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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rentrée littéraire 2021 #30

On se croirait au ciné ! Façon Scorcese ! Un jeune afro-américain de 19 ans, Clyde Morton, débarqué à New-York de son Alabama natal, se rêvant trompettiste de jazz, devient un des gangster les plus influents de Harlem. Viper en surnom, dealer de marijuana craint de tous, costume impeccable, cheveux défrisés, fine moustache. Un destin raconté sur un rythme effréné, de 1936 à 1961, dans un récit empli de meurtres, de guerre de la drogue, de flics ripoux, d'avocats véreux et d'une femme fatale, celle que Clyde aimera toute sa vie, très romantiquement, malgré les secousses.

Le très grand plaisir du roman est de faire déambuler le lecteur dans le Harlem des clubs de jazz, du scat à la révolution Bebop, avec la Seconde guerre mondiale comme bascule. On y croise tous les acteurs importants de la culture jazz, Charlie Parker, Thelonious Monk, Dizzie Gillespie, Miles Davis notamment, ainsi que la baronne Pannonica de Koenigswarter qui accueille dans sa villa tout ce petit monde. C'est chez elle que Bird est mort prématurément à 34 ans, épuisé par l'héroïne, l'alcool et les excès en tout genre. L'atmosphère et l'évolution de Harlem sont très bien rendues. le jazz est vraiment au coeur du roman, jusqu'au titre clin d'oeil qui fait référence à un morceau de Django Reinhardt ( lui n'est pas présent dans le récit ). La passion de l'auteur est communicative, même pour une non initiée comme moi.

La construction pivote autour d'une nuit de novembre 1961, chez la baronne Pannonica qui demande à Viper, comme elle le fait avec tous ses hôtes, de consigner pour la postérité dans un carnet ses trois voeux les plus chers. Il vient de tuer quelqu'un, pour la troisième fois dans sa vie. Mais au lieu de fuir, il laisse son esprit s'évader vers son passé et raconte les meurtres qu'il a commis tout en dévoilant ses voeux. le procédé est sans doute un peu artificiel mais d'une grande efficacité. Jusqu'au double rebondissement final, très très réussi, qui révélera dans les ultimes pages l'identité de la troisième personne assassinée, donnant au roman des accents shakespeariens voire de tragédie grecque à la Sophocle.

Ce roman est extrêmement divertissant. Mais sans doute trop court. J'aurais aimé que l'auteur rallonge son récit d'au moins cent pages pour lui apporter la densité et la profondeur qu'il aurait pu avoir en creusant, notamment, la psychologie de son personnage principal qui reste très linéaire. Il y avait matière à encore plus régaler le lecteur. A noter que le roman est né d'un feuilleton radiophonique diffusé sur France Culture en 2019.
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"Herbe, dit MR O, cannabis, chanvre, foin, thé, kif, ganja, dame verte, verdure, Marie Warner, marie-jeanne. Il n'y a que les organes sexuels qui aient plus de surnoms que la marijuana".

Le jeune Clyde n'a qu'un rêve dans la vie : devenir trompettiste. Sur les conseils de son oncle, celui-ci prend un billet aller simple direction New-York, quittant ainsi son Alabama natal. Arrivé sur place, ses illusions s'envolent rapidement. Après avoir passé une audition, on lui fait comprendre qu'il ne pourra jamais devenir un jazzman. Pourtant, on détecte en lui un potentiel insoupçonné jusqu'alors, don qui va lui ouvrir les portes d'un puissant gang du quartier d'Harlem. Après une ascension fulgurante, Clyde Morton devient l'un des plus grands fournisseurs de marijuana du milieu du jazz. Pour y arriver, "Viper" a dû faire certains choix et prendre des décisions difficiles...

Plus qu'un simple dealer, Clyde Morton est l'exemple même du rêve américain dans le milieu du jazz New-Yorkais. Jeune noir subissant le racisme environnant, par sa rigueur, son déterminisme et sa droiture, "Viper" a su se faire une place dans le milieu.
À la lecture de ce livre, tout en écoutant les titres recommandés par l'auteur, je me suis imaginée en train de regarder un vieux film en noir et blanc.
Jake Lamar, sans trop donner de description a réussi à nous proposer un magnifique roman d'ambiance. Qui sait, peut-être qu'un jour un long métrage sera tiré de ce livre ?

