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La petite, c'est Hélène, huit ans d'âge mais cent ans de maturité. Son enfance, elle la passe dans un quartier populaire de Québec dans les années quatre-vingt avec ses parents et ses trois soeurs. Son père, professeur, manque cruellement d'autorité avec ses élèves et c'est avec la boule au ventre qu'il part travailler le matin en souhaitant vite revenir le soir et noyer son amertume dans l'alcool. Sa mère, veille sur la tribu, avec maladresse parfois mais toujours avec amour. Si la vie de la petite n'est pas merveilleuse elle n'est pas malheureuse pour autant. Comme les voisins alentours (quelle galerie de personnages !), Hélène et sa famille composent avec ce qu'ils ont, avec ce qu'ils sont, un patchwork fait de gris et de couleurs dont les coutures laissent passer la lumière. Des étincelles d'espoir, des instants de bonheur, des moments de poésie. Et puis la petite n'est pas seule et à deux c'est bien connu, on est toujours plus fort : fan de Lady Oscar, héroïne d'un célèbre dessin animé, elle en a fait son double, sa confidente, sa conseillère. Elle admire la volonté, la liberté, l'obstination, le courage de Lady Oscar, jeune femme – qui se faisait passer pour un garçon – capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette sous la révolution française. Ce personnage lui donne de la force, de la détermination et un optimisme à revendre. Alors Hélène se fait appeler Joe, se lève à l'aube pour distribuer des journaux, devient serveuse dans un bingo – du haut de ses huit ans, ne l'oublions pas ! -. Et cette grande petite si attachante si drôle si sincère tisse des liens entre les gens, propose son aide, tente de comprendre le monde des adultes – qui lui parait tellement confus – se heurte souvent à des sacrés obstacles et des désillusions mais poursuit sa route vaille que vaille. Elle grandit trop vite peut-être mais elle grandit bien, et on ne peut qu'éprouver de l'empathie pour elle ne doutant pas un seul instant qu'elle démolira tous les murs. Et sa belle amitié avec Roger, vieil homme solitaire et grincheux, qui a passé trente ans de son existence dans un hôpital psychiatrique, un marginal malchanceux, un rejet de la société qui a enfin trouvé une place, sa place en attendant la mort (dit-il) : sur une chaise dépenaillée devant son appartement (un sous-sol), une cigarette dans une main, une mauvais bière dans l'autre, observant le spectacle de la vie. Ces deux-là si diamétralement opposés vont pourtant suivre un temps le même bout de chemin.

Un grand roman servi par des dialogues savoureux et vifs en québecois, une narration tendre profondément humaine et des personnages tellement authentiques. le réel nous est livré avec ses beautés ses malheurs ses humeurs ses fragilités ses douceurs aussi. Et l'imagination débordante de la petite nous emporte et nous enchante.
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Chaque fois que je lis un roman québécois, je me demande pourquoi je n'en lis pas plus souvent, tellement je leur trouve de la saveur. Celui-ci ne déroge pas à la règle et c'est un bonheur d'entrer dans la tête de Joe, en réalité Hélène, petite fille qui vit dans un quartier populaire, avec ses parents et deux soeurs. Joe (à cause de Jo March) se prend aussi pour Lady Oscar, héroïne de dessin animé qui se fait passer pour un garçon au moment de la révolution française. Elle passe son temps à sauver son entourage au péril de sa vie.

La famille de Joe n'a pas de grands moyens et elle essaie d'aider comme elle peut, en travaillant avant ou après l'école. Je me suis demandée si c'était habituel au Québec qu'une gamine aussi jeune soit dans les rues très tôt ou très tard .. Sa mère, omnipotente, veille au grain et soutient le père, aimant, mais traînant un mal de vivre qui ne se calme que dans l'alcool.

Hélène raconte les petits faits de la maison, mais aussi du quartier ou tout le monde se connaît, se critique éventuellement, mais sait faire preuve de solidarité quand il le faut. Et puis, il y a Roger, le vieux ronchon qui a surgi du jour au lendemain et ne quitte pas son fauteuil usé, d'où il veille discrètement sur sa jeune amie. Roger fait un usage immodéré d'une collection impressionnante de jurons !

