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Traversée du désert, en long, en large, en travers et en chameau.

Les mémoires de guerre rapiécées de T.E Lawrence, Laurence d'Arabie pour la postérité, couvrent les deux années (1916-1918) de la révolte arabe contre les turcs. 2 ans et 900 pages pour trois bonnes semaines de lecture pour bibi d'Occitanie qui avait emporté ce classique pour un voyage en Jordanie de huit jours en se disant, prévoyant, qu'il aurait du mal à trouver une librairie en plein désert. Manquer d'eau, je veux bien mais pas de bouquins. En fait, j'aurai pu enchaîner avec un Paris Dakar en trottinette électrique pour espérer le terminer avant de rentrer.
Quel monstre ! Chaque page est un mirage, quête du point final comme celle d'une oasis, oh, oasis, ah ! J'ai ma dose de sable émouvants pour l'année. Plage de galets cet été. Tant pis pour le mal aux pieds.
Je vais la faire court, tellement il l'a fait longue. T.E Lawrence raconte comment a été fomentée et menée la révolte arabe contre l'Empire Ottoman, allié de l'Allemagne durant la première guerre Mondiale. Il raconte surtout le quotidien des escarmouches et embuscades auxquelles il a participé pour déstabiliser l'ennemi turc.
Archéologue de formation, l'historien se mua en homme d'action, épousant une cause qui devint pour lui une quête d'absolue. Elle fit sa légende et le regard de Peter O'Toole.
Ce qui m'a profondément marqué dans cette lecture, c'est la volonté de l'auteur de minorer son rôle dans l'histoire. S'il a largement contribué à la victoire et se révèle un extraordinaire stratège, il ne cesse d'être tiraillé par sa conscience concernant les ambitions cachées de son pays. Appuyer le mouvement nationaliste arabe qui veut s'émanciper de Constantinople dont le sultan appelait au Jihad en 1914, éviter tout soulèvement contre la présence anglaise dans le delta du Nil, s'assurer la maîtrise de la route des Indes, pipeauter des promesses d'indépendance qui tiendront davantage de la curatelle, et accessoirement, filouter les français dans la région au-delà des accords Sykes-Picot de 1916. Autant d'enjeux diplomatiques qui polluent les idéaux de l'homme d'aventure qui décrit si bien la honte de ses ambiguïtés dans ces pages. Petit complot de puissance coloniale au menu.
T.E Lawrence cherche donc aussi à casser son mythe, déboulonner sa statue avant que cela ne devienne à la mode, nuançant sa gloire militaire et contestant ensuite sa gloire littéraire.
Il partage par contre dans son récit sa fascination pour ses camarades arabes, nomades, fiers, fatalistes et instinctifs, pour les leaders du mouvement et notamment pour l'émir Fayçal, futur roi d'Irak, et roi éphémère de Syrie pendant 100 jours.
Dans ce récit flamboyant, il ne manque selon moi que deux choses : des femmes (pas une seule en 900 pages, cela relève de l'ascétisme), et… une carte, car on se perd vite dans le désert et sans panneaux, sans office du tourisme ou QR code sur le cul des chameaux, j'ai souvent perdu mon chemin dans ces pages entre La Mecque, Damas et Amann. Avis aux prochaines éditions.
Sans nul doute, « Les sept piliers de la sagesse » constitue un des plus beaux récits d'aventure du 20 ème siècle. Une lecture exigeante qui demande la patience d'un bédouin qui passe le balai devant sa tente un jour de tempête de sable mais qui parvient à magnifier des terres désolées.
Au fait, qui se souvient de la chanson qui a mal vieilli: "Fuis... Lawrence d'arabie" chantée par Annabelle en 1987. Ecoutez-là, elle vous hantera toute la journée.
Sinon, joli voyage. Je me suis pris pour Indiana Jones à Petra. On fait ce qu'on peut. Je n'ai pas les yeux de Peter O'Toole.


