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3,41

sur 174 notes
Très stimulante lecture !
Querelle est une figure créée par Jean Genet, un marin d'une beauté mythique que les jeunes hommes désirent sans mesure. Pour son roman, Kevin Lambert n'en a retenu que cet aspect du fabuleux Querelle (de Brest) d'origine et c'est, pour moi, une frustration. Ce Querelle d'outre atlantique enfile tous les beaux minets de Roberval, cette commune des bords du Lac Saint Jean, au Québec. Il porte une marinière, mais c'est un ouvrier qui vient de signer son contrat dans une scierie qui, très vite, se met en grève. Cette grève devient d'ailleurs ce qui détermine la vie de chacune et de chacun, face à un patron qui ne recule devant rien. Les syndicalistes machos, les ouvrières révoltées, les patrons calculateurs, tout cela pourrait paraître assez commun, mais Kevin Lambert renverse la table... Sans pitié, avec cruauté, même - stop ! Je m'arrête là.
Le plaisir de la lecture est intense pendant les trois quart du livre. Un peu moins vers la fin ou le langage semble (mais pour des raisons de changement de point de vue, j'en ai bien conscience) moins riche. En effet, c'est la langue débridée de Kevin Lambert qui est la surprise (au moins pour un Français) de ce roman, l'incroyable liberté de la langue québécoise, matinée d'anglais, de formulations populaires, vulgaires, et parfois d'un Français qui peut nous paraître surannée, le tout sur un rythme magistralement maîtrisé, chantant, c'est si bon !

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À vrai dire, je suis un peu chamboulé par ce livre. Au début, l''histoire est intéressante et prenante même si parfois je me suis ennuyé. Puis à un moment, ça reprend, de nouveaux personnages, de nouveaux questionnements. Je me suis laissé emporté, puis j'ai été surpris, à un moment, à cette page 169 du livre, par l'avis personnel de l'auteur, qui m'a déstabilisé dans mon jugement, dans ma prise à partie personnelle de l'histoire.
Les pages suivantes étaient cohérentes et puis BOUM vers la fin du livre, un désordre total, une incomprehsion face à ce bouleversement total des caractères, une fin trop pressée sans nécessairement avoir pris le temps d'amener les choses là où elles aboutissent.
On se perd dans la dualité des comportements des personnages. Il reste encore des " ? " quant à l'aboutissement de certains caractères. A la fin du livre, je me pose cette question : finalement, cette meuf ou ces mecs qui étaient-ils vraiment ? J'ai pas de réponse et donc je reste sur une certaine forme d'incomprehsion, de non assouvissement. Mais très belle plume.
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Attention, ce livre est déjanté ! La lecture m'a laissée à la fois perplexe et enthousiaste, et c'est excitant de découvrir un auteur qui se joue des codes, qui fait des pieds de nez à ses lecteurs et qui l'assume pleinement. J'ai parfois eu l'impression d'être dans une pièce de théâtre (du style Bacri / Jaoui où les moeurs sociales sont décortiquées à la fois d'une manière fine et moqueuse) et parfois j'ai cru me retrouver en plein Rocky Horror Picture Show, avec des scènes burlesques et des scènes de sexe homosexuel crues. Plus j'avançais dans le roman, plus je me marrais en me demandant quelles mises en scène l'auteur, Kevin Lambert, allait bien pouvoir encore inventer !

Pourtant le livre démarre avec une intrigue ordinaire : la grève des employés d'une scierie dans la région boisée du lac Saint-Jean au Québec. Rapidement, on s'aperçoit que la volonté commune d'exiger une amélioration des contions de travail est gangrénée par les envies et les besoins personnels. Tout n'est que petits arrangements avec la vie… et avec sa conscience.

Si vous cherchez une lecture décoiffante, une expérience littéraire, ruez-vous sur Querelle de Roberval ! Âmes sensibles et prudes s'abstenir car le langage est cru et grossier !