C'est une histoire pleine de vie, de chaleur, de joie et de tristesse mêlées. Nous suivons Joe au fil des années, l'imagination bouillonnante, passant de la peau de Lady Oscar à la sienne en l'espace de quelques secondes sans jamais s'y perdre.

Une petite pépite que je ne peux que vous conseiller si vous ne la connaissez pas encore.



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La petite voudrait être un petit ou plutôt un grand, mais en tout cas pas une fille. Elle voudrait être courageuse, être un héros comme Lady Oscar dans son dessin animé préféré. Elle raconte son quotidien, elle raconte Monsieur Roger son voisin, un vieux assis sur sa chaise en skaï avec ses bières, elle raconte sa mère qui est dure par nécessité un point c'est toute. Elle raconte son père qui boit trop parce qu'il ne sait pas comment on trouve le bonheur, elle raconte sa petite soeur, sa grande soeur.
Marie-Renée Lavoie trouve le ton juste pour parler de toutes ces relations quotidiennes, ces mini-drames. Elle a une écriture fine, fraîche et drôle. Pas de mélo, pas d'eau de rose pour exprimer les sentiments qui traversent cette petite qui grandit au fil des pages.
C'est beau, c'est drôle et ça fait du bien.
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Quelle galerie de personnages attachants dans ce roman ! Difficile de ne pas penser à La grosse femme d'à côté est enceinte pour le décor, un quartier populaire où vivent des gens isolés, des oubliés de la vie et de l'administration (ou presque), des gens border line et des familles comme celle d'Hélène ou plutôt Joe. Une gamine de huit ans au coeur et au courage grands comme ça, qui puise de la noblesse et du courage dans les aventures de son héroïne télévisuelle (on est dans les années 80), Lady Oscar, qui se faitpasser pour un homme à la fin du 18è siècle. Alors Hélène se fait appeler Joe et s'imagine un destin merveilleux pour transcender un peu son quotidien ordinaire. Alors Hélène livre des journaux tôt le matin pour améliorer discrètement l'ordinaire de sa famille, de ses parents et de ses trois soeurs. Son père qui noie ses doutes dans l'alcool (c'est la première fois que je trouve un alcoolique sympathique), sa mère qui tient la maison d'une main de fer pour cacher le velours de son coeur de maman.

Il y a plein d'amour et de tendresse dans ce roman, de l'humour, cette proximité de Joe avec la mort, son bon sens instinctif. Et l'art de la romancière de se mettre dans la peau d'une petite fille puis d'une jeune adolescente. Et la collection inénarrable de jurons de Roger dont on découvre l'émouvant secret à la fin du roman.

Bon, encore une fois j'ai du mal à parler de ce (premier !) roman, mais c'est parce que je l'ai tellement aimé !!
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"La petite" se fait appeler Joe. Elle se plait en effet à être une fille qui vit comme un garçon, comme son idole de dessin animé Lady Oscar, capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette. Elle pense qu'en effet être un garçon dans sa famille pas très riche serait plus utile qu'être une fille, raison pour laquelle elle tente de rendre service en accomplissant des petits jobs comme distribuer des journaux ou servir des joueurs de bingo. Joe grandit dans les années 80 au Québec, elle a huit ans et trois soeurs : Jeanne, Margot et la petite Catherine. Ses problèmes se résument à "Comment faire pour courir aussi vite qu'Isabelle-12 à l'école, commente faire pour avoir les cheveux très longs rapidement, comment faire pour empêcher mes seins de pousser, comment faire pour que papa arrête de vomir le matin avant de partir travailler, etc." En effet, son père traine un mal-être lancinant qu'il noie dans l'alcool, et sa mère tient la maisonnée d'une main de maitre, ponctuant ses phrases d'un "C'est toute" qui interrompt immédiatement toute velléité de résistance.

Un beau jour, Joe rencontre Roger, "le vieux" qui s'installe à côté de chez eux. C'est un vieil homme un peu grincheux, ayant la fâcheuse habitude de jurer, mais il se révèle au fil du temps un ami précieux.

Avec tendresse et douceur, l'auteure peint le quotidien de cette jeune fille, entre déconvenues de l'enfance, découverte du monde quelquefois incompréhensible des adultes, angoisses et profondeur de l'amour de ses proches. Un roman touchant, qui rappelle que si la vie se veut quelquefois cruelle, la tendresse et l'amour portés par les autres sauve finalement de tout...