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J'avais une dizaine d'années lorsque j'ai vu le film de David Lean. Autant vous dire que je n'avais rien compris. M'étaient restés en mémoire les yeux brillants de Peter O'Toole et les images sublimes du désert traversé par des hommes juchés sur des chameaux. Depuis, je m'étais souvent demandée comment un officier anglais avait pu se retrouver à combattre dans le désert aux côtés des arabes dans une guerre dont j'ignorais tout. Bien entendu, les cours d'Histoire du collège et du lycée n'ont jamais répondu à mes questionnements. Il est d'ailleurs fort dommage que cet aspect de la 1ère Guerre Mondiale ne soit jamais abordé. Tout au plus nous dit-on que l'Empire Ottoman était allié de l'Allemagne et qu'il y eut des combats dans cette région. Contre qui ? Pourquoi ? Quelles conséquences ? L'école ne nous l'apprend pas et reste centrée sur le théâtre européen. Outre le fait qu'omettre cet aspect du conflit donne une vision tronquée, étriquée des faits, je pense qu'il y aurait là matière à intéresser nombre d'élèves. le côté exotique pourrait apporter un peu de fraîcheur, un parfum d'aventure qui ferait un contrepoint du côté pesant de la guerre des tranchées. Je clos ici cette petite digression sur les lacunes de l'enseignement de l'Histoire pour en venir au récit de Lawrence.

Plus de 25 ans après mon visionnage du "Lawrence d'Arabie" de Lean (que j'ai maintenant très envie de revoir), me voici donc enfin à lire le récit de Thomas Edward Lawrence lui-même. Comme j'ai eu tort d'attendre si longtemps !

En premier lieu, lire "les 7 piliers de la sagesse" ce sera pour beaucoup de lecteurs (dont je fais partie) l'occasion d'apprendre beaucoup sur cet aspect finalement méconnu de la 1ère Guerre Mondiale. La description des différentes ethnies permet également de prendre la mesure de la complexité et de la diversité de la région à l'allure, déjà, de poudrière.

Ce côté très descriptif du récit ne doit pas laisser penser que l'oeuvre en question se résume à un déroulé factuel d'événements. "Les 7 piliers de la sagesse" se lit bien plus comme un roman que comme un document. Non pas tant du fait des libertés qu'on pressent prises par son auteur mais bien par le souffle épique qui irrigue le récit. Lawrence raconte cette révolte arabe comme un roman. Un large lectorat devrait y trouver son compte. Les amateurs de récits militaires seront comblés ; combats, stratégies, sabotages, actes de bravoure sont au programme. Les amoureux de romans d'aventure seront aux anges. le décor parfaitement dépeint par Lawrence a tout pour enflammer l'imaginaire et grâce à son récit au coeur de l'action , on partage la vie des bédouins, des éprouvantes traversées du désert aux pauses dans les oasis en s'offrant quelques passages dans les opulentes grandes villes comme Damas ou Beyrouth. Les férus d'Histoire auront quant à eux le plaisir de suivre dans le détail le déroulé des événements.

"Les 7 piliers..." étant un récit autobiographique, il n'évite bien sûr pas un aspect factuel parfois un peu répétitif. Et il y a bien quelques longueurs. Mais ces petits bémols ne viennent pas entacher le plaisir de lecture.

La plus grande qualité de l'ouvrage reste la plume de son auteur. Lawrence a un grand talent de conteur. Les descriptions des paysages sont magnifiques. Il transcrit parfaitement le côté grandiose des lieux. Lawrence sait aussi parfaitement décrire ses états d'âme, ses pensées intimes. Les passages d'action sont menés tambour battant. Quant aux différents protagonistes, ils sont superbement dépeints. Je ne sais pas dans quel mesure, Lawrence s'est arrangé avec la réalité pour recréer ces grandes figures mais le résultat est splendide. Les caractères sont finement dessinées, on va détester certains personnages, en adorer d'autres. L'acte de bravoure de Tallal m'a donné la chair de poule, nul doute qu'il restera dans ma mémoire.

Cette lecture passionnante ajoute encore à l'aura de mystère qui entoure Lawrence et donne envie d'en savoir plus sur lui. Quel a été son parcours avant cette guerre ? Qu'a-t-il fait ensuite ?
Et surtout, lire "les 7 piliers de la sagesse" fait regretter que Lawrence n'ait pas écrit de fictions. Avec sa qualité d'écriture, tant dans les descriptions que dans les émotions, il aurait fait un romancier merveilleux.

