Shoah. J'ai lu « le journal d'Anne Frank » et visité ce lieu de souvenir, non sans émotion et avec des sentiments mitigés. Mais au travers du récit de l'expérience vécue par Lola Lafon, j'ai découvert des aspects que je n'imaginais pas. Ainsi je n'avais pas saisi jusqu'à présent tout l'impact de cette catastrophe sur les générations qui n'ont pas connu la Seconde Guerre mondiale, cette 3e génération de l'après. Je n'appréhendais pas tout ce que ce passé implique dans le quotidien des familles, toutes ces choses qui me semblent naturelles, sur lesquelles je ne me questionne pas, parce que je suis née dans une autre religion, parce que ce n'est pas mon héritage direct, et qui font tant défaut pour ceux qui succèdent à leurs familles disparues dans l'horreur nazie.

Dans ce journal d'une nuit hors norme, de sa préparation à la dernière minute dans ce lieu, l'auteure mène de front plusieurs réflexions. Elle s'interroge aussi sur le métier d'écrivain, se rappelant qu'Anne Frank a écrit son journal comme un roman ou comme un essai, tant la jeune fille rêvait de faire ce métier. C'est aussi une réflexion sur la mémoire et sur le devoir de mémoire, un devoir parfois impossible.

Troublée par ce lieu dans lequel elle sera quasiment seule pendant une douzaine d'heures, Lola Lafon fait l'expérience de l'absence. Celle de cette famille, de ces huit personnes qui partagèrent pendant 2 ans la peur quotidienne d'être découvertes. Celle de ceux qui ne sont pas revenus des camps. Troublant musée du vide.

Les réflexions de l'auteur semblent partir dans tous les sens et pourtant il y a un fil conducteur que nous ne découvrons que dans mes dernières pages. En se confrontant à l'Annexe et à l'histoire de la famille Frank, l'auteur affronte ses propres fantômes, le vide laissé par les absents, les douleurs de l'abandon d'un pays, les difficultés de l'intégration dans un autre, les hoquets de l'histoire.

Un récit émouvant, une expérience du souvenir comme une thérapie, dans laquelle Lola Lafon construit des ponts entre son vécu et celui de la plus célèbre enfant de la shoah. Et lorsqu'au bout de cette nuit unique elle finit par oser entrer dans la chambre d'Anne Frank, elle se livre à nous dans une intimité partagée avec l'auteure du célèbre journal, nous offrons un moment d'intense émotion.
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J'avais déjà entendu parler de Lola Lafon, en particulier pour La petite communiste qui ne souriait jamais, mais je n'avais finalement pas lu ce livre… Je le ferai certainement à l'avenir. J'avais aussi repéré Quand tu écouteras cette chanson après en avoir lu des chroniques élogieuses, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de le découvrir jusqu'à maintenant. Il m'a été recommandé et prêté par une amie.
Dans ce récit, Lola Lafon raconte son séjour d'une nuit dans le Musée Anne Frank, plus précisément dans l'Annexe qui fut le refuse de la famille Frank. Elle nous livre ses réflexions pendant cette nuit si particulière et tout ce que ce lieu et la vie d'Anne Frank suscitent en elle au regard de son histoire personnelle et familiale, puisque ses grands-parents ont aussi dû fuir les pogroms et se réfugier en France pour fuir l'antisémitisme. Elle témoigne des stigmates laissés par ces épreuves sur les générations d'après, et ses propos personnels ont une portée universelle, et très actuelle au regard des guerres récentes qui montrent que les hommes ne réussissent pas à tirer des leçons du passé… Ce récit m'a vraiment touchée, et j'ai relevé de très nombreux passages. Il m'a aussi donné envie de relire le Journal d'Anne Frank, avec un autre regard…


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A l'évocation de la courte existence d'Anne Franck, l'émotion de Lola Lafon est palpable dans chacune des pages de son roman et atteint même son paroxysme lorsque qu'elle décide de s'enfermer une nuit entière dans l'appartement exigu d'Amsterdam où la très jeune adolescente, privée de liberté, a vécu ses derniers jours auprès de sa famille.
Avant d'entamer l'écriture de son ouvrage, la romancière a souhaité s'isoler dans cet endroit, transformé de nos jours en musée, afin de pouvoir s'imprégner de son atmosphère, chargée d'histoire. Elle décrit avec dévotion, presque respectueusement, le silence pesant qui l'entoure, lourd de signification. Ses sensations étranges lui font presque ressentir la présence des fantômes du passé ; elle imagine alors entendre la voix et les rires de la jeune fille courageuse, qui prenait soin de noter dans son journal intime, méthodiquement et régulièrement, ses états d'âme du moment, ses appréhensions et ses questionnements sur le devenir de ce monde devenu fou…

A la faveur d'une plume magistrale et délicate, l'écrivaine nous fait partager, en sus d'un huis-clos oppressant, une partie autobiographique de son histoire familiale qui vient s'inscrire, en filigrane, dans le rappel douloureux des moments tragiques vécus par certains peuples, injustement rejetés, pourchassés et parfois exterminés, en raison de leurs origines.
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La maison d'édition Stock propos à des écrivains de passer une nuit dans un musée de leur choix afin d'exacerber leur créativité. Lola Lafon à choisie de passer la nuit du 18 août 2021 au musée d'Anne Franck à Amsterdam et plus particulièrement dans l'annexe.

