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Ce livre est coup de poing.
Une catharsis de l'autrice.

Il fait mal, il bouscule, il choque, il horrifie.

L'incompréhension est totale à sa lecture. Comment un être humain peut-être aussi pervers. Peut être aussi inhumain. Peut-être un tel monstre. Un livre qui abime notre confiance en l'autre et rappelle l'horreur qui se cache dans l'humanité.
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Un livre d'une grande violence mais juste. Chaque mot est précis.le poids,le son.le sens,rien en trop.tout est dit. de la fureur,du cauchemar,de la douleur,de l'émotion,de la force,de la rage et une énergie folle pour survivre... un livre à lire.....
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L'édition originale – Héliotrope, Québec - du livre de Marie-Pier Lafontaine annonçait la couleur et appuyait largement le titre avec cette chaîne froide, prête à être resserrée et ce fer qu'on appose aux esclaves pour leur faire sentir le poids de leur condition. Le Nouvel Attila en lui faisant passer l'océan a préféré une allégorie de l'enfance brisée par une poupée tout en dentelles et joues roses dont l'image se fissure sous l'effet d'un coup. Deux manières de porter ce texte dont la brutalité et le malaise rappelle l'insoutenable Jours d'inceste sorti chez nous aux éditions Payot. Chienne a le tranchant d'une gifle sur la tempe et les cicatrices de la terreur. Chienne, c'est page après page, le récit d'une brûlure au tisonnier, où l'on retourne patiemment le fer dans la plaie jour après jour. La suffocation y est la même qu'une gorge profonde qui ne finirait jamais. Dans Chienne, seule une loi prime, celle d'un père, qui règne en maître et bourreau sur le trio de femmes qui habitent sous son toit. Lire ce livre, c'est prier très fort que tout cela n'ait jamais eu lieu et comprendre plus on avance que tout cela a forcément existé. Ce n'est pas un livre de guérison. C'est un livre qui expose la douleur et l'indéfendable. Très difficile, mais porté par une écriture violente, puissante.
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La chronique crue et tranchante d'une enfance vécue sous les sévices abominables du père et la lâcheté de la mère. L'étrange magie des mots nés de l'horreur sans fard.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/02/03/note-de-lecture-chienne-marie-pier-lafontaine/

Dès les trois premières pages, l'horreur s'installe pour ne plus nous quitter. Une horreur très directe, celle du calvaire vécu par deux soeurs, livrées aux fantasmes d'inceste et aux sévices les plus cruels de leur père, sous le regard amorphe de leur mère, qui n'aura érigé qu'une seule barrière à la barbarie, barrière que l'on jugera de taille ou non : « Pas de pénétration ! ». Dès lors, c'est sur trois registres que la fille cadette, bien des années après les faits, trouve ces mots en forme de haches de bataille pour raconter, enfin, ce qui se passa pendant des années dans ce huis clos. Mots décharnés, asséchés, et pourtant bouillonnants, mots crus qui sonnent comme une contre-attaque tardive plutôt que comme une thérapie, naturellement. Dire, c'est désormais faire vraiment exister ce qui fut dissimulé avec tant d'acharnement et tant de passivité de l'environnement (car les enfants tombent et mentent, c'est bien connu). Dire les agressions sadiques, dire les pensées qu'elles inspiraient alors, dire le traumatisme à vaincre ensuite : trois missions confiées à ces phrases cinglantes dans leur simplicité, leur répétition et leur insistance paradoxale.

Publié en 2019 au Canada chez Héliotrope, puis en 2020 en France au Nouvel Attila, le premier roman de Marie-Pier Lafontaine n'est pas un témoignage, mais une création littéraire. La part d'(auto)fiction et celle de réalité qu'il contient ne regarde après tout que son autrice, qui a trouvé dans le creuset de son master de création littéraire de l'UQAM l'énergie et le courage de transformer un certain potentiel de vécu, vraisemblablement tragique, en une oeuvre magnifique, cruelle, percutante et étrangement poétique – et à valeur proprement universelle, bien au-delà de la tentation documentaire. Comme le rappelait avec grande justesse Hélène Frédérick dans se belle recension pour En attendant Nadeau (à lire ici), « la littérature ne guérit pas, mais peut toutefois combattre ». Comme l'autrice le confiera elle-même deux ans plus tard, dans son essai au titre clair, « Armer la rage », et au sous-titre (« Pour une littérature de combat ») encore plus direct – au sens de la boxe, que Marie-Pier Lafontaine pratique en amatrice assidue -, essai écrit notamment en réaction à la remarque d'un professeur lui assenant que la littérature n'était pas le lieu de la dénonciation : « Répondre à mon père était l'interdit principal de la maison. Raconter était donc tout simplement impensable, enfant. Qu'est-ce que j'aurais bien pu dénoncer de toute façon ? Je pensais qu'il était normal et courant qu'un père soit excité par ses filles et que les enfants soient battus jusqu'à l'âge de 14 ans. Il valait mieux le croire. L'idée de la normalité, même obscène et distordue, retardait le moment de l'effondrement. » (rapporté par Chantal Guy, dans La Presse, dans un article-entretien à lire ici).

