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4,26

sur 1622 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un homme, obèse à la dérive. A la recherche du blast, le flash de lumière et de couleur, l'instant de contact avec l'univers et la conscience universelle. Une dérive dans le caniveau, la foret, les drogues, l'alcool, la violence et les barres chocolatées.

Un livre sur la descente en folie. le tout sur le fond d'une enquête et de meurtres à élucider face au coupable idéal

Quatre tomes : grasse carcasse, l'apocalypse selon Saint Jacky, la tête la première, pourvu que les Bouddhistes se trompent

Un chef d'oeuvre, noir et lumineux comme un oxymore sans contradiction.
Lien : https://www.noid.ch/blast/
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Larcenet, c'est toujours une expérience hors du commun. Ici, il démarre sagement. Deux flics, un gars alpagué... un gars gras... un gros gars gras... que les deux flics serrent -on le devine- pour agression et violence sur sa femme.

Alors, le gros Polza se raconte.

Il parle de sa haine de lui. du dégoût qu'il suscite chez l'autre. Les deux flics n'ont d'ailleurs pas à se forcer pour haïr Polza.

Le quotidien de Polza, c'est la lutte contre l'alcool. Ce sont les clodos à deux pas de sa tente dans les bois. C'est la mort de son père. Celle de son frère alors que Polza conduisait la bagnole. Alors Polza parle et parle encore, il parle du blast qui lui fait voir tout en couleur et croiser des Moai,

Larcenet n'est jamais aussi bon que quand il nous montre des laissés pour compte. Des mecs en marge. Dont la société n'a pas voulu. Et qui ne veulent plus de la société.

Le blast, je l'ai eu, ressenti, vu... Les planches de Larcenet sont magnifiques de noir. Elles rentrent dans la chair et bousculent toute certitude sur leur passage. Larcenet, c'est viscéral, ce sont les tripes qui prennent tout, bien avant le cerveau. Un tout grand moment de BD.
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Un homme obèse est en cellule dans un commissariat. Il a des hallucinations de statue géante de l'île de Pâques. Il est en garde à vue, accusé d'avoir agressé une femme qui est dans le coma, Carole Oudinot. Qui est-il ? Que s'est-il passé ? En le voyant on pense d'abord à Lennie (Des souris et des hommes), mais dès qu'il parle on comprend qu'il ne s'agit pas d'un simple d'esprit. Il est écrivain. Plutôt poète et philosophe. Et il va prendre son temps pour raconter son histoire aux deux flics : Son expérience de Blast (un état second et supérieur de l'esprit, une sorte de dissociation, une expérience quasi métaphysique) à la mort de son père, sa liberté nouvelle, son émancipation. Et son choix de s'enfoncer dans la nature, d'être seul.
Le texte est rare mais percutant. le graphisme est aussi puissant que l'histoire. Les personnages ont des gueules hallucinantes, des pifs monstrueux, des becs d'oiseau. le dessin à l'encre est plein de nuances. Les pleines pages de forêt et d'animaux sont des oeuvres d'art.
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Manu Larcenet est un auteur qui ne déçoit pas, après avoir découvert le combat ordinaire ou le retour à la Terre, il parvient toujours à me surprendre. Blast est un très beau roman graphique, où chaque dessin nous nargue. J'ai buté tant de fois sur les yeux pétillants et lumineux du personnage principal, magnifique… Un personnage qui écoeure, dégoutte, surprend, émeut et nous livre une partie de sa vie. Entre l'histoire, les dessins : noir et blanc, tellement détaillés qu'on dirait de vraies photographies et l'apparition de ce « Blast » aux mille couleurs et graphiques enfantins, cette bande dessinée donne un beau sentiment d'évasion...
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Comment parler de Blast ? Une chose est sûre : j'en parlerai mal. Il n'y a qu'une chose que vous pouvez faire (devez faire ?) : vous procurer ces BD et les lire.
Voilà, fin de la chronique !
Je plaisante, je vais quand même essayer de vous dire deux-trois choses.

