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J'ai beaucoup aimé « ce voyage en terre inconnue », même s'il m'a fallu un peu de temps pour apprivoiser ce décor et me familiariser avec les personnages…
J'ai découvert une terre lointaine et paisible, l'archipel des Chagos, situé au Nord de l'Océan Indien.« le quotidien était paisible, on allait à notre rythme. Ce n'était pas une vie économique » Ce territoire a longtemps été dépendant de l'île Maurice, colonie britannique.
J'ai aussi découvert avec stupéfaction son histoire, celle d'une injustice révoltante : lors de l'indépendance de Maurice entre 1965 et 1968, les habitants des Chagos ont tout bonnement été dépossédés de leur territoire très convoité et chassés pour laisser place à une base militaire dans l'indifférence du plus grand nombre….
Marie-Pierre La douceur est une simple Chagossienne, d'une beauté solaire. Son fils Joséphin porte en lui la révolte d'une génération humiliée et méprisée par les pouvoirs politiques dont les intérêts stratégiques ont primé sur la douceur de vivre des Chagossiens.
Ce roman est le récit d'une longue lutte pour faire reconnaitre l'injustice subie par ce peuple. J'ai beaucoup aimé les passages poétiques qui rythment la narration en scandant la douleur des Chagossiens.
C'est aussi une belle histoire d'amour aux contours accidentés. Les représentants des politiques ont parfois cautionné malgré eux l'injustice, pris dans les mailles du pouvoir… Il a fallu intenter une action en justice auprès des Nations-Unies pour faire reconnaître le préjudice subi par le peuple !
Un beau moment d'évasion et un roman très émouvant grâce aux multiples voix narratives choisies pour nous faire entrer dans le drame des Chagossiens.
Je vous recommande cette lecture !
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. INSTRUCTIF.

@phileas_bd frappe fort encore une fois avec cette adaptation du roman de Caroline Laurent.

Rivage de la colère évoque un crime historique absolument méconnu mais pas moins atroce.

Qui connaît les îles Chagos ?
Perdues dans l'Océan Indien, près de l'Équateur, les îles Chagos dépendaient de l'île Maurice, colonie britannique depuis 1814 après avoir été françaises. C'est ici que se déroule l'histoire, en 1967.

Marie-Pierre vie heureuse dans cet havre de paix luxuriant quand arrive un jeune Mauricien, Gabriel, qui vient seconder l'Administrateur installé à Diego Garcia. le coup de foudre est immédiat.

Leur idylle va vite se compliquer lorsqu'un référendum permet à Maurice d'obtenir l'indépendance. Mais un accord secret cède l'archipel des Chagos aux Anglais qui ont un accord avec les États-Unis voulant y créer une base militaire.

Toute la population est évacuée en quelques heures à destination de Maurice. Là-bas, les familles sont laissées à l'abandon et vivent dans un bidonville.

Il faudra aller jusqu'à la Cour Internationale de la Haye pour se faire entendre.

Les faits sont habillement illustrés et permettent de comprendre ce récit. On s'attache très vite aux personnages. La tension devient palpable et se joint à la tristesse.

Il est malheureux que cette histoire soit peu connue. On parle de milliers de familles qui sont chassées, déportées et vivent dans des bidonvilles.
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Au côté des personnages, on vit les derniers instants heureux aux Chagos puis la violence de l'exil forcée. Superbe récit, bien documenté et très vivant, on lutte avec les chagossiens pour leur reconnaissance.
Après avoir terminé le livre, on a envie d'en découvrir encore plus sur ces îlots oubliés et vendus aux dépends d'une population entière….
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Je ne connaissais rien de ces îles perdues dans le Pacifique, rien de leur histoire douloureuse, rien de ces déchirements dont leur population a été victime, rien de leur combat pour retrouver leur paradis perdu. Avec quelle froideur et indifférence les puissants ont pu jouer avec des vies pour leurs propres intérêts: vider des îles de leur population pour y installer des bases et faire des essais militaires, sans que personne au monde ne bronche, sans que quiconque se préoccupe d'une poignée de personnes indigènes.
Un roman magnifique et poignant.
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Passionnant ! Ce roman politique et romanesque m'a captivé ; de l'Histoire moderne post ONU très instructive la découverte des iles Chagos, des personnages engagés, attachants , humains… A lire absolument d'autant que l'Histoire connaitra encore des rebondissements.
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Très beau roman et témoignage poignant ! Une histoire bien triste et injuste, méconnue du grand public et pour cause, ce n'est pas très glorieux .
C'est émouvant et on comprend la douleur de l'exode forcé. Aucun peuple ne devrait plus avoir à subir ça.
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J'aime l'été, pour un tas de bonnes raisons, les jours très longs, le beau temps souvent, les vacances, les bains de mer et les balades en montagne, les apéritifs au jardin, les BBQ, …
Une autre raison, c'est que je consulte moins Babelio. J'entends déjà vos cris, quoi, c'est une bonne raison cela ? En partie oui, car étant moins sollicitée par toutes vos critiques, j'ai l'occasion d'aller chercher quelques romans au fin fonds de ma PAL, et j'y trouve quelques pépites.
Celui-ci en est un exemple.