Lien : https://delphinefolliet.com/..
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Roman syndicaliste. Avec une touche d'homosexualité et de sexe. Ça donne quoi?
Dans un petit village canadien, une grève stoppe une usine, les langues se délient, le sexe l'emporte et les tensions s'accumulent.
Une écriture affinée, une poésie souvent trop présente, Querelle condense revendications anti-capitalistes stupéfiantes & scènes de sexe crues. Ce curieux mélange alterne scènes chocs, incompréhensions & surprises. Quand l'auteur intervient dans son propre récit (alors écrit à la troisième personne), pour revendiquer son choix d'écriture et son choix de sujet. Querelle ne nous emmène jamais où l'on souhaiterait. Et c'est bénéfique. On s'accroche aux mots, à son auteur pour suivre cette intrigue aussi violente que sensuelle, que revendicatrice d'un monde meilleur.
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L'un des meilleurs livres que j'ai lu cette année !
Querelle, c'est le deuxième roman de l'écrivain québécois Kevin Lambert (mais le premier publié en France). Dans un livre qui mêle politique, sexualité et vengeance sociale, le jeune auteur en profite aussi pour jouer avec la langue et les codes de la littérature (de la tragédie grecque à Jean Genet). Un livre jouissif et libérateur, surprenant et choquant, qui ne vous laissera pas indifférent. Et qui donne envie de garder un oeil sur un auteur prometteur !
Mon avis complet sur mon site :
Lien : https://ledevorateur.fr/quer..
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"Querelle" traite des préjugés et des stéréotypes sur des tabous. C'est avec un discours marginal que Kevin Lambert dénonce les luttes sociales, dont les écarts de richesse entre les riches et les pauvres, les inégalités avec les autochtones, l'ouverture d'esprit des grands centres urbains comparés au villes de région, l'homosexualité et l'homophobie, les inégalités entre les hommes et les femmes, les relations de pouvoir entre le patronat et le syndicat. Les personnages bouillants de vengeance vont mener une lutte contre ces inégalités. Cette oeuvre commence par un courant réalisme et termine par un courant surréalisme, ce qui transforme le rythme du récit. le personnage principal, Querelle, est inspiré du personnage central de Querelle de Brest de "Jean Genet". Il lui ressemble d'autant plus que le livre très cru, très érotique, très sexuel reprends parfaitement toutes les thématiques qui étaient celles chères à Genet (qui aurait je crois beaucoup aimé ce roman hommage). Come Genet le jeune Kevin Lambert parle frontalement de sexe, sans métaphore ni ellipse : il dénude l'acte jusqu'à l'os, jusqu'à atteindre une certaine forme de pureté, et c'est plutôt émouvant. Et il y est aussi question de crime, de trahison, de viol, d'anticonformisme radical...
J'aime beaucoup genet et j'ai trouvé ce nouveau Querelle très digne de son illustre ainé. Ce nouveau #QuerelledeRoberval comme Christian dans Cyrano de Bergerac, est beau, c'est un fait, et rend fous les garçons de la région qu'il enfile dans la joie absolue, ébranlant les colonnes du patriarcat, au grand dam des pères terrorisés (et envieux). En marge du récit, c'est-à-dire encore plus exclus que les exclus, trois jeunes anges exterminateurs hantent Roberval, amoraux et rebelles jusqu'au bout, apportant au récit une note fantastique et hallucinée
C'est donc un roman qui traite en même temps de la lutte et du désir mêlant ces deux thématiques d'une manière virtuose.
"lettres it be" :
"Querelle est un roman sale, brut, un roman qui gêne aux entournures. Les premières lignes coupent le souffle, et les autres cassent la gueule. On a envie d'arrêter, on se dit que c'est quand même un peu n'importe quoi, puis on continue, le thorax noué, compressé… On arrive à bon port sans trop savoir où nous sommes et d'où nous sommes partis. Manifeste ouvrier et/ou sexuel ? Critique de la lutte ? Aucune idée… Mais ce qui est certain, c'est que l'on vient de parcourir quelques 240 pages de littérature en barre. Et si c'était précisément cela la marque des grands livres ?"
"La presse" :
Sur fond de désintégration sociale, d'exploitation ouvrière, d'affrontement entre les travailleurs et le boss prêt à empoisonner et à brûler les maisons de ses employés, de désengagement et de trahisons, Querelle baise tout ce qui bouge en dehors de son shift, et la fonction de ces passages crus sur le cul, plus que de choquer le bourgeois hétéronormatif (et aussi les gais normalisés qui se marient), est d'offrir les seuls moments de liberté absolue du roman, de jouissance et de joie sauvages, hors des lois du marché et de l'aliénation générale....Sur fond de désintégration sociale, d'exploitation ouvrière, d'affrontement entre les travailleurs et le boss prêt à empoisonner et à brûler les maisons de ses employés, de désengagement et de trahisons, Querelle baise tout ce qui bouge en dehors de son shift, et la fonction de ces passages crus sur le cul, plus que de choquer le bourgeois hétéronormatif (et aussi les gais normalisés qui se marient), est d'offrir les seuls moments de liberté absolue du roman, de jouissance et de joie sauvages, hors des lois du marché et de l'aliénation générale.
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Ouf ! Voilà un titre qui ne peut laisser indifférent… qui tour à tour fascine et dégoûte, suscitant aussi bien l'admiration que l'envie, parfois, de jeter l'éponge, sous le prétexte que c'est du grand n'importe quoi. D'emblée une conviction s'impose : Kevin Lambert ne s'impose ni bride ni oeillère. Il y va. Quitte, en fouaillant toujours plus profond, à verser dans l'outrance. On a là un texte qui par moments semble s'emballer, exulter en célébrant l'ignominie ou la perversion.
Et pourtant, il y est au départ question, paraît-il, de "fiction syndicale", un sujet qui ne prépare guère le lecteur à ce prologue cru, égrenant des images de sexe brutal (voire déviant), qui semblent jaillir de la plume de l'auteur avec une spontanéité jouissive, mais aussi avec panache, parce qu'il a, il faut bien le dire, du style. Un sens aigu du rythme, un réel talent pour convoquer des images pénétrantes…

