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J'avais lu et gardé un bon souvenir du recueil de nouvelles du même auteur, « Dead Boys », et si le roman se lit facilement et sans déplaisir, c'est une déception.

N'est pas Raymond Carver qui veut, contrairement à ce qu'affirme TC Boyle dans le quatrième de couverture un brin enjôleur... On ne retrouve dans le roman de Richard Lange ni le minimalisme génial, ni le regard social à la fois désabusé et tendre que portait Carver sur ses protagonistes. S'il faut se prêter au jeu des comparaisons littéraires, le héros à la fois dépassé par les événements et débrouillard fait plutôt songer à un personnage d'Elmore Leonard un peu raté : il manque la verve et l'humour au second degré qui font le charme des aventures picaresques que l'on retrouve chez ce dernier.

Enfin et c'est sans doute le plus pénible, le roman déborde tellement de bons sentiments que le lecteur finit par se noyer dans la relation lacrymale père-fille qui est au fond le seul et véritable enjeu d'un livre à lire avec un mouchoir à la main ...
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Escroc de moyenne envergure, Rowan Petty végète à Reno où la poisse semble ne pas vouloir le quitter. Quand un ancien collègue de son père vient lui proposer un plan trop beau pour être vrai, faire main basse sur deux millions de dollars que des militaires ont détourné en Afghanistan, Petty, conscients de ses limites commence par refuser. Cependant, acculé, l'escroc finit par vouloir tenter sa chance. Il prend donc la route pour Los Angeles, où le magot serait caché avec dans sa voiture Tinafey, prostituée qu'un ex petit amis violent pousse à fuir le Nevada. Comme de bien entendu, rien ne va se passer exactement comme prévu et hasard et circonstances vont se lier pour faire de la vie de Rowan Petty une course contre la montre.
Après la relative déception éprouvée à la lecture, il y a quelques années, d'Angel Baby, on n'attendait pas grand-chose de ce nouveau roman de Richard Lange dont le résumé, comme pour le précédent, laissait craindre une avalanche de clichés.
Sans surprise donc, ces clichés sont bien là : la prostituée au grand coeur, l'escroc doué à la recherche d'une forme de rédemption, des méchants très méchants mais pas très malins… Toutefois, cela fonctionne ici mieux que dans Angel Baby. Peut-être parce que le côté série B de la chose est mieux assumé et que Richard Lange ne laisse pas penser qu'il entend s'attaquer à un grand sujet de société. Sans doute aussi parce que, derrière les clichés, les personnages sont malgré tout un peu plus nuancés, Rowan Petty en premier lieu. Escroc sans scrupules qui assume sans problème de conscience ses arnaques, mauvais père, les circonstances le poussent à se remettre considérablement en question sans qu'il devienne pour autant un bon samaritain. Les personnages qui gravitent autour de lui, de Tinafey à la fille de Petty en passant par un acteur de seconde zone, une ex-femme retorse ou encore un vétéran accablé et bête comme le pied qui lui reste forment une galerie haute en couleurs dans laquelle on se plaît à se laisser promener. Et puis, sans avoir l'air de trop y toucher, Lange parle des maux qui accablent aujourd'hui une partie de l'Amérique : des soins quasi inaccessibles, le difficile retour au pays des vétérans…
Cela donne en fin de compte un livre qui, s'il ne brille pas particulièrement par son originalité, offre au lecteur ce qu'il est en droit d'en attendre : un suspense bien mené, des personnages intéressants et quelques scènes d'actions efficaces, un soupçon d'humour. Bref, un divertissement agréable et pas complètement vain. Une bonne lecture de vacances.

