Swing à Berlin raconte l'épopée d'un groupe de jazz formé par le régime nazi, constitué de jeunes garçons issus de milieu différents, qui vont peu à peu apprendre à se connaitre et à porter un regard critique sur les sombres événements de leur époque.
Nous sommes à Berlin en 1942, Wilhelm Dussander, un pianiste à la retraite, est chargé par le ministre de la Propagande du Reich
Joseph Goebbels, de recruter à travers tout le pays de jeunes musiciens talentueux afin de former un groupe de "musique de danse accentuée rythmiquement". En effet à cette époque, le jazz est interdit et considéré comme une musique dégénérée jouée par des nègres, mais le régime a bien conscience que son peuple connait une baisse de moral et a besoin d'une musique distrayante. C'est donc sous ce nom que le régime nazi propose de produire un jazz typiquement germanique chargé de véhiculer les valeurs aryennes. le vieux pianiste, qui n'a jamais apprécié les nazis, n'a pourtant d'autre choix que de se plier aux ordres du régime. Il constitue alors un quatuor formé de quatre jeunes allemands qu'il va former deux mois durant pour qu'ils puissent se produire dans toute l'Allemagne et être diffusés sur les ondes afin de remonter le moral du peuple allemand.
Le lecteur suit alors toutes les étapes de la formation du groupe, depuis les auditions jusqu'au succès sur scène des jeunes musiciens. Il assiste à la naissance d'un esprit de franche camaraderie qui va peu à peu les lier, mais aussi aux périodes de tension que traverse le groupe. Les personnages sont attachants et se révèlent au fil du récit, dont les événements les confrontent au doute, ébranlent leurs certitudes et réveillent leur conscience durant ces heures sombres de l'Histoire. La relation entre le maître et ses élèves est touchante, d'abord marquée par des réticences et des conflits, puis de plus en plus imprégnée d'un profond respect mutuel jusqu'à l'hommage final. L'histoire évoque aussi la résistance de certains allemands en désaccord avec le régime, et montre que les actes de résistance, même modestes, pouvaient prendre des formes diverses.
Ce roman est particulièrement intéressant car il permet d'aborder le thème de la seconde guerre mondiale depuis le camp allemand, par un biais original mal connu, celui de la musique sous le régime nazi, pour lequel l'auteur s'appuie sur des faits réels, et qui imprègne ce récit d'accents rythmés et musicaux.