Ce prologue nous présente Querelle, le principal personnage de cette histoire. Un héros à la beauté affolante et à la réputation sulfureuse, qui pratique le sexe avec une forme de génie qui jette à sa porte et dans son lit, éperdus d'amour et de désir, tous les jeunes garçons de Roberval. Hors chambre, c'est toutefois un homme discret, peu disert, qui s'adapte avec aisance et simplicité à son environnement. Embauché il y a quelques mois à la Scierie du Lac, il s'est sans hésiter associé au mouvement de grève lancé par ses collègues. Les journées consistent à faire le piquet devant l'entreprise, entre la 169 et le lac Saint-Jean, en affrontant le froid mordant et les longues heures de stationnement à coups de gobelets de café.

Le conflit va s'éterniser de longs mois durant, opposant salariés et patrons dans une guerre de plus en plus violente, où tous les coups sont permis, la sympathie initiale des concitoyens pour leur mouvement se transformant en agacement puis en haine.

Cela laisse le temps de s'attarder sur les aventures sexuelles de Querelle et de ses "victimes", de faire connaissance avec l'éclectique équipe de la scierie -Jézabel, à la fois belle est masculine, que l'on surnomme Sharapova, Fauteux le syndicaliste torturé, Kathleen, l'électricienne autochtone, et bien d'autres…-, et de suivre, par intermittences, un trio d'adolescents versant sans aucune retenue dans toutes les transgressions, symboles d'une jeunesse désoeuvrée et sans avenir terrifiant des adultes moralistes mais hantés d'inavouables pulsions.

Cette multiplication des pans de l'intrigue donne par moments une impression de dispersion, et amène le lecteur à se questionner sur la pertinence de l'insertion de certains éléments annexes, sans réel intérêt dans le récit. Kevin Lambert va là où on ne l'attend pas (se permettant même un aparté au lecteur pour lui dire ce qu'il pense de ces paresseux de grévistes, et clamer son admiration pour l'entreprenariat), mais on se demande parfois pourquoi il nous y emmène… jusqu'à cette conclusion d'une violence extrême, plombée d'une ambiance quasi apocalyptique, démontrant la reddition de la conscience du mal, niant le pouvoir de l'humanisme.

A la fois chronique sociale et plaidoyer pour une liberté individuelle qui aliènerait celle de l'autre, "Querelle" est un roman déstabilisant, parfois caricatural, dont on ne saisit pas toujours le sens, où rien ne semble sacré, si ce n'est l'exigence du style. Car c'est aussi et surtout un texte fort, à l'écriture intense, à la fois trash et poétique, dont on ne peut nier la dimension magnétique…