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Dans la vie Rowan Petty a toujours joué avec la corde raide et survivre dans un monde où le bien et le mal n'est pas franchement défini et encore tout dépend du point de vue. Rowan a la débrouille dans le sang. Petits coups montés à la sauvette pour se faire quelques billets rapidement, d'autres bien plus élaborés et puis y a le jackpot. le coup d'une vie qui ne se présente qu'une seule fois. Rowan a le cuir dur, de ceux qui ont roulé leur bosse et qui connaissent toutes les ficelles du métier, car s'en est bien un. Rowan a connu le temps où il était le roi des magouilles en tout genre et les poches remplies d'oseilles. Il a côtoyé la chance qui se fait la malle une fois sur deux, mais ce sont là les risques du métier. Rowan est un gars bien sympathique dont il faut tout de même se méfier, il a la verbe des manipulateurs qui seraient capable de vous vendre un bout de papier en vous confirmant que vous allez devenir riche. Rowan a connu son temps où la malchance lui collait aux baskets et les coups durs, comme le jour où sa femme le quitte pour son meilleur pote se retrouvant ainsi avec leur gamine sur les bras. Sam est son rayon de soleil et il se rappelle tout de cette petite bouille qu'il a du laissé à sa mère. Un choix dur mais oeuvré dans le but de protéger son unique trésor. Rowan est ni un looser ni un lâcheur. Quelques soient les défaites ou les déroutes, il trouve toujours un moyen de rebondir. La débrouillardise et la témérité sont des atouts précieux dans un monde de chacals prêts à dévorer les restes. Rowan Petty est au antipode d'une super héros, il mérite pourtant votre attention.


Direction la Californie pour le coup du siècle. Motel miteux, banlieue craignos, filature, une petite Sam qui a bien grandi, une prostituée Tinafey extraordinaire, un acteur qui a perdu de son prestige, un vétéran estropié, une ex femme et son nouveau mari et deux millions de dollars. Résultat : une sacrée course contre la montre où les balles fuseront dans un certain chaos.


Je découvre pour la première fois la plume énergique de Richard Lange et son univers. Une ambiance glauque où le glamour a très peu de place. Des endroits miteux, des gens dingues et peu fréquentables, de la folie, de la douleur, du sang, de complots, des mensonges, tout autant d'ingrédients qu'aime mettre en valeur Richard Lange. le underground américain où le rêve s'est fait la malle depuis belle lurette. Cette lecture ne m'a pas subjugué. Pourtant j'ai aimé découvrir ce Rowan Petty auquel j'ai fini par m'attacher. Il n'y a pas de véritables surprises tout au long de la lecture. Certaines longueurs redondantes apparaissent ici et là. La psychologie des personnages est soignée et éclectique et est, à mon sens, la force de ce roman.


Ni enflammée ni déçue, LA DERNIÈRE CHANCE DE ROWAN PETTY m'a permis de découvrir un auteur et par l'occasion de rallonger ma pile à lire avec DEAD BOYS (nouvelles) et ANGEL BABY.
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” Petty ne voyait pas d'objection à dépouiller plus bête que soi, bien au contraire, mais dans ce cas précis les ficelles étaient si grosses que ça le déprimait. Il n'y avait rien de beau là-dedans, rien d'élégant. Ça ne demandait même pas de culot. Les casinos exploitaient simplement la tendance du client à se cramponner aux idées reçues plutôt qu'à faire le calcul lui-même. (...) 
Il en avait mal aux crânes à force d'y penser. Il respirait l'air recyclé de l'hôtel depuis une semaine, l'odeur dégueulasse de la clope et du désespoir, et la désillusion s'était propagée dans son corps comme une tumeur. Dans l'espoir de préserver la petite lueur de joie festive qu'il avait su trouver en lui pour Thanksgiving, il engloutit son scotch et se dirigea vers la sortie au pas de course. “



Petty Rowan est un bel escroc en passe de finir sur la voie de garage. Il est dans une mauvaise passe. Sa femme l'a quitté pour un autre mec, sa fille refuse de lui parler depuis des années et même sa voiture l'a planté.

Alors, lorsqu'une vieille connaissance lui parle de deux millions de dollars planqués à L.A que des soldats ont patiemment détourné d' Afghanistan, ils voient cette opportunité comme une dernière chance de se refaire.





” Petty dansa d'un pied sur l'autre en l'attendant. Il avait toujours eu un faible pour les putes. Pas les camées qui fichent la trouille, ni les tourmentées qui ont une dent contre les mecs, mais celles qui assurent parce qu'elles voient leur job comme un business. Il en avait rencontré des drôlement intelligentes au fil des ans, des super vives d'esprit. “





En compagnie de Tinafey, une sublime prostituée qu'il vient de rencontrer et dont il s'est vite amouraché, il file en direction du Sud à la recherche du magot. 
Commence alors un jeu bien plus dangereux qu'une partie de poker truquée auquel vont se retrouver mêlés, un vétéran blessé, un acteur hasbeen, et même sa fille. 
Pour le gagnant ce sera :le jackpot, pour le perdant : une balle dans la tête.