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Un vieux, un peu grincheux, un peu solitaire, assis sur sa chaise rouillée sur sa terrasse. Il regarde la rue, n'en a rien à foutre, observe en silence, une ‘tite bière frette à la main. Il n'a jamais regardé un épisode de Lady Oscar. Tout ce qui l'intéresse, lui, c'est sa bière, et la bonne température de sa bière. Il attend juste que la mort vienne le chercher, avec sa bière frette. Et il espère qu'elle viendra rapidement.

- Dis, c'est quoi un sandwich à la crème glacée ?

Et pis, y'a Hélène qui veut qu'on l'appelle Joe. Un prénom masculin pour faire comme Lady Oscar du temps de la splendeur de Versailles. Elle ne rate pas un épisode de ce manga japonais et se rejoue dans sa tête et dans sa vie les scenarii, les dangers et les actes de courage de cette lady élevée comme un garçon. Lady Oscar, c'est son initiation à la vie.

Entre ces deux-là, une certaine connivence va s'installer. Ils vont s'apprivoiser. Ils vont apprendre à se connaître. Il faudra quelques temps pour qu'ils s'apprécient vraiment, mais une fois l'amitié scellée, cela sera un bonheur de les voir converser. Elle n'a que huit ans, même si elle déclare en avoir dix. Elle rêve d'exploits assez dignes pour sauver Marie-Antoinette des malversations de son entourage. Sauf qu'elle doit se contenter de livrer des journaux ou de servir des bières frettes dans une salle de bingo. Il n'attend plus rien de la vie, si ce n'est qu'elle lui foutte la paix (la vie) en s'évadant rapidement de son corps déjà froid (tiens, une douleur dans le bras gauche, sueurs et palpitations, serait-ce le bon moment).

La mère de Joe est très occupée de par ses activités, elle ne plaisante pas à la maison, discipline discipline, un point c'é toute. Son père, finalement peu présent, est occupé à être triste et malheureux. Joe se retrouve donc souvent livrée à elle-même, avec petits boulots contraignants et éreintants, juste pour gagner quelques piastres et aider sa famille à vivre mieux dans ce quartier populaire et ouvrier.

Le vieux Roger se dit vieux, se dit prêt à mourir, mais en attendant est toujours présent pour aider Joe ou sa famille, toujours là pour un bon conseil, un coup de main, ou une épaule sur laquelle Joe pourra épancher ses rêves ou son spleen. Je l'aime bien ce Roger, je sens qu'il me ressemble, en plus il est fort en sacrement, il me fait sourire, cet ours mal léché qui au fond a bon fond.

Connivence, j'ai déjà dit. Amitié solide, épaules partagées. Quelle tendresse à les voir se quereller gentiment ou rire gaiement, ou regarder les étoiles et la lune en dégustant un sandwich à la crème glacée (alors oui, si tu es comme moi, tu te demandes ce qu'est un sandwich à la crème glacée ; parce que non avant ce roman je ne savais pas ce qu'était un sandwich à la crème glacée, pourquoi pas deux tranches de pain avec une glace à l'intérieur…les québécois ont parfois de drôles d'idées)

Hélène est un tout petit bout de femme pas encore femme mais qui grandit trop vite pour pouvoir aider toute sa famille. Roger est cet homme qui aurait pu devenir aigri et acariâtre en attendant la mort si son chemin n'avait pas croisé celui de Joe. Et entre les deux et une plume tout en douceur, en gentils jurons et en franc parler du Québec, ce petit roman est une petite douceur d'émotion et de bons sentiments.

- Putain que ça a l'air bon un sandwich à la crème glacée…

Et je crois qu'à la fin de ma bière frette, je me souviendrais longtemps de leur histoire et de ce maudit Saint-Cibolaque d'ostie de christie de Viarge de Saint-Sacrament. Toute la poésie du monde québécois en un juron, comme des marshmallows au sirop d'érable crépitant sur un pic autour d'un feu de camp, une mélodie de Roch Voisine crépitant du poste de radio.
Ce roman, 50 % sirop d'érable, 50 % joual !