Challenge Multi-Défis 2016 - 26 (un livre de plus de 700 pages)
Challenge Pavés 2016 - 7
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Pourquoi lire les 7 piliers, alors que David Lean en a tiré un film inoubliable multi-oscarisé avec l'inoubliable regard bleu azur de Peter O'Toole ? Tout simplement parce qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre de la littérature et qu'un film aussi bien fait soit-il ne peut jamais rendre parfaitement tous les aspects d'un chef-d'oeuvre, et les 7 piliers n'échappent pas à la règle. Plus ennuyeux, il peut aussi la biaiser, et ici encore, c'est le cas.
Le Lawrence d'Arabie des 7 piliers n'est pas uniquement cet européen quelque peu exalté qui une fois la victoire arrivée sera trahi par ses supérieurs. Quand on lit Lawrence, transparaît aussi et inévitablement le vrai Lawrence : un soldat britannique (il finira colonel) aux ordres, pétri de préjugés européen et britannique (ah les pages où percent une franche francophobie !) auquel ses supérieurs ont confié une mission. Lawrence n'est pas un naïf qui a été trahi par les siens. Dès le départ, il a compris qu'il n'est qu'un pion dans une partie d'échecs (un Great Game au Proche-Orient) et que tout cela finira dans des conciliabules de ministères sur les bords de la Seine et de la Tamise. Mais pour autant c'est un pion qui ne renonce pas, qui cherche à infléchir le cours du jeu, qui se rebelle, qui tente d'infléchir le destin, son destin et celui des Arabes, dans une région où la soumission (c'est le sens original du mot islam d'ailleurs) est la règle : soumission au désert bien sûr, mais aussi soumission à la tribu, aux coutumes, à la mort.
Là où le film évoque l'immensité du désert, sa lumière, la fièvre des batailles, le livre lui évoque la réflexion humaine qui accompagna cette authentique épopée. A lire absolument, et vous regarderez le film d'un autre oeil.
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A l'occasion d'une recherches sur les arts libéraux, je suis tombé sur une possible interprétation du titre de ce livre que je trouve curieuse mais fort probable et dont j'aimerais garder une trace avant de l'oublier. Les sept piliers de la sagesse ne seraient pas autre chose que les sept arts libéraux enseignés dans les universités du moyen-âge : "La Grammaire [qui] parle, la Dialectique [qui] enseigne, la Rhétorique [qui] colore les mots, La Musique [qui] chante, l'Arithmétique [qui] compte, la Géométrie [qui] pèse, l'Astronomie [qui] s'occupe des astres (Gramm loquitur, Dia verba docet, Rhet verba colorat, Mus canit, Ar numerat, Geo ponderat, Ast colit astra. )."

Et (, pour l'instant,) c'est tout ce que j'ai à dire sur ce livre qui fait partie des huit cents ouvrages qui, avec une infinie patience, attendent d'être lus sur les rayons de ma bibliothèque .
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L'évocation de certains livres me ramène à des moments de vie. C'est le cas des Sept piliers de la sagesse. Un livre aisé à mettre en image, par l'incarnation qu'en fit Peter O'Toole. Mais aussi un livre qui se nourrit des paysages que l'on traverse. Dans un horizon de sable, les sept piliers s'embrasent, et deviennent le livre de voyage absolu. L'épopée est extraordinaire, le souffle est épique, la traversée est grandiose, de ce monde qui change. A la croisée de la vision coloniale de l'empire britannique et du nationalisme arabe de Nasser, aux balbutiements de la conscience politique dans un monde en guerre, ce texte magnifique nous parle aussi du monde présent, alors que les tribus de Libye s'agitent, que la Syrie s'ébranle.
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Le colonel T.E.Lawrence était-il un agent secret mythomane et doue pour les lettres?Ou bien un chef de guerre,l'inventeur inspire de la guerilla?Sa transformation en bedouin fut-elle autre chose qu'un travestissement?Ou en était-il de son homosexualite?Le mythe de Lawrence tient a une existence et une personnalite hors du commun.Mais il ne serait rien sans cette autobiographie fascinante,ou se melent recits d'aventure,analyses politiques et réflexions philosophiques.
Un grand moment de littérature anglaise
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″Pour la survie de la Grande-Bretagne, il nous fallait battre l'Allemagne dans les Flandres ; pour la survie de l'empire britannique, il nous fallait battre la Turquie en Syrie. ″

J'ai vu il y a fort longtemps Lawrence d'Arabie, et pourtant j'en garde un souvenir fort, tant pour la qualité du jeu des acteurs, l'esthétisme cinématographique, et cette musique lancinante qui m'inspire des envies d'évasion et de chevauchées dans le désert dès les premières notes.
Depuis un moment j'avais très envie de me plonger dans l'ouvrage qui a inspiré David Lean, et fait connaître au monde Omar Sharif.