Pendant deux ans, grâce au courage des employés de Otto Franck, huit personnes ont pu survivre avec une liberté somme toute relative dans cette annexe.

L'auteure énumère certains des faits présents dans le journal d'Anne Franck. Elle revient également sur le parcours tumultueux de la famille Franck. Des écrivains, des réalisateurs, des traducteurs ont voulu ou réussi à tronquer le journal en voulant le rendre plus optimiste, moins personnel. Elle nous rappelle que Anne Franck elle-même à fait un travaille de réécriture avec le désire de devenir auteure ce qui hélas restera un doux rêve.

J'ai ressenti l'émotion de Lola Lafon dans ces lieux chargés de souvenir. L'auteure se livre sur son passé d'une manière pleinement légitime, lié par certains passages de son enfance et de ses origines.

Bravo Lola Lafon pour votre travail réalisé avec habileté ainsi que le récit qui en résulte, émouvant et poignant.

A la fin de cette lecture je ne peux que vous conseiller de regarder également la série une lueur d'espoir. Celle-ci retrace l'héroïsme de Miep Gies, Jan Gies et des autres employés de Otto Franck à lutter pour la survie de sa famille.
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Ce livre s'inscrit dans la collection des éditions Stock qu'on pourrait intituler « Ma nuit au musée », où un écrivain passe la nuit dans un musée de son choix ou proposé par l'éditeur. Lola Lafon a choisi à la fois le plus accessible et le plus difficile des lieux : le Musée Anne Frank à Amsterdam, là où se trouvait l'Annexe, un espace d'une trentaine de mètres carrés dans lequel la célèbre jeune fille, sa famille et quatre autres personnes ont vécu cachés des nazis pendant plus de deux ans. Comme le dit Lola Lafon, tout le monde connaît et aime Anne Frank, tout le monde connaît son célèbre Journal. Mais qui connaît vraiment l'adolescente, qu'a-t-on retenu de son journal intime ? Sans doute des « images d'Epinal », un texte que l'on a adapté, tronqué, déformé jusqu'à en faire une sorte de comédie musicale dont le message est grosso modo « L'espoir est toujours vivant, la paix gagnera toujours ». Or il en va tout autrement, c'est ce que nous explique Lola Lafon. Dans ce récit où elle retrace l'histoire de la famille Frank (des juifs allemands qui ont quitté l'Allemagne pour échapper au nazisme et se sont donc établis en Hollande), l'auteure rappelle les persécutions anti-juives auxquelles les autorités hollandaises collaborationnistes se sont données à coeur joie, devançant les prescriptions nazies, l'espoir vite déçu de pouvoir partir en Amérique et finalement, plutôt que fuir, le projet de se cacher à Amsterdam même, dans le grenier au-dessus de l'entreprise d'Otto Frank, le père d'Anne. Une vie cachée, à l'ombre, emprisonnée, terrifiée, qui a duré sept cents soixante jours et s'est terminée brutalement par l'irruption de la Gestapo le 4 août 1944. La famille Frank fera partie du dernier convoi qui s'est ébranlé de Westerbork pour Auschwitz. On sait que les deux soeurs, Margot et Anne, mourront de faim, de froid et du typhus au camp de Bergen-Belsen en mars 1945, à même pas deux mois de la fin de la guerre. Des huit personnes enfermées dans l'Annexe, seul Otto Frank est revenu à Amsterdam. Après de fiévreuses recherches, il apprendra le 18 juillet 1945 la mort de ses filles. C'est Miep Gies, son ancienne secrétaire, qui a aidé les Frank à se cacher, qui lui confiera le journal d'Anne, retrouvé dans l'Annexe pillée par la Gestapo. Bien documentée, Lola Lafon nous raconte donc ce que deviendra ce journal, les censures, les déformations du message mais aussi les analyses honnêtes qui montrent que ce texte est non seulement le témoignage d'une jeune fille qui savait parfaitement les risques encourus, la terreur probable à venir (elle savait que les Juifs étaient parqués dans des camps et tués par le gaz) mais aussi une oeuvre littéraire qu'elle avait retravaillée quand elle a entendu sur Radio Oranje « une annonce du ministre de l'Education des Pays-Bas en exil à Londres. Il demande aux Hollandais de conserver leurs lettres, leurs journaux intimes : après guerre, ces écrits seront autant de témoignages précieux. Cette déclaration la galvanise, elle s'enthousiasme, en parle à son père : son journal pourrait être publié, un jour. »