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« Rien ne vaut la peine d'être vécu qui n'est pas d'abord une oeuvre d'imagination ou alors la mer ne serait plus que de l'eau salée… » - Romain Gary (citation en début de roman)

******************

« le vernis de l'enfance s'étiolait doucement, craquait de partout, me laissait voir, derrière sa lumière aveuglante, les filaments de ténèbres qu'elle s'applique tant à cacher. »

Des lustres que je n'avais pas croisé un personnage aussi attachant que celui de la petite Hélène, 10 ans, en l'occurrence la narratrice – mais comme elle se prend pour un garçon, elle apprécierait que vous l'appeliez Joe. Chaque jour, au retour de l'école, elle amarre son destin à celui de Lady Oscar, dans un dessin animé japonais présenté à Canal Famille. Miss Oscar est son héroïne, jeune fille aux allures garçonnes, un certain capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette. Elles ne formeront qu'une, liées par l'unicité théâtrale de leur caractère. Petits bouts de femmes explosives dans des corps de jeunes filles, grandies trop vite, têtues, indociles et sans demi-mesure, elles donneront sens à leur vie dans les souffrances et le labeur, une façon d'échapper à « l'insignifiance de la vie ». Une manière de se débattre en eaux troubles et sortir la tête de l'eau. Rescapées au seuil de la vie, mais avant tout fortes et courageuses, nageant dans des vagues d'émotions contradictoires. Fuguer dans la seule intention qu'on nous retienne. Et au final, revenir à l'essentiel...

« J'étais handicapée d'une hypersensibilité qui me volait toute forme de salutaire insouciance. »

Ma petite Hélène vit avec ses parents et ses trois soeurs dans un quartier pauvre de Limoilou. P'tit quotidien, p'tite vie, p'tite misère mais bonheur fragile, elle est dotée d'un sens de l'humour et d'une capacité d'autodérision incroyable, marquant sa maturité précoce. Elle a du mordant, du chien, de la répartie, ses répliques sont cinglantes, je l'adore! Et qu'est-ce qu'elle est drôle! Camelot à ses heures et serveuse dans un bingo, elle s'est donnée la mission de subvenir aux besoins de sa famille. À 10 ans...

Affalé sur sa chaise de faux cuir du stationnement du logement d'à côté, Roger boit sa bière. Mon

héroïne se liera d'amitié avec lui. Fraîchement sorti de Robert-Giffard où il a passé 30 ans de sa vie – un institut psychiatrique de Québec – il est le portrait type du rescapé de la vague de désinstitutionalisation des années soixante. On fout tout le monde dehors pour « faire de la place ».

« …va juste falloir qu'il se calme un peu, qu'il diminue la bière, la cigarette… Mais ça, c'est pas la première fois qu'on y dit, hein Roger?

-J'vas pas rien slaquer pantoute, maudit Saint-Ciboire, j'sus déménagé icitte pour être plus proche du dépanneur. »

Une majorité de ces hommes et femmes, souffrants de graves problèmes de santé mentale, se sont retrouvés soit en prison pour délits, soit dans la rue, marginalisés par l'itinérance. Les plus chanceux, comme Roger, vivent dans un deux et demi aux murs jaunis qui sentent la viande passée date et la fumée de cigarettes. Comme Roger, ils n'ont qu'à s'allonger le bras juste assez loin pour atteindre la caisse d'O'Keefe. Chemise à carreaux, bas blancs aux genoux dans des sandales brunes de chez Rossy, il sacre à coups de tabarnak de crisse et de câlisse. Je suis certaine qu'un Bison l'a adoré... :P

« T'aurais dû m'amener de la bière, une bonne tite bière frette »

« Tu m'niaises-tu, toé là? »

Comme je suis heureuse d'avoir enfin découvert la plume de Marie-Renée Lavoie! Cette auteure est pleine de talent et ses mots sont colorés aux accents du pays. Un certain Bison, qui a partagé cette lecture avec moi, saurait vous dire si la lecture nécessite un lexique :D

J'ai adoré la diversité des personnages, des êtres aussi marginaux qu'inoubliables, à commencer par Roger et Hélène, Badaboum, la vieille femme d'à côté, la Corbeau, stéréotype de la vieille sorcière exécrable…

La petite et le vieux c'est le regard d'une enfant sur le monde des adultes, ses questionnements sur la médiocrité. C'est un portrait de société vivant et débridé, authentique surtout et tellement réaliste. C'est une série de clins d'oeil au Québec de toujours, Les 1oo Tours de Centour, une tranche de céleri tartinée au Cheez Whiz, le dépanneur du coin et un sandwich à la crème glacée (et oui...!). Ce sont des questionnements sur le deuil et la mort, sans aucun pathétisme. C'est un roman que l'on devrait lire...

