Privée de lecture par des ennuis de santé qui affectent durablement ma vision, je me réfugie souvent dans les excellents podcasts de
France Culture. J'ai ainsi écouté récemment une adaptation magistrale de
Millenium 2, La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette de
Stieg Larsson.
Ce thriller nordique m'avait été offert par ma fille dès sa parution en traduction française et m'avait particulièrement marquée, tout comme le premier volet de la trilogie imaginée par
Stieg Larsson.
Cette écoute radiophonique a fait remonter à ma mémoire non seulement des souvenirs de lecture très précis mais également des souvenirs cinématographiques à partir du film de Daniel Alfredson adapté du roman.
Toujours une phrase-titre comme je les affectionne… le nom du journal dont la survie, la qualité et l'indépendance servent de fil conducteur à toute la saga, suivi d'un énoncé percutant, centré cette fois sur le passé de Lisbeth Salander, héroïne-phare. Ce deuxième tome projette un éclairage nouveau sur la jeune femme, sa personnalité, son comportement asocial et ses combats.
Des personnages à présent connus que l'on retrouve comme des vieux amis ou des connaissances. le célèbre journaliste Mikael Blomkvist, réhabilité, toujours aussi motivé quand il s'agit de plancher sur des dossiers explosifs, prépare un numéro de Millenium sur un trafic de prostituées des pays de l'Est impliquant des personnalités haut placées. Lisbeth Salander a bien tiré son épingle du jeu et se retrouve à l'abri du besoin, toujours experte en manipulations informatiques et en traitement des données et des fonds…
Des personnages secondaires intéressants, ambivalents parfois, que l'on voit évoluer et s'étoffer.
Des méchants particulièrement tordus, diaboliques, pervers, violents…
Une intrigue axée sur l'assassinat d'un couple qui travaillait sur l'article sur Millenium et sur les soupçons qui pèsent sur Lisbeth : cette dernière est rapidement traquée de tous les côtés, par la police, par les médias et par de bien sinistres malfrats. le lien tissé entre Mikael et Lisbeth, la dette qu'il a contractée envers elle quand elle lui a sauvé la vie va prendre ici tout son sens ; cependant, il n'est pas aisé d'aider Lisbeth, habituée à faire cavalier seul et à ne pas accorder sa confiance.
Stieg Larsson met ici en lumière les tenants et aboutissants de la prostitution en Suède, véritable industrie, trafic indigne mais particulièrement lucratif.
Il tisse également une toile complexe mêlant le tuteur de Lisbeth, prêt à tout pour se dégager des pressions qu'elle fait peser sur lui, le psychiatre dépravé qui a favorisé son internement abusif, des mafieux, des politiciens et même des membres de la police, voire de la Säpo.
La thématique du coupable trop idéal est ici traitée avec un certain raffinement, une grande complexité, tant les ramifications sont tortueuses entre passé et présent, entre liens familiaux, haines générationnelles et intérêts divers et variés.
La violence est toujours omniprésente, comme nécessaire et souvent poussée à l'extrême.
Le dénouement de Millenium 2 laisse les personnages en devenir. C'est vraiment un tome de transition, captivant certes mais qui laisse le lecteur dans une attente à combler d'urgence.
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