” - T'es au courant que je suis pas le méchant qui veut te dépouiller, hein ? Moi, je suis le gentil, celui qui veut t'aider à le garder. “





Ce que j'en dis : 

Comme dit ce vieil adage : arnaqueur un jour, arnaqueur toujours. 

Dans cette ambiance américaine survoltée, Richard Lange nous fait découvrir la vie d'un looser, un paria de la société qui espère bien que ce dernier coup lui fera enfin vivre le rêve américain tant attendu et permettra au passage d'être enfin un bon père pour sa fille . Mettant en scène des personnages hauts en couleur comme cette star déchue , cette prostituée mais également un vétéran de guerre mal en point, il nous offre un roman noir qui ne manque ni de piquant ni d'humour à travers une intrigue captivante et originale.

Cette fois l'arnaque est presque louable puisqu'elle est liée à l'opération de la dernière chance et doit réussir quelques soient les risques.

Que ce soit l'écriture parfaitement maîtrisée ou cette virée dans les bas-fonds de Los Angeles, tout m'a plu dans ce récit et c'est avec joie que je poursuivrai ma découverte de cet auteur qui décrit si bien l'Amérique pleine d'espoir mais aussi de désespoir. 

C'est noir et brillant, brutal et réaliste, c'est une belle surprise à découvrir absolument et promis c'est pas une arnaque. 




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Rowan Petty est un escroc en fin de parcours : ses arnaques commencent à s'essouffler. Quand il n'arnaque pas les petits vieux et les veuves esseulées, il triche au poker pour joindre les deux bouts. Sa femme l'a quitté pour un autre il y a dix ans, sa fille ne lui adresse plus la parole depuis des années…

Et puis un jour, il reçoit l'appel de Don, un vieil ami de son père qui lui propose une mission de la dernière chance : filer à Los Angeles où seraient planqués 2 millions de dollars détournés en Afghanistan par des soldats américains. le souci, c'est que l'info provient d'un détenu complètement camé… Alors y croire ou pas ?

Los Angeles, ville de tous les fantasmes, ville qui miroite dans ses yeux… C'est aussi celle de tous les camés et paumés. Mais Los Angeles, c'est surtout la ville où vit sa fille, Sam. Alors Rowan accepte de se lancer dans l'aventure, avec l'aide de Tinafey, une prostituée black croisée dans la rue, et en profite pour revoir sa fille. Il ne sait pas encore que c'est sa vie qu'il engage.

Le dernier roman de Richard Lange réunit tous les ingrédients pour en faire une lecture addictive. Une intrigue parfaitement menée qui tient en haleine, un escroc attachant pour lequel on ressent énormément d'empathie et un roman aux forts accents de thriller. La dernière chance de Rowan Petty, c'est aussi un roman sur la parentalité ; Rowan et le sentiment de honte qu'il le hante face à l'abandon de sa fille, sa culpabilité, ses petites trahisons mesquines. La relation de Rowan et Sam met aussi en lumière le système de santé américain catastrophique.

Lecture faite dans le cadre du #PicaboRiverBookclub ❤
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Une déception que ce livre au regard de la fan absolue que je suis de la collection "Terres d'Amérique" (qui édite certains de mes auteurs préférés) et de la singularité du recueil de nouvelles de Richard Lange, Dead boys, dont certaines figurent parmi mes nouvelles culte.
La dernière chance de Rowan Petty n'est pas un mauvais livre, la lecture est fluide et agréable mais il m'a vraiment manqué la dimension immersive que j'aime tant dans cette collection.

Le pitch de départ est simple et efficace : Rowan est un petit escroc sympathique mais à bout de souffle. Sa femme l'a plaqué pour un escroc avec bien plus d'ambition, sa fille le fuit, sa mère ne cesse de lui reprocher ses choix et ses arnaques ne fonctionnent plus. La ruine le guette.
Une relation lui fait miroiter la possibilité de mettre facilement la main sur un magot de 2 millions de dollars détournés par des soldats ripoux. Sans vraiment y croire, il saisit l'occasion, car il n'en a pas beaucoup d'autres, car il a envie d'évasion aussi - d'autant qu'il a rencontré une sublime prostituée Tinafey qui rêve de L.A. Et les voilà partis.