« Les clichés les plus éculés, comme les plus irréductibles maladies, traversent sans ambages le temps et les générations ; pendant ce temps, les plus beaux poèmes s'étiolent dans l'oubli. »

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Un roman comme un conte, le plaisir de lire une histoire, celle d'Hélène une fillette de 8 ans qui se fait passer pour un garçon car elle suit à la télévision et s'identifie à son héroïne préférée Lady Oscar. On la découvre dans son univers familiale entre ses trois soeurs, ses petits jobs, oui même à cet âge, son père professeur en détresse et sa mère présente mais à l'éducation dure en apparence car c'est une mère gaufrette. On y suit aussi cette relation avec le vieux Roger, nouveau voisin aux ressources inépuisables sur les trucs de grands-mères, buvant de la bière, jurant souvent en rêvant à la mort.
Quel plaisir de lire, entre le récit en langue littéral et les dialogues en joual, c'est savoureux, les personnages sont attachants, emplis d'humanité et la joie de vivre d'Hélène est contagieuse pour notre plus grande réjouissance.
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« J'étais parvenue à me convaincre que j'étais un garçon et je tenais à ce qu'on m'appelle Joe ». La première phrase du roman nous dévoile la force de caractère et le pouvoir d'imagination d'Hélène, l'héroïne de huit ans. Sa passion pour le feuilleton Lady Oscar, garde rapprochée de la reine Marie Antoinette, alimente son imaginaire et oriente sa conduite envers sa famille et son voisinage. Joe va tout faire pour s'aguerrir et prouver son courage, elle entraine son corps à supporter des efforts physiques tout en gagnant quelques dollars qui lui permettront d'aider -en cachette- sa famille.

Il y a beaucoup de rythme dans le roman de Marie-Renée Lavoie. Elle manie les registres de langue en adoptant le joual -la langue populaire du Québec- pour colorer les dialogues et mettre en évidence l'intrépidité de cette gamine et son sens de la répartie. Les rencontres entre Joe, l'enfant espiègle, et Roger, le vieux voisin foldingue, donnent lieu à de truculents dialogues qui mettent le lecteur en joie!

Il y a de la générosité, du respect et de la liberté mesurée dans le milieu familial où évolue Joe et ses soeurs et on se prend à rêver d'une enfance similaire pour tous les gamins qui crapahutent autour de nous!
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En bonne place dans la liste des trésors de la littérature québecoise (défi Québec-O-Trésors) ce très beau livre, plein d'humour et d'émotions, mérite bien sa réputation. Deuxième enfant d'une famille de quatre filles, Hélène a un héros, le capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette, qui en fait est une jeune femme, Lady Oscar dans le dessin animé du même nom, qu'elle retrouve tous les soirs après l'école. Au début du livre Hélène qui est un garçon manqué et se fait appeler Joe, a huit ans et ses parents ne sont "ni riches ni pauvres" ; ils vivent dans un quartier populaire de Québec et l'auteure, M-R. Lavoie nous fait le récit de l'enfance de "la petite" : une mère sévère et aimante - quand elle a dit "et c'é toute" pas question de ne pas obéir - un père doux, professeur, mais assez dépressif. Trouvant sa vie insignifiante et voulant aider financièrement, la petite fille travaille, en plus d'aller à l'école, à distribuer des journaux très tôt le matin et plus tard à être serveuse. "Le vieux" c'est Roger - " l'homme idoine des petits quartiers, l'incarnation parfaite de l'idée qu'on se fait du pauvre monde" - qui va devenir l'ami de Joe même s'ils se traitent de "p'tite vermine" et de "gros soûlon". Les dialogues en québecois populaires sont très drôles et les personnages attachants; tout n'est pas toujours rose, non, mais avec son imagination débordante et son regard lucide et tendre sur son quotidien, Hélène nous séduit et deviendra une jeune femme très humaine et pleine de joie de vivre.
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