Années 1970 : L'archipel des Chagos est constitué de trois iles, dans l'océan indien, sous la dépendance de l'ile Maurice, encore colonie anglaise. Les habitants y vivent paisiblement, de l'exploitation de la noix de coco, sans papiers, sans argent, sous la gouvernance d'un administrateur anglais. Un référendum mauricien entérine la décision de l'indépendance, mais le sort des Chagos se dissocie de celui de l'ile. L'archipel reste anglais et est cédé aux américains pour l'établissement d'une base militaire. Les habitants auront une heure pour quitter l'ile et seront débarqués à Maurice sans aucune explication, sans aucune compensation. A eux de se débrouiller.

L'auteure, à partir de cet évènement historique construit un roman aux personnages émouvants, à la fois marqués par le destin et la dureté de la vie après leur exil, mais lumineux. Elle nous raconte l'amour contrarié de Gabriel, mauricien créole, adjoint du dernier administrateur, et de Marie-Pierre Ladouceur. Il est blanc, elle est noire, leur vie sur l'ile est heureuse, mais ils seront séparés par l'exode des Chagossiens.

L'auteure mêle adroitement trois temporalités, la première à partir de 1967 conte la vie sur l'ile, l'arrivée de Gabriel, sa vie avec Marie, puis le départ forcé de ses habitants fin 1970 ainsi que les premiers mois difficiles sur Maurice.
La deuxième démarre fin 1973 et alterne avec la fin de la première. Les administrateurs anglais ont été retenus plus de deux ans sur l'ile pour gérer le transfert aux américains et Gabriel a perdu la trace de Marie. Cette partie raconte le retour de Gabriel sur Maurice, et comment il va tout faire pour renouer avec Marie et le fils Joséphin qu'elle a eu avant de quitter Maurice, le sien ou non, mais dont il se sent le père car c'est lui qui l'a entouré pendant ses premiers mois.
Et enfin dans de courts chapitres qui parsèment le livre, c'est Joséphin qui parle, des derniers mois de sa mère, du combat qu'ils ont mené d'abord ensemble, puis lui tout seul, contre le crime dont les Chagossiens ont été victimes et qui le mènera finalement à la Cour internationale de justice de la Haye.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a fait découvrir une terre et un drame dont j'ignorais l'existence. La construction intelligente contribue à passionner le lecteur pour ces hommes et ces femmes dont la vie est bouleversée par une décision inique. J'ai été embarqué dans ce récit, et par cette écriture qui décrit si bien les paysages, les odeurs, les couleurs, mais aussi le bidonville et la dureté de la vie. J'ai été émue par ces personnages qui passé l'effarement du début vont savoir se battre sans jamais abandonner, qui vont affronter avec courage et dignité un sort tragique, recommencer une nouvelle vie dans un lieu dont ils ignorent, tout, en commençant par l'usage de l'agent inconnu à Chagos.
Je n'ai qu'un regret, avoir attendu aussi longtemps pour le lire.
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Quelle beauté ! Merci Caroline Laurent pour toutes ces émotions que j'ai ressenties à la lecture de votre fabuleux roman. Des phrases parfaites, douces et poétiques, qui sont parvenues à me transporter à des milliers de kilomètres et à des années en arrière, et à me faire ressentir si profondément toute l'injustice de cette histoire si sombre. Brièvement, juste quelques heures, j'étais Marie, j'étais Gabriel, j'étais Suzanne, j'étais Joséphin. J'étais aux Chagos, j'étais dans la cale du bateau, j'étais dans le bidonville.
Je suis tellement admirative de ces auteurs qui arrivent à faire ça - ils ne sont pas si nombreux !
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Les avis Babelio sur ce roman sont tous extrêmement élogieux et c'est amplement mérité tant ce roman a du souffle, du coffre, de la chair et du coeur. Rivages de la colère, c'est une histoire d'exil et de révolte, c'est une quête de justice d'une romancière engagée qui conçoit la littérature comme un puissant porte-voix permettant de dénoncer, informer et sensibiliser sur un drame méconnu de la décolonisation.