#item 68
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Clyde Morton est une vipère. « C'est le nom qu'on se donne, nous autres fumeurs d'herbe. À cause de ce sifflement qu'on entend quand on tire une taffe sur un joint. » C'est aussi un homme d'affaire d'autant plus avisé qu'il a lu Machiavel et compris qu'il fallait souvent choisir d'être craint plutôt que d'être aimé. Dans Harlem, « Viper » monte les échelons jusqu'au dernier et en 1960 il peut se vanter de fournir en marijuana toute la ville de New-York.
Mais même un gangster rationnel peut avoir des sentiments. Et Clyde Morton est amoureux. D'une femme fatale d'anthologie comme le veut le genre, mais surtout du jazz: et comme les musiciens qui touchent à l'héroïne la préfèrent finalement à la musique, Viper veille à l'intégrité morale de ses revendeurs: Oui à l'herbe, non au shoot.
« Viper's dream » joue ainsi avec les lieux communs du roman noir: un gangster qui a des principes, une garce , une fin et il pervertit aussi, tant qu'à faire, la première règle du whodunnit. Si l'assassin est connu, c'est l'assassiné(e) qui ne sera révélé(e) qu'à la toute fin.
Ajoutons à cela la chronique impeccable des rapports entre Noirs et Blancs au milieu du XX° siècle, mettons sur une platine quelques vieux standards de jazz et voilà de quoi occuper délicieusement un week-end pluvieux (malgré une fin bâclée, quand même. Non?)
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Lors d'un salon, il y a quelques mois, un auteur avec qui j'échangeais sur nos lectures, me conseilla d'aller à la rencontre de Jake Lamar, un auteur de polar américain, installé en France depuis une trentaine d'années.
Bonne idée.
Je me suis régalé avec son Viper's dream.
Un roman noir, polar à l'ancienne, digne des grands maîtres du genre.
Bienvenue à Harlem.
1961, Viper est mal barré, ça sent la fin... il se remémore...
En 1936, c'est là que débarque Clyde Morton, qui vient juste de quitter l'Alabama, la trompette de son père sous le bras et des rêves plein la tête.
Il va devenir un artiste adulé, il le sait.
C'est son oncle Wilton qui lui a dit.
Le voici donc à la conquête des clubs de jazz.
Première audition.
Le rêve s'envole.
Tu ne seras jamais jazzman, tu seras... balayeur...
Tu parles d'une descente.
Plus dure sera la chute.
Pourtant, à peine la blouse enfilée qu'il se retrouve déjà dans un autre costume, celui d'homme de main de l'un des pontes du monde de la nuit new-yorkaise.
Viper est né .
Petit caïd deviendra grand.
Autant aimé que craint.
Mieux vaut rester dans le rang, se faire discret, respecter les règles et c'est valable pour tout le monde, je dis bien...tout le monde.
Parce que, quand il faut remettre de l'ordre, comptez sur Viper et ses sbires, mais ne vous attendez pas à un excès de politesses, ce n'est pas le genre de la maison. C'est assez expéditif comme négociations.
D'ailleurs, qu'est-ce qu'il y a comme suicide dans leur entourage....
Il va vite grimper les échelons, se faire sa place dans le milieu.
Jusqu'à atteindre les sommets ?
J'ai aimé cette balade dans les nuits de Harlem, entre alcools et produits stupéfiants.
Au fil des pages j'ai croisé les artistes de l'époque, Charlie "Bird" Parker, Thelonious Monk, John Coltrane ou Miles Davis, entre autres (A noter que l'auteur, à la fin de son roman, glisse une playlist que les amoureux du jazz se plairont à écouter pendant leur lecture).
Lamar m'a fait entrer dans l'ambiance de ces clubs de jazz.
Je me suis glissé sur la banquette, aux côtés des protagonistes, et pendant qu'eux parlaient boulot, que la fumée libérait une odeur entêtante, que des jeunes femmes à la silhouette troublante proposaient leur charme à un public conquis, j'ai fermé les yeux et écouté le saxo de Bird ou la trompette de Miles...
Quant à Jake, il m'a réservé quelques surprises à la fin... c'est un malin, je ne l'ai pas vu venir.
"Wop bop a loo bop a lop bom bom !" Chantait Little Richard...
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Au-delà des vengeances et de la montée en puissance d'un homme du Sud, musicien raté, ce roman noir est aussi une fresque du Harlem du siècle dernier, le quartier et la musique qu'il a vue naître évoluant au fil des pages, en toile de fond des meurtres mis en scène. Jake Lamar est ainsi parvenu à atteindre le juste équilibre entre trajectoire individuelle et destinée collective, (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/06/09/vipers-dream-jake-lamar/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Gros plaisir de lecture. Il n'y a pas eu de phase d'apprivoisement avec ce roman noir. Je me suis sentie immédiatement confortablement installée.

