Camille Laurens fait encore une fois de l'auto fiction un essai, un témoignage, une réflexion où se mêlent l'authenticité de sa vie réelle, la plus intime et parfois la plus crue, à l'inconstance des sentiments et des désirs, nourris de littérature et de solitude.
"L'amour ne court pas les rues, donc, seul le mot est jeté à tout-va, tous les carrefours s'en font l'écho. Souvent, même nos sentiments n'ont d'amour que le nom : on parle sans savoir.
Car on en revient là avec lui, toujours : paroles, paroles - l'amour, c'est des mots (...)."
L'autrice étudie La Rochefoucauld, elle copie Géraldy, elle traduit, elle écrit :
L'amour, roman.
Je lis, je me remplis, je me plie, je pleure enfin et je me contente de ses mots à elle, à la fois question informulée et réponse incomplète : "Mais ce qui subsiste de la grandeur romanesque, c'est cette indécision du sens, ce miroitement de la vie qu'aucun miroir ne fixe, quand bien même il se saisirait de l'instant. (...) la langue échoue à saisir l'être, quelque chose toujours se dérobe sous le scintillement du peut-être."