Ce tome contient les épisodes 1 à 4 de la minisérie parue en 2011. Il constitue une histoire complète. le précédent tome de la série était X-files/30 Days of Night de
Steve Niles et
Adam Jones. Il s'agissait déjà d'une histoire complète. Cette histoire peut être lue indépendamment des autres.
En 1943, un sous-marin allemand a envoyé une torpille dans la glace de l'Arctique. le commandant du vaisseau espérait se débarrasser ainsi du contenu de la torpille et qu'elle reste prisonnière à tout jamais des glaces. En 2004, la ville de Barrow est à nouveau victime d'une attaque d'une horde de vampires qui exterminent tous les habitants, avec gorges déchirées, membres arrachées, etc. La horde est menée par une vampire tatouée sur le bras droit, sans nom. Un groupe d'individus a réussi à fuir avec des chiens des traineaux. Ils sont menés par Trudy (une femme) qui a abandonné Helen (sa compagne) aux mains des vampires. Ils doivent parcourir plus d'une centaine de kilomètres pour rejoindre la ville la plus porche. Dans la même zone, une équipe de climatologues observent la banquise. le réchauffement climatique a fini par avoir raison du bloc de glace dans lequel la torpille avait été ensevelie. Israel (une chercheuse) demande à ce que la torpille soit ramenée à la base.
Steve Niles, le créateur de la série 30 days of night, autorise parfois d'autres scénaristes à utiliser ses vampires. Ici, il s'agit de Joe R.
Lansdale, auteur de romans policiers assez noirs et cyniques (par exemple le mambo des deux ours). Il a déjà écrit pour les comics, entre autres une histoire de Conan The Songs of the Dead ou une histoire de Jonah Hex (Two Gun Mojo).
Lansdale n'hésite à plonger dans la noirceur des comportements déviants et abjects. En 4 épisodes, il n'a pas l'occasion de bâtir une intrigue très compliquée. Mais sa maîtrise des éléments horrifiques transparaît dans cette histoire.
Dans cette série, les vampires se conduisent en vrais monstres sans pitié.
Lansdale n'hésite pas à le rappeler à la fois quand ils se nourrissent, à la fois parce qu'ils ne souhaitent qu'exterminer les humains, mais aussi par le biais d'un ou deux actes de cruauté gratuite. de même dans ce type de récit, il arrive régulièrement que les pauvres survivants se trouvent confrontés à un choix atroce où nécessité fait loi.
Lansdale n'oublie pas d'en insérer un bien répugnant. Donc coté scénario, il concocte une histoire de survie sous la forme d'un thriller avec son quota d'action et de surprises.
Sam Kieth est un créateur de comics atypique qui s'est forgé un style immédiatement identifiable. C'est sa marque de fabrique et tout ce qu'il illustre est passé à la moulinette de ce style. L'un des aspects caractéristiques dudit style est que Kieth mélange dans une même page des illustrations à la précision quasi photographique, avec des dessins tout juste esquissés évoquant des essais enfantins. En fonction des scènes, son choix de style peut décupler l'impact de ce qui est décrit, comme il peut ruiner l'ambiance. Premier exemple : dans la première scène, Kieth ajoute une touche comique dans le rendu du sous-marin qui ne ressemble pas à un vrai et dont les contours sont exagérés par un encrage très gras. Cette partie du scénario étant déjà un peu tirée par les cheveux, l'ajout d'une couche graphique d'autodérision donne vraiment l'impression au lecteur que Kieth se moque de ce qu'il raconte.
À l'opposé, Kieth utilise le registre dessin d'enfants pour évoquer le périple des survivants pour franchir tous ces kilomètres. Ces 2 pages de dessins simplifiés obligent le lecteur à effectuer la conversion en langage adulte de ce qui est raconté. Quand l'esprit commence à comprendre ce qui s'est passé, le cerveau intègre ce qui est montré et dit et le reformule, s'appropriant ainsi la narration. L'impact de l'horreur s'en trouve augmenté au point d'en devenir insoutenable.
Tout est dans le dosage des styles. Or Kieth est tout le temps dans l'autodérision, et le second degré. Au fur et à mesure des pages, le lecteur constate à nouveau que les décors n'intéressent pas du tout Kieth. Il les esquisse à gros traits dans le meilleur des cas ; il les escamote le plus souvent, se contentant d'un camaïeu rapide pour lier les cases entre elles dans une même ambiance. Cette approche sarcastique désamorce le plus souvent l'horreur et la tension. le lecteur se retrouve à contempler des personnages de dessin animé comique dont les expressions et les langages corporels sont exagérés. Les différents styles se neutralisent plus qu'ils ne se complètent. En outre, Kieth n'a que faire de la vraisemblance ; en particulier les êtres humains (Trudy et Israel surtout) se vêtissent de petit haut dévoilant le nombril, mignons mais impossibles à accepter vue la température ambiante.
Joe R. Lansdale a conçu un récit de vampires comprenant assez d'éléments pour être original et horrifique.
Sam Kieth utilise son scénario comme il l'entend pour s'amuser sur chaque page. Les images chocs côtoient les images caricaturales pour un effet second degré qui désamorcent la tragédie du récit.
Sam Kieth a réalisé un deuxième récit de "30 days of night", cette fois-ci avec
Steve Niles : 30 Days of Night 1 (épisodes 1 à 4).