Une fois de plus, que dire?
Qu'il est mystérieux Polza. Mais, après ces 400 pages de lecture, voilà mon constat:
Larcenet réussit ici à me faire ressentir du dégoût pour les deux inspecteurs de police, tandis que je ressens toujours cette compassion, cette pitié pour la souffrance profonde, sourde de Polza Mancini. On ne sait pas vraiment qui est le criminel après cette lecture. Est-ce Polza, qui a vraisemblablement tué une femme, ou est-ce le reste du monde, qui a tué le pauvre Polza? La scène de l'auto-mutilation est particulièrement évocatrice de la douleur qu'a infligé le monde à notre héros:
"Je mens toujours. Je dis que je ne me souviens de rien, que je suis né du matin. Mais il me suffit de fermer les yeux… Dans le noir, tout me revient. Chaque taloche, chaque balafre, chaque regard. Je me souviens de chacun de vos mots. Je me souviens comment vous me les avez plantés dans le corps."
Dans ce deuxième album, autant que dans le premier, la souffrance de ne pas être normal apparaît comme un leitmotiv.
Certes, le meurtre de Carole Oudinot est un acte terrible (d'ailleurs nous ne connaissons pas les circonstances), mais, les remarques assassines des deux inspecteurs ne sont-elles pas aussi méprisables?
"Berk berk berk", "Rhololo, le gros porc", "Il fait le taré pour jouer l'irresponsabilité. Il est simplement en train de préparer sa défense", ou encore le coup de boule de l'inspecteur Tyson, très évocateur de l'incompréhension de la souffrance qui habite Polza.
C'est difficile d'exprimer vraiment, encore une fois, ce que j'ai ressenti à la lecture de ce roman graphique. Haine, pitié, compassion... c'est une fois de plus, une claque magistrale.