« Leur vie n’était pas toujours rose, romantique ni facile. Elle était stressante, mouvementée, pleine de petits conflits quotidiens. Ils avaient des enfants à l’âge du non, ils avaient trop peu de sommeil, trop peu de sexe, trop peu de temps pour eux et trop peu de temps pour parler de ce qui était important. Mais c’était leur vie. Leurs enfants allaient bien, avaient toute leur attention, étaient heureux. Elle tendit la main, prit celle de Patrik et sentit qu’il la serrait à son tour. Ils formaient une équipe. Un tout. »
Voilà seulement quelques jours, les parents de Stella pensaient sûrement savoir quoi attendre de la vie. Ils laissaient le quotidien filer son petit bonhomme de chemin, sans à chaque instant s'interrompre pour se réjouir de ce qu'ils avaient. Comme la plupart. Il fallait qu'il arrive quelque chose pour qu'on apprécie chaque seconde passée avec ceux qu'on aime.
Les gens aiment les réponses simples et les sacs bien fermés.
“Salut les filles, vous êtes toujours là ? Tu ne devrais pas rentrer te coucher,
Erica ? Tu n’as vraiment pas bonne mine.
— J’irais mieux si tout le monde ne me le faisait pas remarquer en
permanence.
“Helen était une fillette fragile. Elle le sera toujours. KG la gâtait. Nous
n’avons pas eu d’autres enfants, et elle était la fille chérie de son père. Il la
protégeait de tout et lui donnait tout ce qu’elle voulait. Je dois reconnaître que je
me sentais parfois un peu exclue, ils pouvaient passer des heures ensemble, et
c’était comme s’ils avaient leur petit monde à eux. Moi aussi, petite, j’ai été la
fille de mon père, alors j’étais compréhensive et je les
Un
frisson courut le long de sa colonne vertébrale, et elle faillit lâcher le pichet de
vin. Sa grand-mère appelait cette sensation une prémonition, un avertissement à
l’approche d’un malheur. Mais Elin se persuada que ce n’était qu’un courant
d’air passé par les fenêtres mal calfeutrées.
Mais quand elle se coucha, tard ce soir-là, cela lui revint. Elle serra Märta plus
près d’elle dans le lit étroit pour tenter de chasser cette sensation, mais elle
perdura.
Un tome de bonne tenue qui rattrape le précédent ! Le filon n'est pas encore totalement usé !
Mais elle avait besoin de rester seule. Rester sentir la haine croître en elle. Elle la choyait. D’une certaine façon, c’était une libération de pouvoir enfin se laisser aller à haïr sans retenue. Tant d’années elle avait lutté contre, refusant de croire combien l’Homme était mauvais.
On ne pouvait pas dire que cette scène était sinistre. Pas plus sinistre que si la fillette n'avait pas été dans l'eau. Le bruit de la forêt était toujours le même. La lumière filtrait à travers les arbres comme d'habitude à cette heure du jour. l'eau se mouvait de temps à autre par les petits ronds concentriques d'une libellule qui s'y posait. La métamorphose avait commencé et, peu à peu, elle ne ferait plus qu'un avec la forêt et l'eau. Si personne ne la trouvait, la nature suivrait son cours et l'assimilerait.