Quand Clyde Morton quitte son Alabama natal pour débarquer à Harlem, il est persuadé de devenir un futur grand trompettiste.
Du haut de ses 19 ans, il rêve de jazz, de succès. Sauf que Clyde Morton n'a aucun talent.
Son destin est ailleurs, à côté de la scène, dans la fumée de la marijuana.
En quelques années il devient Viper, le dealer le plus influent et le plus respecté, d'Harlem jusqu'à la 52ème rue.
Mais ce baron de la drogue a des convictions et il est bien décidé à ne jamais tremper dans le commerce d'héroïne.
Alors que les ravages de la poudre blanche commencent à se faire sentir dans le milieu du jazz en pleine mutation, Viper résiste.
Du succès, un certain sens de l'éthique, rien ne semble vraiment pouvoir l'arrêter. Seul son amour inconditionnel pour la sublime Yolanda pourrait le faire chuter.

Des années 30 aux années 60, on suit le parcours de Clyde « Viper » Morton. Dans son sillage on croise la célèbre baronne Pannonica de Koenigswater, fille de Charles Rothschild, et tous les grands noms du jazz : Miles Davis, Thelonius Monk, Dizzy Gillespie, Duke Ellington, Charlie Parker…. Suivre les aventures de Clyde c'est assister à l'évolution du jazz tout autant qu'à la transformation d'un quartier.
Jazz, amour, drogues, flics et truands. On se croirait dans un film, on visualise les décors, les costumes, on entend la BO.
Avec son personnage principal mélancolique très attachant, ce roman est parfait pour tous ceux qui aiment les histoires sombres, pour tous ceux qui aiment le jazz, pour tous ceux qui aiment New York.
En ce qui me concerne, j'ai maintenant très envie de lire « Les Musiciens de jazz et leurs trois voeux » de Pannonica de Koenigswarter.

Traduit par Catherine Richard
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C'est un bon polar, un peu noir, très rapide (un peu trop même : on passe d'une audition ratée à un recrutement comme dealer presque dans la même phrase).
L'environnement est intéressant, on navigue dans le Harlem du jazz.
Un conseil : lire le roman en écoutant la playlist de fin de livre.
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... de la fin des années 30's à l'orée des 60's: l'ambitieuse, irrésistible et fulgurante ascension au sein de la pègre newyorkaise d'un jeune afro-américain, 20 ans d'un règne sans partage, son déclin, sa chute ... le tout sur fond de lynchage, de jazz, de dope et de règlements de comptes sanglants, violents et cruels.

… du cinéma hollywoodien en somme : gangsters et petites pépées, gros calibres en pogne, couteaux à crans d'arrêt ; flics véreux, corruption à tous les étages, luttes de pouvoir …

1936. Clyde Morton, un jeune et naïf « péquenot » d'Alabama, qui à peine arrivé à Harlem, trompette sous le bras, auditionne pour un club de jazz. Il ne montre aucun talent, ses rêves de gloire musicale s'effondrent. Son destin sera autre. La pègre le phagocyte, le voilà tour à tour addict à la marie-jeanne, dealer généreusement rétribué, grossiste ambitieux, chef influent, riche, craint et respecté.

Son surnom, ‘'The Viper'', du sifflement que ses joints de Marijuana suçotés produisent en bout de lèvres. Un être implacable et inflexible, tout entier tourné vers l'argent et le pouvoir. Sa seule once d'humanité : il ne vend que de l'herbe copine, pas de l'héroïne tueuse, fait exécuter ceux de ses dealers qui en proposent en cachette.

A la périphérie de ses activités lucratives, une femme fatale, Yolanda DeVray, la pulpeuse créole, chanteuse de jazz, la femme de sa vie, celle par qui viendront les mensonges, les emmerdes et la violence.

1961. En fil rouge de flashbacks incessants, la baronne Nika Pannonica de Koenigswater. Ce fut (elle a réellement existé) une héritière Rothschild, une figure authentique du mécénat privé en faveur des jazzmen US. Dans le roman elle accueille un soir chez elle* un Clyde Morton inquiet, semble t'il aux abois. Traqué pour meurtre, il a trois heures pour se rendre, mais la baronne l'ignore. Etonnamment serein et fataliste, il accepte le jeu anodin, proposé par la baronne, des trois souhaits à se faire exaucer. Peu à peu révélés, ils rythmeront symboliquement les moments-clef du drame.