Marie-Pier Lafontaine a dit plusieurs fois en entretien toute l'admiration qu'elle éprouvait pour Chloé Delaume. Comme elle en effet, elle transforme l'expérience vécue en quelque chose qui est tout sauf une thérapie, elle développe une subtile alchimie de la vengeance par les mots, qui dépasse rapidement son objet, même aussi terrifiant que celui dont il est question ici. Comme le notait avec sagacité Camille Laurens dans son Feuilleton du Monde des Livres (à lire ici), « la narratrice martyre porte un regard clinique sur la psychopathologie du pervers et de ses complices ». Les mots tranchent à rebours, la chirurgie est libératrice, qui succède aux scarifications désespérées de la grande soeur adolescente : toute une escrime de la haine salvatrice s'élabore dans ces pages, répondant à l'horreur par un fantasme travaillant d'abord et avant tout le décalage souverain pour, enfin, en oeuvre littéraire rare, exploser – et espérer faire pénétrer à son tour ses shrapnels le plus profondément possible.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Un uppercut, cette lecture !
J'en reste KO, pensive.
L'écriture de Marie Pier Lafontaine
est armée d'une force vitale
pour nous dire aussi fort
l' éffroi, la douleur, la mort qui rode.
Un batteur incestueur
une incestigatrice
deux incestuées..
Une violence, un sadisme XXL
On n'en croit pas ses yeux.
On pense mal comprendre .
La réalité dépasse la fiction
les mots choisis relèvent de la vraie vie.
L'écriture pour rester vivant, exister
témoigner, crier quand on a dû se taire.
Ce récit est fulgurant .
Une voix d'outre-tombe
car l'enfance et l'innocence
ont été assassinées à petits feux
avec une savante perversion.
Inoubliable je crois.

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🔹️"Il vaut mieux exister en tant que chienne que de ne pas exister du tout."🔹️
Marie-Pier Lafontaine

⚠️pour un public averti.
Insoutenable.
Voici le terme que j'emploierai pour résumer ce roman de Marie-Pier Lafontaine.
Roman ou texte : une petite centaine de pages mais celà est bien assez pour moi.
Pas de prénom utilisé dans cette autofiction mis à part 2 seuls surnoms : le monstre (le père) et les chiennes (ses 2 filles).
Pas de décor des lieux.
Pas de repère dans le temps.
L'auteure nous livre ici une espèce de huit-clos qui intensifie encore plus l'horreur du vécu.
Violence, sadisme, terreur, intimidation font partie du quotidien de ces 2 fillettes sous le regard d'une mère muette qui ne s'interpose pas mais imposant une seule règle : ne pas pénétrer ses filles.
Une plume incisive, tranchante, aux mots percutants.
Un cri de vengeance.
Des chapitres très très courts comme si le coeur s'emballait et demandait un instant de repos pour s'en remettre.⚠️
🔹️"Je ne pourrai mourir qu'après être allée cracher sur la tombe de mon père."🔹️
Marie-Pier Lafontaine