Au départ, le livre m'a bien plu et Rowan m'a rappelé le héros d'Un coeur sombre de RJ Ellory, que j'ai tant aimé. Mais ensuite ça n'a pas vraiment décollé pour moi et pour plaisant qu'il soit l'exercice est resté un exercice justement, superficiel, léger, comme si l'auteur ne voulait pas vraiment nous faire croire à l'histoire.
En fait, je ne sais pas si son intention était d'offrir un roman noir - mais dans ce cas il y a un vrai déficit de noirceur et d'intensité - ou un hommage au genre - mais le propos pour le coup n'est pas assez décalé. Bref, l'entre-deux nuit à la force du livre.

Du coup, je suis restée extérieure et tout en prenant plaisir aux aventures rocambolesques de nos héros, j'ai lu tout cela un peu de loin, comme une série qu'on regarde d'un oeil. Paradoxalement ce sont les à côtés de l'histoire qui m'ont le plus plu, la critique de l'inhumanité du système de soins américain et les plongées dans un LA méconnu et là pour le cas formidablement restitué. Dommage que Richard Lange n'ait pas apporté autant d'attention et de profondeur à ses personnages qu'à sa ville. Je continuerai toutefois à le suivre car la qualité de Dead boys reste gravée en moi. Un grand merci au Picabo River Book Club et à la collection Terres d'Amérique pour ce livre.
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C'est un polar de facture assez classique que nous propose Richard Lange. Son anti-héros Richard Petty est un baratineur qui a passé sa vie à monter de petites arnaques; c'est le type même du loser de polar que, malgré son côté colérique, j'ai bien aimé et trouvé émouvant. J'avais bien envie que cette dernière chance lui réussisse.
C'est avec de l'humour que Petty fait le bilan sur son passé peu glorieux. Si ses retrouvailles avec sa fille se passent mal, ses remords de père absent semblent authentiques. C'est sans pathos qu'il la retrouve dans une chambre d'hôpital et prend la mesure des années perdues loin l'un de l'autre. Ce père et cette fille qui n'ont rien à se dire mais tant d'amour enfoui donnent de la profondeur à ce polar et rendent les personnages attachants.
Les jeunes militaires sans foi ni loi qui ont monté l'arnaque de départ sont eux beaucoup moins attachants et j'espère que l'armée américaine n'en compte pas trop de ce style. J'espérais bien que ce soit eux les perdants. Mais…….pas sûr que Petty soit un gagnant!
Un brin d'humour, des personnages qui ne se prennent pas trop au sérieux et voilà un bon moment de lecture avec ce polar beaucoup moins noir que certains. C'est reposant parfois et il ne faut pas bouder ce plaisir!