… La suite appartient au récit. Une vie, en flashbacks successifs, s'y déroule alors sous nos yeux, entre regrets, remords, amertume et nostalgie.

En toile de fond : un quartier newyorkais, celui d'Harlem la Noire. Un ghetto dans l'entre-soi racial. le blanc s'y encanaillant la nuit est accepté tant que son argent coule. Beautés noires aguichantes. Hommes portant beau, costards grand luxe, cheveux lissés et fines moustaches. Prophètes de l'apocalypse en coin de rues. Immeubles de brique rouge, escaliers extérieurs comme autant d'exosquelettes mobiles. Nuit et jour, bruits de rue, coups de klaxon, foule grouillante et bourdonnante. Eclats de jazz, de voix, de cris et de rires. Un brassage continuel de destins croisés. Richesse et misère côte à côte. Des lieux mythiques, des salles de jazz connues du monde entier, des clubs célèbres, des rues et des avenues entrecroisées … Jake Lamart, l'auteur, dresse d'Harlem une carte postale coup de coeur, colorée, bruissant de vie, nostalgique d'une époque révolue.

Le jazz est partout, de page en page, en background sonore omniprésent **. C'est la grande force du roman. Lamart rend un vibrant hommage à ses génies (Davis, Ellington, Gillespie, Armstrong, Coltrane … etc), à ses anonymes perdus dans les shoots d'héroïne, à ses temples ancrés désormais dans la postérité. Entrent en scène, sous le feu des sunlights, le swing puis le be-bop, les bigbands et les formations restreintes, les icones du scat, les crooners, les instrumentistes virtuoses, tout un monde de fééries sonores.

« Viper's Dream » c'est aussi le Harlem de la Marie-Jeanne qui inspire les jazzmen ; celui de l'héroïne qui les tue. Une époque charnière entre drogues douces et dures. Un avant, un après. Un pas de plus vers l'enfer des junkies.

Le roman revisite le thème maffieux du bad boy au grand coeur, celui que le lecteur adore détester ou déteste aimer entre empathie irraisonnée et rejet féroce et haineux. du tueur cruel et implacable à l'amoureux fleur bleue, transi et naïf, le héros de papier cousine avec son clone cinématographique. Déjà vu et déjà lu interfèrent, brouillent la perception du roman, en efface la singularité. Il y a mieux ailleurs ; mais le plaisir est toujours là, celui de replonger dans les archétypes d'un genre porteur et prolifique. « Viper's dream », n'est t'il pas, après tout, qu'un roman de plus sur le thème ?

Au-delà des personnages archétypaux, des scènes-type, des clichés réitérés d'un genre qui fit recette, « Viper's dream », en reprenant des ingrédients précédemment aux menus d'oeuvres romanesques et cinématographiques cultes, n'innove finalement que peu.

Je m'en fous, j'ai aimé. Encore et toujours …

« Viper's Dream » fut, de première intention, un feuilleton radiophonique quotidien. Diffusé sur France Culture en mars 2019, il comporte 10 épisodes d'une vingtaine de minutes**. le roman (2021) en est la novellisation, ce qui explique sa rapidité de lecture via la large place accordée aux dialogues. Peu de différences d'un média à l'autre : l'audio est en « je narratif », le roman ne l'est pas, les scènes ne sont pas chronologiquement agencées de la même manière. L'écoute vaut le détour mais spolie totalement l'intrigue.

* Elle habite « Cathouse », une grande maison où elle héberge une centaine de chats, des jazzmen dans la dèche pour une nuit, pour une vie (Thelonious Monk) ou pour y mourir (Charlie Parker).

