Citations sur La Princesse des glaces (179)
Comme tous les enfants de cet âge, on était soeurs de sang, on resterait toujours ensemble et ce genre de trucs. Mais si Alex n'avait pas déménagé, j'imagine qu'il nous serait arrivé ce qui arrive à toutes les petites filles qui grandissent et deviennent ados. On se serait bagarrées pour les mêmes petits amis, nos goûts vestimentaires auraient divergé, on se serait retrouvées à des degrés différents sur l'échelle sociale et on se serait quittées pour d'autres amies qui correspondraient mieux à la phase dans laquelle on se trouvait - ou dans laquelle on aurait voulu se trouver. Mais c'est sûr, Alex a eu une grande influence sur ma vie, même adulte.
Erica avait publié quatre livres jusque-là, mais tous étaient des biographies de femmes écrivains. Le courage de créer ses propres histoires ne lui était pas encore venu, mais elle savait qu’elle portait des livres en elle, impatients d’être posés sur papier. L’événement allait peut-être lui donner l’allant et l’inspiration qu’elle avait attendus. Le fait qu’elle ait connu Alex ne serait qu’un avantage.
L’idée embarrassait la femme qu’elle était, mais l’écrivain en elle exultait.
Toute petite déjà, elle avait appris que la vie devait être une longue souffrance, la récompense viendrait dans la vie après celle-ci.
C’était contre nature que votre enfant meure avant vous, et donc une possibilité très difficile à envisager. L’espoir était la dernière chose qui disparaissait et, d’une façon ou d’une autre, elle avait malgré tout pensé que cela allait s’arranger. Fût-ce par miracle. Sauf que les miracles n’existent pas. Pas plus que l’espoir. La seule chose qui restait maintenant était le désespoir, et un tas de photos jaunies.
Mais j'ai peut être mérité ce que j'ai eu dans la vie. J'ai peut être commis quelque horreur dans une vie antérieure qui m'a obligé à payer le prix dans celle-ci . Ce n'est pas que ça ait une quelconque importance . Mais j'aurais bien aimé savoir pour quoi j'ai payé dans ce cas-là.
Comme il les haïssait, ses mains. Elles véhiculaient la beauté et la mort avec une incompatibilité qu’il avait dû apprendre à côtoyer. Seulement quand il l’avait caressée, elle, ses mains avaient été bonnes. Sa peau à lui contre sa peau à elle avait repoussé tout le mal, avait obligé le mal à se retirer pour un moment. En même temps, ils avaient réciproquement nourri la corruption cachée qu’ils portaient en eux tous deux. Amour et mort, haine et vie. Des contraires qui avaient fait d’eux des papillons de nuit décrivant des cercles de plus en plus près de la flamme.
Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi elle se fermait aux personnes les plus importantes de sa vie. Tu aurais dû voir son mari, il l'idolâtrait. Mais j'imagine que c'est comme ça pour la plupart des gens. Ils sourient et ont l'air heureux alors qu'en réalité ils trimballent des tonnes de soucis.
Il prit doucement une mèche de ses cheveux et la réchauffa entre ses doigts. De petits cristaux de glace fondirent et mouillèrent ses paumes. Doucement il lécha l'eau.
Il appuya la joue contre le bord de la baignoire et sentit le froid mordre sa peau. Elle était si belle. Flottant ainsi sur la couche de glace.
Le lien entre eux était toujours là. Rien n'avait changé. Rien n'était différent. Deux êtres de la même espèce.
Il eut du mal à retourner la main pour ensuite placer leurs paumes l'une contre l'autre. Il entremêla ses doigts aux siens. Le sang était sec et figé, et de petits fragments vinrent se coller sur sa peau.
Le temps n'avait jamais eu d'importance avec elle. Les années, les jours ou les semaines finissaient par former une bouillasse informe où la seule chose qui comptait était ceci. Sa main à elle contre sa main à lui. Voilà pourquoi la trahison était si douloureuse.
Sa vision foncièrement positive de la vie avait été ébranlée jusque dans ses fondements et pour la première fois, il se demandait si le bon dans l'homme était réellement supérieur au mal.
Le plus important pour mon épouse était de ne pas être blessée. Tout le reste, tous les autres sentiments devaient céder la place à ce but-là. Mais le problème est que si tu ne laisses personne approcher du mur par crainte que ce soit un ennemi, tu laisses aussi les amis de l'autre côté.