Le livre de Lola Lafon a déjà pour première grande qualité de restituer l'histoire de la famille Frank, l'histoire du Journal et il met en valeur de façon très émouvante Otto Frank, qui n'est plus seulement – qui n'est même pas – celui dont on a dit qu'il avait coupé des passages du texte. On est d'abord séduit par cette personnalité opiniâtre, imaginative et on partage ensuite la sidération, le chagrin indicible de ce père, son honnêteté, sa volonté de respecter ce qu'Anne aurait voulu et de faire vivre sa mémoire, inlassablement. Ensuite, évidemment, Lola Lafon n'est pas arrivée dans ce musée par hasard : on découvre qu'elle-même est juive d'origine roumaine, que des membres de sa famille ont été déportés et ont péri dans les camps de la mort et que le silence qui a entouré cette histoire familiale – auquel s'ajoutent les années vécues sous la dictature de Ceaucescu et son propre exil en France – a pesé sur sa jeunesse, sur la personne qu'elle est devenue. Et si elle peine tant, durant la nuit dans l'Annexe, à oser entrer dans la chambre d'Anne Frank, c'est non seulement à cause du poids de ces ombres familiales mais aussi à cause d'une autre histoire, une histoire en miroir de celle de la jeune Juive déportée, celle qui donne son titre au livre et que l'on découvre la gorge serrée. En un peu plus de deux cents pages seulement, par la force de sa construction, Lola Lafon a su me cueillir sur le fil des émotions toujours maîtrisées, jamais étalées mais d'autant plus fortes. Elle nous fait aussi une leçon de littérature et de silence. Je peux déjà dire que ce sera une de mes plus belles lectures de l'année.

Après cette lecture, j'ai évidemment envie de relire le Journal d'Anne Frank avec un autre éclairage que celui de ma lecture d'adolescente (et heureusement je ne me suis jamais séparée du livre). Il existe même une édition critique du journal et d'autres textes d'Anne Frank, publiée par Calmann-Lévy.
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Lola Lafon a passé "une nuit au musée" et ce musée c'est celui d'Anne Franck à Amsterdam.
De cette nuit, elle nous livre un témoignage, mais pas celui de sa "rencontre" avec la (éternellement) jeune Anne Franck, mais plutôt celui de son absence.
C'est un témoignage sur l'héritage de ceux qui sont revenus et de leurs enfants, petits enfants. C'est aussi un témoignage sur ceux qui ont dû tout quitter, tout recommencer, essayer de se fondre dans un décor qui n'est pas le leur.
Un témoignage d'un passé qui trouve beaucoup (trop) d'échos dans notre présent.
Ce récit m'a beaucoup touché. Il a ramené à ma mémoire, celui de ma mère qui enfant a vu partir son père pour une guerre qu'elle ne pouvait comprendre et qu'elle n'a jamais revu. Cette absence qui a modifié la trajectoire de sa vie.
Une belle et touchante lecture.
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Un tour au musée d'Anne Franck, la poésie de cette nuit où tout bascule vers un souvenir, vers une enfance. le style de Lola Lafon, sa manière de déambuler comme une ballade des temps anciens. (ballade et non balade, c'est à dire un texte d'une poésie déchirante.
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• Lu dans le cadre du
PRIX DES LECTEURS 2024
CATÉGORIE LITTÉRATURE
pour le Livre de Poche
Sélection #2 - Février

J'avais vu passer beaucoup de billets écrits par des BabeliAmis.

C'était donc avec curiosité et appréhension que j'ai ouvert ce livre, car je savais qu'il allait réveiller les douloureux souvenirs de lecture du Journal d'Anne Frank.

Comment parler de cette jeune fille alors que cela fait écho à l'histoire familiale de l'autrice Lola, en réveillant les fantômes du passé ?

Sa vie se calque sur celle d'Anne.

L'autrice a décidé de passer la nuit au musée d'Anne Frank et de "dormir" dans cet appartement/cachette pour s'interroger sur Anne Frank et son rapport à l'écriture.

"Tout ici, se veut plus vrai que vrai or tout est faux, sauf l'absence. Elle accable, c'est un bourdonnement obsédant, strident."

Cet ouvrage me semble difficile à résumer, tant il y a de choses importantes à dire.

Qui est réellement Anne Frank ?
Que représente-t-elle ?
Nous pensons toutes et tous la connaître...

"Anne Frank, la soeur imaginaire de millions d'enfants, qui, si elle avait survécu, aurait l'âge d'une grand-mère ; Anne Frank, l'éternelle adolescente, qui aujourd'hui pourrait être ma fille, a-t-on pour toujours l'âge auquel on cesse de vivre."

"Un symbole, mais de quoi ? de l'adolescence ? de la Shoah ? de l'écriture ?"

Grâce à Lola Lafon, j'ai appris davantage de choses sur cette jeune fille.

Son travail de recherche est conséquent et mérite d'être lu en complément du Journal.

Elle a réussi à poser une réflexion sur ce que les gens ont retenu de ce journal lu pour beaucoup d'entre nous à l'école.

C'est une plume juste et sensible.

Je préfère la couverture en version poche qui met en avant le contenu du récit. C'est un roman sur lequel je n'aurai pas forcément été attiré de premier abord, donc je suis contente de l'avoir eu entre les mains.
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