Blast, c'est…

C'est humain. le regard sensible porté sur tous ceux qui sont à la marge de la société, sur leur difficulté, leur incapacité à se fondre dans une normalité qui, tout bien considéré, ne veut rien dire. le cheminement de Polza qui ne peut que toucher et émouvoir. La réflexion passionnante sur une vie délivrée des règles de la communauté.

C'est violent. Psychologiquement. La souffrance humaine – le deuil, la haine de soi, la maladie – nous est projetée dans la figure. La psychologie de Polza est vraiment fouillée même s'il nous reste toujours inaccessible. Sans aucun doute, cette lecture est une bonne grosse claque dont on ne sort pas vraiment le coeur joyeux.

C'est violent (bis). Physiquement. Entre les meurtres et les autres agressions, c'est parfois un peu glauque. Et ça peut mettre mal à l'aise, même si, finalement, peu de choses sont montrées frontalement.

C'est oppressant. Polza m'a étouffée. J'étais à la fois curieuse, intéressée, compatissante et rebutée par ce personnage atypique et perturbant. Est-il fou ? Est-il génial ? Expérimente-t-il de véritables transes ou n'est-il qu'un psychopathe ? Comme le dit l'un des policiers à la fin, une chose est sûre : il est intelligent. Et fascinant.

C'est organique. Comme la grasse carcasse de Polza, comme les fluides qui s'écoulent hors des corps, comme la forêt bruissante et grouillante, comme la souffrance, comme la liberté.

C'est beau. Les dessins, sombres. Les visages, fermés. Les gros plans. le trait de Larcenet parfois flou, parfois criant de réalisme. Tout cela me parle, me touche, me transperce.

C'est innovant. le mélange des styles. Aux illustrations noires de Larcenet se mêlent des dessins d'enfants et des collages. Les dessins d'enfants sont les seules touches de couleurs dans cet océan de noir et blanc. Figurant le blast, ils offrent une légèreté rafraîchissante, une originalité unique, une imagination folle comme seuls les enfants savent le faire. Les utiliser de cette façon est une idée géniale. Quant aux collages, sortis de l'esprit malade de Roland, ils sont d'un ridicule qui va jusqu'au dérangeant.

C'est malin. La fin du quatrième tome nous pousse à refeuilleter les trois premiers. Pas parce qu'un retournement de situation bouleverse toute notre vision des choses. Juste parce que les deux policiers nous proposent la leur. Une autre manière de considérer l'histoire de Polza.

C'est aussi poétique, contemplatif, viscéral, unique. Bref, en deux mots comme en cent, c'est une tuerie ! Polza était soufflé par le blast et moi, j'ai été pulvérisée par Blast.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Manu Larcenet, plus connu pour ses albums humoristiques, ayant fait ses armes chez Fluide Glacial – rendons d'ailleurs hommage à Sieur Gotlib pour toutes ces géniales découvertes bédétesques mises en avant dans Fluide Glacial tout au long des années fastes ! – fait ici la démonstration de son pur talent de conteur.
Pour ma part, j'en attribuais jusqu'alors le mérite à part égale avec Jean-Yves Ferri, son scénariste attitré, son poteau de bd - Voir le retour à la terre.