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Nom : Petty.
Prénom : Rowan.
Profession : petit escroc.
Il connaît toutes les petites arnaques, il les a presque toutes testées, il a même formé de jeunes arnaqueurs, il a vu la déchéance d'anciens arnaqueurs. Ce n'est pas qu'il survit, non, sa situation n'est pas aussi désespérée, c'est plutôt qu'il vit littéralement au jour le jour, empilant les petites arnaques les unes par dessus les autres pour se maintenir la tête hors de l'eau. Il faut dire qu'il n'a pas charge d'âme : sa femme l'a quitté en lui laissant leur fille, lui-même l'a confié à sa mère, et cela fait sept ans que Samantha refuse de lui parler.
Seulement, l'occasion fait le larron – ou l'escroc, comme vous voulez, et il se retrouve mis sur une superbe affaire, via un de ses amis, une affaire tellement belle qu'elle le paraît trop pour l'être réellement. Rowan se laisse tenter : se rendre à Los Angeles, c'est l'occasion de tenter de revoir sa fille. Il n'est jamais trop tard pour tenter de bien faire.
Sur fond d'escroquerie à plus ou moins grande échelle, c'est un tableau de ce qui dysfonctionne aux Etats-Unis que nous propose Richard Lange. En premier lieu, on peut parler de l'armée : engagez-vous, rengagez-vous qu'ils disaient, et tant pis pour l'état dans lequel les soldats sont renvoyés. Même ce secteur n'est pas à l'abri des petites escroqueries, cependant c'est le portrait du corps de Tony, ses cicatrices, ces mutilations qui m'a surtout frappée. En second lieu, je parlerai de la famille traditionnelle, tellement valorisé par certains leaders politiques (et pas qu'aux Etats-Unis). Que transmettre à ses enfants quand on cumule les petits boulots pour vivre, quand on se laisse submerger par la douleur ? Que deviennent les enfants quand ils ont été ressentis comme entrave à leur bonheur, à leur épanouissement ? Ils s'en sortent comme ils peuvent, reproduisant parfois le comportement de leurs parents ou parvenant malgré tout à réussir assez bien.
Vient ensuite le secteur de la santé. En France, on a tendance à l'oublier : vous êtes atteint d'une maladie de longue durée, tout est prix en charge. Aux Etats-Unis, c'est bien plus compliqué. Il faut trouver des solutions pour les patients « à faible revenu ». Ou comment Rowan doit-il trouver un million de dollar pour soigner le cancer de sa fille.
Je parlerai aussi du racisme. Il ne s'exprime pas toujours franchement, non. Disons plutôt qu'il peut rejaillir brusquement. Tinafey, la toute nouvelle compagne de Rowan, est noire, il est blanc. Il en est encore que cela dérange, et tant pis pour les qualités de Tinafey.
Ce roman m'a permis de découvrir un nouvel auteur américain, et de voir l'envers de cette ville mythique qu'est Los Angeles.
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Richard Lange m'a totalement chamboulée avec ses deux recueils de nouvelles (Dead boys et Sweet Nothing Stories – billet à venir) – je le découvre avec ce dernier roman noir où la chance semble avoir abandonné Rowan Petty .. qu'en est-il vraiment ?


Rowan Petty a tout de l'anti-héros : c'est un arnaqueur, un escroc. Il triche tout le temps : au poker, au téléphone, en ligne en postant de fausses annonces à Airbnb et il n'éprouve aucun remord. Mais sa chance a tourné : sa femme l'a quitté il y a douze ans pour un autre escroc, un calibre au-dessus, sa fille ne lui parle plus depuis sept ans et maintenant c'est sa voiture qui le lâche. Rowan compte ses dernières économies lorsqu'une vieille connaissance lui parle d'un tuyau : un soldat en poste en Afghanistan aurait réussi à détourner 2 millions de dollars cash de l'armée et les aurait envoyés à son cousin à Los Angeles. Rowan n'y croit pas vraiment et décide de refuser l'offre mais sa fille vit désormais à L.A et Rowan aimerait la revoir même si elle refuse de lui parler.
Et puis, il y a Tinafey – une prostituée rencontrée un soir et qui ne le quitte plus, elle rêve d'Hollywood et Rowan doit se refaire une santé rapidement. Les voilà installés dans un motel avec piscine, et entre les visites touristiques avec Tinafey, Rowan prend en filature Tony, le cousin du Marine tout en se demandant s'il a raison ou pas de le suivre. Rowan va découvrir que l'argent existe réellement au pire moment : un cowboy lui braque une arme sur la tempe après un appel téléphonique lui annonçant que sa fille a été hospitalisée en urgence. le monde de Rowan bascule et avec lui Los Angeles quitte le monde merveilleux de Disney pour redevenir cette pieuvre géante qui vous étouffe dans ses tentacules sans la moindre culpabilité.

Rowan pourrait nous énerver, il n'a pas fait mieux que son vieux : il a eu du mal à tenir un vrai job et a préféré le monde des combines comme son père – parfois ça a marché et sa petite famille a bien vécu, et souvent ça a tourné au vinaigre. Un jour sa femme l'a plaqué et lui a laissé sa fille sur le dos. Au lieu de se responsabiliser, Rowan a laissé main-libres à ses démons intérieurs et a abandonné sa fille à son tour. Les années passant, l'arnaqueur a arnaqué et s'est fait arnaquer. Il a quarante ans, ne possède rien sauf une vieille voiture. Et pourtant, je l'ai adoré Rowan, je l'ai adoré parce Richard Lange sait nous faire aimer les paumés comme personne et sait les ramener chez lui, à Los Angeles. En filant ses proies, Rowan nous emmène dans des quartiers où aucun touriste n'oserait s'aventurer. Une nouvelle fois, il nous montre sa ville – sous le soleil, mais où les matins sont froids, ses salons de jeux, et ses trafiquants en tout genre. Et Tinafey nous promène du côté bling-bling que tous les touristes voient, énorme contraste entre ces deux visions de la même ville.

