J'avais découvert l'écriture de
Fouad Laroui lors de ma participation au Prix Izzo (prix ado remis lors de Lire à Limoges) il y a déjà quelques années. Son univers m'avait séduit, avec toujours des rapports au Maroc.
Fatima, jeune musulmane, vit à Molenbeek, ce quartier aujourd'hui bien connu de Bruxelles. Elle porte le niqab, fait bien attention à regarder par terre, bref essaye d'être discrète comme on le lui demande. Elle s'est trouvée un petit boulot, a mis de côté ses études. Sauf que ce petit boulot se trouve loin de Molenbeek, en plein Bruxelles. Et ça n'est pas du goût de tout le monde !
Difficile de résumer ce roman de 130 pages sans trop en dévoiler ! J'ai eu pas mal de mal à rentrer dans le roman, le flot de pensées des personnages étant haché. La partie narration a donc été un vrai bol d'air. Car si on oublie ces dialogues hachés, on se rend compte que le reste est très bien écrit, et l'histoire rondement menée.
Le roman se divise en plusieurs parties : les premiers chapitres sont liés à la déambulation de Fatima de Molenbeek à son travail, ses arrêts, ses interrogations ; puis les chapitres suivants sont dédiés à Fawzi, l'épicier du coin qui estime que Fatima lui appartient ; une autre partie avec un journaliste auto-édité qui croit voir quelque chose qui n'a jamais réellement existé ; une partie documentée avec l'intervention de quatre intellectuels, à grand renfort de vrais extraits de discours et d'articles de journaux.
C'est un roman très rapide à lire. J'ai beaucoup aimé sauf la dernière partie qui est un peu plus intellectuelle et qui m'a donc donné du fil à retorde.
Pour la partie de Fatima, j'ai été intriguée par sa déambulation. On ne connait pas son travail, on ne sait pas vraiment où elle va. Son attitude intrigue. Et puis vient ce fameux boulot, l'étonnement laissant place à la curiosité.
Fawzi est un personnage que j'ai rêvé d'étrangler. On se rend compte, en revenant avec lui au début du roman, qu'il suivait Fatima. Il s'interroge donc sur ses agissements, sur chaque geste, lui dictant dans sa tête des ordres, nous faisant part de son dégoût pour les Belges et occidentaux. Plusieurs extraits de ses pensées m'ont fait bondir, ses « liens » avec
Tariq Ramadan qu'il prend comme exemple aussi. C'est un personnage que j'ai trouvé faible, qui suit les idées des autres, ne se faisant jamais réellement sa propre opinion des choses.
C'est une lecture qui fait se poser des questions, qui aborde les choses avec des visions différentes. On a là deux mondes qui s'opposent et qui sont diamétralement opposés. le monde où la femme est surveillée par les hommes au nom de vieilles traditions, où elle n'est pas libre de ses agissement, où elle doit faire profil bas. Et le monde où la femme est libre de faire ses choix, libre de présenter en tant que candidate aux élections, libre de porter les vêtements qu'elle veut. Bref, libre d'être qui elle veut.
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