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Querelle de Roberval de Kevin Lambert est un roman incroyablement bien écrit qui mérite amplement toutes les récompenses qu'il a reçues. Entre autres, l'auteur québécois adapte habilement la langue qu'il emploie en fonction des personnages mis en scènes (p. ex., une langue « queer » pour Querelle, inclusive pour Jézabel). La fin prend une tournure absolument surréaliste qui permet de mettre au jour quelque chose de plus vrai que le réel. Enfin, j'ai reconnu ce portrait de la pauvreté et des conditions de travail typiques de la classe moyenne.
Lien : https://lilitherature.com/20..
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Au premier abord, Querelle bouscule. le roman s'ouvre sur une présentation d'un héros éponyme pour qui de jeunes hommes s'ouvrent également. Il n'y a guère de place au doute : Querelle est un affamé qui culbute la majorité des mâles qui lui tombent sous la main. Autant dire que, malgré la chaleur lexicale, mon intérêt s'est trouvé vite refroidi. Non pas que l'art de la galipette me répulse, mais je me disais alors : « si les 230 pages du roman se limite à une enfilade de bite-couilles-cul, on va vite faire le tour du sujet. » Eh bien, même si la sexualité est omniprésente dans le roman de Kévin Lambert et qu'elle y est décrite avec la pudeur d'un vestiaire de foot, elle n'est qu'un élément parmi d'autres de la tragédie qui se joue sur les bords du Lac Saint-Jean.
Prologue, parodos, stasimon, kommos, exodos et épilogue sont les intitulés des six parties qui forment « Querelle » et pour qui est familier avec ce genre, on retrouve-là les six grands moments d'une classique tragédie grecque. Si avec ça, tu ne devines pas que d'emblée le destin des personnages de « Querelle » est scellé, c'est que tu es aussi clairvoyant que quand, au jour de l'an 2020, tu envoyais un petit SMS « Bonne Année et surtout bonne santé » à Michou (RIP).
L'élément central de « Querelle » est le conflit social qui oppose les salariés de la scierie où travaille Querelle et leur patron. La grève qui bat son plein est l'occasion de faire émerger tous les égoïsmes qui se planquent derrière la solidarité de façade des ouvriers qui font fi de l'impact de leur mouvement sur le travail des entreprises environnantes. La tension monte, les verges qui entrent dans la chambre de Querelle aussi, la violence éclate, les petits culs qui font la connaissance de Querelle aussi. C'est cru, c'est violent, c'est tragique. Ici, le « Système » a remplacé le Panthéon mythologique, les hommes se retrouvent impuissants devant un Dieu Capital trop vaste pour eux et ça les rend fous de haine, de colère, de jalousie. Leurs armes sont leurs cris, leurs queues et leurs couteaux, leurs larmes ont le goût du sperme et du sang. Peu importe l'opinion qu'on ait sur le syndicalisme ou le patronat, le roman est la jumelle grossissante d'une société qui part à vau l'eau, une société individualiste pour qui l'idée de partage des torts est aussi inconcevable que l'est le concept de hasard pour un complotiste.
L'écriture de Kévin Lambert est à l'image de son histoire, aussi licencieuse que lyrique, aussi séduisante que répugnante et ça ne peut convenir à tous les lecteurs, c'est certain. Personnellement, si « Querelle » m'a d'abord bousculé, j'ai finalement pris un plaisir presque coupable à me faire acculer contre ce mur de désespoir par la puissance de la plume percutante de Lambert.
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A Roberval, où il vient de se faire embaucher à la scierie du Lac, Querelle intrigue. Trop beau, trop nonchalant et trop prompt à raconter ses innombrables et brûlantes rencontres sexuelles avec les garçons du coin, il suscite aussi bien le désir que la suspicion. Alors que les ouvriers de la scierie s'engagent dans une grève de plus en plus dure face à leur direction, Querelle va devenir presque malgré lui le fer de lance d'un mouvement social explosif.
Réalisant une magnétique union des contraires, le personnage de Querelle, à la fois ange et voyou, est le lien entre les différents aspects de ce récit en apparence composite. “Fiction syndicale” d'un genre nouveau, Querelle affirme, en refusant toute demi-mesure dans les récits explicites des nuits fauves de son héros, le potentiel révolutionnaire des sexualités queer et leur nécessaire visibilité sur d'autres fronts militants. Comme chez Genet, le personnage de Querelle concentre et capte les pulsions érotiques et morbides de tous ceux qui l'entourent. Les ouvriers excédés, les jeunes hommes en perdition comme les femmes lassées de subir la société patriarcale voient dans Querelle et sa violence difficilement contenue à la fois un exutoire et un possible sauveur. Lui-même, en dépit de son indifférence affichée, semble une incarnation de la cinglante pensée de Genet, qui affirmait “Si quand les femmes sont méprisées, ou les ouvriers, tu ne te sens pas femme ou ouvrier, Alors, toute ta vie, tu auras été un pédé pour rien”. Se plaçant dans la droite ligne de ce sulfureux modèle, Kevin Lambert signe un roman dérangeant et rageur, qui trouble autant par la puissance et l'impudeur de sa langue que par la ferveur de son propos.
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