RÉSUMÉ  :
📖 Deux soeurs sont soumises durant leur enfance et leur adolescence à toutes les humiliations. Tenues en laisse, obligées de marcher à quatre pattes, empêchées d'uriner, frappées. Leur mère est le témoin muet de ces agressions répétées qui provoquent au père un plaisir sadique renouvelé. Viol suspendu, inceste latent, jamais consommé. Un style lapidaire pour dire l'innommable et la monotonie de l'horreur. Chienne est, racontée à la première personne, l'histoire d'une jeune fille démolie qui s'appuie sur les pouvoirs de la littérature pour retrouver un corps et une parole. Et quand elle mord, ça fait mal.📖
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Ce livre est d'une grande violence, sur l'enfance maltraitée et l'inceste, sans pourtant, et étonnamment, tomber dans le patos ni l'écoeurement. L'autrice use d'un mélange équilibré dans le récit de la fille, entre les horreurs faites par ce père-monstre, ordure finie, qui jubile à la mesure des douleurs qu'il engendre, entre cette mère inexistante, à genoux, elle aussi victime de viols (la fille en veut presque davantage à sa mère qu'à son père semble-t-il), et, tous les scénarii que cette fille imagine sur la mort de ce père. Trois femmes, trois victimes, éduquées pour devenir chiennes, à quatre pattes, à ne jamais mordre ; parce qu'une chienne est fidèle même quand elle est battue ! Cette métaphore filée sur les filles-chiennes a le mérite de la précision abjecte. Livre très spécial mais excellemment écrit, parce qu'il a une vocation essentielle : tuer le père ! Commencer ce livre, c'est ne plus le lâcher tant il percute par son style. Livre majeur et pourtant premier roman ; grande écrivaine québécoise en herbe à suivre...
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Ce n'est rien de dire que cette auto-fiction très courte est un coup de poing, on s'approche du tabassage.
Tres bien écrit, ce texte est une charge contre la violence parentale destructrice, l'inceste, mais il va tellement loin dans cette violence, qu'on a du mal à entrer dans l'émotion qu'il aurait du provoquer.
Et pourtant elles sont là les émotions : la peur, la douleur, la culpabilité, la colère même... mais un peut comme un combat dont les coups déferlent sans relâche, on a envie d'arrêter, de se détourner d'un spectacle sans autre issue que la destruction.
J'en sort groggy, mais également dubitatif.
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C'est un texte brutal, poignant et troublant, qui fait vivre beaucoup d'émotions fortes. L'autrice y décrit une cruauté inconcevable, qui fait froid dans le dos, et évoque de façon particulièrement éloquente ce que c'est, pour un enfant, que de grandir dans la peur.

Il est toujours dur de juger d'un livre basé sur des faits vécus, surtout lorsque les événements racontés sont de vraies horreurs. C'est d'autant plus délicat quand il est question d'autofiction, parce qu'il est alors impossible de distinguer le réel de la fiction. J'imagine, toutefois, qu'il s'agit d'un moyen pour les auteurs de se révéler et d'aborder des sujets difficiles tout en préservant, d'une certaine façon, leur intimité.

Je dirai tout de même ceci : il s'agit d'un portrait composé par bribes plus que d'un récit, et l'absence de réponses et de résolution finale m'a un peu laissée sur ma faim. D'un point de vue narratif, j'aurais aimé en savoir plus ou sentir que cette histoire me conduisait quelque part. Mais c'est peut-être, au fond, exactement ce qu'il y a à retenir d'une lecture comme celle-là : il n'y a pas de sens inhérent à l'horreur. La violence ne mène nulle part.

À ne lire que si vous avez le coeur solidement accroché!
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Une enfance inexistante, brisée, anéantie, exterminée, renversée dans la violence, pour la violence et pour des désirs pervers. Une enfance remplacée par l'appétit malsain du monstre, de l'ogre, du père qui assouvit ses désirs dans l'éclatement du corps, du coeur et de la tête de ses enfants. Particulièrement de ses filles, ses chiennes de filles.

Il les soumet, les étrangle, les frappe, les touche, leur raconte ce qu'il voudrait leur faire. Il les viole mentalement, il les viole dans ses paroles.
Qu'il est dur de lire ces textes, ces bouts de souvenirs, terribles au point de remercier la brièveté des chapitres, qui nous laisse souffler. Les synonymes liés à l'enfer ont beau affluer, ils ne portent pas assez l'horreur des actes infligés.

Ce texte existe pour tuer. Tuer le père, la mère aussi. Un père qui tient plus du monstre et du violeur que de l'homme. Et une mère qui sait, qui assiste et participe à cet inceste. Elle prouve à ses enfants qu'une mère, "on le sait, n'existe pas". Ce texte est là peut-être aussi pour rendre au coeur un semblant d'unité. Et pour exprimer des sentiments auparavant cachés, enfouis, qui ont pourtant forgés l'existence de la narratrice.

Ces bouts de textes possèdent une poésie qui fait aussi mal que ce qui est écrit. Mal tellement c'est beau, bouleversant et terrifiant. Comment peut-elle écrire de manière si organique et puissante malgré l'horreur, le cauchemar sans fin imposé par le père sur sa vie. Leur vie. A sa soeur et à elle. Et les autres enfants dont on devine les ombres mais qui ne sont qu'évoqués.

Ces bouts de textes assemblés ne sont parfois que des phrases et le silence du reste de la page crie aussi fort que les mots imprimés. Ces bouts de textes qui disent la volonté de se venger. Se venger en continuant à vivre et à écrire pour dire et réparer.
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