Lawrence ne fut pas qu'un héros de cinéma, il fût avant tout un officier britannique, chevronné, qui se retrouva presque par hasard embarqué aux côtés des Arabes contre la domination ottomane dans la péninsule arabique au sens large, jusqu'aux confins de la Syrie. Nous sommes en 1916, il est alors envoyé comme agent de liaison auprès de l'émir Fayçal ; l'objectif est double : libérer l'occupation ottomane, et prendre Damas afin d'éloigner les Français, très influents dans la région.
C'est l'aventure d'une vie à laquelle T.E. Lawrence consacre cet ouvrage copieux, extrêmement détaillé et chronologique. Un ouvrage rédigé en 1919, dans un laps de temps de 6 mois, et dont l'auteur se fit voler la majeur partie quelques mois plus tard. Une seconde version fût rédigée à la hâte, puis remaniée, et retouchée avec soin, sécurisée. C'est la version dite d'Oxford, l'intégrale de référence.

Ce qui frappe, c'est la connaissance très précise des populations arabes composées de multiples tribus que l'auteur dans le cadre de ses missions a tenté de fédérer au maximum. Lawrence est un caméléon. Il adopte naturellement l'habit traditionnel, se fond dans les traditions tribales, souvent à ses risques et périls d'ailleurs. La première partie de l'ouvrage est consacrée à une forme d'état des lieux historique, une étude de moeurs, et à la psychologie d'un certain nombre de personnages que l'on retrouvera tout au long du recueil.
Outre l'aspect militaire, politique et sociétal, Lawrence fera dans tout son récit une véritable déclaration d'amour au Désert qu'il aura arpenté dans toutes ses dimensions à dos de méharée, à pied, ou en train. Il en aura exploré chaque pierre et chaque grain de sable. Il en ressort de somptueux passages, trop nombreux pour être tous cités.

La langue de Lawrence est éminemment littéraire. Qu'on se le dise, le texte est travaillé, parfois roboratif, exhaustif. On n'échappe pas à quelques longueurs qui ne sont rien à côté de la richesse de ce récit, de tout ce qu'il apporte de connaissances.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Un très grand livre, sec, pensif, un voyage intérieur qui approche par moments une sorte de "folie", qui évoque l'homme ordinaire dans une somme de circonstances qui, elles, sont extraordinaires. David Lean aidé du dramaturge Robert Bolt ont magnifié encore le récit en l'épurant, en le mutant (au grand dam des héritiers de T E Lawrence) en superbe épopée intimiste et lyrique. Depuis le film, l'engouement pour le livre n'a cessé de grandir.
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Dieu que j'ai eu du mal à entrer dans ce livre - en même temps, j'étais môme, c'était difficile et pas du tout habituel.

Du coup, il a fallu que j'aille m'enchantant de Lawrence d'Arabie pour y revenir - et pour une fois, j'admets, le cinéma servit la Littérature. On entre dans Lawrence comme on entre dans le Désert, et on est ébloui comme on peut l'être au matin quand le soleil caresse encore l'immensité fabuleuse des dunes rose-orange
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Les sept piliers de la sagesse décrit les aventures d'un agent britannique pendant la 1ère guerre mondiale. Sa mission: fédérer et pousser la révolte des peuples arabes afin d'assister l'Angleterre et la France sur le front du Moyen-Orient face à l'Empire ottoman déliquescent. L'agent Lawrence nous raconte donc son quotidien et l'évolution de sa mission.
Les aspects "ethnologique" et humain de son aventure sont très intéressant, l'aspect historique également pour découvrir l'essence tribale de cette région du monde qui permet d'éclairer sous un jour différent l'actualité dans cette partie du monde. Par contre, j'avoue avoir eu du mal à me plonger dans ce livre car l'aspect stratégique, le descriptif de l'évolution de la guérilla sur les différents fronts et le détails des engagements de toutes les tribus et de leurs allégeances m'ont paru alourdir le récit. En résumé j'aurais mis 4 étoiles au même livre mais condensé sur 450 pages au lieu de 750.
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