**A noter qu'il existe une playlist sur "you tube" dédiée au feuilleton. https://www.youtube.com/watch?v=zre0u5XyNfY&list=PLXwzf1Pu1Z7QKXMh0t¤££¤46Yolanda DeVray14¤££¤

*** https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-viper-s-dream-de-jake-lamar

Lien : https://laconvergenceparalle..
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En 1936, Clyde Morton, un jeune afro-américain , encouragé par son oncle et mentor musical , quitte définitivement son Alabama natal pour rejoindre New York. Ce faisant, il laisse derrière lui une mère, un frère ainé ainsi qu'une fiancée enceinte et désespérée. Muni de la trompette de son défunt paternel, il passe une audition dans un club de jazz de Harlem . Sa désillusion est grande lorsqu'on lui signifie une absence totale de talent. le propriétaire du night-club , un gangster nommé Mr O, le prend sous son aile en lui proposant un job d'homme de main et de dealer de marijuana, substance dont l'usage est prisé chez les jazzmen. Manager impitoyable, n'hésitant pas à recourir au meurtre si nécessaire, il devient rapidement au sein de la communauté d'Harlem, Viper, celui qui est craint de tous, aimé de personne. Ce récit, qui s'étale sur deux décennies, est davantage la peinture d'une époque qui a vu émerger les grands noms du jazz, le parcours de vie d'un personnage pour lequel on peine à ressentir de la compassion, qu'un polar au sens strict du terme.
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Jake LAMAR. Viper's dream.

En 1936, Clyde Morton, un jeune homme noir de 19 ans, quitte Meachum dans l'Alabama pour New York, avec une petite valise et une trompette pour tout bagage. C'est un oncle qui lui a appris à jouer de cet instrument et qui lui a conseillé de rejoindre la grande ville, plus particulièrement le quartier de Harlem, temple de la musique, du jazz. Il passe une audition : il n'a aucun talent. Il va choisir une autre voie afin de devenir riche : dealer, gangster, assassin. Il va faire la connaissance, à son insu de Mary Warner. Qui est donc Mary Warner ? C'est le nom de la marijuana. Et il va plonger , non dans la musique mais dans le commerce de cette drogue, aimé des jazzmen. New York connaît toujours la ségrégation : les blancs sont des hommes riches, propriétaires des logements, des commerces, dirigeant toute l'infrastructure et les noirs constituent la main d'oeuvre corvéable et serviable à volonté, la valetaille, au service de ces messieurs.

Dès son arrivée, il va trouver un emploi de coiffeur, barbier, cireur de chaussures. En peu de temps, il va devenir l'homme de main de Mr. O., Abraham Orlinsky, un juif qui possède des immeubles, des commerces et qui a la main mise sur le trafic de la marijuana ; C'est lui assure l'approvisionnement et la revente de la drogue, « la loco weed mexicaine », ou « viper ». Devenant le protégé de Mr. O, Clyde doit obéir à cet homme, au doigt et à l'oeil ; il sera responsable de la livraison, de la réception de la marchandise, de sa distribution et de l'encaissement des sommes générées par ce business florissant. Bien que non autorisée à la vente et à la consommation, cette substance circule librement et à flots; les barons de la drogue bénéficient de la protection, des services policiers et des services juridiques. L'inspecteur Red Carney et de nombreux avocats gravitent dans l'ombre de ce trafic. Et Clyde, homme de main, sbire de Mr. O. devient un homme puissant craint et respecté. Les différents quartiers de New York dépendent soit de la mafia italienne, mexicaine, et autre. C'est la guerre des clans. Il faut s'enrichir, créer de la dépendance chez les clients, vendre encore et encore… et quel que soit le prix à payer, consommer jusqu'à la mort cette herbe dont l'usage conduit à tous les excès. Elle est source d'inspiration pour les musiciens qui plongent dans ces paradis artificiels.

Jake LAMAR nous conduit dans Harlem, berceau de la culture musicale du jazz. Nous rencontrons tous les grands musiciens qui flirtent avec la mort et un certain nombre d'entre eux succomberont à son usage intensif. Ce roman policier est dense, animé. Les évènements se succèdent. Les soirées ou plus exactement les nuits sont longues. Nous nous perdons dans la fumée de la came, reconnaissable à son odeur particulière. Nous buvons, dansons jusqu'à l'aube. Bien que nous ayons le nom de l'assassin dès le début du récit, nous ignorons le nom de la dernière victime inscrite au tableau de notre héros. Ce thriller est d'une bonne qualité au début. Il me semble que vers la fin, l'intensité diminue. Les personnages sont bien décrits et nous déambulons dans la ville avec notre costume trois pièces, taillé sur mesure, des chaînes en or au cou et des montres hors de prix à nos poignets. C'est Harlem en plein essor, ses boites de nuits, ses cabarets et ses artistes, jazzmen, escorts girls qui jouent et dansent jusqu'au petit matin. ( 25/09/2021)
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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