Avec Blast 1, point d'humour ni de satire, mais une étrange enquête, sombre et violente : un homme obèse, Polza Mancini, est accusé d'avoir agressé et laissé pour morte une jeune femme, Carole, qui est actuellement dans le coma, entre la vie et la mort.
Polza, sorte de monstrueux bouddha, raconte alors sa vie lors de l'interrogatoire… car c'est ainsi qu'il lui sera possible de remonter le fil des évènements qui l'ont amenés à un tel acte de violence.
Commence alors pour le lecteur une lente plongée dans l'esprit et le corps torturés de Polza… dans ses souvenirs d'enfance, et dans ceux plus récents.
Il explique ainsi que son voyage a commencé lorsqu'il a ressenti pour la première fois le « Blast », cette sensation qui ressemble à celle ressentie par les victimes d'une explosion, ce bref moment qui précède le souffle, et vient juste après la déflagration… Un moment où l'on est comme suspendu dans le temps et l'espace…
Le Blast, c'est ce à quoi aspire Polza. Il veut le retrouver coûte que coûte. Et pour cela il est prêt à changer complètement, à tout abandonner, même son humanité.
Alors il parcourt la campagne, la nature, en solitaire, libre, il ne veut plus d'entraves, étant déjà forcé de supporter ce corps de pachyderme, et il boit, il boit beaucoup pour oublier ce corps trop lourd… Mais pour lui, ce n'est pas assez. Il veut ressentir le Blast !
Larcenet travaille un dessin instinctif, brut et sophistiqué à la fois. Il a eu la géniale idée d'intégrer les dessins de ses enfants pour illustrer ce moment particulier du « Blast ». Et c'est puissant. Très. Cela nous ramène à des sensations primaires, tout comme Polza…
Cet album, 1er d'une série de quatre, est un pur chef-d'oeuvre de noirceur et d'imagination. A lire sans modération.
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Blast 1 Grasse carcasse
Avec Blast on retient son souffle, on est littéralement happé par la mise en page et les images, à l'écoute du personnage, soupçonné d'avoir commis un crime. Il est en garde à vue et deux policiers l'interrogent, dans un huis clos étouffant. On oscille entre le dégoût et l'empathie, fasciné par son bagout débonnaire. Larcenet utilise un simple stylo-feutre et l'aquarelle noire en lavis afin d'aller à l'essentiel. Rien d'esthétisant, rien de "joli" ou de lissé, fuyant volontairement la représentation banale, le réalisme, il parvient, avec un usage minimale de son trait, à faire passer une grande complexité, et quand les mots ne suffisent plus à dire l'indicible. L'utilisation du silence en référence à un maître du manga comme Taniguchi, et son goût pour les blancs qui jaillissent de la noirceur de l'encre, évoquent les maîtres de l'estampe. Tout en poursuivant la série, Larcenet travaille sur une adaptation au cinéma.
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Blast est plus qu'une simple bd, c'est un roman graphique. Par le biais de l'inquiétant mais touchant Polza, Manu Larcenet aborde les thèmes de la différence, de la difficulté d'être accepté et de s'accepter, des SDF. Il y parle également de l'alcoolisme, vécu comme un moyen de s'évader, presque comme un exutoire. Et bien sûr la boulimie, pour finir avec ce mystérieux blast. Il est difficile de parler de Blast. C'est dérangeant, émouvant. Cela réveille une foule de sentiments différents.
C'est une claque, un chef-d'oeuvre. À lire de toute urgence si ce n'est déjà fait.
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« Comment ne pas se haïr quand il est si naturel de se faire haïr ? »

