Quand j'eus seize ans, écrit-elle en 1827 dans son Voyage en Auvergne, on s'aperçut, comme j'arrivais du couvent, que j'étais jolie fille. J'étais fraîche, quoique brune. Je ressemblais à ces fleurs de buisson un peu sauvages, sans art, sans culture, mais de couleurs vives et agréables. J'avais une profusion de cheveux presque noirs. En me regardant dans une glace, je puis dire pourtant que je ne me suis jamais fait grand plaisir. Je suis noire, mes traits sont taillés et non pas finis. On dit que c'est l'expression de ma figure qui la rend intéressante. Et je le crois.... J'avais l'humeur gaie et pourtant rêveuse. L'expression la plus naturelle à mes traits était la méditation. Et il y avait, disait-on, dans ce regard distrait une fixité qui ressemble à celle du serpent quand il fascine sa proie. Du moins c'était la comparaison ampoulée de mes adorateurs de province.
Au printemps, Aurore et son mari revinrent à Nohant. Mais le charme était rompu. Malgré l'amour passionné qu'elle éprouvait pour son enfant, malgré les distractions dont son mari, son frère qui vivait tout près d'elle à La Châtre, et sa charmante femme Emilie de Villeneuve, cherchaient à l'entourer, une grande tristesse s'empara définitivement de la jeune femme. Un moment elle se crut poitrinaire. Pour vaincre sa mélancolie, un voyage aux Pyrénées fut décidé. On y rejoindrait deux amies Aimée et Jane B. et de là on irait passer l'automne à Guillery, chez les beaux-parents, afin de respirer la senteur des bois de pins.