j'ai dévoré les 416 pages en deux petits jours. Attention, cela reste un roman noir, alors même si parfois on rêve (n'est-ce pas la fabrique d'Hollywood, les happy-ends?) la réalité n'est jamais très loin.

J'ai deux autres romans à lire et je vais me faire un plaisir de le faire ! J'avoue que j'étais plus hésitante au départ car j'aime tellement ses nouvelles, et son dernier recueil est à tomber par terre – je ne sais pas pourquoi je n'ai pas publié mon billet (la bonne nouvelle : Albin Michel va les traduire) du coup j'appréhendais de passer au roman. Je m'en vais rattraper cette erreur !
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Avec ce roman, Richard Lange nous propose de suivre le destin d'un anti-héros appelé à faire le bilan d'une vie d'échecs et à envisager un avenir plus radieux. On pourrait presque parler de roman initiatique moderne tant le personnage de Rowan apprend sur lui au fil des pages.

Marqué grandement par la vie, il réussit petit à petit à faire la paix avec certains de ses démons et à réaliser qu'il pourrait avoir le droit à une autre vie que celle qu'il a menée jusqu'alors. Il commence par redécouvrir l'amour auprès de Tinafey, tout aussi paumée que lui mais pas encore totalement désabusée. Par son goût de la vie et son émerveillement devant les plaisirs du quotidien, elle ramène petit à petit Rowan vers le monde réel, le monde des sentiments, le monde où tout n'est pas que jeu, mensonges et arnaques en tous genres. Elle se révèle sa bouée de sauvetage, sa bulle d'oxygène.

C'est Tinafey également qui va aider Rowan à se rapprocher de sa fille Sam et lui permettre sans doute de jouer le rôle de sa vie : celui de père. On aime assister à l'évolution de la relation entre Sam et Rowan. On passe d'une hostilité totale de la jeune fille à un apprivoisement progressif. Cette redécouverte de la relation sublime unissant un père et sa fille émeut le lecteur quasi aux larmes. C'est bouleversant et, en même temps, terrifiant quand on réalise tout ce temps perdu voire gâché. C'est sans aucun doute l'aspect du roman qui m'a le plus séduit. Pas de compassion, pas d'atermoiements, juste deux êtres qui tentent, dans une course contre la montre, de combler un gouffre sentimental creusé par les années.

On ne peut, bien entendu, ne pas voir également dans le destin des personnages de ce roman l'échec du mythe américain qui consisterait à croire que tout le monde a sa chance et peut réussir. Rowan, Tinafey, Diaz, Tony, Don, Avi, Beck,  tous sont ces oubliés du système qui n'ont d'autres choix que de se débrouiller pour survivre dans une société qui s'évertue à leur maintenir la tête sous l'eau. Quant à Sam, elle est le symbole cinglant d'un système de santé réservé aux riches et qui condamne les autres, faute de solutions honnêtes ou malhonnêtes. En gros, l'Amérique, aujourd'hui, est une usine à produire de futurs condamnés, comme semble le montrer, tout au long du roman, un Richard Lange d'une objectivité redoutable.

Mon chouchou à moi

Le personnage de Rowan s'avère particulièrement attachant tant il part de loin et tant la vie ne lui a pas fait de cadeau jusqu'alors : une histoire familiale compliquée, un mariage qui tourne au fiasco et à la trahison, une sentiment de paternité défaillant et dont il a pleinement conscience. Une chose est certaine : ce roman est l'occasion pour lui de faire un bilan et de savoir enfin ce qu'il veut et ne veut plus. J'ai ainsi aimé la manière dont il prend en main son destin dans les bons moments comme dans les mauvais.

Un roman à découvrir absolument et qui rappelle sur certains points le très beau "Prodiges et miracles" de Joe Meno. Je recommande grandement cette lecture.


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