Quand Sophie rencontre Marcus, c'est le coup de foudre. Si les premiers temps, elle vit une divine idylle, très vite, elle déchante. Mensonges, incohérences, réactions violentes envers elle : Sophie est prise dans la spirale d'une relation avec un manipulateur. Il va lui faire vivre une descente aux enfers qu'elle relate dans cette BD poignante.
J'ai eu un vrai coup de coeur pour cette BD que mon mari m'a recommandé après sa propre lecture. Comme lui, j'ai trouvé la narration et la mise en scène très réussies. Je l'ai lue d'une traite.
Sophie Lambda nous plonge dans le récit de l'amour toxique qu'elle a vécu avec un manipulateur. L'histoire est triste, révoltante et émouvante. Mais toute la force de cette BD réside dans la mise en scène de la lente guérison de cette relation qui l'a anéantie. Je lisais quelques jours après cette lecture une interview où elle explique que pour 8 mois de relation, elle a mis plus de 2 ans à se reconstruire, grâce notamment à un suivi avec un psy, sans que toutes les séquelles soient effacées. Posant en mots et en images ce qu'elle a vécu, elle a le courage d'offrir un témoignage percutant et surtout, elle donne des clés pour s'en sortir. Elle explique que guérir d'une relation toxique se fait sur le principe de la courbe du deuil. Elle décrit les trois étapes d'une relation avec un manipulateur : l'idéalisation, la dévalorisation et le rejet. Mais aussi les trois éléments majeurs post-rupture : le “hoovering”(pour reprendre le contrôle sur la victime qui se libère de l'emprise), la langue de vipère pour décrédibiliser la victime et les “singes volants” – traduction littérale de l'expression anglaise “flying monkeys”. Ce sont des amis, proches et moins proches, fidèles au manipulateur, qui le défendent, le soutiennent et le font passer pour la victime. Car le manipulateur excelle à donner une excellente image de lui auprès du public dont il veut conserver les faveurs. Sur une double page, elle explique de nombreux points qui permettent de reconnaître un manipulateur (sous ce terme, elle regroupe les pervers narcissiques et autres vampires psychiques). Elle liste aussi les ressources qui peuvent venir en aide aux personnes victimes de violence.
Avec simplicité et des illustrations très expressives, elle montre les mécanismes de cette violence souvent invisible et cette emprise destructrice que réalise le manipulateur. Au-delà de son histoire personnelle, ce récit a une portée forte, qui pourra aider de nombreuses personnes vivant/ayant vécu des relations toxiques à mettre des mots sur leurs maux et réaliser que non, elles ne sont pas coupables (reporter la culpabilité sur la victime est un des talents du manipulateur). Non, elles ne sont pas responsables de la malveillance de ces personnes.
Un récit à lire et faire lire. Pas besoin d'avoir vécu une situation similaire pour y être sensible. C'est une BD que je vous recommande chaudement, d'autant plus que
Sophie Lambda et son nounours humanisé qui sert de voix intérieure/subconscient font preuve au fil des pages d'humour et d'auto-dérision par petites touches, ce qui ne gâche rien.
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