Assis dans une cellule, Polza Mancini, 38 ans, 150 kilos, critique gastronomique, attend. Visiblement en garde à vue. Il tourne la tête et voit une figure moai.
De l'autre côté de la porte, un inspecteur l'observe. « Il n'a pas l'air coriace » s'étonne-t-il.
Et pourtant… internements fréquents en hôpital psychiatrique, automutilations en tous genres, altération du jugement, comportement asocial, hallucinations, arrestations multiples et variées et puis, une femme, Carole Oudinot, à qui il a fait quelque chose, on ne sait pas quoi mais on craint le pire. Elle est dans le comma, pas sûr qu'elle s'en sorte…
Les policiers l'interrogent, il faut le faire avouer. Mais Polza peut se taire, se refermer comme une huître. de toute façon, ils sont prévenus, il compte prendre son temps, leur raconter tout dans le détail : « Si vous voulez comprendre, il faut que vous passiez par où je suis passé. »
Et il en a fait des tours et des détours.
Alors, on suit Polza qui, sur huit cents pages (quatre volumes), nous raconte, se raconte… C'est lui qui cause, il faut l'écouter. Vrai, pas vrai, mensonges, vérité ? Un récit subjectif en tout cas…
D'abord, la mort de son père, l'homme à tête d'oiseau, à peine humain, que l'on découvre recroquevillé sur son lit d'hôpital. Et puis, le départ de Polza. Il quitte tout du jour au lendemain: sa maison, sa femme, son métier pour devenir clochard, clochard volontaire, expérimenter la liberté, sortir du cadre. Enfin ! Après la mort du père, il s'autorise….
Il prend le train, descend au bout de la ligne et s'enfonce dans la nature… Retour à l'état sauvage presque : contemplation des petites bestioles qui grouillent et des plus grosses qui traversent le paysage. On se laisse aller à rêver sur des planches superbes, de vrais tableaux… On admire les lieux, limite si on n'est pas un peu jaloux de toute cette liberté que s'est offerte le gars Polza, même si l'on sent comme une menace.
Parfois, à l'aide d'alcool et de médicaments, surgit le blast, espèce d'instant en suspension, d' « effet de souffle, d'onde de choc ». Il voit des têtes de moai, les fameuses statues de l'île de Pâques. C'est l'extase qu'il recherchera, toujours et encore, état second où il devient léger physiquement et moralement. Moments rares, fugitifs et précieux…
Puis les premières rencontres, les paumés, les marginaux, les malades. Ceux avec qui il passe du temps, discute, semble échanger, un peu. Et les errements reprennent.
Il faut survivre, se défendre, frapper, être frappé et humilié. C'est le prix de la liberté. Devenir presque un animal, retourner à l'état sauvage. Souvent ivre mort, il faut se relever quand même, traîner ses blessures, calmer ses plaies et sa souffrance.
Et Polza raconte, détaille, se souvient. de temps en temps, il avale des barres Funky chocolat, les policiers les lui fournissent. Ce sont ses barres préférées. Alors, si ça peut l'aider à en dire un peu plus…
Qui est Polza Mancini ? Est-il ce qu'il dit être ? Est-on se qu'on croit être ?
« Parfois je mens. Je dis que je ne me souviens de rien… Mais il n'est rien qui ne s'efface, bien sûr. Je bouillonne en dedans. Je suis en feu. Je suis gris, lourd, crasseux, mais je suis en feu. Je suis la limaille, le cambouis, les miasmes, les ordures. Je suis la souillure, la suie qui s'incruste sous les ongles, les paupières, qui se niche au fond des poumons. le désespoir, c'est comme la prison, la mine ou l'usine…Ça vous lâche jamais. Mais je suis en feu. Alors je mens. Je dis que je ne me souviens de rien. Mais mon histoire est faite de cicatrices. Il me suffit d'inspecter ma peau… Et tout me revient. »
Personnalité complexe, énigmatique, autour de laquelle le lecteur va tourner, s'interroger… Cet individu repoussant, abject, n'est-il qu'un pauvre homme vulnérable, seul car différent, dégoûté de lui-même et des autres et dont on ne peut qu'avoir pitié ? Est-il un individu prêt à payer cher sa liberté, refusant la normalité et la société de consommation ? Ou bien, est-ce un être chez qui « il n'y a pas trace de morale, d'éthique ou même de justice…. » ? « Là où vous vous réduisez à la loi, je ne me conforme qu'à la nature… et la justice n'existe pas dans la nature. » précise-t-il aux deux policiers…
Un roman graphique d'une noirceur insondable et fascinante, des planches anthracites où le blast ultra-coloré vient soudain, comme un immense feu d'artifice, briser la grisaille, le noir et blanc dans lequel on replonge illico…
Une oeuvre à la fois belle et cruelle, poétique et sordide ! Terriblement impressionnante. Essentielle en tout cas.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Je vais enfoncer une porte ouverte : c'est un excellent roman graphique !
Le graphisme est parfois dérangeant, osé mais toujours imparable. Les corps tordus maltraités, l'animalité, les couleurs et la naïveté autour du blast, les ombres, le flou parfois... tout est signifiant, rien n'a l'air là au hasard. D'ailleurs, les monbreuses pages sans texte sont tout aussi parlante que des mots.
L'histoire contient elle aussi de nombreuses zones d'ombres : de quoi est accusé Polza ? que se passe-t-il exactement dans la forêt ? qu'est-ce que le blast réellement ? pour cette statue sortie tout droit de l'île de pâques ?
Vite, au tome 2 !
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