En 1968, l'accès à l'indépendance est jour de fête pour l'Île Maurice, le début du désastre pour les populations des Chagos. Cet archipel, situé au Sud des Maldives, en plein coeur de l'océan Indien, dépendait jusque là de Maurice qui lui-même dépendait du Royaume-Uni. Sauf que, suite à un accord secret entre les indépendantistes mauriciens et le gouvernement Wilson, les Chagos reste dans l'escarcelle britannique, excisés du territoire mauricien contre compensation financière, sacrifiés sur l'autel de la guerre froide pour être loué aux Etats-Unis qui y installent une base militaire sur l'île principale de Diego Garcia. Les Chagossiens doivent quitter leurs terres pour faire place nette. Sauf qu'ils n'ont pas été consultés, qu'ils ont été expulsés sans préavis ni indemnisation, avec des restrictions de médicaments et nourriture, tous les chiens de l'île gazés. Près de 2000 personnes sont ainsi déportés, livrés à eux-mêmes dans les bidonvilles de Maurice, abandonnés. Tragédie tristement universelle de la pauvreté, du racisme et de l'ignorance.
Ce récit d'un peuple analphabète, pauvre, descendant des esclaves malgaches installés aux Chagos pour travailler dans des plantations de coco, écrasé par l'Histoire est d'autant plus terrible qu'il est vrai. Caroline Laurent, elle-même originaire de Maurice, s'est longuement documentée mais jamais on ne sent le poids de ses recherches. Elle choisit la baguette magique de la fiction et de sa puissance d'incarnation pour entraîner le lecteur dans une autre vie que la sienne et faire naître empathie, indignation et stupéfaction.

Pour cela, il faut des personnages forts aux voix qui portent. La construction, habile, alterne deux arcs narratifs distincts mais fortement reliés. Un premier raconte le parcours de Marie-Pierre Ladouceur et de sa famille à partir de 1967. le deuxième fait passer la narration à son fils Joséphin dans les années 2000.

Marie-Pierre Ladouceur fait partie des superbes héroïnes, presque trop parfaite mais inoubliable. Chagossienne, femme du peuple, noire, ouvrière dans le coprah, n'ayant jamais tenu un livre, un enfant dont le père pourrait être deux hommes, qui tombe éperdument amoureuse de Gabriel Neymorin qui appartient à l'élite créole mauricienne. L'histoire d'amour, déjà compliquée au départ du fait des origines sociales de chacun, est évident secouée dans les affres de la déportation. Péripéties attendues mais efficaces. C'est en tout cas Marie-Pierre qui va sonner l'heure de la révolte, se muant en activiste prête à tout pour retrouver son île, manifestations, grèves de la faim, heurts avec la police s'en suivent.

Le deuxième arc narratif est une histoire de transmission. Joséphin prend le relais dans une tache à la Sisyphe lorsque les Chagossiens entament un marathon judiciaire revendiquant le droit de retourner dans leurs îles, les Chagos étant inaccessibles, totalement verrouillées pour les civils depuis 1968. Ce personnage est inspiré de la lutte d'Olivier Bacoult, président du Groupe Réfugiés Chagos. Sa voix scande le récit pour interpeller directement le lecteur. Ainsi, en 2019, la CIJ ( Cour internationale de justice, plus haute juridiction des Nations-Unies ) reconnaît l'illégalité de la séparation des Chagos de Maurice, résolution à titre consultative invitant le Royaume-Uni à mettre fin à son administration des Chagos, aussitôt déboutée par la Cour suprême britannique.

le bras de fer David contre Goliath est toujours en cours. Caroline Laurent lui donne une visibilité extraordinaire grâce à ce récit poignant et douloureux qui donne dignité à un peuple bafoué chassé de chez lui comme il y en a trop aujourd'hui.

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Caroline Laurent nous emmène cette fois dans l'archipel des Chagos et à l'île Maurice pour y découvrir un scandale d'état resté inconnu du grand public.
L'archipel des Chagos est rattachée à l'île Maurice et donc au RU jusqu'en 1968 date de l'indépendance de Maurice. Mais à ce moment là le futur gouvernement de Maurice signe un accord secret avec le RU pour que les Chagos leur soit cédé contre 3 millions de livres dans le but de le louer au américains qui souhaitent y construire une base militaire.
Pour convaincre l'ONU le RU déclare alors que l'archipel est vide de toute occupation humaine. Dans le même temps, l'armée britannique envoie ses soldats pour déporter les Chalossiens vers Maurice. Abandonnés, ils ne trouveront à Maurice que misère et faim.
Nous suivons la vie de quelques Chalossiens dont Marie qui va décider de se battre pour avoir le droit de retourner chez elle. Une lutte de tous les instants dans l'indifférence générale, qui conduira son fils à prendre la relève jusqu'à la cour pénale de la Haye.
Passionnant, instructif, révoltant.
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